février 2020 - Page 43 sur 49 - Journal du niger

Syrie: le régime reprend le contrôle des abords de la métropole d’Alep

Le régime syrien a repris dimanche le contrôle de la ceinture de localités entourant la métropole d’Alep, poursuivant son offensive contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle dans le nord-ouest du pays en guerre, selon un média d’Etat et une ONG.

Avec cette progression, les forces du président Bachar al-Assad ont éloigné leurs adversaires des abords d’Alep et sécurisé cette ville qui était la cible de bombardements des jihadistes et rebelles. Deuxième ville du pays et chef-lieu de la province du même nom, Alep a été reprise en 2016 par le régime.

Soutenues par les raids aériens de leur allié russe, les forces prorégime sont reparties en décembre à l’assaut de la région d’Idleb et des secteurs limitrophes.

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) dominent plus de la moitié de la province d’Idleb ainsi que des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié. Des groupes rebelles et d’autres factions jihadistes y sont présents.

Après des combats et raids aériens, les prorégime ont pris le contrôle de l’ensemble des localités et villages entourant Alep pour la première fois depuis 2012, sécurisant ainsi la ville et la protégeant des obus » des rebelles et jihadistes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

« Ils ont progressé rapidement dans le nord et l’ouest de la province d’Alep après le retrait total des factions » adverses et ont repris « près de 30 villages et localités », d’après l’ONG.

Selon la télévision étatique syrienne, « les unités de l’armée ont libéré tous les villages et localités à l’ouest de la ville d’Alep ». La télévision a montré des images présentées comme celles d’habitants d’Alep célébrant la reprise des villages par le régime.

Dans les oliveraies de l’est de la province d’Idleb, près de la localité de Maaret al-Naassane, des rebelles à bord d’un char ont tiré sur des positions du régime dans la localité de Miznaz dans l’ouest de la province d’Alep, selon un correspondant de l’AFP sur place.

Les forces du régime ont également conquis des territoires accolés à une autoroute reliant la ville d’Alep à la capitale Damas, pour sécuriser cette voie rapide, selon l’OSDH.

Depuis décembre, plus de 800.000 personnes ont été déplacées par les violences dans le nord-ouest syrien, selon l’ONU. Plus de 380 civils ont été tués, d’après l’OSDH.

Déclenchée en mars 2011 avec la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.

Appuyé par la Russie, l’Iran mais aussi le Hezbollah libanais, le pouvoir de Damas a multiplié les victoires jusqu’à reprendre le contrôle de plus de 70% de la Syrie.

Dimanche, le président du Parlement iranien Ali Larijani a rencontré à Damas M. Assad, qui a souligné la « détermination » de son peuple « à libérer tout le territoire syrien », selon la présidence.

M. Larijani est attendu dimanche soir à Beyrouth.

Coronavirus: des Américains évacués du paquebot où 355 cas ont été répertoriés

Les Etats-Unis ont commencé à évacuer dans la nuit de dimanche à lundi des ressortissants américains en quarantaine au large des côtes du Japon, passagers d’un paquebot où ont été constatés 355 cas du nouveau coronavirus.

Plusieurs dizaines d’autobus sont venus chercher les croisiéristes qui devaient ensuite partir à bord de deux avions à destination des Etats-Unis, où ils devront observer une quarantaine de 14 jours.

Le Diamond Princess avait été placé en quarantaine le 5 février avec ses 3.711 passagers et membres d’équipage pour 14 jours après un test positif sur un croisiériste débarqué à Hong Kong. En date de dimanche, 355 personnes étaient déclarées infectées et hospitalisées.

Mais sans attendre, face à l’aggravation de la situation et compte tenu de doutes sur l’efficacité des mesures prises, ont décidé d’évacuer leurs ressortissants paraissant sains pour les placer quatorze jours en quarantaine dans leurs pays respectifs.

Les Etats-Unis ont ainsi dès samedi adressé aux quelque 350 passagers américains un courrier pour leur donner cette option.

Parmi les passagers, Sarah Arana, 52 ans, originaire de Californie, en contact avec l’AFP, a confirmé être à bord d’un des autobus et raconté être passée par un contrôle de passeport de fortune sans examen médical.

« Je suis contente et prête à partir », a-t-elle dit à l’AFP depuis le bateau. « Il nous faut une vraie quarantaine et ça n’en était pas une ».

– Refus de partir –

Le gouvernement américain aurait dû intervenir « beaucoup plus tôt, dès le début », a-t-elle estimé.

