février 2020 - Page 21 sur 49 - Journal du niger

A la frontière turque, des Syriens rêvent de faire « tomber le mur »

Pour échapper aux combats dans le nord-ouest de la Syrie, Abou Jaber s’est installé au pied du mur de la frontière turque. Et si les forces prorégime devaient encore progresser, il a fabriqué une échelle afin d’escalader la barrière avec ses onze enfants.

Dans le nord de la province d’Idleb, près du village de Kafr Lusin, ils sont nombreux à avoir planté leur tente le plus près possible de la frontière, fuyant l’offensive du régime et de son allié russe contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle de Syrie.

« Quand j’ai vu que la situation empirait, j’ai décidé de fabriquer une échelle », raconte Abou Jaber, montrant son oeuvre réalisée à partir de tubes en fer rouillé.

Ici, au milieu des oliviers, sur le flanc d’une colline où serpente le mur en béton de la frontière, un camp de déplacés informel s’est transformé en un véritable hameau accueillant des dizaines de familles.

Des cabanes en béton, surmontées de panneaux solaires et de réservoirs d’eau, côtoient les tentes sommaires des nouveaux venus érigées avec des bâches en plastique, où des familles s’entassent à 10 personnes ou plus.

Loin des violences, les enfants jouent tous les jours au pied du mur. Parmi eux, un gamin porte une tenue militaire, frappée d’un écusson turc.

Mais les rêves des déplacés d’une vie meilleure se heurtent à cet imposant mur surmonté de barbelé et doté de miradors. La Turquie qui accueille déjà plus de 3,6 millions de réfugiés syrien et craint un nouvel afflux, garde la frontière fermée.

Si le régime syrien progresse, « on franchira le mur pour protéger la vie des enfants », s’entête Abou Jaber, quadragénaire enveloppé dans un manteau traditionnel noir, la barbe taillée en bouc.

Même si des dizaines civils ont déjà été tués ou blessés par les gardes-frontières turcs en tentant de franchir illégalement la frontière, selon une ONG syrienne.

– « Chauffage, nourriture » –

Originaire de la province de Hama, Abou Jaber a été déplacé plusieurs fois. Depuis six mois, il vit près de Kafr Lusin avec ses onze enfants et ses parents.

L’un de ses enfants, un garçon de dix ans, a dû être amputé d’une main après un bombardement qui lui a aussi coûté un oeil.

« Pour moi, aller en Turquie ce n’est pas un choix. Je veux la sécurité, je veux un abri, du chauffage, de la nourriture », martèle Abou Jaber.

Depuis la reprise en décembre de l’offensive du régime syrien dans la province d’Idleb et des secteurs attenants dans les provinces de Hama, Lattaquié et d’Alep, dominés par les jihadistes et les rebelles, environ 900.000 personnes ont été déplacées selon l’ONU.

Et celles-ci n’ont souvent d’autre choix que de se rapprocher de la frontière.

Face à l’ampleur du drame, le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a appelé les pays voisins, surtout la Turquie, « à élargir les admissions afin que les personnes en grand danger puissent (y) trouver refuge ».

En 2019, les autorités turques avaient été accusées par des ONG d’avoir renvoyé de force des centaines de réfugiés vers la Syrie. Ankara avait évoqué des retours volontaires.

– « Faire tomber le mur » –

La moitié des trois millions d’habitants de la province d’Idleb, frontalière de la Turquie, sont des déplacés venus d’autres bastions rebelles reconquis ces dernières années par le régime syrien.

Abdel Razak Sallat, lui, est originaire de la petite ville de Binnich, dans la province d’Idleb. Il est arrivé à Kafr Lusin il y a deux semaines, avec ses huit enfants.

Sous la bâche en plastique bleu de sa tente exiguë, il a entassé des affaires, mais aussi des étagères, une gazinière et même un vaisselier. Il partage les lieux avec la famille de sa belle-soeur, soit 19 personnes au total.

L’abri n’est qu’à quelques pas du mur. « On s’est mis ici pour la sécurité », explique le quinquagénaire, installé autour d’un poêle.

La journée, pour avoir un peu de place, la famille empile matelas et couvertures dans un coin.

Pour M. Sallat, passer en Turquie est la promesse d’une meilleure vie.

« Regardez derrière le mur comme la vie est belle. Notre vie ici est désastreuse. Ne sommes-nous pas des humains? », lâche-t-il avec amertume.

« Si on y est contraint, on va entrer en Turquie. On va faire tomber le mur et entrer. »

En Israël, vers le troisième épisode électoral en un an

Elections israéliennes, prise 3! Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption, et son rival Benny Gantz entament la dernière semaine d’une campagne électorale aux airs de déjà-vu en tentant de mobiliser des électeurs fatigués.

Après des scrutins en avril et septembre 2019 où le Likoud de M. Netanyahu et le parti centriste « Bleu-blanc » de M. Gantz sont arrivés au coude-à-coude, les Israéliens sont appelés le 2 mars à mettre fin à la plus longue crise politique de l’histoire du pays.

Mais du premier scrutin à aujourd’hui, bien des choses ont changé.

