février 2020 - Page 26 sur 49 - Journal du niger

Lesotho: sur le point d’être inculpé de meurtre, le Premier ministre part en Afrique du Sud

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane, sur le point d’être inculpé vendredi du meurtre de sa précédente épouse, est « parti » pour l’Afrique du Sud voisine, officiellement pour « raisons médicales », nouveau coup de théâtre dans ce feuilleton politico-judiciaire.

« S’il est établi qu’il a en réalité essayé d’éviter l’inculpation, nous lancerons un mandat d’arrêt » contre le Premier ministre, a prévenu le numéro 2 de la police du Lesotho, Paseka Mokete.

Thomas Thabane devait être officiellement accusé vendredi du meurtre de sa précédente épouse, Lipolelo Thabane, assassinée le 14 juin 2017 alors qu’elle rentrait chez elle en voiture dans la capitale Maseru.

Ce crime est intervenu deux jours seulement avant la prestation de serment de Thomas Thabane au poste de Premier ministre. Le couple était alors en instance de divorce.

Après avoir piétiné pendant plus de deux ans, l’enquête s’est accélérée ces dernières semaines.

La nouvelle épouse de Thomas Thabane, Maesaiah, âgée de 43 ans, a été inculpée début février du meurtre de sa rivale. Elle est actuellement en liberté sous caution, une mesure qui a choqué dans le petit royaume d’Afrique australe.

Vendredi, le Premier ministre lui-même était convoqué devant un tribunal de Maseru pour se voir notifier formellement son inculpation pour meurtre dans cette même affaire.

« Il ne vient pas au tribunal, il est parti pour un contrôle médical en Afrique du Sud », a cependant annoncé à l’AFP son secrétaire, Thabo Thakalekoala, précisant que Thomas Thabane, âgé de 80 ans, était arrivé jeudi en Afrique du Sud voisine.

« C’est un contrôle de routine. Il va régulièrement en Afrique du Sud », a ajouté Thabo Thakalekoala. « Quand les médecins estimeront qu’il va bien, ils le laisseront partir », a-t-il encore dit.

« Nous avons été informés qu’il est parti pour un contrôle médical de routine », a confirmé le numéro 2 de la police, Paseka Mokete. « Selon des sources, il est en Afrique du Sud. On attend de parler avec son avocat qui doit nous dire où il se trouve exactement », a-t-il ajouté.

La police a assuré avoir « beaucoup d’éléments contre le Premier ministre ». « Son téléphone n’est pas la seule preuve que vous avons. Il y a plein d’autres preuves », a affirmé Paseka Mokete sans plus de détails.

Un appel téléphonique suspect, passé depuis le téléphone portable du Premier ministre, a été localisé à l’endroit du meurtre le jour du crime, selon la police.

– « Thriller » –

Empêtré dans ce scandale à la tête de l’Etat, le parti de Thomas Thabane, la Convention de tous les Basotho (ABC), fait pression depuis des semaines sur le Premier ministre pour qu’il démissionne.

En début de semaine, il lui a donné un ultimatum lui ordonnant de quitter son poste d’ici à jeudi.

Jeudi précisément, Thomas Thabane a fait une allocution à la nation pour annoncer qu’il démissionnerait d’ici « fin juillet », invoquant son âge avancé.

« La réalité est qu’à mon âge, j’ai perdu l’essentiel de mon énergie », a-t-il expliqué.

Toute cette affaire politico-judiciaire « est un feuilleton sans fin, presqu’un thriller », a déclaré vendredi à l’AFP Liesl Louw-Vaudran, analyste à l’Institut pour les études sur la sécurité (ISS) basé à Pretoria.

Le Lesotho, petit pays d’Afrique australe enclavé dans l’Afrique du Sud, est coutumier des épisodes d’instabilité politique.

Au cours de la dernière décennie, aucun Premier ministre n’a fini son mandat de cinq ans.

