février 2020 - Page 42 sur 49 - Journal du niger

En Ouganda, les victimes d’attaques à l’acide réclament justice

Linette Kirungi se rendait à l’université un matin de 2012 quand elle a entendu des pas accélérer dans son dos. En faisant volte-face, cette Ougandaise a senti le liquide éclabousser sa figure et l’acide ronger sa chair.

« J’ai crié et je suis tombée pendant que l’agresseur prenait la fuite. La douleur était trop forte. La peau se détachait », raconte à l’AFP la jeune femme, désormais âgée de 27 ans.

Elle a découvert plus tard l’identité de son agresseur. Les jours précédant cette attaque à l’acide, son ex-petit ami l’avait harcelée, exigeant des explications sur son refus de l’épouser. Le matin même, il avait appelé pour savoir à quelle heure elle allait en cours.

L’acide est à la fois bon marché et facilement accessible en Ouganda. Certains utilisent même celui contenu dans des batteries de voiture.

En 2018, 42 attaques ont été répertoriées en Ouganda selon l’ONG locale Mettre fin à la violence à l’acide. Les mobiles sont principalement la jalousie, les ruptures de mariage, les différends relationnels ou les conflits au travail.

De nombreuses attaques ne seraient pas rapportées et les victimes se battent pour que le gouvernement durcisse la législation en la matière et qualifie ces attaques de « crime grave ».

Ephraim Kamuntu, le ministre ougandais de la Justice, affirme à l’AFP que le gouvernement travaille sur un projet de loi.

« Le gouvernement a pris note du grave danger de l’acide et de son usage abusif par des criminels. Nous travaillons avec d’autres acteurs, dont des survivants à l’acide, pour nous assurer de la mise en place d’une nouvelle loi contre ce crime », dit-il.

A l’heure actuelle, peu de victimes signalent ces agressions à la police, et quand elles le font, les arrestations mènent rarement à des condamnations.

Fred Enanga, porte-parole de la police ougandaise, ne se rappelle qu’une seule affaire s’étant soldée par une peine de prison, en 2017.

« Le défi, c’est que les victimes d’attaques à l’acide, et même leurs proches, signalent les cas mais après, (…) n’assurent pas de suivi pour aider la police à conclure les enquêtes », assure-t-il.

Mais Linette Kirungi, dont l’ex-petit ami n’a jamais été arrêté, déplore de son côté un manque de compréhension de la part de la police.

« Vous signalez le cas à la police, et ils s’attendent à ce que vous veniez au poste alors que vous êtes aux soins intensifs. A certains moments vous ne savez même pas ce qu’il se passe. Vous êtes sous assistance respiratoire… » précise-t-elle.

« Et si vous ne vous présentez pas (au poste de police), ils classent l’affaire ».

Cameroun anglophone: 22 villageois dont 14 enfants tués, selon l’ONU

Des hommes armés ont tué vendredi 22 civils, dont 14 enfants et des femmes, dans un village d’une province peuplée par la minorité anglophone dans le nord-ouest du Cameroun, a annoncé dimanche l’ONU à l’AFP.

L’opposition et des ONG locales ont accusé le gouvernement et les militaires, qui combattent depuis trois ans des groupes armés sécessionnistes anglophones, d’être responsables de cette tuerie, ce qui a été démenti auprès de l’AFP par un porte-parole militaire.

« Les éléments de preuve indiquent que la majorité des victimes sont des femmes et des enfants », a assuré par téléphone à l’AFP James Nunan, le chef du Bureau de la coordination des Affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. « Il y a eu au moins 22 morts, parmi eux 14 enfants, dont 11 filles et neuf âgés de moins de 5 ans, une mère enceinte et deux femmes qui portaient leurs bébés », a ajouté M. Nunan.

Le drame s’est déroulé vendredi aux environs de 14H00 dans le village de Ntumbo, a précisé M. Nunan, dont l’équipe a recueilli « de nombreux témoignages » permettant d’établir ce bilan.

-3.000 morts en trois ans-

Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont le théâtre, depuis trois ans, de combats meurtriers entre militaires et séparatistes armés. Ces affrontements, ainsi que les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG internationales, ont fait plus de 3.000 morts et contraint plus de 700.000 personnes à fuir leurs domiciles.

Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, l’un des deux principaux partis d’opposition, a « condamné le massacre » de femmes et d’enfants, dans un communiqué. « Le régime dictatorial » et « le chef suprême des forces de sécurité et de défense sont les premiers responsables de ces crimes », poursuit le parti.

Le MRC est le parti de Maurice Kamto, arrivé second à la présidentielle de 2018 derrière Paul Biya, l’inamovible chef de l’Etat, 86 ans dont 37 au pouvoir.

Sur sa page Facebook, l’avocat Félix Agbor Mballa, président du Centre pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique (CHRDA), a condamné « l’horrible meurtre » de « femmes et d’enfants (…) par les forces de défense de l’Etat ».

« Tous les témoignages accusent l’armée », lance aussi sur Twitter l’opposante Edith Kah Walla, candidate à la présidentielle en 2011.

« Faux » a simplement rétorqué à l’AFP dans la matinée de dimanche un responsable de la communication de l’armée. L’AFP a sollicité des responsables du gouvernement pour une réaction, en vain pour l’heure.

-Enlèvements-

Ce nouveau drame touchant la minorité anglophone dans cette ancienne colonie française majoritairement francophone, est survenu près d’une semaine après les élections législatives et municipales qui ont connu une faible participation selon l’Union africaine (UA), en particulier dans les deux provinces anglophones.

Là, les groupes armés séparatistes avaient interdit aux gens d’aller aux urnes et promis des représailles à ceux qui s’y risqueraient. Et Yaoundé avait dépêché d’importants renforts militaires.

Plus de 100 personnes avaient été enlevées dans les deux régions par des rebelles dans les deux semaines qui ont précédé les élections, selon Human Rights Watch (HRW) qui a accusé les forces de sécurité d’avoir commis de « nouveaux abus » dans la même période.

Ni les résultats officiels de ces scrutin, ni même le taux de participation, n’ont été rendus publics par le gouvernement à ce jour.

Présidentielle en Bolivie: le dauphin de Morales en tête des intentions de vote

Le dauphin de l’ex-président de gauche en exil Evo Morales, Luis Arce, est largement en tête des intentions de vote pour l’élection présidentielle du 3 mai en Bolivie, selon un sondage publié dimanche.

Luis Arce, candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS), recueille 31,6% des intentions de vote, devant l’ex-chef de l’Etat centriste Carlos Mesa (17,1%) et la présidente par intérim conservatrice Jeanine Añez (16,5%), selon ce sondage de l’institut Ciesmori réalisé auprès de 2.224 personnes entre le 7 et le 14 février pour le quotidien El Deber et la chaîne de télévision Unitel.

Le leader de droite Luis Fernando Camacho, à l’origine du mouvement de protestation qui avait abouti au départ d’Evo Morales fin 2019, ne recueille que 9,4% des intentions de vote au niveau national, même s’il est en tête dans la région de Santa Cruz (est), la plus développée du pays.

Les élections du 3 mai visent à élire le président, le vice-président ainsi que 36 sénateurs et 120 députés.

Pour être élu dès le premier tour de la présidentielle, un candidat doit obtenir au moins 40% des voix et dix points d’avance sur son rival le plus immédiat. Si un tel cas de figure ne se produit pas, un second tour aura lieu le 14 juin.

Luis Arce, qui a été ministre de l’Economie d’Evo Morales de 2006 à 2019, avait été désigné candidat du MAS début février. M. Morales, poursuivi en Bolivie pour « sédition et terrorisme », n’a pas le droit de se représenter.

L’ancien président, âgé de 60 ans, a annoncé dimanche son retour en Argentine, où il vit en exil, après une série d’examens médicaux de routine à Cuba.

Trump exhorte la Russie à cesser de soutenir les « atrocités » en Syrie 

Le président américain Donald Trump a exhorté la Russie à cesser de soutenir les « atrocités » du régime du président syrien Bachar al-Assad, a annoncé dimanche la Maison Blanche.

Pendant une conversation téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, M. Trump a « exprimé sa préoccupation au sujet des violences à Idleb », dans le nord-ouest de la Syrie, et « a exprimé le souhait des Etats-Unis d’assister à la fin du soutien de la Russie aux atrocités du régime d’Assad », a fait savoir la présidence américaine.

