février 2020 - Page 37 sur 49 - Journal du niger

Alstom/Bombardier: nouveau test pour les règles de la concurrence de l’UE

Après la fusion avortée Siemens/Alstom, un autre géant européen du rail se profile avec le rachat annoncé lundi du canadien Bombardier par le français Alstom. Un nouveau test pour les règles controversées de la concurrence de l’UE.

Mardi, Bruno Le Maire, ministre français des Finances, partisan de ce rapprochement, s’est félicité d’un « très bon entretien » avec la Commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager. Elle avait interdit il y a un an l’union franco-allemande et s’était retrouvée sous le feu des critiques de Berlin et Paris.

– Un veto de l’UE est-il probable ? –

De l’avis général, l’acquisition par Alstom de Bombardier (tramway, métro, train) devrait être moins difficile que le mariage Siemens/Alstom.

Comme l’a souligné lundi le PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, le principal problème il y a un an reposait sur la signalisation ferroviaire: le français et l’allemand étaient très présents sur ce marché stratégique, qui garantit la sécurité des voyageurs tout en permettant d’augmenter les cadences sur des lignes de train et métro frôlant la saturation dans les grandes villes. Or, ce n’est pas le cas de Bombardier.

De plus, le canadien est très peu actif dans le train à grande vitesse. C’était le deuxième écueil à l’union Siemens/Alstom identifié par la Commission européenne: l’allemand fabrique en effet les ICE et Alstom les TGV.

« Les chevauchements sont beaucoup moins grands », résume une source à Bruxelles.

– Un rival chinois, plus menaçant ? –

En février 2019, le veto de la Danoise Vestager à l’union Siemens/Alstom avait mis en rage M. Le Maire et son homologue allemand Peter Altmaier, qui avaient brandi en vain l’épouvantail de la puissante entreprise publique chinoise CRRC.

« A l’époque, la Commission européenne avait estimé ne pas voir de perspective d’entrée des chinois dans un avenir proche dans l’UE », rappelle à l’AFP Emmanuel Durand du cabinet De Pardieu Brocas Maffei.

Depuis, ils ont acquis en août 2019 un fabricant de locomotives, racheté à l’allemand Vossloh, et ils ont décroché à la fin de l’année le tramway de Porto, au nez et à la barbe de Siemens.

« C’est la preuve que cette possibilité théorique de pénétration du marché européen s’est concrétisée », constate M. Durand.

D’ailleurs, alors que le Royaume-Uni vient de quitter l’UE, CRRC négocie aussi avec le gouvernement britannique pour le gigantesque projet de ligne à grande vitesse HS2 (High Speed 2) qui doit relier Londres au centre et au nord de l’Angleterre.

– Réforme de la concurrence, un atout ? –

Le veto de Bruxelles à Siemens/Alstom avait poussé Berlin et Paris à réclamer une réforme de la concurrence dans l’UE pour tenir tête notamment aux rivaux chinois subventionnés.

Début décembre, Mme Vestager avait reconnu qu’il « était temps d’actualiser les règles afin de mieux tenir compte de la mondialisation ».

Elle avait toutefois précisé que si c’était à refaire, elle ferait encore dérailler le projet Alstom-Siemens. L’UE ne doit pas aider à la constitution de champions industriels « biberonnés et chouchoutés » mais laisser la concurrence stimuler leur création, avait-elle prévenu.

Et pour l’instant, la Danoise n’a donné aucun calendrier sur ces projets de réforme. « L’analyse par Bruxelles de la fusion Alstom/Bombardier sera tout aussi rigoureuse que celle faite pour Siemens/Alstom. Ce ne sera pas un laboratoire d’essai d’une réforme du droit de la concurrence », a jugé M. Durand.

– Quel recours en cas de veto de l’UE ? –

Si Bruxelles se montrait sceptique, Bombardier et Alstom pourraient tenter d’arracher son feu vert en proposant des solutions telles que des sessions de sites de production à des rivaux.

En cas de veto, Bombardier et Alstom pourraient déposer un recours auprès de la justice européenne de Luxembourg. La fusion serait certes interdite, mais ils pourraient réclamer des dommages-intérêts à Bruxelles.