N. Netanyahu est ainsi devenu le seul Premier ministre de l’histoire d’Israël inculpé alors qu’il est en fonction: son procès pour corruption s’ouvre à la mi-mars. Et fin janvier, il s’est rendu à Washington pour l’annonce d’un projet de paix pour le Proche-Orient qu’il juge « historique », puis a ramené de Moscou une Israélienne qui y était emprisonnée.

Et pourtant, rien ne bouge.

Les derniers sondages placent les listes de MM. Netanyahu et Gantz à une quasi égalité, et nul camp ne semble en mesure de rallier une majorité de sièges à la Knesset, le Parlement israélien.

M. Netanyahu « réussit toutefois, d’une certaine manière. Il n’attire pas plus d’électeurs, mais il n’en perd pas non plus », en dépit de son inculpation, souligne Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem.

Plus pérenne des chefs de gouvernement de l’histoire d’Israël, avec 14 ans au pouvoir, M. Netanyahu a été inculpé en novembre pour corruption, malversation et abus de confiance dans trois affaires par le procureur Avichaï Mandelblit.

Un dossier, baptisé affaire « 4.000 » ou encore « Bezeq », du nom d’une société israélienne de télécoms, est particulièrement sensible.

La justice soupçonne le Premier ministre d’avoir accordé des faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars au patron de Bezeq en échange d’une couverture médiatique favorable d’un des médias de ce groupe, le site Walla.

M. Netanyahu a dénoncé un « coup d’Etat » ourdi contre lui par la justice et mobilisé ses électeurs contre cette accusation qu’il juge biaisée.

– Participation –

Ces dernières semaines, il a concentré ses attaques contre les partis arabes d’Israël, et des affiches avec le slogan « sans Ahmed Tibi », un ténor de la « Liste unie » des partis arabes, ont fait leur apparition sur les artères du pays.

Lors des dernières élections, les partis arabes avaient causé la surprise en terminant en troisième place et soutenu, sans succès, Benny Gantz, pour le poste de Premier ministre.

Pour M. Netanyahu, le message est clair: « Si le Likoud ne gagne pas, il y aura soit une 4e élection, soit un gouvernement de gauche dirigé par Gantz et dépendant d’Ahmed Tibi et de la +Liste unie+ », a-t-il déclaré dans un entretien au journal Jerusalem Post.

En raison de son inculpation, M. Netanyahu ne pourra pas être simple ministre dans une éventuelle coalition, selon les lois israéliennes. Il peut cependant rester Premier ministre.

D’où la nécessité pour lui de remporter la mise pour faire partie du prochain gouvernement. Mais comme les intentions de vote ne bougent pas, le mot d’ordre reste simple: « Allez voter! ».

« Ailleurs dans le monde, lorsque vous avez trois élections sur une courte période de temps, vous observez une diminution (de la participation). Mais en Israël on ne sait jamais. Lors de la deuxième élection, on s’attendait à un taux en baisse, mais il a été en hausse », souligne M. Rahat.

Il s’agissait d’une hausse légère, de 1,4 point pour une participation d’environ 70%, mais elle reste notable pour cette élection qui s’annonce serrée, selon les dernières projections.

Alors que la dernière ligne droite s’amorce, Benny Gantz s’est retrouvé malgré lui sous les feux de la rampe.

Un procureur a lancé cette semaine une enquête criminelle sur l’octroi de fonds publics, sans appel d’offre, d’une valeur d’environ un million d’euros à la société de cybersécurité Fifth Dimension, anciennement présidée par M. Gantz.

Le procureur général Avichaï Mandelblit a rapidement dissipé des soupçons en soutenant que M. Gantz n’était pas inquiété dans cette affaire.

Mais cela n’a pas empêché Benjamin Netanyahu de saisir la balle au bond en demandant à Benny Gantz, dans une vidéo, si « obtenir frauduleusement » un contrat n’était « pas de la corruption de premier ordre. »

Municipales à Paris: les principales propositions d’Agnès Buzyn (LREM)

Une police municipale armée, des « managers de rue » pour la propreté, un « service public du maintien à domicile », plus de végétation, la candidate LREM Agnès Buzyn a dévoilé dimanche dans le JDD ses principales propositions pour les municipales à Paris.

La candidate, qui remplace Benjamin Griveaux, contraint d’abandonner après la diffusion de vidéos intimes, a repris de nombreuses propositions de son prédécesseur, notamment en matière de propreté et de sécurité, ses « deux priorités ».

Elle a aussi apporté des mesures nouvelles, comme celle pour le maintien à domicile des personnes âgées ou sa volonté de verdir les rues, et a retoqué deux idées phare de Benjamin Griveaux: le déplacement de la gare de l’Est pour créer un Central Park parisien et la proposition d’offrir 100.000 euros aux Parisiens pour l’achat d’un appartement.

SECURITE

Agnès Buzyn confirme vouloir une police municipale équipée d’armes létales, comme « 50% des polices municipales ». Cela nécessite une formation, et que ce soit des policiers qui connaissent leur quartier », insiste-t-elle.

Au moins un agent par patrouille portera une caméra-piéton. Nous le devons aux Parisiens qui ont de plus en plus peur pour leur sécurité.

Son premier adjoint aura la charge de la sécurité et de la tranquillité.

