février 2020 - Page 40 sur 49 - Journal du niger

Les Etats-Unis saluent la lutte contre la corruption de l’Angola

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a salué lundi à Luanda la lutte contre la corruption engagée par le président angolais Joao Lourenço, notamment contre la famille de son prédécesseur José Eduardo dos Santos.

« En deux ans et demi au pouvoir, le président Lourenço a fait un travail formidable pour faire (de la corruption) un fantôme du passé », a déclaré Mike Pompeo lors d’une conférence de presse après s’être entretenu avec le président angolais.

Joao Lourenço « augmente la transparence, il aide les institutions financières à faire le ménage et poursuit » les coupables, a salué le secrétaire d’Etat américain en tournée en Afrique.

« Je suis optimiste dans le fait qu’il va continuer à libérer l’Angola de la corruption », a-t-il ajouté.

Depuis qu’il est président, Joao Lourenço, membre du parti au pouvoir depuis l’indépendance de l’Angola en 1975, a fait le ménage au sein des institutions, des entreprises publiques et de l’appareil sécuritaire du pays au nom de la lutte contre la corruption.

Plusieurs proches de son prédécesseur ont été directement visés.

La fille de l’ex-président, Isabel dos Santos, limogée de son poste de PDG du géant pétrolier public Sonangol, est accusée de fraude, détournement de fonds et blanchiment d’argent par la justice angolaise. Elle dénonce « une attaque politique ».

Son demi-frère, José Filomeno dos Santos, qui présidait le fonds souverain du pays, est lui jugé depuis décembre à Luanda pour détournements de fonds publics.

Pendant ses 38 ans au pouvoir (1979-2017), José Eduardo dos Santos a mis l’économie de son pays, un des plus pauvres du monde, en coupe réglée au profit d’une poignée de proches.

La corruption a « freiné pendant trop longtemps le vaste potentiel » de l’Angola, a encore estimé Mike Pompeo lundi.

« Nous sommes déterminés, nous faisons cela dans le monde entier, nous voulons que les transactions financières dans le monde soient transparentes », a-t-il ajouté, se disant prêt à « aider » l’Angola.

Ce pays d’Afrique australe figure au 146e rang sur 180 de l’indice de perception de la corruption de l’organisation Transparency International.

Le secrétaire d’Etat américain s’est également dit « encouragé » par les efforts du gouvernement angolais de privatiser 195 entreprises publiques, une décision qui « va grandement attirer des investissements privés ».

Il a en enfin remercié l’Angola qui a invité le président américain Donald Trump à se rendre dans le pays. « Il aimerait beaucoup venir ici », a déclaré Mike Pompeo, ajoutant cependant que « cette année était chargée car il s’agit d’une année électorale ».

Après trois ans d’administration Trump, Mike Pompeo est le plus haut responsable américain à effectuer une tournée en Afrique subsaharienne. Après le Sénégal et l’Angola, il est attendu lundi soir en Ethiopie jusqu’à mercredi.

Villageois tués au Cameroun anglophone: « un malheureux accident » dit l’armée

L’armée a démenti lundi que des militaires aient tué 22 civils dont des enfants il y a trois jours en zone anglophone, assurant que le drame était le résultat d’un « malheureux accident » après des échanges de tir entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Cette version des militaires, qui ne parlent que de « cinq victimes » civiles, a immédiatement déclenché un tollé sur les réseaux sociaux.

Vendredi peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balles et brûlé des habitants.

Dimanche, un représentant de l’ONU dans la province, avait assuré à l’AFP que 22 civils, dont 14 enfants, une femme enceinte et deux femmes portant des bébés, avaient été tués par « des hommes armés ».

L’opposition, ainsi que de nombreuses personnalités d’ONG de défense des droits Humain avaient aussitôt accusé l’armée, certains internautes diffusant d’horribles photos d’enfants aux corps calciné ou mutilés. Ces photos n’ont pas pu être authentifiées par l’AFP.

L’armée a catégoriquement démenti lundi, plus de trois jours après le drame. « Il s’agit tout simplement d’un malheureux accident, conséquence collatérale des opérations de sécurisation dans la région », a expliqué à l’AFP et dans un communiqué le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Atonfack Guemo.

– Explosion de carburant –

Selon lui, quatre militaires et deux gendarmes qui effectuaient une « reconnaissance nocturne à pied » près d’une habitation « transformée en camp fortifié » et en stock d’armes, ont essuyé des « tirs nourris ». « Sept terroristes » ont alors été mis « hors d’état de nuire » lors de cette opération, selon lui.

