février 2020 - Page 44 sur 49 - Journal du niger

Crash d’un avion de combat au Yémen: le sort de deux pilotes saoudiens inconnu (coalition)

Le sort de deux pilotes d’un avion de combat saoudien qui s’est écrasé au Yémen était inconnu dimanche, deux jours après les faits, la coalition militaire sous commandement saoudien qui intervient contre les Houthis accusant ces rebelles d’avoir tiré sur les deux hommes.

Les rebelles ont tiré en direction des deux pilotes éjectés du Tornado qui s’est écrasé dans la province yéménite de Jawf (nord), a indiqué le porte-parole de la coalition, le colonel saoudien Turki al-Maliki, cité par l’agence officielle saoudienne SPA.

« Le commandement des forces conjointes de la coalition tient la milice terroriste des Houthis responsable de la vie et la santé de l’équipage du Tornado en vertu du droit humanitaire international », a souligné le colonel Maliki.

Le porte-parole n’a pas précisé si les deux membres d’équipage ont survécu ou ont s’ils ont été capturés par les rebelles yéménites qui ont dit avoir abattu l’appareil à l’aide d’un missile sol-air

L’avion, appartenant aux forces aériennes saoudiennes, s’est écrasé dans la nuit de vendredi à samedi, fait rare depuis le début en 2014 du conflit au Yémen.

La coalition, dont les piliers sont l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, intervient depuis 2015 au Yémen aux côtés des forces loyalistes face aux rebelles venus du nord, qui se sont emparés de plusieurs régions notamment dans l’ouest du pays, ainsi que de la capitale Sanaa.

Après le crash, la chaîne de télévision al-Massirah, organe des rebelles, a fait état de multiples frappes de la coalition contre Al-Hayjah, une région sous contrôle des Houthis à Jawf, où des habitants s’étaient « rassemblés autour des débris de l’avion abattu ».

Les rebelles ont fait état de nombreux morts dont des femmes et des enfants.

« Selon des informations préliminaires, 31 civils ont été tués et 12 blessés dans des raids aériens à Al-Hayjah », a pour sa part indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).

Dans une déclaration ultérieure, la coalition a admis « la possibilité de dommages collatéraux » lors d’une opération de « recherches et de sauvetage » sur le site du crash.

Save the Children a déploré la mort d’enfants dans ces raids, son directeur au Yémen, Xavier Joubert, appelant « à protéger les enfants (…) victimes de ce terrible conflit qui ravage la vie de millions de Yéménites depuis cinq ans maintenant ».

Selon diverses organisations humanitaires, la guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils. 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance d’après l’ONU.

« Danger de mort » au Royaume-Uni, frappé par la tempête Dennis

Pluies torrentielles, vents violents: la tempête Dennis balaye dimanche le Royaume-Uni, clouant au sol des centaines d’avions pendant que l’armée est mobilisée et le sud du Pays de Galles en alerte rouge, la météo y présentant un « danger de mort ».

Dimanche matin, près de 200 alertes inondations avaient été mises en place, sur une zone s’étendant du sud de l’Écosse à la Cornouailles (sud-ouest de l’Angleterre). A Aberdaron, dans le sud du Pays de Galles, des vents de plus de 145 km/h ont été enregistrés.

Plusieurs centaines de vols à destination ou au départ de l’ensemble du Royaume-Uni sont cloués au sol, ont annoncé les compagnies British Airways et EasyJet. Le service ferroviaire a aussi été suspendu dans le sud du Pays de Galles, en raison de la présence d’eau sur les voies.

L’Institut météorologique britannique (Met) a placé dimanche matin le sud du Pays de Galles en alerte rouge, le niveau d’alerte le plus élevé, à cause des fortes pluies liées à la tempête Dennis. Une première concernant les pluies depuis décembre 2015.

Une alerte rouge équivaut à « des conditions météorologiques dangereuses » présentant « un danger de mort », des risques de perturbations dans l’approvisionnement en énergie et des dommages aux infrastructures.

« Nous exhortons les gens à faire attention et à prendre leurs dispositions pour être en sécurité », a déclaré Jeremy Parr, responsable de la gestion des risques d’inondations au sein de l’organisme gouvernemental gallois chargé des ressources naturelles.