PROPRETE

La candidate reprend les propositions de son prédécesseur: création de « managers de rue » dans chaque quartier, augmentation du nombre d’agents de la ville sur le terrain « mobilisés dans les zones les plus sales, déterminées en concertation avec les maires d’arrondissement et les citoyens », le ramassage des déchets confié entièrement au secteur privé, et « la responsabilité de la propreté » donnée aux maires d’arrondissement.

Elle veut aussi « doubler la part des déchets recyclés, qui n’est que de 20% ».

ENVIRONNEMENT

La candidate LREM veut « faire de l’adaptation de la ville au changement climatique une autres de (ses) grandes priorités », jugeant que « Paris n’est pas préparée » à la canicule.

Elle veut établir « une règle verte » qui « aura pour objectif de préserver les espaces verts, planter plus d’arbres, créer des îlots de verdure et une rue-jardin par quartier ».

Elle veut soumettre « pour avis » tous les grands projets de la ville à un conseil scientifique et citoyen, « qui jugera la qualité écologique de chacun d’eux ».

SOCIAL

Mme Buzyn veut s' »attaquer au défi du vieillissement de la population ». Face aux difficultés rencontrées par les personnes âgées qui veulent rester chez elles, l’ancienne ministre de la Santé veut créer « un service public du maintien à domicile, qui centralisera les demandes et travaillera avec toutes les associations ».

TRANSPORTS

La candidate LREM juge qu’il faut « évidemment aller vers plus de transports en commun et plus de vélo ».

Elle prévoit « un plan vélo sécurisé », « plus de véhicules électriques » et « un partenariat avec la Région pour développer les transports en commun ».

Mais elle s’oppose à la promesse d’Anne Hidalgo de supprimer 60.000 places de stationnement », car « c’est de l’écologie punitive », et refuse le « 100% vélo » qui « exclut une grande partie des Parisiens : les femmes enceintes, les personnes âgées, malades ou handicapées ».

LOGEMENT

L’ex-ministre de la Santé veut « remettre sur le marché au moins 20.000 logements vacants, sur les plus de 100.000 existants, au cours de la mandature », « en garantissant le paiement des loyers et en simplifiant les démarches pour les propriétaires ». « Des dispositifs similaires existent, mais ne sont pas suffisamment incitatifs », dit-elle.

Quant aux logements sociaux, elle souhaite « les mettre à disposition des personnes qui travaillent au service des Parisiens », dit-elle, jugeant que « c’est insuffisamment le cas » actuellement pour les infirmières ou les aides-soignantes.

Retraites: quand la bataille parlementaire est aussi un exercice de style

Entre noms d’oiseaux et « novlangue » orwellienne, la bataille autour de la réforme des retraites se joue aussi sur le terrain des mots à l’Assemblée. Petite revue de cet exercice de style, alors que les débats piétinent.

Le bestiaire

L’insoumise Clémentine Autain est partie à la chasse dès l’examen en commission, soulevant « un nouveau lièvre tous les jours » dans le texte du gouvernement, là où ses collègues insoumis et socialistes pistent des « loups ». Idem pour le LR Thibault Bazin, qui reprend la célèbre formule « quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ». Toujours le canidé avec François Ruffin (LFI), quand il assimile à un « loup qui veut devenir végétarien » les mots « justice sociale » dans la bouche de la majorité.

Mais quand le ton monte, ce sont les noms d’oiseaux qui fusent: mardi, le communiste André Chassaigne compare les élus de la majorité à des « cacatoès ». Plus tard, c’est le MoDem Bruno Millienne qui convoque la basse-cour, dénonçant « un combat de coqs (…) ou de poules » qui empêche « d’en venir à l’examen de fond du projet ». Un « cirque » déploré par la « marcheuse » Valérie Gomez-Bassac.

La météo

Les socialistes font des incursions dans les nuages: Boris Vallaud reproche au gouvernement la « nébulosité » de sa pensée, son collègue apparenté Régis Juanico constate être plongé dans « un brouillard épais ». Leur consœur du Calvados Laurence Dumont regrette l’invention d’un « indice gazeux », le revenu moyen d’activité par tête. Les Républicains demandent de la « visibilité » sur le financement.

En face, la majorité plaide que le débat permette de « clarifier, éclairer ».

L’illusion

Le député LR Fabrice Brun attaque « l’entourloupe » sur la valeur du point, avant que Boris Vallaud ne fustige à plusieurs reprises « l’esbroufe » de cette réforme sous tous ses aspects, de l’étude d’impact aux cas types.

Et quand le secrétaire d’Etat chargé des Retraites Laurent Pietraszewski défend la réforme, le communiste Jean-Paul Dufrègne crie à « l’enfumage ». Pour François Ruffin, le discours gouvernemental relève même de la « novlangue » de Georges Orwell: « Tous les mots se lisent à l’envers, justice signifie bien sûr injustice. » Les oppositions épinglent encore à tout-va un « amateurisme » général.

Le bâtiment

Laurent Pietraszewski oppose à ces critiques une réforme opérant une « refondation » sociale, un « système solide ». Sur ces briques, le MoDem Brahim Hammouche veut « bâtir l’Etat-providence du XXIe siècle ». « Marcheuses » ou architectes, Cendra Motin et Carole Grandjean ont elles aussi appelé à « construire » l’avenir du système de retraites.