Mais « les combats vont se poursuivre jusqu’à l’explosion de plusieurs contenants de carburant, suivie d’un violent incendie qui va affecter quelques habitations voisines », poursuit le colonel Atonfack, ajoutant: « Cet incendie a fait 5 victimes, dont une femme et 4 enfants, bien loin de ce qui est relayé dans les réseaux sociaux ».

« Ils ont tiré sur les gens et brûlé des victimes, leurs corps sont dans un horrible état », a assuré, sous couvert de l’anonymat, un travailleur humanitaire qui a recueilli des témoignages.

« Les gens nous ont appelés au téléphone pour dire que des militaires sont venus et ont cassé les portes, tiré sur ceux qui se trouvaient sur place et brûlé des maison », a affirmé lundi à l’AFP Louis Panlanjo, habitant de Ntumbo et membre d’une ONG locale. Environ 800 villageois « ont quitté les lieux pour se réfugier dans le centre ville », a-t-il ajouté lundi.

D’autres sources évoquent un bilan mortel bien plus élevé: l’avocat et militant des droits de l’Homme Agbor Felix Nkongho, parle de 32 civils tués. Un habitant, qui a requis l’anonymat, affirme que 35 corps ont été retrouvés et accuse l’armée, dans un entretien téléphonique avec l’AFP.

– « Monstres » –

Largement critiqué pour son mutisme, Yaoundé est finalement sorti du silence trois jours après le drame. « Cela nous a pris tout le week-end pour enquêter, c’est pour cela que nous ne réagissons qu’aujourd’hui », a plaidé le colonel Atonfack auprès de l’AFP.

Mais pour plusieurs personnalités, la version de l’armée passe mal.  » Incroyable!!!!!!!!!! Mais qui sont ces monstres ?!?!? Qui sont-ils ?!?!? D’où sortent-ils ?!?! », s’est émue sur Twitter l’opposante Edith Kah Walla, candidate à la présidentielle en 2011. « Après avoir nié le massacre, voilà comment l’armée traite les vies humaines », a-t-elle encore tweeté.

Pour le célèbre blogueur camerounais Florian Ngimbis « le déroulé des opérations tel que relaté fait plus penser à un mauvais scénario de série Z « , écrit-il sur le réseau social, assénant: « Ce serait drôle si les circonstances n’étaient pas si dramatiques ».

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits Humains de commettre des exactions et des crimes contre des civils dans les deux régions anglophones.

Ces dernières semaines plus de 100 personnes avaient été enlevées dans la zone par des rebelles, selon Human Rights Watch (HRW) qui a accusé les forces de sécurité d’avoir commis de « nouveaux abus » dans la même période.

Ce conflit a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés en trois ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplée principalement par la minorité anglophone camerounaise.

Lundi, le procès de sept militaires accusés d’avoir froidement exécuté en 2015 dans le nord du pays deux femmes et leurs bébés, ajourné à de nombreuses reprises ces derniers mois, a repris à Yaoundé. Dans cette région, l’armée combat depuis 2014 le groupe jihadiste Boko Haram qui multiplie les attaques meurtrières.

A l’époque de ces assassinats, révélés par une vidéo, le gouvernement avait parlé de « fake news » et d' »horrible trucage », avant de se rétracter et arrêter les sept militaires.

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Municipales: Le choix d’Agnès Buzyn à Paris révèle les fragilités de la macronie

En choisissant Agnès Buzyn pour mener campagne à Paris, Emmanuel Macron improvise une solution d’urgence qui le prive d’un pilier du gouvernement, un choix révélateur des fragilités de la macronie, selon des analystes.

« Même s’il s’agit d’une personnalité appréciée, ce choix précipité démontre la fragilité du dispositif macronien. Cela ressemble à du rafistolage », commente auprès de l’AFP Jérôme Fourquet, le directeur Opinion et Stratégies de l’Ifop, en rappelant qu’encore vendredi, Agnès Buzyn affirmait ne pas vouloir être candidate.

« Alors que nous sommes en pleine épidémie de coronavirus et crise sociale dans les hôpitaux, la ministre quitte le navire en pleine tempête. Cela crée du scepticisme dans une partie de l’opinion, en particulier ceux qui sont concernés, comme les personnels hospitaliers », explique-t-il au sujet de la désormais ex-ministre de la Santé.

Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on estime avoir fait le meilleur choix, capable de transformer une crise aiguë – le retrait de Benjamin Griveaux à la suite de la diffusion de vidéos intimes – en avantage.

« En quelques heures, nous avons compris que c’était la bonne candidate pour Paris », explique un proche du chef de l’Etat. « Pour preuve, la mobilisation fébrile du camp Hidalgo. Agnès Buzyn est le vrai remède à la maire sortante: ni sectaire, ni déconnectée », fait-il valoir.

« C’est maladroit. Cela témoigne d’un problème de vivier de La République en marche et même d’un certain désarroi de la majorité », juge au contraire le directeur de recherches au CNRS Luc Roban, interrogé par Ouest-France.

Le pouvoir a choisi pour remplacer Benjamin Griveaux « une personne sérieuse, solide, qui a le sens des responsabilités » mais « cela donne l’image d’une mesure prise en urgence pour des raisons politiques, alors que d’importants dossiers sont en attente », insiste-t-il.

– « Repli » –

Même scepticisme chez Jean-Daniel Lévy, directeur du département Politique et Opinion d’Harris Interactive, qui décrit un président « acculé ». « Il n’avait déjà pas eu la main avec Cédric Villani. Puis plusieurs candidats potentiels pour Paris ont refusé. Il a dû nommer quelqu’un qui risque de montrer une méconnaissance des enjeux parisiens », avertit-il.

Sans oublier que l’ex-ministre peut être critiquée pour sa gestion du dossier des urgences, où le conflit social dure depuis 11 mois.

La candidature d’Agnès Buzyn illustre l’évolution récente de LREM, selon l’expert en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet, qui y voit « le repli sur un petit cercle de fidèles avec un profil politique, la volonté de cibler en priorité l’électorat de droite ».

A cela s’ajoute l’impact sur l’opinion de la succession des départs du gouvernement, Agnès Buzyn était la 17e ministre à partir depuis le début du quinquennat, souligne Jérôme Fourquet.

« La liste des départs s’allonge furieusement, ce qui crée une instabilité », explique le politologue de l’Ifop, en citant les cas récents de Jean-Pierre Delevoye, écarté pour avoir gardé un mandat rémunéré en même temps que son poste de « Monsieur retraites » au gouvernement, et de François de Rugy, démissionnaire après la révélation de dîners fastueux à l’Assemblée.

L’affaire Griveaux « arrive après les affaires Benalla, Ferrand, de Rugy… à chaque fois, des personnalités politiques de la majorité sont mises en cause en raison d’un certain mode de vie, d’une certaine jouissance du pouvoir », renchérit Luc Rouban.

« Cela renvoie l’image d’une classe politique un peu cynique, un peu vulgaire, qui peut donner le sentiment de jouer avec la démocratie, de jouer sur tous les tableaux. Ce côté un peu +cour de Louis XVI+. C’est, je le crains, une machine à alimenter le populisme », selon lui.

« Les catégories populaires, particulièrement, sont assez exigeantes sur ces questions de morale, de discipline. Or les crises politiques se multiplient, et toujours un peu sur le même registre », conclut le politologue.

Au Mexique, des enfants cancéreux en sursis faute de médicaments

A cinq ans, la petite Dhana est en sursis et se bat sur deux fronts : la leucémie lymphoblastique aiguë qui la ronge et la pénurie de médicaments qui sévit au Mexique.

A cause de cette carence, la fréquence des chimiothérapies a ralenti.

Ce fut le cas à la clinique gouvernementale de son Chiapas natal, dans le sud du pays. Cela continue aujourd’hui à l’hôpital pour enfants « Federico Gomez », à Mexico, où elle a été admise.

Les médicaments sont venus à manquer en septembre et octobre 2018, puis en février 2019. A cela s’est ajouté la fermeture, en août 2019, de sept des 17 usines du plus important producteur et distributeur de méthotrexate au Mexique, un élément majeur des traitements administrés.

« Le nouveau gouvernement avait pourtant promis qu’il n’y aurait plus d’interruption des traitements », explique à l’AFP le père de Dhana, Israel Rivas. « Ce n’est pas le cas ».

Et la situation s’aggrave. « Il n’y a pas eu une seule chimiothérapie possible en janvier », ajoute-t-il d’une voix nouée par l’inquiétude.

Dhana n’est pas la seule. Des parents de jeunes cancéreux ont pris contact avec son père via les réseaux sociaux. Ensemble, ils dénoncent la pénurie de méthotrexate, de vincristine et d’autres médicaments pour traiter cette maladie à travers le pays.