Au barrage de Cray Reservoir, dans le sud du Pays de Galles, il est tombé 132,8mm de pluie entre samedi matin 7h et dimanche matin 8h00, soit l’équivalent de plus d’un mois de précipitations sur cette région (110,8mm en moyenne en février), détaille le MET sur son site internet.

Samedi, le ministère de la Défense a déployé l’armée dans le West Yorkshire, une zone dans le nord de l’Angleterre durement touchée le weekend précédent par les inondations liées à la tempête Ciara.

Deux corps ont été repêchés très tôt samedi matin au large de la côte sud de l’Angleterre, dans une mer agitée, au début de la tempête. Il n’est pas encore clair si les circonstances de ces décès sont liées à la tempête Dennis.

Chine: le virus tue encore mais la contamination ralentit

Le bilan de l’épidémie de pneumonie virale s’est encore alourdi dimanche en Chine, dépassant les 1.600 morts, mais le rythme de contamination dessinait une décrue.

Alors que le nouveau coronavirus a tué pour la première fois en dehors de l’Asie, un haut responsable chinois a estimé que son pays était en train de maîtriser l’épidémie.

Selon le dernier bilan diffusé dimanche par les autorités chinoises, la pneumonie virale Covid-19 a provoqué la mort de 1.665 personnes, la plupart dans la province du Hubei, où le virus est apparu en décembre. Cent-quarante-deux personnes ont succombé au cours des dernières 24 heures.

Plus de 68.000 personnes ont été contaminées depuis le début de la crise, mais le nombre de nouveaux cas quotidiens tend à se tasser: il atteignait le chiffre de 2.009 dimanche, soit la troisième journée de repli consécutive.

« On peut déjà constater l’effet des mesures de contrôle et de prévention de l’épidémie dans différentes parties du pays », s’est félicité devant la presse le porte-parole de la commission nationale (ministère) de la Santé, Mi Feng.

Plus prudente, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a jugé samedi qu’il était « beaucoup trop tôt » pour faire des prévisions sur l’évolution de la maladie.

– « Gestion fermée » –

Mais à l’épicentre de la crise, la province du Hubei, où 56 millions d’habitants sont coupés du monde depuis le 23 janvier, a encore restreint la liberté de mouvement de ses citoyens bien au delà de la capitale, Wuhan.

Villages et cités résidentielles sont désormais soumis à « une stricte gestion fermée », 24 heures sur 24, ce qui signifie que les habitants ne sont plus censés sortir de chez eux jusqu’à nouvel ordre.

Les achats et la distribution de nourriture et de médicaments peuvent être faits de façon « centralisée », précise une directive provinciale publiée dimanche.

Dans le reste du monde, l’épidémie maintient la planète en alerte, avec près de 600 cas confirmés de contamination dans une trentaine de pays.

La ministre française de la Santé Agnès Buzyn a annoncé samedi le décès la veille au soir d’un touriste chinois de 80 ans hospitalisé en France depuis fin janvier. Ce décès est le « premier hors d’Asie, le premier en Europe », a-t-elle précisé.

L’Egypte avait annoncé vendredi avoir enregistré le premier cas sur le continent africain.

Le principal foyer d’infection hors de Chine reste le paquebot de croisière Diamond Princess, en quarantaine au Japon: 355 cas de contamination y ont été confirmés, dont 70 nouveaux cas annoncés dimanche.

Plusieurs pays — Canada, Etats-Unis, mais aussi Hong Kong, près d’un millier de passagers à eux trois — ont décidé ce week-end d’évacuer rapidement leurs ressortissants, bloqués dans le bateau en quarantaine depuis le 3 février. Mais les 3.711 personnes initialement à bord n’ont pas encore toutes subi les examens permettant d’établir leur éventuelle contamination.

– Image et légitimité –

En Chine, après avoir révoqué vendredi les plus hauts responsables politiques du Hubei et de Wuhan, le régime communiste a poursuivi le mouvement dimanche avec l’annonce de sanctions de hauts fonctionnaires de moindre rang.

« Lorsqu’une crise de cette ampleur se produit, cela prend une importance politique, car l’image internationale de la Chine et la légitimité du Parti (communiste) sont en jeu », commente la sinologue Zhou Xun, de l’Université d’Essex (Angleterre).

Le régime du président Xi Jinping fait face à une vague inédite de mécontentement pour avoir tardé à réagir à l’épidémie. Une colère attisée par la mort au début du mois d’un jeune médecin de Wuhan qui avait été convoqué par la police pour avoir alerté dès décembre sur l’apparition du virus.