Une procédure qui durerait entre trois et cinq ans et à l’issue très incertaine. En 2007 toutefois, la Commission européenne avait été condamnée à indemniser « partiellement » le groupe français Schneider pour avoir empêché à tort en 2001 sa fusion avec son compatriote Legrand.

Les essaims de criquets en Afrique de l’Est atteignent le Soudan du Sud

Les essaims de criquets qui s’abattent sur l’Afrique de l’Est sont arrivés au Soudan du Sud, ont annoncé mardi les autorités sud-soudanaises.

Ces essaims qui dévastent les cultures ont déjà atteint le Kenya, l’Ethiopie, l’Erythrée, Djibouti, la Somalie, l’Ouganda, le Soudan et la Tanzanie.

Ils sont arrivée au Soudan du Sud lundi par la frontière ougandaise, dans le sud du pays, a indiqué le ministre de l’Agriculture Onyoti Adigo.

« Les criquets sont comme les humains, ils envoient une avant-garde pour vérifier s’il y a de la nourriture et si le terrain est favorable à la reproduction », a précisé le ministre.

Selon le représentant en Ouganda de l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), Meshack Malo, quelque 2.000 criquets ont déjà été repérés dans le pays.

D’après leur couleur jaune foncé, il s’agirait essentiellement d’individus à la recherche de zones de ponte, a-t-il souligné.

L’arrivée de ces criquets pourrait s’avérer catastrophique pour le Soudan du Sud, où 60 % de la population est déjà menacée par la faim, en raison des effets combinés de la guerre, de la sécheresse et d’inondations.

« Nous formons des gens pour l’épandage et nous aurons aussi besoin d’insecticides et d’épandeurs. Il nous faudra aussi des véhicules, voire des avions si cela empire », a énuméré le ministre.

La FAO estime qu’il s’agit de la « pire situation » qu’a connue la Corne de l’Afrique en un quart de siècle concernant les criquets pèlerins.

Si le phénomène d’invasion s’aggrave, dans un an ou plus, cela serait considéré comme un fléau.

Il y a eu six grandes invasions de criquets au XXe siècle, dont la dernière s’est produite en 1987-89.

Massacre au Cameroun: l’ONU veut une enquête « indépendante, impartiale »

L’ONU a réclamé mardi aux autorités camerounaises une enquête « indépendante, impartiale et complète » après la mort de plus 23 personnes, dont une majorité d’enfants, lors d’une opération militaire dans un village de l’Ouest anglophone en proie à un sanglant conflit séparatiste.

Une partie de l’opposition camerounaise, mais aussi de nombreux témoins interrogés par des ONG ont accusé des militaires camerounais d’avoir perpétré vendredi cette tuerie dans un quartier de la localité de Ntumbo, située dans la région anglophone du Nord-Ouest.

Des accusations démenties par l’armée camerounaise dans un communiqué lundi, qui invoque « un malheureux accident » et parle de cinq victimes civiles, tout en annoncant avoir ouvert « une enquête approfondie ».

« Nous pressons les autorités de s’assurer que l’enquête sera indépendante, impartiale et complète, et que les responsables rendent des comptes », a déclaré mardi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les droits de l’Homme (HCDH) dans un communiqué.

Depuis près de trois ans, un conflit meurtrier oppose les forces de sécurité camerounaises à des groupes armés anglophones séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise. Les deux camps sont accusés de perpétrer des crimes et exactions contre des civils.

A Ntumbo, 23 personnes ont été tuées, dont deux femmes enceintes et 15 enfants, selon un dernier bilan communiqué par l’ONU. Neuf d’entre eux avaient moins de cinq ans.

Des témoins ont rapporté à l’ONU que « 40 hommes armés, dont des membres des forces de défense et de sécurité » avaient attaqué le quartier de Ngarbuh « tirant sur les habitants et brûlant des maisons ».

– 700.000 déplacés –

L’armée camerounaise décrit, elle, un tout autre scénario. Elle affirme que six militaires patrouillant dans le village ont été la cible de tirs nourris de « terroristes » et que les combats ont entraîné l’explosion de réservoirs de carburant, provoquant un incendie qui a tué « une femme et quatre enfants ». L’armée assure aussi avoir « mis hors d’état de nuire » sept « terroristes ».