« A Federico Gomez, il y a 530 enfants concernés, mais dans tout le Mexique, il y en a beaucoup plus », s’emporte M. Rivas.

Il fait état de messages de parents vivant à Tijuana (nord), Oaxaca (sud), Puebla (centre), Mérida (est), Guadalajara (ouest), Minatitlan (sud), Acapulco (sud).

Selon les chiffres du ministère de la Santé, quelque 7.000 mineurs sont chaque année atteints de cancer.

S’ils bénéficient d’un traitement complet et rapide, le taux de survie peut dépasser 57,5% des cas.

– Le Cancer n’attend pas –

Mais pour Crisanto Flores, le père de Cristal, 3 ans et demi, le manque de médicaments est une option inconcevable.

De condition modeste, il a été contraint de déménager à Mexico afin que sa fille puisse y être soignée.

Et en janvier, il a traversé l’un des moments les plus critiques de la maladie de sa fille: le principal traitement nécessaire à la chimiothérapie de Cristal a manqué.

« Si la vincristine n’est pas disponible, la maladie va gagner du terrain », explique-t-il. La petite a déjà perdu l’usage d’un oeil.

Emmanuel Garcia, en Basse-Californie (nord), et Alejandro Barbosa, à Jalisco (ouest), vivent à près de 2.000 km l’un de l’autre.

Tous les deux se battent pour obtenir des médicaments.

« À Jalisco, il y a trois hôpitaux publics touchés par la pénurie de médicaments. Nous en achetons auprès de distributeurs certifiés par le gouvernement qui les convoient de l’étranger, ce qui est très coûteux », explique M. Barbosa de l’association « Nez rouge ».

Le prix de la vincristine a grimpé en flèche en raison de la pénurie. En moins d’un an, il est passé d’environ 440 (22 euros) à 2.220 pesos (110 euros).

Emmanuel Garcia a lui aussi rejoint le groupe des parents depuis décembre.

« Et qu’en est-il des autres dans le sud du Mexique ? », s’insurge-t-il.

-Une pénurie sans fin –

Pour se faire entendre, le 22 janvier, un groupe de parents d’enfants malades a bloqué l’accès à l’aéroport de Mexico.

Le lendemain, le président Andrés Manuel Lopez Obrador a été contraint d’aborder le sujet, mais sans rien proposer.

« Nous ne manquerons jamais de médicaments », a-t-il promis sans plus de détails. Le gouvernement explique en partie la pénurie par le démantèlement de l’ancien système d’achats gouvernemental qui était rongé par la corruption. Ces personnes et les entreprises « volaient (l’Etat) depuis longtemps », a déclaré le chef de l’Etat.

Des manifestations réunissant quelques familles ont eu lieu ces derniers jours, mais sans grand écho.

A Merida, capitale du Yucatan (sud-est), Flor Gonzalez, mère d’un enfant cancéreux, Remi, vit dans l’attente.

« Les médecins appliquent des traitements incomplets », dit-elle en relatant le cas d’un enfant qui a rechuté en raison du recours à un médicament de substitution.

Au Mexique, plus de 26,4 millions d’enfants n’ont accès à aucun type de sécurité sociale.

Une « assurance populaire », en place depuis 2003 et annulée en 2020, était l’un des programmes permettant à ces enfants de se faire soigner.

Coronavirus: traque de centaines de croisiéristes débarqués au Cambodge

Retrouver la trace des passagers désormais éparpillés pour endiguer une éventuelle propagation: l’opérateur d’un navire de croisière américain traquait lundi des centaines de voyageurs autorisés à débarquer la semaine dernière au Cambodge, après qu’une des passagères a été testée positive au nouveau coronavirus.

La compagnie Holland America, propriétaire du paquebot Westerdam, travaille « en étroite coordination » avec divers gouvernements, l’Organisation mondiale de la Santé et des centres de dépistage aux Etats-Unis « pour enquêter et suivre les personnes qui pourraient avoir été en contact » avec la touriste infectée.

Après avoir été refusés par plusieurs pays asiatiques par peur du coronavirus, les 1.455 passagers du paquebot avaient été autorisés à accoster jeudi dans le port de Sihanoukville au sud du Cambodge, une décision saluée par Donald Trump alors que de nombreux ressortissants américains se trouvaient à bord.

Plus de 1.200 croisiéristes avaient débarqué du navire dans les jours suivants, après avoir passé pour certains un rapide examen médical.