« De façon générale, depuis Mao, l’Etat a fait très peu pour la santé publique », estime Mme Zhou. « Le résultat c’est que le système de santé est très faible, inefficace, coûteux et chaotique ».

Nigeria: 30 personnes tuées par des bandits dans le Nord-Ouest

Des hommes armés ont tué 30 personnes lors d’une attaque contre deux villages du nord-ouest du Nigeria où des bandes criminelles volent du bétail et kidnappent des habitants en vue d’obtenir une rançon, a annoncé la police dimanche.

Des dizaines de bandits à moto ont attaqué vendredi les villages de Tsauwa et de Dankar, dans l’Etat de Katsina, tirant sur les habitants et brûlant leurs maisons.

« Les bandits ont tué 21 personnes à Tsauwa et neuf, près de là, à Dankar », a déclaré Gambo Isah, porte-parole de la police de Katsina. « La plupart des personnes tuées sont des personnes âgées et des enfants incapables de fuir », a-t-il précisé.

La police et l’armée se sont déployées dans la zone après l’attaque et un suspect a été arrêté, a indiqué M. Isah.

Les assaillants ont brûlé des maisons, du bétail et des denrées avant de prendre la fuite, a déclaré à l’AFP Tukur Mu’azu, le chef traditionnel du district de Batsari qui est à cheval sur les deux villages.

Il a donné le même bilan que la police de cette attaque qu’il a qualifiée de « non provoquée ».

« Je n’ai jamais vu une telle destruction de ma vie », a-t-il ajouté alors qu’il assistait aux obsèques des victimes.

Les villages de l’Etat de Katsina, d’où est originaire le président Muhammadu Buhari, sont fréquemment la cible de voleurs de bétail et de ravisseurs qui enlèvent des habitants en vue de rançons.

Les bandes criminelles lancent leurs attaques à partir de bases situées dans une vaste forêt à cheval sur l’Etat de Katsina et plusieurs Etats voisins.

Les habitants des régions concernées constituent des groupes d’autodéfense qui souvent alimentent encore la violence.

Mardi, dans l’Etat voisin de Kaduna, des hommes armés ont ainsi brûlé vives 21 personnes, dont 16 membres d’une même famille, dans une opération de représailles contre une attaque menée contre leur camp par des membres d’un groupe d’autodéfense.

Retraites: les principaux points de la réforme au menu de l’Assemblée

Un nouveau système de retraite « universel » et par points, avec un « âge d’équilibre » très controversé: voici les principaux points de la réforme qui sera examinée à partir de lundi à l’Assemblée nationale.

La commission spéciale n’ayant pu achever ses travaux sur le principal volet, c’est la version initiale du gouvernement qui sera examinée par les députés. Les 21 amendements adoptés – sur plus de 5.000 étudiés -, devront donc être à nouveau soumis au vote.

« Universel »

Le futur système couvrira « l’ensemble des personnes travaillant en France, sans exception »: salariés du privé et des régimes spéciaux, fonctionnaires, magistrats, militaires, agriculteurs, travailleurs indépendants…

Tous les actifs nés à partir de 1975 cotiseront à une nouvelle « Caisse nationale de retraite universelle » qui chapeautera les 42 régimes existants – avant, peut-être, de les absorber.

En commission, les députés ont symboliquement acté la future hausse des salaires des enseignants, en isolant dans un article spécifique du projet de loi cette « garantie », amendement qui devra toutefois être revoté en séance.

Pour répondre notamment à la grogne des avocats, ils ont aussi voté en faveur d’un abattement sur les cotisations des professions indépendantes, disposition qui devra aussi être confirmée dans l’hémicycle.

Ils ont aussi prévu que les régimes de retraite complémentaire pourront puiser dans leurs réserves financières pour aider à la transition vers le régime universel dans des conditions fixées par ordonnance.

Quant aux employeurs des régimes spéciaux, ils pourront prendre en charge pendant la période de transition les écarts de cotisation salariale des employés concernés.

Les députés ont également inscrit « en dur » une des ordonnances sur le « droit à l’information » des retraités, les oppositions critiquant de façon récurrente la trentaine d’ordonnances programmées.

Dans un souci d' »exemplarité », les députés ont également prévu que la réforme s’appliquera dès 2022 pour les parlementaires entrant en fonction.