Avant de prendre ses fonctions de chef de gouvernement en juin 2017, Thomas Thabane avait déjà occupé ce poste de 2012 à 2015. Il avait été contraint momentanément à l’exil en Afrique du Sud après une tentative de coup d’Etat militaire en 2014.

Lors de sa dernière investiture, le 16 juin 2017, deux jours seulement après le meurtre de Lipolelo Thabane, Thomas Thabane avait prêté serment aux côtés de celle qui allait devenir sa nouvelle épouse, Maesaiah.

Le couple a ensuite assisté aux obsèques de Lipolelo Thabane, avant de convoler en justes noces deux mois plus tard.

Présidentielle: comme en 2016, les Russes à la manoeuvre pour aider Trump

On prend les mêmes et on recommence ? Exactement comme il y a quatre ans, les Russes sont à pied d’oeuvre, de façon souterraine, pour aider Donald Trump à remporter la présidentielle, assurent les renseignements américains.

Cette révélation, faite à des parlementaires du Congrès lors d’un briefing censé rester confidentiel, a vivement irrité le président, convaincu que l’opposition allait s’en emparer pour affirmer, comme en 2016, qu’il ne pouvait remporter la Maison Blanche que grâce à un coup de pouce de Moscou.

Selon le New York Times, le président a été particulièrement courroucé par la présence à ce briefing, remontant au 13 février, d’Adam Schiff, le démocrate qui a dirigé l’enquête parlementaire qui a déclenché sa mise en accusation au Congrès. Une procédure qui a finalement abouti à l’acquittement de M. Trump.

Le milliardaire républicain a dans la foulée annoncé mercredi le limogeage de son chef du renseignement par intérim, Joe Maguire, et son remplacement par un de ses fidèles. C’est en effet une collaboratrice de M. Maguire, Shelby Pierson, qui a informé les parlementaires, parmi lesquels M. Schiff.

Ce dernier a réagi jeudi soir en accusant Donald Trump de s’accommoder volontiers de cette aide russe illégale, tout comme le 45e président américain a toujours nié avoir bénéficié des piratages des services secrets russes qui avaient révélé des emails embarrassants du parti démocrate qui avaient plombé la campagne d’Hillary Clinton en 2016.

« Nous comptons sur les services de renseignement pour informer le Congrès de toute menace d’ingérence étrangère dans nos élections. Si les informations sont vraies et que le président interfère avec cela, alors il est de nouveau en train de mettre en péril nos efforts visant à arrêter toute ingérence étrangère. Exactement comme nous avions prévenu qu’il le ferait », a tweeté Adam Schiff.

– « Paranoïa » –

De son côté la Russie a mis vendredi sur le compte de la « paranoïa » les nouvelles accusations des responsables du renseignement américain, dont on ne connaît pas encore les détails.

« Cela n’a rien à voir avec la vérité », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dénonçant « de nouveaux messages paranoïaques qui seront malheureusement de plus en plus fréquents à fur et à mesure que les élections approchent » aux Etats-Unis.

Moscou a toujours démenti toute implication dans l’élection présidentielle de 2016, à l’aide de hackers et de « trolls » russes sur les réseaux sociaux, malgré un consensus des agences fédérales américaines sur le sujet.

M. Trump a pour sa part toujours assuré ne pas avoir eu besoin de Moscou pour parvenir à la Maison Blanche.

« Le président est dans le déni concernant l’ingérence étrangère dans les élections depuis trois ans parce que son ego ne peut pas accepter que la Russie soit intervenue en sa faveur », a dénoncé le démocrate Bennie Thompson, président de la commission sur la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.

« En limogeant M. Maguire parce que son personnel a présenté les conclusions franches des services de renseignement au Congrès sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2020, le président ne refuse pas seulement de défendre (le pays) contre les ingérences étrangères, il les encourage », a-t-il ajouté dans un communiqué.

Pour remplacer M. Maguire, Donald Trump a choisi Richard Grenell, l’actuel ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne qui, selon les démocrates, manque de l’expérience nécessaire pour un poste où il supervisera 17 agences fédérales, dont la CIA. La Maison Blanche a assuré que M. Grenell aurait une « approche impartiale ».