Le Premier ministre Hun Sen avait accueilli les premiers en personne, ironisant sur « la maladie de la peur » et assurant qu’aucun cas n’avait été détecté à bord.

Certains avaient même été autorisés à se rendre sur les plages de Sihanoukville ou à visiter en bus Phnom Penh, des clichés publiés par des médias locaux les montrant souriants et sans masque.

Mais, samedi, une passagère américaine de 83 ans, qui avait pris un avion pour la Malaisie pour rentrer chez elle, a été diagnostiquée positive à Kuala Lumpur.

Des dizaines d’autres voyageurs ont, comme elle, déjà quitté le Cambodge pour prendre le chemin du retour, laissant craindre une propagation de l’épidémie qui a déjà tué près de 1.800 personnes en Chine.

Face à cela, les autorités cambodgiennes ont intensifié les contrôles sur les personnes encore présentes dans le pays.

« J’ai de jeunes enfants à la maison (aux États-Unis, ndlr) et je ne voudrais pas risquer de les infecter », a relevé à l’AFP Christina Kerby qui a débarqué il y a quelques jours et se trouve actuellement à Phnom Penh.

– Interdiction de transit –

Tous les pays de la région mettent en place des mesures pour se protéger de l’épidémie.

La Thaïlande, qui avait refusé au Westerdam d’accoster, envisage d’interdire l’entrée sur son territoire aux passagers du paquebot, mais un certain nombre d’entre eux ont déjà transité par le royaume.

Singapour a, elle, placé en quarantaine deux de ses ressortissants qui se trouvaient à bord. La cité-Etat a annoncé qu’elle n’autorisera « aucun autre croisiériste à entrer ou à transiter ».

Les passagers du Westerdam avaient embarqué le 1er février à Hong Kong, où une personne est décédée et 60 ont été infectées. Ils devaient ensuite poursuivre leur voyage au Japon.

Mais, par crainte de l’épidémie, le paquebot s’était vu interdire d’accoster dans l’archipel nippon, puis à Taïwan, aux Philippines, sur l’île américaine de Guam et enfin en Thaïlande, avant d’être accepté par le Cambodge, proche allié de Pékin qui investit des milliards de dollars dans le royaume.

A bord du navire, il reste encore 233 passagers et 747 membres d’équipage.

« Nous allons prélever des échantillons sur l’ensemble de ces personnes afin qu’elles soient testées », a déclaré à l’AFP un responsable cambodgien, ajoutant qu’elles resteront confinées sur le paquebot jusqu’aux résultats.

Quant à la touriste américaine testée positive, elle est actuellement sous observation en Malaisie. Son mari a également été placé sous surveillance.

Le nouveau coronavirus a fait à ce jour 1.775 morts et contaminé plus de 70.500 personnes, essentiellement en Chine continentale.

Une réunion entre les ministres des Affaires étrangères chinois et de l’Asean (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est) doit se tenir au Laos le 20 février, a appris l’AFP de sources concordantes.

Japon: peine de mort requise au procès du tueur de 19 handicapés

La peine capitale a été requise lundi au tribunal de Yokohama, dans la banlieue de Tokyo, à l’encontre de Satoshi Uematsu, un Japonais de 30 ans jugé pour le meurtre de 19 handicapés résidents d’une maison spécialisée.

« Nous demandons la peine de mort », a déclaré un représentant du bureau des procureurs de Yokohama devant la cour.

Le verdict est attendu le 16 mars.

Bien que son avocat ait plaidé qu’il était sous l’emprise de stupéfiants, M. Uematsu n’a pas nié les faits et assuré avoir agi en étant pleinement responsable. Il avait été arrêté juste après son forfait commis le 26 juillet 2016.

En pleine nuit, alors que la plupart des occupants dormaient, il s’était introduit dans un centre pour handicapés mentaux à Sagamihara, dans la banlieue ouest de Tokyo, lieu où il avait auparavant travaillé.

Il était passé de chambre en chambre pour poignarder les résidents, laissant 19 morts et 26 blessés, dont la moitié grièvement. Il s’était ensuite rendu dans un commissariat, ses couteaux ensanglantés avec lui, pour avouer son crime. Il est jugé pour six chefs d’inculpation au total.

La tuerie de Sagamihara, une des pires de l’histoire récente du Japon, avait horrifié le pays, où le taux de criminalité est extrêmement faible. L’opinion publique avait aussi été choquée par les motivations de Satoshi Uematsu, liées à sa haine déclarée des handicapés mentaux. Il n’a exprimé aucun remord.