Soutenues par les raids aériens de son allié russe, les troupes du régime syrien ont récemment intensifié leur assaut contre la région d’Idleb, où se trouve le dernier bastion rebelle, tuant des centaines de personnes.

En vertu d’un accord de désescalade conclu en 2018 entre Moscou et Ankara, la Turquie dispose de douze postes d’observation dans la province d’Idleb. Mais la tension est montée entre Ankara et Moscou après la mort de 14 turcs tués dans les bombardements des forces gouvernementales syriennes dans la région.

Une délégation turque doit se rendre à Moscou lundi, après une visite de responsables russes la semaine dernière qui n’a abouti à aucun accord concret.

Troupes américaines en Afrique: Pompeo promet une démarche collective

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a assuré dimanche à Dakar que les Etats-Unis veilleraient à faire « ce qu’il faut » en partenariat avec leurs alliés au sujet de la réduction ou non de leur présence militaire en Afrique, notamment au Sahel confronté aux violences jihadistes.

M. Pompeo, qui s’exprimait devant la presse, s’est gardé de tout engagement et a laissé ouverte la question d’une réduction des forces américaines, actuellement à l’examen à Washington.

Peu auparavant, le ministre sénégalais des Affaires étrangères Amadou Ba, à ses côtés, avait indiqué que les Etats-Unis avaient fait part aux dirigeants sénégalais « de leur volonté de retirer leurs forces combattantes ». Il avait souligné que, pour le Sénégal, cela ne signifiait pas un retrait militaire américain du continent, les Etats-Unis apportant un soutien en renseignement, en logistique et en formation à la lutte contre le jihadisme.

Après trois ans d’administration Trump, M. Pompeo est le plus haut responsable américain à effectuer une tournée en Afrique subsaharienne. Après le Sénégal où il est arrivé samedi après-midi, il partait dimanche pour l’Angola, avant l’Ethiopie jusqu’à mercredi, d’où il se rendra en Arabie saoudite.

M. Pompeo entame sa première visite en Afrique subsaharienne dans les fonctions de secrétaire d’Etat au moment où les Etats-Unis veulent réduire les opérations antijihadistes dans le monde pour concentrer leurs forces sur ce qu’ils considèrent comme les menaces russe et chinoise pour leur suprématie militaire.

L’Afrique, où l’armée américaine est présente avec quelque 6.000 soldats, notamment au Sahel, en Somalie et à Djibouti, est considérée comme pouvant être la première concernée par la redistribution des forces.

Epargné par les violences au Sahel voisin, le Sénégal est communément salué comme une zone de stabilité et un partenaire solide dans la lutte contre l’extrémisme. Il suit avec la plus grande attention la réflexion américaine.

Le chef de la diplomatie sénégalaise a affirmé l’importance que « l’Afrique puisse monter en première ligne ». Mais il a relevé l’absence de moyens militaires et financiers africains, et rappelé la proposition du président Macky Sall de financer l’effort, en accord avec la communauté internationale, en y affectant 1% du déficit budgétaire des pays africains.

L’Afrique « a besoin des Etats-Unis d’Amérique », a-t-il dit.

– Opportunités économiques –

« Nous ferons ce qu’il faut, nous ferons ce qu’il faut collectivement, j’en suis convaincu », a répondu M. Pompeo en évoquant les partenaires sénégalais, africains, français et européens des Etats-Unis.

Quand l’examen du niveau des forces en cours au Pentagone sera achevé, « nous en discuterons, non seulement avec le Sénégal, mais tous les pays de la région, nous discuterons des raisons de ce que nous faisons, de la manière dont nous le faisons, et nous parviendrons à un résultat qui marche pour tout le monde », a-t-il dit.

Le Pentagone a annoncé mercredi un premier ajustement de ses forces en Afrique avec le remplacement d’une unité de combat par des instructeurs.

M. Pompeo est arrivé en Afrique quelques jours après le durcissement par le président Donald Trump des conditions d’entrée aux Etats-Unis pour les ressortissants de quatre pays africains (dont aucun sur l’itinéraire de M. Pompeo). En 2018, le président Donald Trump avait qualifié de « pays de merde » les Etats africains envoyant des immigrés aux Etats-Unis.