« C’était trop pour le Japon et ils n’auraient pas dû avoir à en porter tout le fardeau », a-t-elle ajouté. « Le peuple japonais ne méritait pas cela. Je suis pleine de reconnaissance ».

Mais d’autres Américains à bord ont refusé de partir bien qu’il leur a été précisé qu’ils ne pourraient pas dans ce cas retourner dans leur pays avant deux semaines suivies d’un test négatif.

« Pourquoi voudrais-je monter dans un bus et un avion avec des gens dont on pense qu’ils sont peut-être infectés alors que j’ai passé près de deux semaines isolé d’eux ? », a tweeté Matt Smith, un avocat américain à bord du paquebot avec son épouse.

Il a décrit pour appuyer son propos le comportement d’une compatriote qui criait « USA, USA » de son balcon alors qu’approchaient les bus devant plus tard les transporter.

« Et bien sûr, à l’encontre de toutes les règles de quarantaine, elle ne porte pas de masque et bavarde avec un passager du balcon adjacent (…) et vous voulez que je prenne le bus avec elle ? ».

Le ministre japonais de la Santé Katsunobu Kato avait expliqué dans la journée que 1.219 des passagers seulement avaient subi les analyses de détection du virus.

– « Nouvelle phase » –

Le Japon n’a pu tester tout le monde à bord en raison d’un nombre insuffisant de tests, de sites et de main d’oeuvre, également nécessaires à l’examen des cas suspect à terre.

Mais le ministère de la Santé a annoncé samedi que les passagers âgés de plus de 70 ans étaient examinés et que ceux présentant un test négatif et en bonne santé seraient autorisés à quitter le navire à partir de mercredi.

Les tests des passagers plus jeunes devaient commencer dimanche et des personnes saines seront autorisées à sortir après mercredi, a précisé le ministère.

Le gouvernement de Hong Kong a lui aussi dit vouloir rapatrier les siens – 330 ressortissants – « le plus tôt possible ».

Les autorités canadiennes ont pris une initiative similaire pour environ 250 Canadiens notamment « pour alléger le fardeau sur le système de santé japonais ».

Les médias australiens ont indiqué que Canberra envisageait aussi l’option de l’évacuation.

En plus des cas sur le navire, les autorités nippones ont répertoriés 59 porteurs du coronavirus dans différentes régions du pays.

Le ministre japonais de la Santé, Katsunobu Kato a averti dimanche que le Japon entrait dans une « nouvelle phase » de cette infection virale, le pays constatant de jour en jour des cas supplémentaires parmi des personnes ne s’étant pas rendues en Chine, centre de l’épidémie, et n’ayant pas eu de contact avec des visiteurs en provenance de Chine.

Il a appelé la population à éviter les rassemblements « non indispensables » ainsi que les trains bondés des heures de pointe.

qt-oh-sah-uh/jpc

Yémen: les belligérants concluent un accord d’échange de prisonniers

Les parties en conflit au Yémen ont conclu dimanche un accord pour le premier échange de prisonniers de grande envergure depuis le début en 2014 d’une guerre qui ravage le pays, a annoncé l’ONU dans un communiqué.

Le nombre de prisonniers concernés n’est pas mentionné dans le texte mais les rebelles ont fait état de 1.400 de leurs détenus appelés à être libérés.

« Il s’agit d’une étape vers la réalisation de l’engagement des parties à libérer progressivement tous les détenus liés au conflit, conformément à l’accord de Stockholm », ont déclaré dans un communiqué conjoint les Nations Unies et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à l’issue d’une réunion de sept jours à Amman.

Le conflit au Yémen oppose le gouvernement reconnu par la communauté internationale, appuyé par une coalition militaire sous commandement saoudien, aux rebelles Houthis, soutenus par l’Iran.

Les belligérants ont accepté d’échanger 15.000 prisonniers dans le cadre d’un accord signé en 2018 en Suède sous l’égide de l’ONU, dont toutes les clauses n’ont pas encore été appliquées.

« Il s’agit d’une mesure purement humanitaire qui doit être mise en oeuvre sans délai, selon ce qui a été convenu en Jordanie », a indiqué le ministère yéménite des Affaires étrangères sur Twitter.

« En vertu de l’accord récemment conclu en Jordanie, 1.400 prisonniers, dont des Saoudiens et des Soudanais, seront libérés », a précisé sur le même réseau social le porte-parole des Houthis, Mohammed Abdel Salam. Des soldats Soudanais sont engagés au Yémen dans le cadre de la coalition progouvernementale.