Syrie: effervescence diplomatique autour d’Idleb, Ankara sur le qui-vive

L’arrêt des combats dans la province rebelle syrienne d’Idleb, en proie à une violente offensive du régime et de Moscou, était vendredi au coeur d’une intense activité diplomatique qui devait culminer avec un entretien téléphonique entre les présidents turc et russe, acteurs clefs du conflit.

Avant cet entretien, annoncé pour 15H00 GMT par Ankara et Moscou, M. Erdogan a discuté au téléphone de la situation à Idleb avec les dirigeants français Emmanuel Macron et allemande Angela Merkel qu’il a appelés à « des actions concrètes pour empêcher une catastrophe humanitaire », selon la présidence turque.

Jeudi, la chancellerie allemande avait annoncé que Mme Merkel et M. Macron avaient exprimé leur « inquiétude » concernant la « situation humanitaire catastrophique » à Idleb lors d’un entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, dont le pays est le principal soutien du régime de Damas.

La chancelière allemande et le président français « ont exprimé leur volonté de rencontrer le président Poutine et le président turc Erdogan pour trouver une solution politique à la crise », a ajouté la chancellerie.

A Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a indiqué vendredi que « la possibilité de la tenue d’un sommet est en discussion ». « Il n’y a pas encore de décision claire à ce sujet ».

M. Erdogan a indiqué devant la presse que la date du 5 mars avait été évoquée pour ce sommet, à Istanbul, mais que sa tenue était suspendue à une réponse favorable de M. Poutine.

– « Déterminant » –

« L’entretien d’aujourd’hui (avec Poutine) déterminera notre attitude pour la suite », a-t-il ajouté. « Aussi longtemps que le régime poursuivra sa cruauté, il est hors de question pour nous de nous retirer de là-bas ».

Aux termes d’un accord avec la Russie, la Turquie, qui soutient des groupes rebelles, dispose de douze postes d’observation militaires dans la province d’Idleb, dont plusieurs se retrouvent désormais dans des zones que le régime du président syrien Bachar al-Assad a reconquis à la faveur de son offensive lancée en décembre avec l’appui de l’aviation russe pour reconquérir ce dernier bastion rebelle en Syrie.

La Turquie a annoncé jeudi que deux de ses soldats avaient été tués par une frappe aérienne attribuée au régime syrien, portant à 16 le nombre de militaires turcs tués dans le nord-ouest de la Syrie depuis début février.

La région d’Idleb fait l’objet d’un accord de « désescalade » russo-turc, qui a volé en éclats ces dernières semaines.

Et le ton ne cesse de montrer entre Ankara et Moscou, qui semble déterminé à aider le régime syrien à reconquérir Idleb à tout prix, ce qui fait craindre un affrontement sur le terrain entre les deux pays qui collaborent étroitement depuis 2016 sur le dossier syrien malgré leurs intérêts divergents.

Environ 900.000 personnes, en vaste majorité des femmes et des enfants, ont fui depuis décembre, selon l’ONU. Jamais la Syrie, en guerre depuis 2011, n’a connu un tel exode sur une période aussi courte.

– « Enormes souffrances » –

Si la Turquie se préoccupe autant de la situation dans cette région frontalière, c’est parce qu’elle redoute l’arrivée sur son sol d’une nouvelle vague de réfugiés. Le pays accueille déjà plus de 3,6 millions de Syriens.

Les dirigeants de l’Union européenne, réunis vendredi à Bruxelles ont appelé à la cessation de l’offensive militaire « inacceptable » à Idleb et qui « provoque d’énormes souffrances humaines ».

Jeudi, l’armée russe a indiqué avoir mené des frappes pour stopper une attaque de factions armées soutenues par Ankara contre des positions du régime, appelant la Turquie à « cesser de soutenir les actions des groupes terroristes et de leur donner des armes ».