Ce conflit qui dure depuis près de trois ans, a fait plus de 3.000 morts et forcé près de 700.000 personnes à fuir leur domicile. Selon les ONG internationales, les populations sont les premières victimes de ce conflit.

« Nous appelons le gouvernement à s’assurer que les forces de sécurité se conforment au normes légales internationales applicables quand elles mènent des opérations », a demandé mardi l’ONU dans son communiqué, exhortant également les groupes armés à respecter « la loi internationale ».

Après presque trois ans d’inaction, Yaoundé s’était résolu, sous la pression internationale, à organiser en octobre dernier un Grand dialogue national pour tenter de mettre fin à la crise.

Boycotté par les groupes armés, il n’a pas permis de ramener la paix dans ces deux régions.

– Médiation suisse –

Pis, les violences se sont multipliées, selon les rapports de plusieurs ONG, notamment avant la tenue le 9 février dernier des élections législatives et municipales.

« Les violences n’ont pas cessé », ont déploré lundi 16 évêques catholiques de différents pays du monde, dans une lettre adressée au président Paul Biya, 86 ans dont 37 au pouvoir. Ces derniers exhortent son gouvernement à participer à des pourparlers avec les séparatistes.

« Il n’y aura pas de victoire militaire pour aucun des côtés », écrivent-ils. « Une solution durable doit venir d’un processus de médiation qui inclut autant les groupes séparatistes armés anglophones que les représentants de la société civile non violents », ajoutent les évêques, appelant Yaoundé à participer aux discussions proposées par la Suisse.

Depuis plusieurs mois, la diplomatie suisse tente de susciter des discussions entre les autorités de Yaoundé et les séparatistes anglophones.

Le milliardaire Michael Bloomberg présent au prochain débat démocrate

Fort d’une poussée dans les sondages, le milliardaire américain Michael Bloomberg, candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre, participera mercredi à son premier débat télévisé de la campagne, a annoncé mardi son équipe.

Les attaques de ses rivaux, le favori Bernie Sanders en tête, devraient fuser contre l’ancien maire de New York lors de leur première confrontation télévisée.

« Mike a hâte de rejoindre les autres candidats démocrates sur scène et d’expliquer pourquoi il est le meilleur candidat pour battre Donald Trump et unifier le pays », a indiqué son directeur de campagne Kevin Sheekey dans un communiqué.

Neuvième homme le plus riche de la planète en 2019, Michael Bloomberg a, en s’appuyant sur ses quelque 60 milliards de fortune, secoué la campagne démocrate.

Le milliardaire a fait le pari d’une entrée tardive dans la campagne présidentielle, en novembre, mais a compensé son retard avec déjà plus de 300 millions de dollars d’investissements en spots publicitaires qui tournent en boucle sur les chaînes télévisées et internet.

L’avalanche publicitaire du candidat de 78 ans a déjà eu un impact frappant: il a grimpé à la troisième place de la moyenne des sondages nationaux établie par RealClearPolitics.

Michael Bloomberg arrive même en deuxième place d’un nouveau sondage NPR/PBS/Marist publié mardi. Soit « le dernier signe en date que (son) programme et sa capacité à battre Donald Trump résonnent auprès de plus en plus d’Américains », a réagi Kevin Sheekey.

Avec 19% des intentions de vote, Michael Bloomberg devance l’ancien vice-président Joe Biden (15%), en nette perte de vitesse après avoir longtemps caracolé en tête des sondages.

Le sénateur indépendant Bernie Sanders assoit lui son statut de favori en creusant nettement l’écart, avec 31% des intentions de votes dans cette étude, qui comporte une marge d’erreur de 5,4 points de pourcentage.

– « Acheter la présidence » –

Délaissant les premiers Etats des primaires démocrates, peu pourvus en délégués, Michael Bloomberg mise sur une entrée dans la course au moment du « Super Tuesday » le 3 mars, lors duquel 14 Etats voteront.

Huit candidats sont toujours en lice pour affronter le président Donald Trump le 3 novembre. C’est celui ou celle qui obtiendra une majorité de délégués (1.991) qui représentera le parti démocrate face au milliardaire républicain.