Le département d’Etat a souligné avant la visite de M. Pompeo que les trois pays africains visités étaient des « contributeurs majeurs à la stabilité régionale », à commencer par le Sénégal, qui fournit environ 1.500 hommes à la Mission de l’Onu au Mali.

Cependant, c’est surtout l’engagement économique que Washington comptait mettre en avant, y compris pour contrer la poussée chinoise sur un continent aux forts taux de croissance. Les trois pays sont « particulièrement remarquables » en termes d’opportunités, selon le département d’Etat.

M. Pompeo a résumé l’approche américaine: croissance et sécurité sont « mutuellement bénéfiques ».

Il a assisté dimanche matin à la signature de cinq protocoles d’accord, pour la construction d’une autoroute entre Dakar et Saint-Louis (entre l’Américain Bechtel et le Sénégalais Ageroute), dans les domaines de la santé et la production d’électricité (entre l’Américain General Electric et des agences gouvernementales sénégalaises).

Des milliers d’Algériens défilent à Kherrata, berceau de la contestation

Des milliers de personnes ont défilé dimanche à Kherrata dans l’est de l’Algérie, à l’occasion du 1er anniversaire d’une manifestation inédite dans cette ville contre la candidature à un 5e mandat de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, selon des témoins.

La manifestation de Kherrata avait donné le coup d’envoi à une vague de contestation populaire sans précédent contre le pouvoir, qui a poussé à la démission le 2 avril 2019 de M. Bouteflika, lâché par l’armée.

Le 16 février 2019, un rassemblement spontané a réuni des milliers de manifestants contre un nouveau mandat de M. Bouteflika, impotent et aphasique, à Kherrata, à 300 km à l’est d’Alger, la première marche à avoir allumé l’étincelle de la fronde qui devait ensuite gagner toute l’Algérie.

Le lendemain, le 17 février, une marche similaire a eu lieu à Bordj Bou Arreridj (150 km au sud-est d’Alger) et trois jours plus tard, des centaines de personnes ont manifesté à Khenchela dans l’est algérien également.

Durant le rassemblement de Khenchela, certains protestataires sont montés sur le toit de la mairie pour décrocher un portrait géant du chef de l’Etat qui recouvrait une partie de la façade à côté du drapeau algérien.

Quelques jours plus tard, le 22 février, des millions d’Algériens sont descendus dans les rues de toutes les grandes villes du pays pour exprimer leur rejet d’un 5e mandat de M. Bouteflika.

Pour marquer le 1er anniversaire de la marche de Kherrata, des milliers de manifestants ont sillonné dimanche les rues de la ville aux cris de « Les Algériens sont tous des frères » et brandissant l’emblème national ou berbère.

Plusieurs figures du « Hirak » -le mouvement de contestation-, parmi lesquelles le vétéran très respecté de la guerre d’indépendance Lakhdar Bouregaa ou encore Samir Benlarbi, un militant actif de la société civile, ont pris part à la manifestation, selon les témoins.

Les manifestants ont appelé à « une période de transition » devant aboutir à un changement de régime.

Le point de départ de la manifestation de 2019 à Kherrata a été rebaptisé « Place de la Liberté du 16 février 2019 ». Une stèle y a été érigée.

Le président Abdelmadjid Tebboune, élu le 12 décembre lors d’un scrutin boycotté par la majorité des Algériens, a de nouveau tendu dimanche la main à la contestation, lors d’une rencontre entre le gouvernement et les préfets du pays.

« Il y a de cela une année, les citoyens et citoyennes sont sortis dans un +Hirak+ béni pacifique, sous la protection de l’Armée nationale pour revendiquer le changement et rejeter, pacifiquement, l’aventure qui a failli conduire à l’effondrement de l’Etat et de ses piliers pour retomber dans la tragédie des années 1990 », a-t-il dit en allusion à la « décennie noire » de la guerre civile, selon l’agence APS.

RDC: au moins 14 morts à Kinshasa dans un accident de la route (nouveau bilan)

Au moins 14 personnes ont été tuées et plusieurs blessées dimanche à Kinshasa dans la spectaculaire collision d’un camion qui a percuté d’autres véhicules et fauché des passants à la suite d’un problème de freins, selon un nouveau bilan.