Pour le communiste Sébastien Jumel, ils sont plutôt des « plombiers indélicats », voire des « Briconautes » aux yeux de Régis Juanico. Pas d’édifice à bâtir selon le porte-parole des socialistes Boris Vallaud, qui ne voit en la réforme qu’un « vaste capharnaüm ». « Lorsque les fondations sont mal construites, l’édifice est bancal », juge aussi Eric Woerth (LR).

L’autorité

Devant l’obstruction de la gauche de la gauche, les MoDem Richard Ramos et Bruno Millienne préviennent à l’unisson que le « monologue, c’est l’antichambre des dictatures », rejoints par le « marcheur » Rémy Rebeyrotte qui conspue une « dictature procédurale ».

Pour communistes et insoumis, la « dictature » est plutôt au perchoir, avec la règle visant à restreindre les amendements ayant le même objet prise par le président Richard Ferrand, un « maccarthysme » dénoncé vivement par Fabien Roussel (PCF). L’élu apparenté socialiste Christian Hutin a même évoqué le « tribunal révolutionnaire », comparant le président de l’Assemblée à l’un de ses procureurs.

Coronavirus: en Corée du Sud, appel aux fidèles de la secte touchée à se faire dépister

Les fidèles d’un secte chrétienne de Daegu, la quatrième ville de Corée du Sud, ont été invités par le maire à subir un test en cas de symptômes du Covid-19 alors que les deux tiers des nouveaux cas sont liés avec cette Eglise.

Parmi les 123 nouveaux cas rapportés par les autorités, 75 ont un rapport avec l’Eglise de Shincheonji de Jésus de la ville de Daegu, a indiqué dimanche le Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies (KCDC).

Le maire de Daegu, Kwon Young-jin, a fait état dimanche de plus de 90 nouveaux cas dans sa ville où, au total, 247 habitants sont désormais porteurs du nouveau coronavirus dans cette ville de 2,5 millions d’habitants.

Il a appelé tous les membres de l’Eglise de Shincheonji de Jésus présentant des symptômes du virus à se présenter afin de subir des tests.

« Se cacher n’est pas une solution. Si vous vous cachez, cela pourrait nuire à votre santé, à celle de votre famille, et cela ne vous aidera pas à mettre un terme au problème », a lancé M. Kwon lors d’une conférence de presse.

Le nombre de malades du coronavirus en Corée du Sud s’est accru dimanche de 123 cas, pour un total de 556, et de deux nouveaux décès, portant à quatre le nombre de personnes mortes du Covid-19 dans le pays.

La Corée du Sud compte le deuxième plus grand nombre de malades sur son sol, après la Chine, d’où l’épidémie est partie – exception faite du foyer d’infection du paquebot Diamond Princess au Japon.

– « Prudence accrue » –

L’une des personnes dont le décès a été annoncé dimanche est morte à l’hôpital de Cheongdo (sud-est), second foyer de contamination, où une centaine de personnes ont été infectées via des patients ou des membres du personnel de cet établissement.

Par ailleurs, des centaines de fidèles de la secte chrétienne sont à présent contaminés. La contagion a pour origine une femme âgée de 61 ans qui avait de la fièvre le 10 février et a assisté à au moins quatre offices religieux à Daegu, avant d’être diagnostiquée positive au coronavirus.

Daegu, quatrième ville de Corée du Sud, lieu de naissance de Lee Man-hee, fondateur de l’Eglise de Shincheonji de Jésus, et Cheongdo sont distantes d’une quarantaine de kilomètres.

Ces deux villes ont été déclarées vendredi « zones d’administration spéciale » par les autorités sud-coréennes.

Le maire de Daegu a invité les habitants à rester chez eux.

Samedi, le département d’Etat américain a rehaussé son niveau de recommandations pour les voyageurs se rendant en Corée du Sud, comme une poignée d’autres nations qui ont renforcé leur niveau de vigilance avec ce pays depuis cette récente flambée du nombre de contaminations.

Les citoyens américains sont appelés à « faire preuve d’une prudence accrue » lorsqu’ils se rendent en Corée du Sud.

Parallèlement, les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains ont invité « les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies chroniques à envisager de reporter les voyages non indispensables ».

La Grande-Bretagne a déconseillé à ses ressortissants « de se rendre à Daegu et à Cheongdo, sauf pour des raisons essentielles ».

De son côté, Israël a refusé d’autoriser des non-Israéliens à débarquer d’un avion parti de Corée du Sud samedi.

A Hambourg, les sociaux-démocrates prêts à contenir la vague Verte

Les sociaux-démocrates, en nette perte de vitesse en Allemagne, devraient parvenir, dimanche lors d’une élection locale dans leur fief de Hambourg, à contenir la vague écologiste qui déferle sur le pays.

Quelque 1,3 million d’électeurs de plus de 16 ans sont appelés aux urnes pour attribuer les 121 sièges du Sénat qui dirige la riche cité hanséatique du nord de l’Allemagne.

Coalisés depuis 2015 pour diriger Hambourg, une des trois villes-Etats avec Berlin et Brême, les sociaux-démocrates du SPD et les écologistes se livrent un duel acharné pour la première place.

Portés par une dynamique nationale suffisamment forte pour rendre crédible l’élection d’un écologiste à la chancellerie après le départ d’Angela Merkel en 2021, les Verts ont longtemps lutté mano a mano avec le SPD.