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG, a rapporté que des groupes appuyés par la Turquie avaient lancé une offensive dans la région d’Al-Nayrab, au sud d’Idleb, faisant état de 25 combattants tués dans les deux camps.

Selon Moscou et l’OSDH, l’artillerie turque a bombardé des positions du régime pour soutenir cette attaque.

M. Erdogan a sommé à plusieurs reprises les forces d’Assad de se retirer de certains secteurs à Idleb avant fin février, menaçant sinon de recourir à la force.

Alors que la Turquie continue d’envoyer des renforts militaires dans le nord-ouest de la Syrie, son ministre de la Défense Hulusi Akar, le chef d’état-major Yasar Guler et le chef de l’armée de terre Umit Dundar ont rendu vendredi visite aux troupes stationnées à la frontière syro-turque.

Le Togo mise sur le solaire pour éclairer ses habitants

Qu’il s’agisse de charger son portable ou de regarder un match de foot, Ousmane Kantcho devait il n’y a encore pas si longtemps aller « en ville »: 15 km de mauvaises pistes parcourues en bicyclette au beau milieu de la savane togolaise.

A plus de 600 km de la capitale Lomé, lorsque la nuit tombait sur son village, Tababou, non raccordé à l’électricité, Ousmane et sa famille se retrouvaient plongés dans l’obscurité.

La vie tournait au ralenti, à la lueur des torches.

« Après la prière de 18H00, chacun restait chez soi, on n’avait rien à faire », explique l’agriculteur de 35 ans en allumant sa télé. « Tout est différent maintenant, on se rassemble pour suivre le match à la maison, et les enfants peuvent étudier jusque tard dans la soirée! ».

Lampes de plafond, télé, radio, prises… Ce confort qui paraîtrait bien banal à tant d’autres lui est aujourd’hui permis grâce à un petit panneau solaire de 50 watts perché sur le toit de sa maison en torchis.

Le gouvernement togolais a lancé en 2018 un ambitieux plan d’électrification pour le pays, en partenariat avec le secteur privé: l’objectif est d’atteindre 100% de couverture d’ici à 2030, pour un coût total de 952 milliards de francs CFA (1,4 milliard d’euros).

« Il n’y a pas si longtemps on était très en retard sur le reste de la sous-région mais depuis deux ans nous avons mis le paquet », confie le directeur général de l’Energie du Togo, Abbas Abdoulaye.

Seuls 30% du territoire – un chiffre qui chutait à 2% en zone rurale – était raccordé à l’électricité en 2016-2017, contre près de 50% aujourd’hui, assure-t-il.

Le Togo, qui importe plus la moitié de l’énergie dont il a besoin du Nigeria et du Ghana, mise notamment sur le solaire pour développer avec des start-up l’accès à l’électricité de ses huit millions d’habitants jusque dans les zones les plus reculées du pays.

– ‘Micro-crédit’ –

Selon M. Abdoulaye, l’extension du réseau existant demande des investissements importants et serait « trop coûteux pour des populations à faibles revenus », dans un pays où la moitié de la population vit avec moins d’1,90 dollar par jour, le seuil de l’extrême pauvreté, selon le dernier rapport de la Banque Mondiale.

Alors à Tababou et dans plus de 2.000 autres villages, on a opté pour le Solar Home System (SHS), des kits solaires individuels développés par des start-up comme la société anglaise Bboxx, aujourd’hui présente dans une dizaine de pays africains, après une première expérience réussie au Rwanda.

Le président Faure Gnassingbé, qui briguera un quatrième mandat lors de la présidentielle de samedi, ne cache d’ailleurs pas son admiration pour ce pays des grands lacs dirigé d’une main de fer par Paul Kagame, mais souvent qualifié de « miracle économique » sur le continent.

« C’est incontestablement un modèle de réussite », a confirmé cette semaine à l’AFP le chef de l’Etat togolais, en pleine campagne électorale.

Au total, 550.000 ménages devraient être équipés de kits solaires individuels d’ici 10 ans.

« Cela fonctionne un peu comme du microcrédit », explique le directeur commercial de Bboxx Togo, Alexandre Kouigan.