Par points

Le montant de la retraite dépendra du nombre de points accumulés « tout au long de la carrière professionnelle » et non plus de la durée de cotisation (en trimestres) et du salaire de référence (25 meilleures années dans le privé, 6 derniers mois dans le public).

Unité de compte fondamentale du futur système, le point aura une « valeur d’acquisition » (durant la carrière) et une « valeur de service » (pour le calcul de la pension), qui ne pourront pas baisser, ni augmenter moins vite que l’inflation. Cette règle sur l’évolution de la valeur du point, qui figurait déjà dans le projet de loi ordinaire, a été ajoutée par les députés au projet de loi organique.

La valeur du point sera calculée à l’aide d’un « nouvel indicateur » de l’Insee sur « l’évolution du revenu moyen d’activité par tête », la gauche critiquant un « amateurisme coupable » en fondant un modèle sur « un indicateur qui n’existe pas » à ce jour.

Autre sujet sensible, la prise en compte de la pénibilité de certaines professions, sur laquelle les discussions avec les partenaires sociaux n’ont pas encore abouti.

Age d’équilibre

L’âge légal de départ restera maintenu à 62 ans (ou moins pour certaines professions), mais il faudra « travailler un peu plus longtemps » pour toucher une retraite à taux plein.

Un « âge d’équilibre », assorti d’un « mécanisme de bonus-malus » de 5% par an, aura ainsi pour objectif « d’inciter les Français à partir plus tard avec une meilleure pension ».

Dans un premier temps, le gouvernement envisageait son entrée en vigueur dès 2022, pour le porter progressivement à 64 ans en 2027. Face à l’opposition des syndicats, cette « mesure de court terme » a été retirée du projet de loi, une « conférence des financeurs » devant proposer d’ici fin avril d’autres moyens « d’atteindre l’équilibre financier ».

Départs anticipés

Les fonctionnaires exerçant certaines « fonctions régaliennes » (policiers, douaniers, surveillants pénitentiaires, contrôleurs aériens) pourront toujours partir en retraite à 57, voire 52 ans. Idem pour les militaires, qui garderont le droit de toucher une pension après 17 ou 27 années de « services effectifs ».

Pour les autres fonctionnaires des « catégories actives » et les salariés des régimes spéciaux, l’âge légal sera progressivement relevé à 62 ans, mais l’extension du « compte pénibilité » et de la retraite pour incapacité permanente déjà en vigueur dans le secteur privé permettra à certains de cesser le travail à 60 ans.

Fins de carrière

La retraite progressive, qui permet de toucher une partie de sa pension en continuant de travailler à temps partiel, sera étendue aux salariés en forfait-jours, aux régimes spéciaux et aux agriculteurs.

Les règles du cumul emploi-retraite seront modifiées pour que ceux qui touchent une pension à taux plein puissent engranger des points supplémentaires quand ils reprennent une activité.

Pension minimum

Les futurs retraités « ayant effectué une carrière complète » recevront si nécessaire « des points supplémentaires » afin que leur pension atteigne 1.000 euros net en 2022, puis 83% du Smic net en 2023, 84% en 2024 et 85% en 2025.

Droits familiaux

Chaque enfant donnera droit à « une majoration en points de 5% », attribuée par défaut à la mère mais que les deux parents auront « la possibilité de se partager ».

Un bonus supplémentaire de 2% sera accordé pour le troisième enfant et réparti à parts égales entre le père et la mère, à moins qu’ils en décident autrement.

Le gouvernement a annoncé de nouveaux amendements sur ce sujet.

Droits conjugaux

La pension de réversion garantira au conjoint survivant, à partir de 55 ans et après au moins deux ans de mariage, « 70% des points de retraite acquis par le couple ».

Ces règles ne s’appliqueront toutefois « qu’à partir de 2037 », pour les personnes ayant intégré le système universel. Les droits des conjoints divorcés seront précisés ultérieurement par ordonnance.

gbh-parl/swi

Au Darfour, la remise de Béchir à la CPI réjouit les habitants

Dans l’immense camp de Kalma, au Darfour, les déplacés de cette région de l’ouest du Soudan ont appris avec joie la décision prise par Khartoum de remettre à la Cour pénale internationale (CPI) le président déchu, Omar el-Béchir.