« J’exhorte les parties à poursuivre de toute urgence l’échange dont elles ont convenu aujourd’hui (dimanche). Les progrès ont été trop lents sur ce front », a insisté l’émissaire spécial de l’ONU Martin Griffiths, cité dans le communiqué.

La commission qu’il dirige, chargée de surveiller l’application de l’accord signé en Suède, a prévu de se réunir à nouveau fin mars pour discuter de la poursuite des échanges.

« Malgré les affrontements en cours, les parties ont trouvé un terrain d’entente humanitaire qui permettra à de nombreux détenus de retourner auprès de leurs proches », s’est réjoui Franz Rauchenstein, chef du CICR à Sanaa, capitale du Yémen tenue par les rebelles, selon le communiqué.

Les Houthis et les forces progouvernementales ont déjà libéré plusieurs centaines de prisonniers ces derniers mois dans le cadre d’échanges sporadiques.

Selon diverses organisations humanitaires, la guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils. Plus de 24 millions de Yéménites, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance, estime l’ONU, qui qualifie la situation de pire crise humanitaire au monde.

Agnès Buzyn, la femme politique s’éveille

Presque inconnue en 2017, Agnès Buzyn s’est affirmée en trois ans au gouvernement comme une figure du macronisme, même si elle quitte le ministère de la Santé empêtrée dans une crise inédite à l’hôpital et vierge de toute expérience électorale.

Cette médecin spécialiste des leucémies et de la greffe de moelle a annoncé dimanche à l’AFP qu’elle succédait à Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de Paris.

Personne n’avait vu venir cette femme réservée à l’allure soignée de bonne élève, dont la voix fragile cache une fermeté parfois trahie par un regard bleu acier.

Qui aurait parié sur cette technicienne sans expérience politique ?

Son parcours, pourtant, témoigne d’une ambition certaine: chef de l’unité de soins intensifs d’hématologie de l’hôpital Necker à 30 ans, nommée à la tête de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire à 45, de l’Institut national du cancer à 48, de la Haute autorité de santé à 53, et enfin ministre à 54.

« L’aboutissement de toute ma carrière professionnelle », reconnaît l’intéressée.

Propulsée dans la lumière, elle s’impose d’abord comme ministre de la santé publique, avec des choix emblématiques sur le tabac et les vaccins. Récemment, l’irruption de l’épidémie de coronavirus l’a placée en première ligne, cherchant à apaiser les peurs tout en restant transparente sur la réalité de la situation sanitaire.

Portée par « l’illusion que le rationnel scientifique peut suffire à faire prendre les bonnes décisions », elle a dû néanmoins en rabattre face aux lobbies de l’alcool quand Emmanuel Macron affirme « boire du vin le midi et le soir ».

Quand Yves Levy, son mari et père de son troisième fils, spécialiste du Sida, a voulu se maintenir à la tête de l’Inserm en 2018 -avant de renoncer-, elle s’est défendue des soupçons de conflit d’intérêts d’un abrupt: « Ca ne me regarde pas ».

« La politique, c’est violent, parfois douloureux », concède-t-elle « mais quand on a dû annoncer des diagnostics épouvantables à des familles, à des enfants, c’est quand même beaucoup moins grave ».

Beaucoup moins lourd, aussi, que le poids de l’histoire d’une famille de juifs polonais rescapés de la Shoah.

Celle de la mère, Etty, cachée par une famille de Justes durant l’Occupation, devenue une psychanalyste de renom.

Celle du père, Elie, survivant de l’enfer d’Auschwitz, devenu chirurgien orthopédique.

« Quand des gens ont enduré ce qu’ils ont enduré, ça donne une autre échelle des valeurs », explique-t-elle. La preuve, « quand ça va mal, je dis toujours à mes équipes +Est-ce que quelqu’un va mourir à la fin?+ ».

– « Je n’ai peur de rien » –

Le cuir s’est encore endurci au contact de Simone Veil, dont elle épousa le fils Pierre-François, avec qui elle eut ses deux premiers fils.

« Je l’ai connue jeune, lorsque j’étais encore étudiante, et j’avais pour elle une immense admiration », confessait-elle à l’été 2018, lors de l’entrée de la grande dame au Panthéon.

Elle évoquait alors « un passage de relais » avec l’icône du droit à l’avortement, ministre de la Santé à deux reprises et première présidente du Parlement européen.

La tentation de Bruxelles avait d’ailleurs été très forte en 2019. « Elle a été approchée par plein de gens, ça a résonné par rapport à son histoire et à ses convictions », raconte un haut fonctionnaire.