Une fois le kit installé contre environ 10.000 francs CFA (15 euros), les abonnés remboursent chaque mois 4.800 francs, dont 2.000 sont pris en charge par une aide de l’Etat, le « chèque Cizo ».

D’autres localités ont été équipées par un autre système innovant, également en vogue sur le continent: des « mini-grid », c’est-à-dire de petites centrales solaires qui permettent non seulement d’électrifier les foyers, mais aussi les dispensaires et les tours téléphoniques situées à proximité.

Danièle Daoula participe avec son mari aux dépenses et cultive un champ pour pouvoir recharger son compteur individuel à Takpapieni, dans la région des Savanes (extrême-nord), où l’un des premiers « mini-grid » a été inauguré en mai 2018.

« On est content mais ça bouffe l’argent! Quand on met 2.500 francs CFA de crédit (3,80 euros), ça ne fait même pas un mois », se plaint-elle en rigolant. « Alors quand on ne peut plus payer, on reste dans le noir jusqu’à ce qu’on ait l’argent ».

Libye: si les pourparlers échouent, Haftar s’opposera à « l’envahisseur turc »

L’homme fort de l’Est de la Libye, le maréchal Haftar, a assuré vendredi qu’il s’opposerait militairement « aux envahisseurs turcs », Ankara soutenant le gouvernement de Tripoli, si les pourparlers inter-libyens visant à établir un cessez-le-feu durable échouent.

« Si les négociations à Genève ne débouchent pas sur la paix et la sécurité dans notre pays, que les mercenaires ne repartent pas d’où ils viennent, alors les forces armées (de Khalifa Haftar) rempliront leur devoir constitutionnel (…) de défense face aux envahisseurs turco-ottomans », a-t-il dit à l’agence de presse russe Ria Novosti.

Le maréchal était en visite à Moscou selon l’agence, la Russie étant largement considérée, malgré ses dénégations, comme l’un des principaux soutiens de M. Haftar dans son conflit armé avec les troupes du gouvernement libyen d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj.

La Turquie du président Recep Tayyip Erdogan soutient, elle, M. Sarraj, avec lequel elle a signé en novembre 2019 des accords de coopération militaire, sécuritaire et maritime. Les deux hommes se sont vus à Istanbul jeudi.

M. Haftar a accusé les deux hommes de ne pas respecter les engagements issus d’une conférence internationale en début d’année à Berlin, lors de laquelle la communauté internationale s’est engagée à ne pas s’ingérer dans le conflit libyen.

« Notre patience atteint ses limites », a-t-il dit.

Pour lui, les pourparlers de Genève ne pourront aboutir qu’en cas de « retrait des mercenaires syriens et turcs, la fin des livraisons d’armes de la Turquie à Tripoli, et la liquidation des groupes terroristes ».

L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé a jugé que la mise en place d’un cessez-le-feu durable était une mission « très difficile » mais « pas impossible ».

Burkina: les violences déplacent 4.000 personnes par jour en 2020(ONU)

Quelque 4.000 personnes sont déplacées chaque jour depuis le début de l’année par les violences au Burkina Faso, confronté à une intensification des attaques jihadistes, a alerté vendredi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

« En 2019, la moyenne était de 1.400 déplacés par jour », à la suite d’attaques commises contre les civils et les autorités locales, a déclaré à l’AFP un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Babar Baloch.

Dans un communiqué, le HCR a indiqué avoir comptabilisé 765.000 déplacés internes au Burkina Faso, dont plus de 700.000 le sont devenus ces douze derniers mois. Environ 150.000 personnes ont été déplacées durant les trois dernières semaines.

La plupart des déplacés séjournent dans des communautés d’accueil. Le HCR peine toutefois à leur venir en aide car dans de nombreuses régions « l’accès est problématique en raison de l’insécurité », a expliqué un porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d’un point de presse à Genève.