Le parti démocrate avait fixé, pour les premiers débats, des critères à respecter pour être sélectionné, en exigeant notamment un seuil minimum de donations issues de la base électorale.

Mais il a modifié les règles pour le débat de mercredi. Plus besoin désormais d’afficher le soutien de milliers de petits donateurs, seuls les sondages et le nombre de délégués déjà décrochés par les candidats comptent. Ce qui a ouvert la porte à M. Bloomberg, qui finance lui-même sa campagne.

Cette volte-face a été critiquée par les autres candidats à l’investiture, qui accusent Michael Bloomberg d’avoir acheté son entrée dans les primaires.

« M. Bloomberg, comme n’importe qui, a le droit de se présenter à la présidentielle. Il n’a pas le droit d’acheter la présidence », a tweeté lundi Bernie Sanders.

Ce débat démocrate aura lieu à Las Vegas, dans le Nevada, où sera organisé samedi le troisième vote des primaires.

Mexique: protestations après le meurtre d’une fillette

Des dizaines de femmes manifestaient mardi devant la présidence mexicaine après le meurtre d’une fillette de sept ans à Mexico qui a provoqué colère et indignation dans un pays pourtant habitué à la violence.

La découverte durant le weekend du corps de la jeune fille avec des signes de torture a déclenché des protestations dans l’école où elle était scolarisée, lorsque son corps a été ramenée à sa famille, ainsi que sur les réseaux sociaux.

Devant le Palais présidentiel, vêtues de noir et certaines avec le visage couvert, les manifestantes ont exigé de mettre un terme à l’impunité dont bénéficient les criminels et la fin de la violence de genre.

Aux cris de « Ils violent des femmes, ils protègent les monuments ! », les manifestantes ont exigé que le gouvernement du président Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO) assume sa responsabilité à l’égard des femmes et de leur sécurité.

« Monsieur, madame, ne soyez pas indifférents, les femmes sont tuées au grand jour ! » et « les féminicides sont des crimes d’État ! », ont scandé les manifestantes.

Peu de temps après, une minute de silence, le poing levé, a été observée à la mémoire de la fillette assassinée.

De son côté, AMLO a affirmé que les autorités de la ville enquêtent et que son gouvernement travaille sur les causes de la violence.

« Nous nous attaquons aux causes et nous pensons qu’il faut une société plus juste, plus égalitaire, fraternelle, avec des valeurs, où l’individualisme n’est pas ce qui prévaut mais l’amour du prochain », a déclaré le président lors de sa conférence de presse matinale quotidienne.

Interrogé par les journalistes, le président s’est déclaré favorable à la création d’un parquet spécialisé dans les féminicides.

« Je le conçois très bien et tout ce qui est fait pour parvenir à la paix et à la tranquillité, nous le voyons très bien et nous continuerons d’aider dans tous les domaines », a-t-il ajouté sans expliciter quoique ce soit.

Le corps de l’enfant a été retrouvé samedi dans la ville de Tlahuac, au sud-est de la capitale. Elle avait disparu le 11 février.

Lundi, le bureau du procureur local a offert une récompense de deux millions de pesos (environ 107.000 dollars) à ceux qui fourniraient des informations sur le ou les assassins.

La Grèce au ralenti, grèves et manifestations contre une réforme des retraites

Des milliers de Grecs ont protesté mardi contre un projet de réforme des retraites qui prolonge, selon le syndicat des fonctionnaires, la réduction des pensions imposée au plus fort de la crise.

La Confédération des fonctionnaires (Adedy) a appelé à une grève de 24 heures, également observée par les employés des mairies et préfectures ainsi que ceux des transports en commun (métro, bus, tramway ou trolley), perturbant fortement la circulation dans le centre d’Athènes.

« Le projet de loi que le gouvernement a déposé au Parlement n’est rien d’autre que le prolongement des lois d’austérité, adoptées pendant la crise (2010-2018) et ayant entraîné des réductions de pensions allant de 20% à 60% », a indiqué l’Adedy dans un communiqué.

Les liaisons maritimes ont été aussi affectées par la grève du syndicat des marins.

Les journalistes ont observé un arrêt de travail de trois heures en début d’après-midi.