– « Phénoménal! » –

Les deux partis recueillaient il y a quelque temps chacun 30% des intentions de vote dans les sondages.

Le SPD, créé il y a plus de 150 ans, est en totale perte d’influence en Allemagne depuis deux décennies, au fil des grandes coalitions nouées avec la droite.

Mais dans ce bastion de Hambourg, qu’il dirige depuis près de 10 ans, il fait mieux que résister, quitte à faire campagne en tenant soigneusement à l’écart le duo de dirigeants nationaux du SPD.

Dans les dernières semaines de la campagne, le maire actuel, Peter Tschentscher, et son parti social-démocrate ont creusé l’écart avec 37%, selon d’ultimes sondages.

« Nous devons résister à la tendance fédérale » marquée par l’érosion continue du SPD, a déclaré à l’AFP il y a quelques jours M. Tschentscher, 54 ans.

Les Verts, menés par la maire-adjointe Katharina Fegebank, 42 ans, plafonnent eux à environ 24%, loin devant les conservateurs de la CDU (13%), l’extrême gauche de Die Linke (8%), l’extrême droite AfD (6%) et les libéraux du FDP, pas assurés d’atteindre les 5% nécessaires à envoyer des élus au parlement.

L’actuelle coalition rouge-verte devrait ainsi pouvoir être reconduite pour les cinq années à venir avec une majorité confortable, une option jugée « très, très évidente » par l’actuel maire.

S’ils sont en passe de rester en tête à Hambourg, les sociaux-démocrates, qui ont sombré dans l’impopularité dans le reste du pays, connaissent toutefois une baisse significative par rapport au dernier scrutin de 2015 (45,6%).

Les Verts à l’inverse devraient eux plus que doubler les voix obtenues il y a cinq ans (12,3%), qui en faisaient le troisième parti de la ville derrière sociaux-démocrates et CDU.

« Pour être honnête, c’est phénoménal! Nous attendons avec impatience la soirée des élections », s’est réjoui vendredi le codirigeant des Verts allemands, Robert Habeck.

– Soubresauts –

Les manifestations du mouvement pro-climat Friday for future y connaissent un succès certain. Vendredi, ils étaient 10.000 jeunes à manifester, en présence de la Suédoise Greta Thunberg, l’initiatrice de cette mobilisation hebdomadaire de la jeunesse.

Sous l’impulsion de l’actuelle coalition, la cité hanséatique est devenue en outre un laboratoire de mobilités innovantes, avec le développement de véhicules électriques ou un système automatisé de transports de conteneurs pour décongestionner les voies.

Pour M. Habeck, populaire dirigeant écologiste, présenté comme un candidat sérieux à la succession de la chancelière Merkel, le tassement écologiste dans la dernière ligne droite s’explique pour partie par la prime aux sortants accordée, selon lui, dans une « société fragilisée ».

Ville parmi les plus riches d’Allemagne, avec un revenu moyen proche de 3.000 euros, supérieur de 200 euros à la moyenne nationale, Hambourg est cependant à l’abri des soubresauts de l’Allemagne actuelle.

L’extrême droite reste ainsi bien moins influente dans cette ville cosmopolite, aux nombreux emplois qualifiés, que dans les régions d’ex-RDA, où elle dépasse régulièrement les 30% et paralyse les institutions, comme actuellement en Thuringe.

A Hambourg, la fin de campagne a toutefois été marquée par des annulations d’ultimes rassemblements après la fusillade raciste de Hanau, qui a fait neuf morts.

Coronavirus: premières villes mises en quarantaine en Europe

L’Italie a été le premier pays d’Europe à instaurer des mises en quarantaine de villes en isolant onze communes pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, par ailleurs toujours en progression en Corée du Sud.

Dans le nord de l’Italie, environ 52.000 personnes se réveillent dimanche matin dans des zones où « ni l’entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière », comme l’a annoncé quelques heures plus tôt le Premier ministre italien Giuseppe Conte.

Fermeture des entreprises et des établissements scolaires et universitaires, annulation d’évènements culturels et sportif, report de trois matches de foot initialement prévus dimanche (Inter-Sampdoria, Atalanta-Sassuolo et Hellas Vérone-Cagliari): le gouvernement italien tente de mettre sous cloche une partie de la Lombardie et la Vénétie et de freiner l’épidémie comme la peur.

La première mesure de confinement avait été édictée pour les 11 millions d’habitants de Wuhan, ville du centre de la Chine où s’est déclenchée l’épidémie de pneumonie virale en décembre.

En Italie, le foyer se trouve à Codogno, près de Milan. Une équipe de l’AFP y a vu des rues étrangement désertes pour un samedi soir. « Nous avons tous peur, mais on croise les doigts, nous espérons que tout ira bien », lui a dit Rosa, une employée de pharmacie, seul type d’établissement autorisé à rester ouvert. Elle craint désormais « des problèmes de ravitaillement dans les prochains jours ».

– 79 cas en Italie –

M. Conte a prévenu qu’il pourrait éventuellement recourir à l’armée pour surveiller les points de contrôle. Le décret-loi pris samedi prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à trois mois de réclusion pour les contrevenants.