Pays pauvre d’Afrique de l’ouest, le Burkina fait face à des attaques jihadistes fréquentes, comme ses voisins sahéliens le Mali et le Niger, une spirale de violences qu’il ne parvient pas à enrayer.

Les personnes qui fuient les violences font état d’attaques contre leurs villages menées par des groupes de combattants, de meurtres, de viols et de pillages, selon le HCR.

Parties du nord du Mali en 2012, les violences jihadistes, souvent entremêlées à des confits intercommunautaires, se sont propagées au Burkina Faso et au Niger, faisant 4.000 morts dans ces trois pays voisins en 2019, selon les Nations unies.

Selon le HCR, plus de 4.400 réfugiés du Niger sont arrivés au Mali, après avoir fui une récente série d’attaques dans les régions de Tillaberi et de Tahoua (ouest du Niger), dont une attaque commise le 9 janvier contre la ville de Chinégodar.

Ces réfugiés se sont dirigés vers les villes d’Andéramboukane et de Ménaka (nord-est du Mali) en quête de sécurité, rejoignant quelque 7.700 déplacés maliens qui se trouvaient déjà dans cette région. Davantage de civils continuent de traverser la frontière entre le Niger et le Mali, selon le HCR.

Alarmée par la hausse dramatique du nombre de déplacés et de réfugiés au Sahel, l’agence de l’ONU réitère son appel à protéger les populations civiles et les personnes qui fuient les violences, et réclame un « accès sûr » pour que l’aide humanitaire leur soit délivrée.

Lesotho: sur le point d’être inculpé de meurtre, le Premier ministre part en Afrique du Sud

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane, sur le point d’être inculpé du meurtre de sa précédente épouse vendredi, est « parti » pour l’Afrique du Sud voisine, officiellement pour « raisons médicales », nouveau coup de théâtre dans ce feuilleton politico-judiciaire.

Lipolelo Thabane, âgée de 58 ans, a été assassinée le 14 juin 2017 alors qu’elle rentrait chez elle en voiture dans la capitale Maseru. Ce crime est intervenu deux jours seulement avant la prestation de serment de Thomas Thabane au poste de Premier ministre. Le couple était alors en instance de divorce.

Après avoir piétiné pendant plus de deux ans, l’enquête s’est accélérée ces dernières semaines.

La nouvelle épouse de Thomas Thabane, Maesaiah, âgée de 43 ans, a été inculpée début février du meurtre de sa rivale. Elle est actuellement en liberté sous caution, une mesure qui a choqué dans le petit royaume d’Afrique australe.

Vendredi, le Premier ministre lui-même était convoqué devant un tribunal de Maseru pour se voir notifier formellement son inculpation pour meurtre dans cette même affaire. Mais il ne s’est pas présenté.

« Il ne vient pas au tribunal, il est parti pour un contrôle médical en Afrique du Sud », a déclaré à l’AFP son secrétaire, Thabo Thakalekoala, précisant que Thomas Thabane, âgé de 80 ans, était arrivé jeudi en Afrique du Sud voisine.

« C’est un contrôle de routine. Il va régulièrement en Afrique du Sud », a ajouté Thabo Thakalekoala. « Quand les médecins estimeront qu’il va bien, ils le laisseront partir », a-t-il encore dit.

Jeudi, le numéro deux de la police Paseka Mokete avait annoncé qu’en accord avec l’avocat du Premier ministre, Thomas Thabane devrait « comparaître devant la justice » vendredi pour être « formellement inculpé » du « meurtre » de Lipolelo Thabane.

Mais vendredi, la police, les journalistes et les curieux qui se pressaient au tribunal de Maseru sont restés sur leur faim.

« Nous avons été informés qu’il est parti pour un contrôle médical de routine », a déclaré à la presse Paseka Mokete. « Selon des sources, il est en Afrique du Sud. On attend de parler avec son avocat qui doit nous dire où il se trouve exactement », a-t-il ajouté.

« Nous avons beaucoup d’éléments contre le Premier ministre. Son téléphone n’est pas la seule preuve que vous avons. Il y a plein d’autres preuves », a-t-il affirmé sans plus de détails.