Il avait quitté son emploi au centre de Sagamihara quelques mois avant son attaque. Hospitalisé de force après avoir raconté à des collègues qu’il comptait y faire un carnage, il avait toutefois été rapidement libéré, un médecin ne l’ayant pas jugé dangereux.

La Belgique suspend la demande de remise à l’Espagne du Catalan Puigdemont

La Belgique ne livrera pas à l’Espagne les responsables indépendantistes catalans Carles Puigdemont et Toni Comin avant que le Parlement européen se soit prononcé sur une demande de levée de l’immunité de ces deux eurodéputés, a tranché lundi la justice belge.

Joint par l’AFP, un des avocats des Catalans, Me Simon Bekaert, a confirmé la décision rendue par la chambre du conseil du tribunal néerlandophone de Bruxelles.

« Le juge a décidé de reporter sine die le traitement de la demande d’extradition (…), en attendant la décision du Parlement européen sur la demande de levée d’immunité », a déclaré l’avocat.

M. Puigdemont, ex-président de la région Catalogne, et M. Comin, un de ses anciens « ministres », avaient fui en Belgique fin octobre 2017 après une tentative de sécession.

Ils sont tous deux recherchés par la justice espagnole, qui les accuse notamment de « sédition » et a déjà émis plusieurs mandats d’arrêt européens pour obtenir leur remise par la Belgique.

Les derniers mandats d’arrêt en date remontent à l’automne 2019.

Le juge d’instruction belge ayant engagé la procédure avait décidé de la suspendre début janvier, en vertu de la qualité d’eurodéputé de MM. Puigdemont et Comin leur offrant une immunité.

Une décision que n’a fait que confirmer lundi la chambre du conseil, selon Me Bekaert. « Dans son raisonnement, le juge a dit qu’il était lié par la décision du mois de janvier », a expliqué l’avocat.

Quant à la demande de levée de l’immunité de MM. Puigdemont et Comin, formulée le mois dernier par un juge espagnol, le Parlement européen n’a pas encore tranché. La décision finale n’est pas attendue avant juin, selon des sources parlementaires.

Outre Carles Puigdemont et Toni Comin, d’autres responsables indépendantistes catalans ont été élus en mai 2019 au Parlement de Strasbourg.

L’un d’eux, Oriol Junqueras, ancien numéro deux du gouvernement catalan, emprisonné en Espagne, s’est vu retirer son mandat après sa condamnation à 13 ans de prison et d’inéligibilité par la justice espagnole.

Une autre, Clara Ponsati, qui s’est réfugiée en Ecosse, est également sous le coup d’une demande de levée de son immunité. La procédure a été engagée la semaine dernière par le Parlement européen.

Nord du Burkina Faso: une trentaine de tués, dont 24 dans une église

Une attaque dimanche contre une église protestante a fait 24 morts dans le nord du Burkina Faso, une région régulièrement ensanglantée par des violences jihadistes où cinq soldats ont également péri dans l’explosion d’un engin artisanal.

Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est confronté à des attaques jihadistes qui ont fait plus de 750 morts depuis 2015, selon un décompte de l’AFP.

Au moment du culte dominical, « un groupe armé terroriste » a fait irruption dans le village de Pansi, dans la province de Yagha (nord-est), et « attaqué les paisibles populations de la localité après les avoir bien identifiées et séparées des non résidents », a annoncé lundi le gouverneur de la région du Sahel, le colonel Salfo Kaboré.

« Le bilan provisoire fait état de 24 personnes assassinées, dont le pasteur d’une église protestante. Nous déplorons également 18 blessés et des personnes enlevées », a précisé le colonel Kaboré, dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Les blessés ont été évacués à Sebba et Dori pour des soins appropriés et les personnes décédées portées en terre le même jour par les survivants, aidés spontanément par les habitants des villages voisins », a ajouté le gouverneur.

« Des recherches sont en cours pour retrouver les personnes enlevées », a-t-il ajouté.

Le 10 février, un groupe armé avait fait irruption dans la ville de Sebba, capitale de la province, avant d’enlever sept personnes au domicile d’un pasteur.

Trois jours plus tard, cinq de ces personnes, dont le pasteur, étaient retrouvées mortes, les deux autres, des femmes, étant saines et sauves, selon le gouverneur de région.