Mais, en plein vote de la loi santé, « ça aurait été un énorme gâchis de changer de ministre », d’autant qu’elle a « une forte crédibilité dans le secteur ».

Un sentiment moins partagé à la base du système hospitalier où les infirmières gardent en travers de la gorge quelques attitudes qualifiées de « mépris de classe »: des yeux levés au ciel, un rictus lors d’une visite à Rouen…

« La seule chose qu’elle veut elle c’est passer pour quelqu’un qui a sauvé l’hopital public, elle veut pas qu’on porte atteinte à son image, elle y tient vraiment », décrit Hugo Huon, président du collectif Inter-Urgences, qui mène une grève depuis près d’un an maintenant.

Interrogée il y a quelque mois sur ses éventuelles inquiétudes à cumuler des dossiers (retraites, bioéthique, dépendance…), elle répondait n’avoir « pas peur. En fait, je n’ai peur de rien ».

Libye: la situation reste « très préoccupante », selon l’ONU

La situation reste « profondément préoccupante » en Libye, avec de multiples violations du cessez-le-feu et de l’embargo sur les armes, a déploré dimanche l’ONU, un mois après la conférence internationale de Berlin censée remettre un processus de paix sur les rails.

« Malgré certains signaux positifs, la situation reste reste profondément préoccupante sur le terrain », a déclaré Stéphanie Williams, adjointe de l’émissaire de l’ONU pour la Libye Ghassan Salamé, lors d’une conférence de presse à Munich.

« La trêve ne tient qu’à un fil avec de nombreuses violations – plus de 150 – recensées, le peuple libyen continue de souffrir, la situation économique continue de se détériorer, exacerbée par le blocus des installations pétrolières », a-t-elle souligné.

Les représentants d’une douzaine de pays, soutenant pour partie l’un ou l’autre des deux camps, se sont retrouvés en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich pour faire le point sur les avancées un mois après la réunion du 19 janvier à Berlin.

Les principaux pays concernés par le conflit avaient alors promis de respecter l’embargo sur les armes et de ne plus interférer dans les affaires intérieures de la Libye.

L’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, mène depuis avril 2019 une offensive contre Tripoli, où siège le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj. Les affrontements ont causé la mort de plus de 1.000 personnes tandis que 140.000 ont été déplacées, selon l’ONU.

Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a évoqué la prochaine reprise du dialogue politique entre les parties au conflit, attendue le 26 février, après deux ans d’interruption.

Il s’est aussi félicité de la poursuite, mardi prochain à Genève, des discussions de la commission militaire conjointe GNA/pro-Haftar créée pour aboutir à « un cessez-le-feu permanent ».

« Tout cela montre que la voie que nous avons ouverte à Berlin fonctionne même si nous ne sommes pas encore à l’objectif escompté sur tout », a-t-il assuré.

Son homologue italien Luigi Di Maio a déploré pour sa part « le décalage persistant entre la rhétorique diplomatique et les comportements et les faits sur le terrain ».

« Malheureusement (…) l’histoire qui se déroule en ce moment en Libye diverge profondément de celle écrite à Berlin », a-t-il lancé.

Concernant les violations de l’embargo sur les armes, « les avis divergent », entre pays concernés, sur les auteurs des violations, a concédé Hieko Maas.

La France insiste surtout sur les violations commises par la Turquie, accusée d’envoyer massivement des armements et des rebelles syriens proturcs vers Tripoli en soutien au Gouvernement d’union nationale.

La Russie est pour sa part soupçonnée de soutenir le maréchal Haftar via des centaines de miliciens de la force Wagner, ce qu’elle dément formellement. Les Emirats arabes unis sont aussi régulièrement montrés du doigt.

Heiko Maas a également insisté sur la nécessité pour les Européens, qui doivent se consulter lundi sur les moyens de faire respecter l’embargo, de veiller à ce qu’il soit respecté « à la fois sur mer, terre et dans les airs ».

« Sinon une partie sera avantagée au détriment de l’autre », a-t-il averti, alors que l’UE veut réactiver l’opération navale Sophia pour contrôler l’embargo.

L’Autriche bloque pour l’instant la reprise de Sophia, qui a aussi sauvé des migrants en Méditerranée, une opération perçue par certains pays de l’UE comme un encouragement à l’immigration.

« C’est ridicule » pour un pays sans marine qui du coup n’y participera pas, a ironisé le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell.