Environ 10.000 personnes ont manifesté dans le calme dans le centre d’Athènes, selon la police de la capitale.

« Aucune coupe dans les retraites » ont scandé les manifestants. « Pas de carnage dans le système de sécurité sociale », pouvait-on aussi lire sur les pancartes.

« Touchez pas au système de sécurité sociale », « sécurité sociale pour tout le monde », proclamaient de leur côté les banderoles des manifestants du PAME, le syndicat des travailleurs proche du parti communiste.

« La nouvelle loi sur la sécurité sociale met l’accent sur les chiffres et pas sur l’humain. Le système de sécurité sociale se privatise peu à peu, a déploré à l’AFP Panagiota, une étudiante dans le cortège de la manifestation.

A côté d’elle, son amie Maria, secrétaire dans un bureau d’avocats, estime que « l’Etat social a été mis à mal pendant la crise, il est temps de le reconstruire et de ne pas le détruire davantage ».

Des rassemblements ont eu lieu dans d’autres villes du pays. A Théssalonique, deuxième ville dans le nord du pays, 2.500 ont manifesté, selon la police.

Le projet de loi réformant les retraites, qui doit être voté d’ici vendredi au Parlement, vise à garantir la viabilité du système d’ici à 2070, selon le gouvernement conservateur.

A la différence des syndicats, le gouvernement soutient que le projet comprend des augmentations pour certaines catégories professionnelles et réduit les pénalités infligées aux retraités qui continuent à travailler.

La Grèce a réformé à plusieurs reprises ces dernières décennies son système de sécurité sociale, caractérisé par des dépenses excessives, l’une des raisons de la crise de la dette.

Deux réformes principales ont raboté les pensions, supprimé les nombreuses caisses de sécurité sociale et augmenté l’âge de départ à la retraite à 67 ans en raison du vieillissement de la population.

Les syndicats réclament le « rétablissement des 13e et 14e mois », supprimés lors de la crise, ainsi que la réduction de l’âge de départ à la retraite.

Il s’agit de la deuxième mobilisation contre le gouvernement élu en juillet: en octobre, une grève générale dans les secteurs public et privé avait été observée pour protester contre une réforme sur la libéralisation du marché de travail visant, selon la majorité de droite, à attirer les investissements, priorité du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Israël: le procès pour corruption de Netanyahu débutera le 17 mars

Le procès pour corruption de Benjamin Netanyahu, seul chef du gouvernement dans l’histoire d’Israël à être inculpé au cours de son mandat débutera le 17 mars prochain, deux semaines après les élections cruciales à sa survie politique, a annoncé mardi la justice.

Dans un communiqué succinct, le ministère de la Justice a indiqué que l’acte d’accusation sera lu par la juge Rivka Friedman-Feldman de la cour de Jérusalem en présence de M. Netanyahu le mardi 17 mars dans l’après-midi.

L’annonce de cette date intervient alors que le Premier ministre israélien, âgé de 70 ans, mène sa campagne en vue des élections législatives du 2 mars, les troisièmes en moins d’un an en Israël, après des scrutins n’ayant pas réussi à le départager de son rival Benny Gantz.

Ce dernier avait refusé après les législatives de septembre de joindre un gouvernement d’union mené par M. Netanyahu estimant que ce dernier devait en premier lieu régler ses différends avec la justice avant de prétendre au pouvoir.

Le Premier ministre a été inculpé à l’automne de corruption, malversation et abus de confiance dans trois affaires par le procureur Avichaï Mandelblit.

La loi israélienne prévoit que tout ministre poursuivi pénalement doit démissionner de ses fonctions, mais cette mesure ne s’applique pas au Premier ministre. S’il peut rester actuellement en fonction, Benjamin Netanyahu ne jouit toutefois d’aucune immunité face à la justice.

M. Netanyahu avait ainsi demandé début janvier au Parlement, la Knesset, de lui accorder une immunité au terme des prochaines législatives du 2 mars, misant sur sa victoire pour obtenir une majorité et ainsi se protéger de la justice.

Mais les partis d’opposition ont convaincu une majorité de députés d’examiner sa demande d’immunité avant les élections. Devant le rejet anticipé de sa requête, M. Netanyahu avait retiré fin janvier in extremis sa demande d’immunité judiciaire.