En Italie, pays européen le plus touché, il y a un total de 79 malades à ce jour, parmi lesquels trois cas de contaminations connues depuis des semaines, contractées hors d’Italie. Deux septuagénaires ont succombé à la maladie ces derniers jours.

La France aussi se prépare à une possible « épidémie » de Covid-19, selon le nouveau ministre de la Santé Olivier Véran, qui se dit « attentif à la situation en Italie ». Dans un entretien au journal Le Parisien, il estime « très probable » la possibilité de nouveaux cas en France.

En Corée du Sud, deux nouveaux décès liés à l’épidémie ont été répertoriés, ce qui porte à quatre le nombre de morts, a annoncé dimanche matin le Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies (KCDC).

Il y a 123 nouveaux malades, pour un total de 556. Une centaine de cas sont liés à un hôpital à Cheongdo, une ville où l’Eglise de Shincheonji de Jésus est très représentée.

Des centaines de membres de cette secte chrétienne sont à présent infectés. La contagion a débuté avec une femme âgée de 61 ans qui avait de la fièvre le 10 février et a assisté à au moins quatre offices religieux dans la ville de Daegu, avant d’être diagnostiquée positive au coronavirus.

Daegu, quatrième ville de Corée du Sud avec 2,5 millions d’habitants, et Cheongdo, lieu de naissance de Lee Man-hee, le fondateur de l’Eglise de Shincheonji de Jésus, sont proches l’une de l’autre. Elles ont été déclarées vendredi « zones à gestion spéciale » par les autorités sud-coréennes.

L’épidémie est entrée dans une « phase grave et le gouvernement fait tout pour prévenir la propagation », a déclaré le Premier ministre Chung Sye-kyun dans une allocution samedi soir.

– Risques d’expansion –

En Chine, le bilan a atteint dimanche 2.442 morts après l’annonce de 97 décès supplémentaires, tous sauf un dans la province centrale du Hubei, berceau du nouveau coronavirus.

La grande majorité des nouveaux décès ont été enregistrés à Wuhan, capitale du Hubei.

La commission nationale (ministère) de la Santé a aussi fait état de 648 nouveaux cas confirmés de contamination dans tout le pays, ce qui porte à près de 77.000 le total des contaminations en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao).

C’est l’expansion en dehors de la Chine qui avive les inquiétudes.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) redoute ainsi « le potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires », a averti son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

C’est le cas de nombreux pays africains dont les infrastructures sanitaires et le personnel médical sont mal préparés pour affronter l’épidémie. Pour l’instant, sur le continent, seule l’Egypte a enregistré un cas confirmé de contamination.

Une étude publiée vendredi par le centre des maladies infectieuses de l’Imperial College de Londres « estime qu’environ les deux tiers des cas de Covid-19 sortis de Chine sont restés indétectés au niveau mondial, avec pour résultat potentiel des chaînes multiples non détectées de transmission humaine hors de Chine ».

Et les précautions manquent parfois: Le Japon a reconnu samedi que 23 passagers du Diamond Princess avaient pu quitter ce navire de croisière mis en quarantaine à Yokohama sans passer tous les contrôles médicaux requis.

L’épidémie a par ailleurs suscité une passe d’armes entre les Etats-Unis et la Russie. Des responsables américains ont affirmé à l’AFP que des milliers de comptes liés à la Russie sur les réseaux sociaux propageaient de la désinformation anti-américaine sur le nouveau coronavirus. Moscou a démenti.

Présidentielle au Togo: le domicile d’un opposant encerclé pendant quelques heures

Les forces de sécurité togolaises ont encerclé le domicile du candidat de l’opposition à la présidentielle Agbéyomé Kodjo pendant quelques heures, juste après la fermeture des bureaux de vote, a déclaré l’opposant.

« Ils viennent de partir », a déclaré le candidat du Mouvement patriotique pour le développement et la démocratie (MPDD) à Radio France Internationale après quelques heures de bouclage des rues qui mènent à son domicile de Lomé.

Les forces de l’ordre avaient déclaré vouloir « garantir sa sécurité » en encerclant son domicile ainsi que celui de l’ancien archevêque de Lomé, qui lui a témoigné son soutien pendant la campagne.

Ailleurs dans la capitale togolaise, des barrages militaires se mettaient en place, mais tout était calme dans le pays.

– Problèmes de communication –

L’accès à internet était interrompu de manière sporadique dans la capitale, mais à Sokodé et dans le nord, plusieurs sources contactées par l’AFP ont assuré qu’internet avait été coupé aux alentours de 18 heures (1800 GMT).

Le parti historique de l’opposition, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) a également affirmé que ses « responsables politiques sont victimes de coupure de leur téléphone ce qui entrave les communications avec nos délégués dans les bureaux de vote », sur son compte Twitter.

Ce dispositif sécuritaire a été mis en place à la fin d’une journée au cours de laquelle les Togolais ont voté pour choisir leur président, un scrutin sans incident majeur dans lequel le président sortant Faure Gnassingbé, héritier d’une famille au pouvoir depuis plus d’un demi siècle, était en lice pour un quatrième mandat.

Les 9.383 bureaux de vote du pays ont fermé comme convenu à 16 heures (locales et GMT), et ont connu une affluence moyenne à Lomé, et plutôt faible dans les localités du nord et centre-nord selon des informations recueillies par des journalistes de l’AFP.