« Jusqu’à maintenant, il y a 14 décès et plusieurs blessés. On peut avoir plus de 30 blessés », a déclaré le ministre de la Santé, le Dr Eteni Longodo depuis une clinique située à côté des lieux de l’accident.

En début d’après-midi, la police faisait état de dix morts et 41 blessés.

Le chauffeur d’un camion-benne a perdu le contrôle de son véhicule quand il descendait une rue près du campus de l’université de Kinshasa (Unikin).

Une panne de frein est à l’origine de l’accident, selon plusieurs sources. Le camion « a percuté huit véhicules. Il y a tellement de morts que je n’en reviens pas », a déclaré à l’AFP une témoin, Yasmine Lutonadio.

Sur place, l’AFPTV a vu une demi-douzaine de véhicules fracassés, dont deux mini-bus et trois voitures.

« Le gouvernement est là. Nous nous occupons de la population. Nous allons faire en sorte que tout le monde puisse bénéficier de soins de qualité », a promis le ministre de la Santé.

Les Congolais se plaignent souvent de l’absence des pouvoirs publics dans les nombreuses tragédies qui émaillent leur vie quotidienne (accidents de la route et naufrages sur les voies navigables….).

Egalement présent sur place, le ministre de l’Intérieur Gilbert Kokande a envisagé des « mesures préventives que nous pourrions prendre » pour « éviter » des excès de vitesse sur cette rue en pente entre l’université et un croisement très fréquenté.

Iran: Rohani exclut de démissionner, malgré les difficultés

Le président iranien Hassan Rohani, dont la coalition politique apparaît menacée aux législatives du 21 février, a exclu dimanche de démissionner avant la fin de son mandat en 2021, même s’il a dit avoir présenté deux fois sa démission par le passé.

« Une démission n’aurait pas beaucoup de sens », a déclaré M. Rohani lors d’une conférence de presse à Téhéran, ajoutant que son gouvernement allait « continuer à réaliser (ses) promesses (malgré) les conditions économiques et la pression de l’ennemi ».

« L’idée de démissionner (à cause de ces problèmes) ne m’est jamais venue à l’esprit », a-t-il insisté.

M. Rohani, élu en 2013 et réélu en 2017, a fait cette mise au point après des rumeurs selon lesquelles il avait l’intention de démissionner avant la fin de son deuxième et dernier mandat.

Le président a néanmoins indiqué avoir proposé sa démission par deux fois au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, une première fois entre sa première élection et son entrée en fonction, et une deuxième fois au cours de son second mandat.

Dans les deux cas, a assuré le président, M. Khamenei a fermement rejeté l’idée. Selon M. Rohani, le guide suprême aurait déclaré: « Je voudrais que vous continuiez à servir jusqu’à la dernière minute, et je soutiens le gouvernement ».

La deuxième fois, M. Khamenei aurait affirmé selon le président qu’il ne laisserait pas « le gouvernement abandonner ses responsabilités ne serait-ce qu’une heure » avant le terme de son mandat.

La coalition des modérés et des réformateurs soutenant M. Rohani apparaît en mauvaise posture à l’approche des législatives de vendredi, qui pourraient être marquées par une forte abstention, censée profiter aux conservateurs et ultraconservateurs.

La République islamique a plongé dans une violente récession, dont elle peine à sortir, après le retrait en 2018 des Etats-Unis de l’accord international sur le nucléaire iranien, conclu en 2015 – sous l’impulsion de M. Rohani – entre Téhéran et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne).

A la suite de ce retrait, Washington – qui accuse Téhéran de chercher à se doter de l’arme nucléaire, ce que l’Iran a toujours nié – a rétabli à l’encontre de la République islamique les sanctions économiques que les Etats-Unis avaient suspendues en vertu de cet accord.

Fortement critiqué sur le plan intérieur pour l’échec de sa politique d’ouverture avec l’Occident, M. Rohani a appelé devant la presse les Iraniens « à se rendre aux urnes et à voter » le 21 février malgré l’invalidation des candidatures de milliers de modérés et réformateurs.

Olivier Véran, la fulgurante ascension d’un neurologue macroniste

Olivier Véran, nommé dimanche ministre de la Santé, est un neurologue de 39 ans, député de l’Isère et soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, rapporteur depuis janvier du volet organique de la réforme des retraites.