Un appel téléphonique suspect, passé depuis le téléphone portable du Premier ministre, a été localisé à l’endroit du meurtre le jour du crime, selon la police.

– Démission –

Empêtré dans ce scandale à la tête de l’Etat, le parti de Thomas Thabane, la Convention de tous les Basotho (ABC), fait pression depuis des semaines sur le Premier ministre pour qu’il démissionne.

En début de semaine, il lui a donné un ultimatum lui ordonnant de quitter son poste d’ici à jeudi.

Jeudi précisément, Thomas Thabane a fait une allocution à la nation pour annoncer qu’il démissionnerait d’ici « fin juillet », invoquant son âge avancé.

« La réalité est qu’à mon âge, j’ai perdu l’essentiel de mon énergie », a-t-il expliqué.

Le Lesotho, petit pays d’Afrique australe enclavé dans l’Afrique du Sud, est coutumier des épisodes d’instabilité politique.

Au cours de la dernière décennie, aucun Premier ministre n’a fini son mandat de cinq ans.

Avant de prendre ses fonctions de chef de gouvernement en juin 2017, Thomas Thabane avait déjà occupé ce poste de 2012 à 2015. Il avait été contraint momentanément à l’exil en Afrique du Sud après une tentative de coup d’Etat militaire en 2014.

Lors de sa dernière investiture, le 16 juin 2017, organisée deux jours seulement après le meurtre de Lipolelo Thabane, Thomas Thabane avait prêté serment aux côtés de celle qui allait devenir sa nouvelle épouse, Maesaiah.

Le couple a ensuite assisté aux obsèques de Lipolelo Thabane, avant de convoler en justes noces deux mois plus tard.

Les Etats-Unis se préparent à signer un accord avec les talibans le 29 février (Pompeo)

Les Etats-Unis se préparent à signer un accord avec les talibans, à la condition d’une période de réduction des violences en Afghanistan, a annoncé vendredi le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.

« Une fois (la réduction de la violence) mise en œuvre avec succès, la signature de l’accord entre les États-Unis et les talibans devrait aller de l’avant », a déclaré M. Pompeo dans un communiqué publié après sa visite en Arabie saoudite.

« Nous nous préparons à ce que la signature ait lieu le 29 février », a-t-il ajouté.

Cette date avait été avancée peu auparavant par un haut responsable afghan qui avait indiqué que la signature de l’accord aurait lieu dans la capitale qatarie, si la « réduction de la violence » annoncée par les Américains et les talibans est respectée.

Cette trêve partielle, qui doit durer une semaine mais ne semble pas avoir démarré –une attaque talibane contre l’armée afghane ayant été recensée dimanche dans le Nord–, a été conclue en vue de mener à la signature d’un accord entre Etats-Unis et talibans.

Elle marquera une étape importante dans le conflit en Afghanistan qui dure depuis 18 ans, dans le sillage des attentats du 11-Septembre.

Dans son communiqué, M. Pompeo a indiqué que des négociations interafghanes commenceraient peu après la signature de l’accord le 29 février.

Elles « s’appuieront sur cette étape fondamentale pour aboutir à un cessez-le-feu complet et permanent et à une future feuille de route politique pour l’Afghanistan », a-t-il dit.

Il a ajouté que des défis subsistaient, mais que les progrès réalisés jusqu’à présent donnaient « de l’espoir » et représentaient « une réelle opportunité » pour la paix.

« Les États-Unis appellent tous les Afghans à saisir l’occasion », a-t-il poursuivi.

L’Allemagne renforce les mesures de sécurité après l’attentat raciste de Hanau

Sous le choc de l’attentat raciste de Hanau et pressé de toutes parts de réagir, le gouvernement allemand a annoncé vendredi un renforcement de la surveillance policière, notamment autour des mosquées, face à une menace d’extrême droite « très élevée ».