Les attaques attribuées à des groupes jihadistes, contre les églises ou des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina, pays sahélien pauvre d’Afrique de l’Ouest.

– Engins explosifs improvisés –

Dimanche, cinq soldats burkinabè par ailleurs ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule, également dans le nord du pays, selon des sources de sécurité.

« Un véhicule d’une unité de relève du détachement militaire de Banh a sauté sur un engin explosif improvisé dimanche matin », dans la province du Loroum, a indiqué à l’AFP une de ces sources, faisant état d’un bilan de cinq morts.

Les attaques à l’engin explosif improvisé se sont multipliées depuis 2018 au Burkina, coûtant la vie à une centaine de personnes, selon un décompte de l’AFP.

Le 28 janvier, six militaires ont été tués lors d’une de ces attaques, combinée à une embuscade, dans la province de la Kompienga (sud-est).

Le 17 janvier, six soldats ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule aux environs d’Arbinda, dans la province du Soum (nord).

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de sécurité burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences malgré l’aide de forces étrangères notamment de la France, présente dans le Sahel avec 4.500 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Un militaire de Barkhane a été retrouvé mort dimanche de cause inconnue dans son campement au Burkina Faso, a indiqué lundi le ministère français des Armées.

Les forces burkinabè ont toutefois revendiqué une série de succès depuis trois mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations.

Les violences jihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires – au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont fait 4.000 morts dans ces trois pays voisins en 2019, selon l’ONU.

Ces attaques ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et réfugiés qui fuient les violences.

« Hirak »: quand les Algériens se réapproprient leur Histoire

27 décembre 1957. L' »architecte de la Révolution » algérienne contre le colonisateur français, Abane Ramdane, est assassiné dans un règlement de compte fratricide au sein du Front de libération nationale (FLN).

C’est Ramdane qui, en août 1956, lors d’un congrès clandestin du FLN dans la vallée de la Soummam (en Kabylie), fait adopter le principe de « la primauté » de l’autorité civile sur l’aile militaire.

27 décembre 2019. 62 ans jour pour jour après son assassinat, le cortège hebdomadaire algérois du « Hirak » — le « mouvement » de contestation populaire qui ébranle le régime depuis désormais un an — scande son nom et brandit des centaines de portraits de lui.

Comme chaque vendredi, la foule reprend la revendication phare du « Hirak »: « Un Etat civil et non militaire ». Le « testament » de ce héros de la lutte pour l’indépendance, trahi par le régime mis en place en 1962, dans lequel un cénacle de hauts gradés au fonctionnement opaque choisit les présidents et leur impose la ligne.

« Le fait de brandir le portrait d’Abane Ramdane qui fut tué par les siens est un message clair: ses assassins ont trahi le peuple algérien », explique Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien.

« Le régime a usé et abusé du discours sur sa légitimité révolutionnaire. Il était fatal qu’un jour les Algériens disent que cette histoire de la Guerre d’indépendance est aussi la leur », poursuit-il.

« Ils entendent rappeler aux dirigeants actuels que le système qui dirige le pays depuis l’indépendance a trahi les idéaux de la Révolution », selon lui.

– Promesses trahies –

Depuis un an, les « hirakistes » exigent le démantèlement du « système » et le départ de ses représentants — au nom des promesses démocratiques reniées de la guerre de libération nationale.

« Une grande majorité d’Algériens disent (à leurs dirigeants): +Vous nous avez fait honte et avez fait honte à nos martyrs, en glorifiant et en prenant à votre compte une lutte d’indépendance où on finit par montrer le cadre d’un président incapable de parler à son peuple », rappelle Dalia Ghanem, docteure en sciences politiques au Carnegie Middle East Center à Beyrouth.

La scène à laquelle la chercheuse fait référence avait profondément humilié les Algériens : lors d’un meeting en l’absence de l’ex-chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, impotent et aphasique, les apparatchiks de son parti s’étaient adressé par défaut à son portrait encadré.

En se réappropriant les figures historiques du combat anticolonial, comme Abane Ramdane ou Messali Hadj, pionnier de la lutte indépendantiste, « le peuple algérien a démontré qu’il dispose d’une grande aptitude à se réapproprier son Histoire et à se battre pour sauvegarder sa mémoire », souligne l’historien Benjamin Stora

« Il s’agit là d’un fait inédit: une histoire qui se fait en se réappropriant une histoire passée », relève ce spécialiste de l’Algérie, dont le dernier essai s’appelle précisément « Retours d’histoire ».