En Irak, des manifestants veulent faire de l’un d’eux le futur Premier ministre

Des centaines d’Irakiens ont défilé dimanche en brandissant les portraits d’une figure de la contestation qu’ils voudraient voir nommer Premier ministre, à la place de Mohammed Allawi, désigné par la classe politique qui a promis de présenter son gouvernement dans la semaine.

Dans la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad, des dizaines d’étudiants tenaient à bout de bras des photos d’Alaa al-Rikaby, un pharmacien devenu une figure de la contestation à Nassiriya, fer de lance de la révolte dans le sud du pays.

L’homme au crâne dégarni et au visage rond barré d’une moustache a récemment lancé un référendum auprès des manifestants, sillonnant le Sud et Bagdad pour savoir s’il devait être candidat au poste de Premier ministre.

Sur Twitter, il a des dizaines de milliers d’abonnés et publie régulièrement des vidéos très suivies. Dans la dernière, mise en ligne jeudi, il affirme que « si le peuple en décide ainsi, j’accepterai ».

« ce poste n’a aucune valeur en tant que tel pour moi, ce n’est pas un butin, mais je le vois comme une énorme responsabilité », poursuit celui dont la tente sur le campement des manifestants antigouvernementaux à Nassiriya a récemment été visée et en partie incendiée par une grenade assourdissante.

A Kerbala dimanche, Seif al-Hasnaoui, étudiant d’une vingtaine d’années, a dit à l’AFP manifester pour « déclarer notre soutien à Alaa al-Rikaby, le candidat du peuple ».

« Nous avons de nombreuses revendications et l’une d’elles est la nomination d’un Premier ministre et d’un gouvernement indépendants et sans lien avec les partis, comme Alaa al-Rikaby », a renchéri Hassan al-Qezouini, un autre étudiant.

Avant M. Rikaby, Fayeq al-Cheikh Ali, trublion libéral et critique des autorités au Parlement, s’était déclaré candidat pour former le futur gouvernement, sans obtenir de réponse de la présidence.

En dépit de ces candidatures spontanées, le processus politique continue en vue de la formation d’un nouveau gouvernement.

Samedi, le Premier ministre désigné, Mohammed Allawi, a affirmé qu’il proposerait son gouvernement au vote de confiance du Parlement dans les jours à venir, promettant des ministres « indépendants », une condition posée par le leader chiite Moqtada Sadr qui tient le premier bloc à l’assemblée.

Depuis le 1er octobre, l’Irak est plongé dans la crise politique la plus grave de son histoire récente. La révolte populaire inédite réclame la refonte du système politique et le renouvellement complet de la classe dirigeante. Elle a déjà été officiellement émaillée par près de 550 morts et 30.000 blessés.

Les manifestants refusent catégoriquement M. Allawi car il a été à deux reprises ministre de ce système, mais Moqtada Sadr, qui fut le premier soutien de la contestation appuie désormais le gouvernement à venir. Son mouvement insiste toutefois sur le fait que les ministres nommés ne doivent pas être affiliés à des partis politiques.

De son côté, M. Allawi a reçu des manifestants, leur promettant de « proposer un ou deux ministres issus de la contestation ».

Crise du Golfe: les discussions entre Doha et Ryad « suspendues » (ministre qatari)

Les discussions entre Doha et Riyad pour résoudre la crise diplomatique qui les oppose depuis près de trois ans ont été « suspendues », a déclaré le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani.

L’Arabie saoudite et ses alliés –les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte– ont rompu leurs liens avec le Qatar en juin 2017, l’accusant de soutenir des mouvements islamistes –ce que Doha nie– et de se rapprocher de l’Iran, principal rival régional du royaume saoudien.

Depuis, Ryad et ses alliés ont fermé leur espace aérien à Qatar Airways, interdit tout voyage dans le pays, suspendu la coopération commerciale et les deux camps se sont livrés à une bataille médiatique sans relâche.

Mais en décembre, le Qatar et le Koweït, médiateur entre les deux parties, avaient évoqué des progrès dans les discussions pour mettre fin à la dispute avec Ryad.

« Malheureusement, ces efforts n’ont pas abouti et ont été suspendus début janvier », a déclaré samedi le ministre des Affaires étrangères du Qatar lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, grand-messe diplomatique annuelle.

« Nous ne sommes pas les auteurs de cette crise et nous avons été très clairs sur le fait que nous sommes favorables à toute intention réelle de résoudre ce problème », a ajouté le ministre qatari.

Récemment, deux diplomates à Doha ont indiqué à l’AFP ne pas voir de signes d’une reprise de ces négociations balbutiantes dans un avenir proche.