Les rassemblements en mémoire des neuf victimes de la double fusillade de Hanau, organisés jeudi soir dans une cinquantaine de villes allemandes, ont laissé place à des débuts de polémique sur les armes, la protection des minorités et le rôle incendiaire du parti d’extrême droite AfD.

Le pays a été confronté à trois attentats racistes et antisémites en neuf mois, de l’assassinat d’un élu pro-migrants à la tuerie de Hanau, en passant par l’attaque visant la synagogue de Halle en plein Yom Kippour.

Dans ce contexte, marqué aussi par le démantèlement de groupes prêts à passer à l’acte, « on ne peut plus parler d’actes individuels (…) mais d’un problème politique. Il est temps de le réaliser », résume vendredi le quotidien berlinois Tagesspiegel.

– « Bombes à retardement » –

Face à ce « danger numéro un pour la démocratie, » selon la ministre de la Justice Christine Lambrecht, le gouvernement a annoncé vendredi de nouvelles mesures.

Les « lieux sensibles », en particulier les abords des mosquées, les aéroports, ainsi que les frontières vont faire l’objet d’une surveillance renforcée, a annoncé le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer.

Le gouvernement d’Angela Merkel avait déjà nettement durci son arsenal législatif et sécuritaire ces derniers mois, en imposant notamment de nouvelles obligations aux réseaux sociaux pour signaler les contenus haineux ou en protégeant mieux élus et militants.

Mais il peine à contrer toutes les menaces, en particulier celle incarnée par des individus solitaires, inconnus de la police et armés en toute légalité, qui passent subitement à l’acte comme le tueur présumé de Hanau.

Ces « loups solitaires » qui se radicalisent sur internet, sont « des bombes à retardement que nous devons contrer avec tous les moyens que l’État constitutionnel nous offre », fait valoir la ministre de la Justice.

« Ce qui est déjà fait dans le domaine du jihadisme » en matière de surveillance en ligne, y compris des applications cryptées, doit « aussi être mené dans celui de l’extrémisme de droite », préconise Peter Neumann, spécialiste du terrorisme au King’s College de Londres dans le quotidien Die Welt.

L’auteur présumé de l’attaque de Hanau, inconnu des services de police, avait ainsi un site personnel mêlant théories racialistes et contenus complotistes avant les fusillades. Ces « signaux » doivent à l’avenir être mieux anticipés, fait valoir M. Neumann.

– « Agressivité » –

Un autre aspect de la menace concerne un éventuel contrôle plus strict de la détention d’armes. Quelque 5,4 millions d’armes sont en circulation dans le pays, selon le quotidien Bild.

Le ministère de l’Intérieur s’inquiète en particulier du fait que l’extrême droite radicale se procure de plus en plus d’armes en tous genres.

La police a ainsi saisi 1.091 armes au total en 2018, contre 676 l’année précédente, dans le cadre d’enquêtes portant sur des délits et crimes attribués à des extrémistes de droite.

Des membres de la droite conservatrice CDU ont ainsi plaidé pour un renforcement de la législation sur les armes, une gageure dans un pays friand de chasse ou de tir sportif, une discipline que pratiquait le tueur présumé de Hanau.

« Les armes automatiques ne peuvent plus être conservées au domicile de particuliers, y compris les tireurs sportifs », a estimé dans un éditorial le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Enfin, le drame de Hanau revêt une dimension politique dans un pays marqué par l’irruption depuis 2013 du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), représenté depuis deux ans au parlement.

Cette formation, ouvertement xénophobe et dont des dirigeants critiquent à voix haute la repentance allemande au sujet du nazisme, devrait être placée « sous la surveillance » des services de renseignements, réclame Lars Klingbeil, secrétaire général du parti social-démocrate SPD.

« Quelqu’un a tiré à Hanau, mais beaucoup lui ont fourni des munitions, et l’AfD en fait certainement partie « , a-t-il dénoncé sur la chaîne publique ARD.

« L’AfD est responsable de la polarisation (…) et de l’agressivité dans le discours politique », résume dans la presse allemande Oliver Decker, spécialiste de l’extrême droite à l’université de Leipzig.