M. Netanyahu, qui compte 14 ans à l’horodateur du pouvoir dont la dernière décennie sans discontinuer, dénonce un complot de ses détracteurs afin d’ourdir, dit-il, un « coup d’Etat » juridique contre lui.

– Sans les partis arabes –

Pour l’heure, l’annonce de son inculpation pour corruption n’a pas fait bouger le baromètre politique en Israël.

Selon un dernier sondage de la chaîne israélienne Channel 13, la formation centriste Kahol Lavan (« Bleu-blanc », les couleurs du drapeau israélien) de l’ex-général Benny Gantz obtiendrait 36 sièges sur les 120 de la Knesset, contre 33 pour le Likoud (droite) de M. Netanyahu.

En comptabilisant leurs alliés respectifs, la gauche pour M. Gantz, la droite radicale et les partis religieux pour M. Netanyahu, aucun des deux grands blocs ne parvient à atteindre 61 députés, seuil de la majorité au Parlement israélien.

Après des visites à Washington, pour l’annonce du projet américain pour le Moyen-Orient, à Moscou, pour la libération d’une jeune Américano-Israélienne condamnée pour « trafic de drogues », et en Afrique, pour discuter d’une « normalisation » des relations avec le Soudan, M. Netanyahu multiplie ces jours-ci les meetings politiques.

Sur les artères de Jérusalem, de grandes affiches ont fait leur apparition ornées du slogan, en hébreu, « Bli Ahmed Tibi » – sans Ahmed Tibi – un des leaders de la « Liste unie » des partis arabes israéliens.

Les partis arabes avaient soutenu sans succès, au terme de la dernière élection, la candidature de Benny Gantz pour le poste de Premier ministre et en vue de chasser du pouvoir M. Netanyahu.

« Si un million d’électeurs du Likoud en convainquent 300.000 autres qui n’ont pas voté lors des dernières élections, alors nous gagnerons en grand, formerons un gouvernement de droite et ferons ainsi barrage à un gouvernement dangereux soutenu par la liste unie », a écrit sur Twitter le Premier ministre peu après l’annonce du début de son procès.

RDCongo: au moins dix morts dans un nouveau massacre près de Beni

Au moins dix personnes ont été massacrées lundi soir près de l’Ouganda dans l’est de la République démocratique du Congo, ont indiqué mardi à l’AFP des sources locales, ce qui porte à 393 le nombre de personnes tuées dans cette région de Beni depuis début novembre.

Des centaines de civils fuyaient mardi matin à pied, en moto, en camion, les lieux de cette nouvelle tuerie attribuée par les autorités au groupe armé ADF (Forces démocratiques alliées), a constaté un correspondant de l’AFP qui s’est rendu sur place.

Le massacre a eu lieu au sud-est de la ville de Beni, où se trouvait encore mardi matin la présidente de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda, en visite dans la région.

« Huit civils, un agent des renseignements et un soldat » ont été tués dans l’attaque du village de Manzahalo, a indiqué un responsable local, John Kambale, à l’AFP. Dix maisons ont été incendiées.

Le bilan a été confirmé par un officier sous couvert de l’anonymat.

Les ADF ont tué 393 personnes depuis début novembre, selon le décompte des enquêteurs du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST en anglais, qui intègre plusieurs organisations). Le KST dénombre onze morts dans la dernière tuerie.

Qualifiés de « terroristes » par les autorités, les ADF ont tué plus d’un millier de civils dans la région de Beni depuis 2014.

D’après les experts et les observateurs, les ADF se vengent sur les civils des opérations de l’armée congolaise lancées fin octobre.

« Malgré la prise du quartier général des ADF, et l’annonce de la mort de 5 des 6 chefs de ce groupe armé par l’armée congolaise, les massacres se poursuivent à un rythme effréné dans le territoire de Beni », observent les enquêteurs du Baromètre sécuritaire du Kivu.

Travaillant avec de multiples sources dans la région, ils avancent que les pertes de l’armée sont très fortes: « Une source ayant requis l’anonymat estime que près de 300 soldats congolais seraient morts depuis le début de l’offensive contre les ADF en novembre ».