Le journal saoudien panarabe Asharq Al-Awsat a cité mercredi un diplomate du Golfe selon qui Ryad s’était retiré des négociations parce que les négociateurs qataris « ne semblaient pas sérieux dans la recherche d’un compromis ».

Selon les experts, les Saoudiens cherchent à résoudre la crise du Golfe pour construire un front arabe uni face à l’Iran, grand rival de Ryad mais partenaire important du Qatar.

« Danger de mort » au Royaume-Uni, frappé par la tempête Dennis

Pluies torrentielles, vents violents: la tempête Dennis a balayé dimanche le Royaume-Uni, clouant au sol des centaines d’avions pendant que l’armée est mobilisée et le sud du Pays de Galles en alerte rouge, la météo y présentant un « danger de mort ».

Dimanche midi, le pays connaissait le record du « plus grand nombre d’alertes et d’avertissements en cours contre les inondations jamais enregistrés en Angleterre à ce jour », a indiqué un directeur de l’Agence environnementale (EA) dans un tweet, en dénombrant 594.

Elles s’étendent sur une zone allant du sud de l’Écosse à la Cornouailles (sud-ouest de l’Angleterre), après que plusieurs rivières sont entrées en forte crue. A Aberdaron, dans le sud du Pays de Galles, des vents de plus de 145 km/h ont été enregistrés.

Plusieurs centaines de vols à destination ou au départ de l’ensemble du Royaume-Uni sont cloués au sol, ont annoncé les compagnies British Airways et EasyJet. Samedi déjà, 230 vols EasyJet avait été annulés. Le service ferroviaire a aussi été suspendu dans le sud du Pays de Galles, en raison de la présence d’eau sur les voies.

L’Institut météorologique britannique(Met) a placé dimanche matin le sud du Pays de Galles en alerte rouge, le niveau d’alerte le plus élevé, à cause des fortes pluies liées à la tempête Dennis. Une première concernant les pluies depuis décembre 2015.

Une alerte rouge équivaut à « des conditions météorologiques dangereuses » présentant « un danger de mort », des risques de perturbations dans l’approvisionnement en énergie et des dommages aux infrastructures.

« Nous exhortons les gens à faire attention et à prendre leurs dispositions pour être en sécurité », a déclaré Jeremy Parr, responsable de la gestion des risques d’inondations au sein de l’organisme gouvernemental gallois chargé des ressources naturelles.

– Disparitions et évacuations –

Au barrage de Cray Reservoir, dans le sud du Pays de Galles, il est tombé 132,8 mm de pluie entre samedi matin 7h et dimanche matin 8h00, soit l’équivalent de plus d’un mois de précipitations sur cette région (110,8 mm en moyenne en février), détaille le MET sur son site internet.

A la frontière entre l’Ecosse et l’Angleterre, l’Agence écossaisse de protection de l’environnement (Sepa) a prié les habitants de quitter leur logement. D’autres évacuations sont en cours, notamment dans le village gallois de Skenfrith, a indiqué dimanche la police du Gwent sur son compte Twitter. Elle a lancé aussi un appel à témoins pour un homme disparu samedi, sans dire pour autant si cela était lié à la tempête.

Une autre disparition a été signalée à Brighton, où la police recherche activement une jeune femme d’une vingtaine d’années, qui a été aperçue entrant dans l’eau dimanche vers 02H45.

Deux corps ont été repêchés très tôt samedi matin au large de la côte sud de l’Angleterre, dans une mer agitée, au début de la tempête. Il n’est pas encore établi si les circonstances de ces décès sont liées à la tempête Dennis.

Samedi, le ministère de la Défense a déployé l’armée dans le West Yorkshire, une zone dans le nord de l’Angleterre durement touchée le weekend précédent par les inondations liées à la tempête Ciara.

Plusieurs compétitions sportives prévues dimanche, dont la Coupe d’Angleterre féminine de football, des matchs de rugby et des courses de chevaux, ont été annulées.

La situation restera complexe dimanche après-midi dans les régions du sud du Royaume-Uni, où « des pluies fortes et persistantes se déplaceront lentement vers l’est », a indiqué le Met sur son compte Twitter à 11H48, prévoyant « partout ailleurs un mélange de soleil et d’averses violentes », avec des épisodes « très venteux » dans le nord et l’ouest du pays.

Ce que l’on sait de l’affaire Griveaux

La diffusion de vidéos intimes a poussé Benjamin Griveaux à renoncer à briguer la mairie de Paris vendredi. Deux jours après le coup de tonnerre de son retrait, voici ce que l’on sait de cette affaire aux retentissements politique et judiciaire :

. De quoi parle-t-on ?