Dans de nombreux bureaux de vote de la capitale togolaise, le candidat Agbéyomé Kodjo, ancien Premier ministre qui a surpris par sa popularité pendant la campagne électorale, recueillait de nombreuses voix.

A Sokodé, deuxième ville du pays, une source contactée par l’AFP a expliqué que la participation avait été très faible avec moins de 20% dans certains bureaux, mais que le parti au pouvoir, UNIR, maintenait une légère avance sur le MPDD de Kodjo.

L’ANC, conduit par le leader historique Jean-Pierre Fabre, a rapidement reconnu sa défaite et a remercié ses militants dans un bref communiqué de presse.

Au cours de la campagne, des militants de l’opposition se sont dit « déçus », voire « trahis » par l’ANC, qui n’a pas su tirer profit des manifestations de 2017-2018, quand des dizaines de milliers de personnes descendaient régulièrement dans les rues pour demander la démission du président Gnassingbé.

Les résultats officiels sont attendus en début de semaine, selon des sources au sein de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), et les six candidats de l’opposition ont d’ores et déjà déclaré qu’ils s’uniraient pour faire bloc contre le président sortant en cas de second tour.

– Second tour –

Si aucun des candidats n’obtient la majorité des voix, un second tour doit être organisé quinze jours après la déclaration des résultats, mais ce scénario reste peu probable.

Les partisans d’UNIR s’étaient d’ailleurs déjà réunis dans le fief du président, à Kara (nord) pour célébrer la victoire, avant la proclamation des résultats officiels.

L’opposition, qui a contesté tous les précédents scrutins de 2005, 2010 et 2015, à dit craindre une nouvelle fois des « fraudes ».

L’organisation de la société civile Togo Debout a déclaré avoir recensé « des bourrages d’urnes ici et là, à Lomé et à Vogan (sud) ».

Des délégués de l’opposition se sont également vu refuser les accès dans certains bureaux de vote, selon des membres de la société civile.

Ces incidents s’ajoutent au retrait des accréditations de nombreux observateurs de la société civile, ainsi que l’abandon du système de sécurisation électronique des résultats quelques jours avant le vote.

Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, qui avait lui-même dirigé le pays pendant 38 ans.

Le président peut se targuer d’une croissance stable de 5%, mais ses détracteurs dénoncent une gouvernance autoritaire et la corruption de son entourage quand la moitié de la population vit sous le seuil de la grande pauvreté, avec moins d’1,90 dollar par jour.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans une Afrique de l’Ouest en proie à la violence jihadiste.

Migrations: sur l’île grecque de Samos, la colère monte contre un nouveau camp

Le nouveau camp fermé pour migrants en construction sur Samos est presque achevé mais il est mal accueilli par la population, qui ne veut pas que l’île de la mer Égée se change en « entrepôt d’âmes ».

« Nous sommes opposés à l’idée de ce camp; nous ne voulons pas que Samos et les autres îles grecques de la mer Égée deviennent des entrepôts d’âmes », assure Nikos Ftinogiannis, l’un des habitants.

A un jet de pierre de son village montagneux de Mitilinii, sur les hauteurs arides de la localité de Zervou, des centaines de conteneurs ont déjà été installés sur une enceinte encerclée d’une clôture barbelée.

Pour lutter contre la surpopulation des camps sur les cinq îles de la mer Egée, dont Samos, où vivent dans des conditions sordides plus de 38.000 demandeurs d’asile pour théoriquement 6.200 places, le gouvernement a annoncé en novembre la fermeture des camps actuels et la construction d’ici l’été de nouveaux « camps fermés ».

Contrairement aux autres îles, où les travaux ont pris du retard, à Samos le nouveau camp fermé d’une capacité d’environ 1.200 personnes est presque prêt, selon une source proche du dossier.

Mais habitants et autorités locales protestent contre son ouverture prochaine, réclamant « le départ de tous les migrants ».

« Il n’y a plus de place à Samos, il faut que les migrants partent de l’île », dit Nikos Ftinogiannis, 62 ans, employé et élu local.

Les habitants et les maires des îles de Lesbos, Chios et Samos, où sont situés depuis 2015 les plus grands centres d’accueil et d’enregistrement de migrants, ont protesté ces dernières semaines en multipliant leurs manifestations contre la construction de nouveaux camps.

« Ces gens sont venus pour y rester (…), nous voulons qu’ils partent de Samos, qu’ils aillent dans d’autres pays », s’indigne le sexagénaire Giannis Hatzikalis, habitant aussi de Mitilinii, dont la population s’élève à 1.900 personnes.

– « Résister » –

« Il faut résister, il faut trouver une autre solution, il y a des régions inhabitées en Grèce continentale où les demandeurs d’asile pourront s’installer », estime de son côté Sotirios Kardiakos, 92 ans.

Le camp actuel de Samos, situé près du port de Vathy et initialement prévu pour 680 personnes, compte actuellement 6.800 demandeurs d’asile.

« La situation dans ce camp est un choc et une honte » déplore Pipina Katsari, responsable sur l’île du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Elle rappelle que la moitié de la population de demandeurs d’asile dans ce camp sont des femmes et des enfants.