– « Mémoire incandescente » –

En fait, ce passé confisqué n’avait jamais vraiment disparu, grâce notamment à la transmission orale, ancrée dans la culture algérienne.

« La mémoire des évènements du XXe siècle est intacte et incandescente dans les cerveaux des Algériens. La transmission s’opère en famille et entre amis », observe Pierre Vermeren, historien du Maghreb contemporain.

« Pas besoin de l’Etat qui, certes nourrit cette mémoire, mais cultive une histoire nationale officielle et idéologique », dit-il.

La mémoire est désormais portée par des nouveaux médias et les réseaux sociaux — plus de la moitié des 42 millions d’Algériens les utilisent –, véritable caisse de résonance de ce mouvement inédit, pluriel et non-violent.

« Aujourd’hui, il y a une réappropriation générale en Algérie. Réappropriation du passé, de la mémoire. Les médias et réseaux sociaux accentuent la donne », constate Akram Belkaïd.

Pour la 1e fois dans l’histoire du pays, ni le président Abdelmadjid Tebboune ni le nouveau chef (par intérim) de l’armée, Saïd Chengriha, ne sont d’anciens moudjahidines de la résistance antifrançaise et ne peuvent se prévaloir de cette « légitimité historique ».

« La rhétorique de la légitimité de la guerre a été usée jusqu’à la corde et personne n’était plus sensible à ça », tempère néanmoins Karima Dirèche, historienne spécialiste du Maghreb contemporain.

Au sein du Hirak, « il y a une réappropriation » aussi de « héros de guerre morts très jeunes, telle qu’Hassiba ben Bouli, tuée à 19 ans, qui renvoient à la jeunesse de la contestation », souligne-t-elle.

« La construction d’une Nation forte et plurielle » est désormais « la tâche difficile de la génération qui arrive », prévient Benjamin Stora.

Un chanteur dissident rwandais retrouvé mort dans sa cellule

Un célèbre chanteur rwandais dont la musique a été interdite par le pouvoir « s’est suicidé » dans sa cellule, a affirmé lundi la police rwandaise, trois jours après avoir été arrêté pour avoir voulu quitter le pays.

Kizito Mihigo, qui a survécu au génocide au Rwanda et dont les chansons provoquaient la colère du gouvernement du président Paul Kagame, a été retrouvé mort dans sa cellule vers 05H00 (02H00 GMT).

Mihigo, qui avait été condamné à une peine de dix ans de prison en 2015 pour conspiration contre le gouvernement avant d’être remis en liberté, a été arrêté pour avoir tenté de traverser la frontière sud du Rwanda, vers le Burundi.

Le porte-parole de la police John Bosco Kabera a déclaré que le chanteur avait reçu la visite de membres de sa famille et de son avocat durant sa détention. »Une enquête a été ouverte pour déterminer les raisons de son suicide », a-t-il dit.

Kizito Mihigo avait été accusé en 2014 d’avoir mobilisé des jeunes pour des mouvements rebelles en exil dont des membres sont accusés d’avoir activement participé au génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts, essentiellement parmi les Tutsi, selon l’ONU.

Il s’est attiré les foudres du Front populaire rwandais (FPR au pouvoir) en 2013 après avoir composé des chansons qui remettaient en question le contrôle strict du gouvernement sur l’héritage de la tragédie de 1994.

Sa musique, autrefois populaire auprès des élites dirigeantes, a été rapidement interdite. Deux ans plus tard, il a été accusé de terrorisme et de soutien à un mouvement politique d’opposition et condamné à 10 ans de prison.

Ses avocats avaient souligné l’absence de preuves contre leur client. Le chanteur a ensuite été libéré après une grâce présidentielle en septembre 2018.

Mihigo n’est pas la première personnalité critique envers le gouvernemenr à mourir de manière suspecte pendant une détention au Rwanda.

L’année dernière, un ancien directeur général du bureau de Kagame a été retrouvé mort dans une prison militaire après avoir été condamné à 10 ans pour corruption. En 2015, le médecin personnel de Kagame, Emmanuel Gasakure, a été abattu par la police alors qu’il était en détention.

Au pouvoir depuis 1994,Paul Kagame est accusé de diriger le pays d’une main de fer, de réprimer toutes les formes de dissidence et d’emprisonner ou d’exiler des politiciens de l’opposition.

Human Rights Watch a notamment accusé le régime de Kagame d’exécutions sommaires, d’arrestations, de détentions illégales et de tortures en détention.