L’Isérois, médecin du CHU de Grenoble, n’entend pas faire de vieux os en politique mais il a accepté la lourde tâche de reprendre en main un ministère sous la pression des personnels hospitaliers en colère et de la menace d’épidémie du nouveau coronavirus, après le départ d’Agnès Buzyn annoncé dimanche.

Ce macroniste de la première heure pourra bénéficier, au moins dans un premier temps, de son statut de médecin comme le furent avant lui à ce poste Bernard Kouchner, Philippe Douste-Blazy, Nora Berra, ou Agnès Buzyn.

Alors jeune suppléant de Geneviève Fioraso (PS), il s’était fait connaître en entrant au Palais Bourbon en 2012 quand celle-ci avait rejoint les gouvernements Ayrault puis Valls jusqu’en 2015.

Il a rencontré Emmanuel Macron cette même année au moment de la discussion à l’Assemblée de la loi Macron. Et avait adhéré au mouvement En Marche! dès sa création, jusqu’à devenir le référent santé du candidat à la présidentielle.

Séduit par le « dépassement des clivages et de la politique politicienne » de celui qui était alors ministre de l’Économie, le neurologue a longtemps ambitionné de « faire prendre le virage de la prévention », parent pauvre des politiques de santé en France.

Au palais Bourbon, Olivier Véran a d’ailleurs été le rapporteur du volet prévention de la loi Santé, avant de devenir l’incontournable rapporteur général de la Commission des affaires sociales en 2017.

Il est aussi Conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2016 et a été nommé, en janvier, rapporteur du volet organique de la réforme des retraites, celui sur l’équilibre financier.

– « Le coeur à gauche » –

Ce politique affable, né en 1980 et issu du Parti socialiste, dit avoir « le cœur à gauche ».

Déjà pressenti pour occuper le maroquin de la Santé en 2017, Olivier Véran était qualifié à l’époque de « bosseur », « sympathique », « très bon connaisseur de l’hôpital » par Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, premier syndicat de médecins libéraux (généralistes et spécialistes).

L’intéressé se définit lui-même comme « énergique », y voyant à la fois sa principale qualité et son principal défaut.

Ancien vice-président de l’Inter-Syndicat national des internes (ISNI) durant ses études de médecine à Grenoble, il a financé sa formation en travaillant comme aide-soignant, notamment en gériatrie.

« Tombé amoureux de l’organisation du système de soins », il a suivi un master en gestion et politique de santé à Sciences Po Paris (avec un mémoire sur les déserts médicaux) en parallèle à son clinicat. A cette époque, le jeune chef de clinique en neurologie vasculaire développe également un hôpital de jour pour faire de l’ambulatoire.

C’est en visitant cette structure que Geneviève Fioraso repère l’entreprenant praticien et lui propose d’être son suppléant en 2012.

« Je n’avais jamais été encarté politiquement, même si j’ai ma sensibilité évidemment », avait-il alors déclaré à l’AFP, se présentant comme « progressiste vraiment, très européen convaincu, opposé aux inégalités ».

Parlant anglais et espagnol, marié à une gynécologue-obstétricienne avec qui il a deux enfants, Olivier Véran n’entend pas faire de la politique plus d’un ou deux mandats: « Hors de question que ma femme sacrifie sa carrière ! », assure ce défenseur du non cumul.

Et puis, « la classe politique n’est pas aimée; quand je porte ma blouse blanche, j’ai une cote de confiance de 84%, quand je mets l’écharpe tricolore, ça tombe à 6%! Il faut renouveler la vie politique et être plus proches des gens », soutient ce pianiste amateur.

Bataille au centre chez les démocrates, le milliardaire Bloomberg cible de choix

Le milliardaire Michael Bloomberg est devenu dimanche la cible principale des autres candidats aux primaires démocrates, notamment de ceux cherchant comme lui à rallier les électeurs modérés, avant une semaine cruciale pour la nomination du futur adversaire de Donald Trump.

L’ancien maire de New York, placé troisième au niveau national dans la moyenne des sondages, derrière l’ancien vice-président Joe Biden et le sénateur socialiste Bernie Sanders, a notamment enregistré ces derniers jours un soutien croissant au sein de la population noire.