Vendredi matin, Benjamin Griveaux, 42 ans, a annoncé qu’il se retirait de la course à la mairie de Paris. Le renoncement de l’ex-candidat LREM, un des piliers de la Macronie, est la conséquence de la diffusion sur internet de vidéos intimes.

A l’origine, les vidéos adressées à une femme d’un homme se masturbant – dont on ne voit pas le visage, mais attribuées à Benjamin Griveaux – ont été mises en ligne mercredi soir sur un site créé ad hoc et devenu depuis inaccessible.

Partagées au départ par une poignée de politiques dans des messages privés, elles ont ensuite été relayées sur les réseaux sociaux, notamment par le député ex-LREM Joachim Son-Forget.

Samedi après-midi, Benjamin Griveaux a porté plainte contre X et le parquet de Paris a ouvert une enquête.

. Qui est à l’origine de cette diffusion ?

Dès vendredi matin, un artiste russe contestataire, Piotr Pavlenski, a revendiqué être à l’origine de la publication des vidéos incriminées. Il la justifie en dénonçant « l’hypocrisie » de Benjamin Griveaux.

Ce dernier « a utilisé sa famille en se présentant en icône pour tous les pères et maris de Paris. Il a fait de la propagande des valeurs familiales traditionnelles », a affirmé le Russe.

Cet homme, réfugié politique en France depuis mai 2017, a déjà eu affaire à la justice française pour avoir incendié la façade d’une succursale de la Banque de France en octobre de la même année, dans le cadre d’une « performance artistique ». Il a été condamné en janvier 2019 à trois ans de prison, dont deux avec sursis.

Il a été placé en garde à vue samedi après-midi, dans le cadre d’une autre enquête ouverte pour des violences commises le soir du 31 décembre dans un appartement parisien. Celle-ci a été suspendue dimanche pour permettre de l’interroger sur l’affaire Griveaux dans le cadre d’une autre garde à vue. Au total, il ne peut pas rester plus de 48 heures en garde à vue à compter du début de la première, soit jusqu’à lundi après-midi.

Dans son pays, l’artiste de 35 ans, qui s’est fait connaître pour des « performances » choc comme le fait de se coudre les lèvres en soutien au groupe contestataire Pussy Riot, avait déjà mis le feu à l’une des portes de la Loubianka, le siège historique des services de sécurité russes, en mai 2015. Après sept mois de détention préventive, il avait été condamné à une simple amende dans une décision d’une rare clémence pour la justice russe.

L’avocat de Benjamin Griveaux, Me Richard Malka, a dénoncé samedi soir la justification « grotesque » de M. Pavlenki.

« Ce que je vois, c’est qu’un individu, assez trouble manifestement, revendique les faits mais que, manifestement aussi, il ne peut pas être le seul impliqué compte tenu de ce que ça coûte comme opération, de sa maîtrise de la langue française, il ne peut pas être tout seul », a-t-il ajouté sur LCI.

. Piotr Pavlenski a-t-il agi seul ?

Depuis samedi soir, sa compagne a également été placée en garde à vue, cette fois spécifiquement dans le cadre de l’enquête qui concerne les vidéos incriminées. Selon une source proche du dossier, c’est elle qui aurait été la destinataire desdites vidéos.

Cette femme est en garde à vue pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » et « diffusion sans l’accord de la personne d’images à caractère sexuel », a-t-on appris auprès du parquet de Paris.

L’avocat de Piotr Pavlenski, Me Juan Branco, a expliqué vendredi avoir été « approché » par l’artiste pour « avoir un avis juridique sur la situation » et « vérifier la fiabilité » de la vidéo avant sa diffusion. Il dément en revanche tout rôle dans la divulgation de la vidéo.

Depuis 2016 et l’adoption de la loi « pour une République numérique », la diffusion de « revenge porn » ou « vengeance pornographique » est passible de deux ans d’emprisonnement et 60.000 euros d’amende en France.

. Quelles conséquences politiques ?

Le renoncement de Benjamin Griveaux oblige le parti présidentiel et ses alliés centristes à trouver un autre candidat pour tenter de conquérir la mairie de Paris, à moins d’un mois du scrutin.

Des réunions ont lieu ce week-end au siège de LREM pour parvenir à un consensus sur un successeur et l’objectif est d’avoir un candidat lundi, alors que la date limite du dépôt des listes est fixée au 27 février.