En vertu d’une déclaration entre l’Union européenne et la Turquie signée en 2016, les demandeurs d’asile doivent rester sur les îles.

Leur transfert sur le continent n’est autorisé que pour ceux qui ont obtenu leur premier entretien avec les autorités ou pour les personnes « vulnérables », soit des familles ou des personnes malades.

Mais vu que la Grèce est redevenue en 2019 la première porte d’entrée en Europe des migrants, les demandes d’asile s’accumulent et des dizaines de milliers de personnes attendent des mois ce « premier entretien » avec les services d’asile.

« La vie ici n’est pas la vie », déplore le Syrien Abdelrahman, 27 ans, arrivé il y a quatre mois au camp de Vathy.

« Je ne sais pas combien de temps il faut encore attendre dans ces conditions horribles », poursuit-il.

Khalid Nizar, un Palestinien de 32 ans, vit depuis un an dans ce camp: « Les conditions ne sont pas faciles, heureusement je suis vivant mais il faut encore attendre pour mon entretien », dit-il.

Plus de 10.000 personnes ont été transférées ces derniers mois sur le continent mais les arrivées de nouveaux demandeurs d’asile des proches côtes turques se poursuivent quotidiennement.

Vendredi, le Haut commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, a appelé la Grèce « avec le soutien de l’Europe » à agir face à une « situation intenable » des réfugiés sur les îles grecques.

« Chaotique » mais « marrant »: Les employés des casinos de Las Vegas votent

Les paris ne s’arrêtent jamais à Las Vegas

Mais pour quelques heures samedi, les plus célèbres casinos du monde ont accordé une pause plus longue à leurs croupiers, cuisiniers et autres employés pour qu’ils puissent voter lors d’un scrutin clé pour les primaires démocrates.

L’Etat du Nevada était le troisième Etat américain à s’exprimer dans ce scrutin qui doit désigner l’adversaire démocrate de Donald Trump à l’élection présidentielle du 3 novembre. Le sénateur Bernie Sanders, très marqué à gauche, s’y présentait en large favori.

A l’hôtel Bellagio, plus de 120 employés se sont rassemblés dans une vaste salle de balle ornée de lustres dorés pour participer aux « caucus », des assemblées d’électeurs qui expriment leur choix en se rassemblant, physiquement, sous la bannière de leur candidat.

« C’est marrant! », s’est exclamée Laura Flores, une femme de chambre qui a pu prendre une heure en plus pour sa pause déjeuner afin de voter.

« Je ne sais pas ce qu’il va se passer, j’espère que ça sera rapide », a ajouté cette électrice qui n’avait pas encore fait son choix en entrant.

Il se peut pourtant qu’elle y passe un moment.

Les « caucus » se déroulent en effet parfois en plusieurs rounds. Les électeurs désignent lors d’un premier tour leur choix initial. Mais si ce candidat ne passe pas un certain seuil de soutien, il est éliminé pour une deuxième round et ses électeurs peuvent se rallier à un second choix. Ou s’abstenir. Une procédure complexe et atypique.

Le Nevada est passé en 2008 d’un système de scrutin traditionnel pour sa primaire, avec un vote à bulletin secret, à celui des « caucus ».

Un choix que tous n’apprécient pas parmi les employés des casinos du « Strip » de Las Vegas, cette grande avenue bordée de ces édifices emblématiques.

« Cela me semble juste chaotique et ridicule. Cela serait tellement plus simple si on avait juste une primaire », explique une fleuriste du Bellagio, Anne Olah.

Mais elle n’a pas hésité à venir. « C’est ma responsabilité, je me dois de le faire », confie-t-elle.

« Je vais d’abord choisir Elizabeth (Warren, sénatrice progressiste, ndlr). Et si je dois changer, je prendrais Tom (Steyer, un milliardaire, ndlr) », ajoute-t-elle.

– Trump sème le doute –

Dans cette ville qui ne dort jamais, sept « caucus » sont organisés sur le « Strip » afin de permettre à tous les employés travaillant dans un rayon de quelque trois kilomètres de participer.

Pour la première fois, le parti démocrate a également organisé un vote anticipé sur quatre jours, qui a vu déjà quelque 75.000 électeurs exprimer leur choix.

Afin d’éviter le chaos de la publication des résultats des « caucus » de l’Iowa début février qui avaient souffert d’un bug informatique, le parti démocrate du Nevada a adopté un système « très, très, peu technologique », a assuré Jon Summers, un de ses responsables.

Les responsables des circonscriptions transmettront leurs résultats par téléphone, en prenant en plus, par sécurité, une photo des scores inscrits sur papier.

En visite à Las Vegas à la veille du scrutin, le président américain Donald Trump a tenté de semer le doute sur la crédibilité des résultats.

« J’ai entendu que leurs ordinateurs sont pourris comme dans l’Iowa », a lancé le républicain à ses partisans, sans aucune preuve.

« Comme d’habitude, il ne sait pas de quoi il parle », a rétorqué Jon Summers, dans des déclarations à l’AFP.

« C’est juste que Donald Trump, très inquiet pour ses chances d’être réélu, est en train de tenter de décourager la participation, en tentant de donner l’impression que les choses ne vont pas bien se passer aujourd’hui. Alors que c’est exactement l’inverse ».