Quelque « 60 milliards de dollars peuvent vous acheter beaucoup de publicité, mais cela ne peut pas effacer votre bilan », a taclé dimanche Joe Biden sur NBC, lui reprochant notamment de ne pas avoir soutenu la candidature de Barack Obama en 2008.

L’ancien numéro deux du premier président noir des Etats-Unis a de quoi s’inquiéter à moins d’une semaine du troisième vote des primaires, dans l’Etat du Nevada. Populaire parmi les Noirs et les Latinos, M. Biden serait le premier à pâtir d’un report sur Michael Bloomberg du soutien des minorités, crucial pour remporter l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre.

Autre difficulté, les deux septuagénaires se partagent le couloir centriste avec deux autres candidats: l’ancien maire Pete Buttigieg, qui a remporté d’un cheveu l’Iowa, premier Etat ayant voté dans le cadre des primaires, et la sénatrice Amy Klobuchar, qui a fait forte impression en arrivant troisième dans le New Hampshire.

Cette dispersion joue en leur défaveur face à une aile gauche qui semble se rallier autour de Bernie Sanders.

Dimanche, M. Biden a également reproché à M. Bloomberg d’avoir longtemps défendu la politique des interpellations et fouilles arbitraires (« stop-and-frisk »), accusée d’avoir suscité une explosion des contrôles au faciès à New York.

Le neuvième homme le plus riche du monde selon Forbes a réitéré jeudi ses excuses pour cette pratique, dont il a reconnu qu’elle avait mené à l’arrestation de « trop d’innocents », dont « une immense majorité » de Noirs ou de Latinos.

« Prenez Carter ou Clinton ou Barack, ils avaient un soutien massif des Afro-Américains », a martelé M. Biden. « Je suis le seul qui a (…) leur soutien. Ils me connaissent. Ils savent qui je suis. »

– Absent des débats télé –

Après deux résultats très décevants dans l’Iowa et le New Hampshire, M. Biden compte précisément sur leur vote pour relancer sa campagne, notamment en Caroline du Sud, un Etat bien plus divers, le 29 février.

Paradoxe: si les attaques se concentrent sur lui, M. Bloomberg ne sera en lice ni en Caroline du Sud, ni dans le Nevada samedi. Délaissant ces Etats peu pourvus en délégués, il mise sur une entrée dans la course qu’il espère fracassante lors du « Super Tuesday » le 3 mars. Voteront alors 14 Etats d’un coup, dont le Texas et la Californie, qui élisent le plus grand nombre de délégués — qui désigneront in fine le candidat démocrate en juillet.

De par son démarrage tardif, qu’il avait justifié par ses craintes que les modérés ne puissent pas l’emporter avec Joe Biden, M. Bloomberg n’a d’ailleurs encore participé à aucun débat télévisé — et ne fera pas non plus partie du prochain, mercredi à Las Vegas.

« Vous ne pouvez pas vous cacher derrière les ondes télévisées » des spots de campagnes payés grâce à sa fortune personnelle, a accusé la modérée Amy Klobuchar sur CNN. « Je sais que je ne peux pas le battre sur les ondes, mais je peux le battre sur l’estrade des débats », a assuré la candidate, qui peine à se faire un nom en dehors de son MidWest d’origine.

En lutte avec elle pour la troisième place dans les sondages du Nevada (derrière MM. Sanders et Biden), Pete Buttigieg, 38 ans, a également critiqué ces « milliards de dollars » permettant à l’ex-maire new yorkais de déferler sur les chaînes américaines.

Interrogé sur la politique de M. Bloomberg vis-à-vis des Noirs, ainsi que sur des allégations de sexisme remises sur la table par une longue enquête du Washington Post samedi, le jeune Buttigieg n’a pas hésité à attaquer: « Je pense qu’il devra en répondre », a-t-il estimé sur Fox News.

L’ex-maire de la petit ville de South Bend, qui souffre d’un déficit de popularité au sein de la population noire, s’est engagé à « parler des problèmes » des minorités afin de « gagner leur confiance ».

Tout en réitérant un message se voulant rassembleur: « Beaucoup des électeurs de couleur à qui je parle sont concentrés sur une chose: battre Donald Trump. »