« On ne vous laissera pas, on ne vous abandonnera pas », a promis la présidente de l’Assemblée Jeanine Mabunda lundi à des déplacés qui ont fui les précédentes tueries des ADF.

« Notre pays est attaqué à partir de ce territoire. Le problème de Beni, c’est le problème de toute la Nation », a ajouté cette proche de l’ancien président Joseph Kabila dont elle a été conseillère chargée de la lutte contre les violences sexuelles.

A l’origine, les ADF sont des rebelles ougandais musulmans présents dans l’actuelle RDC depuis 1995.

Opposés au régime du président Yoweri Museveni, ils n’ont plus lancé d’attaque contre Kampala depuis des années.

Les ADF « possèdent les caractéristiques à la fois d’un groupe armé et d’une organisation criminelle, et semblent suivre une idéologie islamiste extrême », selon un rapport remis en janvier au Conseil de sécurité des Nations unies.

Il n’y a pas assez d’éléments de renseignements pour prouver « des liens avec des groupes extrémistes islamiques internationaux », ajoute le rapport.

Afghanistan: le président sortant Ashraf Ghani réélu

Le président sortant Ashraf Ghani a été réélu à la tête de l’Afghanistan, selon les résultats définitifs de la présidentielle du 28 septembre annoncés mardi par la Commission électorale indépendante (IEC) et déjà contestés par son principal adversaire Abdullah Abdullah.

« La Commission électorale (…) déclare M. Ashraf Ghani, qui a obtenu 50,64% des votes, président de l’Afghanistan », a déclaré Hawa Alam Nuristani, la présidente de l’IEC, lors d’une conférence de presse.

M. Ghani sera donc probablement assis face aux talibans à la table des négociations lors de futures discussions intra-afghanes visant à décider de l’avenir du pays.

« Que Dieu l’aide à servir le peuple d’Afghanistan… Je prie aussi pour que la paix arrive dans notre pays », a encore ajouté Mme Nuristani.

Les résultats définitifs de la présidentielle sont cependant déjà contestés, comme ils l’avaient déjà été en 2014, par l’équipe d’Abdullah Abdullah.

Le chef de l’exécutif afghan, principal adversaire d’Ashraf Ghani, a obtenu 39.52% des votes, selon l’IEC.

« Les résultats annoncés par la commission n’ont aucune légitimité », a réagi le porte-parole de son équipe de campagne, Faraidoon Khwazoon, interrogé par l’AFP.

« Nous nous sommes retirés du processus (électoral) il y a deux jours. Les commissions n’agissaient pas selon la loi et avaient perdu leur légitimité », a-t-il affirmé.

Le vice-président Abdul Rashid Dostum, un puissant ancien seigneur de guerre et allié d’Abdullah Abdullah, a lui aussi menacé de former un gouvernement parallèle si des résultats « frauduleux » étaient annoncés.

Tant la population afghane que la communauté internationale craignent une répétition du scénario de 2014, quand Abdullah Abdullah avait contesté les résultats du scrutin, entaché de graves irrégularités, ce qui avait débouché sur une crise constitutionnelle.

– Très faible participation –

L’annonce intervient alors que Washington continue de négocier en parallèle un accord avec les talibans en vue d’un retrait des troupes américaines d’Afghanistan, en échange notamment de garanties sécuritaires.

Si le gouvernement de Kaboul a jusqu’ici été écarté de la table des négociations, il doit participer aux discussions intra-afghanes avec les insurgés, censées s’ouvrir après la signature d’un accord antre Américains et talibans.

Lundi, l’envoyé américain Zalmay Khalilzad, qui représente Washington depuis plus d’un an lors des pourparlers entre les deux parties, s’est dit « prudemment optimiste » quant aux progrès réalisés en vue d’un éventuel accord.

Les États-Unis ont « des engagements de la part des talibans sur les questions de sécurité », a-t-il déclaré lors d’une conférence à Islamabad.

Le président américain Donald Trump a de son côté estimé jeudi dernier qu’un accord bilatéral était « très proche ».