Parmi les noms cités figurent ceux de l’ex-ministre Mounir Mahjoubi, du porte-parole du groupe LREM au Sénat Julien Bargeton, et celui de son homologue à l’Assemblée Sylvain Maillard. Le nom de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, circule, même si cette option est jugée quasi impossible en raison de son agenda chargé.

Au Royaume-Uni, des communautés à la rescousse des pubs en danger

En bas, quelques clients savourent leur boisson, attablés au comptoir ou assis sur des chaises dépareillées dans une salle au style éclectique. A l’étage, une dizaine d’habitués s’activent pour construire un nouveau bar et faire une place au futur ascenseur.

Ces fidèles du Ye Olde Cross, un établissement datant du 19e siècle niché dans le village de Ryton au nord-est de l’Angleterre, ont décidé de retrousser leurs manches et de mettre la main au portefeuille, pour sauver leur pub préféré de la faillite.

« Nous avons récolté assez d’argent pour acheter le bâtiment, mais pas beaucoup plus, donc nous faisons le maximum nous-mêmes », explique Ted Euers, un des douze membres du Comité des actionnaires.

Ce pub, comme plus d’une centaine d’autres dans le pays, appartient à un groupe d’actionnaires individuels, en vertu d’une loi votée au début des années 2010 reconnaissant le rôle de ces débits de boisson dans le mode de vie britannique et ouvrant la possibilité à leur reprise par des habitants pour éviter leur disparition.

Ye Olde Cross a fermé en 2018 – un « crève-coeur » pour nombre d’habitants de Ryton, village de 7.500 âmes – victime d’un changement fréquent de gérance qui s’est traduit par une perte de rentabilité.

Une situation loin d’être inhabituelle, puisque depuis 2007, environ 25% des pubs au Royaume-Uni ont fermé, soit environ 12.000, selon le Bureau national des statistiques (ONS).

« L’année dernière, nous avons observé une fermeture toutes les douze heures », a commenté auprès de l’AFP Nik Antona, président de Camra, une association militant pour le maintien de ces espaces de sociabilité.

Les causes de cette hécatombe sont multiples: apparition de nouveaux espaces de socialisation pour les jeunes, notamment avec les réseaux sociaux, baisse de la consommation d’alcool, effets de la crise économique de 2008 et impôts élevés sur l’immobilier commercial.

Le gouvernement a annoncé une ristourne fiscale de 1.000 livres pour les plus petits établissements cette année, « un bon début » mais « un pansement sur une jambe de bois », pour Nik Antona.

– Pas payés en bières –

Lorsque Ye Olde Cross a fermé, des habitants de Ryton ont décidé d’unir leurs forces et de reprendre le lieu.

Après plusieurs mois de porte à porte et de lobbying auprès des politiques, ils parviennent à récolter environ 150.000 livres (177.000 euros) auprès de plus de 300 personnes.

Si la valeur des parts achetées ne fluctue pas, et ne permet pas de plus-value à la revente, celles-ci devraient néanmoins offrir dans le futur un dividende symbolique.

La communauté a aussi pu bénéficier de 50.000 livres de subventions et a emprunté un montant identique. Les clients-actionnaires continuent toutefois de mettre la main à la pâte pour faire vivre l’établissement.

« Nous ne sommes pas payés en bières », promet, pinte de blonde en main, l’un des bénévoles après avoir remis en ordre l’étage, qui sert de salle de yoga en fin de journée.

Tricot, cinéma, lecture ou discussions entre jeunes et futures mamans, les activités ne manquent pas à Ye Olde Cross.

La plupart sont animées par des membres de la communauté et une partie du prix – pour celles qui sont payantes – est reversée au pub.

« C’est gagnant-gagnant », précise la professeure de yoga.

Pour Abigail Bennett, qui gère le lieu avec son compagnon Billy, l’animation de cette communauté représente un travail « beaucoup plus stressant » que dans un modèle standard de débit de boisson, mais « tellement plus gratifiant ».

– Du service postal à l’épicerie –

S’il a fait des émules jusqu’à Londres, où un pub a été repris par des habitants, ce modèle n’est pas applicable partout, et à chaque établissement sa solution.

Si la plupart choisissent la montée en gamme, en améliorant la qualité des plats servis et en s’adaptant plus aux besoins de la clientèle féminine et des familles, d’autres, comme la chaine Wetherspoon, font le choix du pub « low cost », sans chichi ni fioritures.

Signe de l’importance qu’ont pris les pubs dans la vie locale, notamment dans les campagnes touchées par la désertification, certains établissements ont décidé d’offrir un service postal, ou des produits du quotidien avec un coin épicerie.