Les talibans, les forces de sécurité afghanes et les Etats-Unis doivent lancer une « réduction de la violence » de sept jours, ont annoncé des responsables la semaine dernière. Celle-ci n’a toutefois pas encore démarré.

Pour l’analyste Atta Noori, l’élection de Ghani est « un pas en avant » dans le processus des négociations. « Un gouvernement chancelant n’était pas en position de pouvoir parler avec les talibans », a-t-il expliqué.

« Les événements à venir sont plus importants que les plaintes d’Abdullah au sujet de fraudes », a encore ajouté M. Noori.

Les résultats ont été annoncés avec plus de trois mois de retard, près de cinq mois après l’élection. Un total de 16.500 plaintes pour irrégularités avaient été déposées par les candidats, ralentissant le processus.

Des résultats préliminaires rendus publics fin décembre avaient déjà montré la victoire à la majorité absolue du chef de l’État afghan.

Cette présidentielle a été marquée par une participation très faible, avec 1,8 million de votes pris en compte par l’IEC, sur un total de 9,6 millions d’électeurs enregistrés. Près d’un million sur les 2,7 millions de votes recensés à l’origine avaient été écartés pour irrégularités.

Escalade dans l’est de l’Ukraine: un soldat tué, cinq blessés (Kiev)

Un soldat ukrainien a été tué et cinq autres blessés dans des combats mardi matin avec les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine dans un incident dénoncé de part et d’autre comme une « provocation ».

« Les rebelles et les occupants (russes) ont organisé une provocation cynique » dans une « tentative de faire échouer le processus de paix », a accusé sur Facebook le président Volodymyr Zelensky.

« Nous avons une armée puissante, elle a riposté fortement. La situation est totalement contrôlée par notre armée », a-t-il assuré plus tard lors d’un point de presse. « Cette provocation ne changera pas notre politique (…) nous avançons résolument vers la fin de la guerre, vers la paix », a encore affirmé le chef de l’Etat.

Cette escalade, « une des pires » de ces dernières années selon l’armée ukrainienne, est survenue dans la région de Lougansk, près des villages de Novotochkivka et Krymské et à moins de dix kilomètres d’un des trois secteurs où les belligérants avaient procédé au retrait des forces l’an dernier.

Tôt le matin, les séparatistes ont tenté de percer la ligne de front en bombardant des positions ukrainiennes à l’aide de pièces d’artillerie de calibre 152 et 120 millimètres, de mitrailleuses et d’un char, a indiqué le service de presse de l’armée.

Des unités d’assaut ont ensuite tenté d’occuper des postes d’observation des militaires ukrainiens, a précisé Rouslan Khomtchak, commandant de l’état-major général de l’armée. Selon lui, le combat a duré plusieurs heures, Kiev a riposté avec des tirs d’artillerie, selon la même source.

« Nous sommes profondément préoccupés » et « appelons d’urgence la Russie à maintenir ses engagements » de paix, a réagi l’ambassade américaine sur Twitter.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a de son côté fait état de « victimes des deux côtés » assurant n’avoir pas de détails sur les affrontements.

Le leader séparatiste de Lougansk, Léonid Pasetchnik, a de son côté dénoncé une « provocation sanglante de Kiev », accusant les Ukrainiens d’avoir bombardé la république autoproclamée.

« La position agressive de Kiev remet en cause » l’organisation d’un nouveau sommet de paix sur l’Ukraine attendu a priori en avril réunissant M. Zelensky, et les dirigeants russes, français et allemand, a-t-il affirmé selon l’agence officielle séparatiste.

L’Ukraine est en proie depuis presque six ans à une guerre avec des séparatistes prorusses dans les régions de l’est(- de son territoire, qui a fait plus de 13.000 morts et environ 1,5 millions de personnes déplacées.

L’intensité des combats a nettement baissé après la signature des accords de paix de Minsk en février 2015, mais des regains de violences réguliers continuent d’alourdir le bilan.

Une certaine détente entre Kiev et Moscou, accusée de soutenir les rebelles, est observée depuis l’arrivée au pouvoir l’an dernier de M. Zelensky, qui a notamment rencontré en décembre Vladimir Poutine lors d’un sommet de paix à Paris. Mais la résolution politique du conflit reste quasiment au point mort.