Chassé du pouvoir en avril 2019 à la suite d’un soulèvement populaire, l’ex-autocrate est accusé depuis 2009 par la CPI de génocide, de crimes de guerre et contre l’humanité lors du conflit au Darfour.

Alors qu’il était toujours parvenu jusque là à se soustraire aux mandats d’arrêts, les nouvelles autorités de transition ont annoncé vouloir remettre l’ex-président au tribunal de La Haye, où il doit être jugé.

« Tout le monde s’est réjouit lorsqu’on a entendu que Béchir serait remis à la CPI », confie à l’AFP Adam Ali, qui vit depuis de nombreuses années dans le camp de Kalma, situé près de Nyala, la capitale du Sud-Darfour.

Comme lui, les habitants de cette région endeuillée par le conflit –plus de 300.000 morts et environ 2,5 millions de déplacés selon l’ONU– ont longtemps exigé que M. Béchir soit remis à la CPI.

Le conflit a éclaté en 2003, lorsque des insurgés de minorités ethniques se soulèvent contre le régime de Khartoum, aux mains de la majorité arabe, l’accusant de marginaliser le Darfour, vaste région recouvrant cinq Etats.

Pour écraser la rébellion, le gouvernement de M. Béchir déploie alors une milice appelée les Janjawid, qui sera accusée par de nombreuses ONG d’épuration ethnique et de viols collectifs.

Depuis, des milliers de ces ex-miliciens ont été intégrés dans les rangs des « Forces de soutien rapides » (RSF), une force paramilitaire dirigée par Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemedti », désormais membre du Conseil souverain, organe formé de civils et de militaires chargé d’assurer la transition post-Béchir.

– « Victoire » –

A l’issue de longs pourparlers avec les groupes rebelles –notamment ceux du Darfour–, le premier gouvernement post-Béchir, en place depuis le 8 septembre, a pris la décision de remettre l’ancien président à la CPI.

Pour Yakoub Mohamed, un responsable au Darfour, cette décision est une « victoire pour les victimes » et pourrait contribuer à « restaurer la confiance » entre la région et la capitale.

Dans le camp de Kalma, Hassan Issac, un déplacé de 72 ans, se dit lui aussi « soulagé », mais prévient: « si Béchir et ses bras droits ne sont pas remis à la CPI, la paix ne pourra jamais s’installer au Darfour. »

Trois proches de l’ex-autocrate –l’ancien secrétaire d’Etat à l’Intérieur, l’ancien ministre de la Défense et de l’Intérieur, et l’ex-chef des milices Janjawid– seront également remis à la Cour, mais aucun calendrier n’a été établi concernant leur remise et celle de l’ex-président.

Les conditions de « remise de M. Béchir (…) seront négociées avec la CPI et les groupes armés », a indiqué à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Fayçal Mohamed Saleh.

– Parvenir à la paix –

Les ONG, comme Amnesty International, plaident quant à elles pour un transfert rapide de M. Béchir.

Depuis sa destitution, M. Béchir est incarcéré à Khartoum, où il a été condamné en décembre à une peine de deux ans en institution pénitentiaire pour « corruption ».

Souhaitant rompre avec l’ancien régime, le nouveau gouvernement a entre autres promis de parvenir à la paix dans les zones de conflit au Soudan.

Début janvier, le Premier ministre Abdallah Hamdok s’est rendu dans un bastion rebelle, l’Etat du Kordofan-Sud, la première visite du genre d’un responsable gouvernemental en près d’une décennie.

Et l’annonce de la remise de M. Béchir marque une nouvelle étape dans le processus de paix, estiment les déplacés du camp de Kalma.

« Nous avons été soulagés lorsqu’il est tombé mais désormais, nous pouvons enfin commencer à nous remettre de la guerre », assure l’un d’entre eux, Jamel Mohamed.

Soudan du Sud: les rebelles rejettent la proposition du président Kiir

Les rebelles sud-soudanais ont rejeté dimanche la proposition du président Salva Kiir de revenir à un système fédéral de dix Etats qui avait suscité l’espoir d’ouvrir la voie à la formation d’un gouvernement d’union nationale.

Ce rejet par le chef rebelle et ancien vice-président Riek Machar douche les espoirs de voir le pays sortir de l’impasse politique et mettre un terme à la guerre civile qui a fait plus de 380.000 morts en six ans et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

M. Kiir et M. Machar, qui vit en exil, subissent une pression internationale croissante pour aplanir leurs divergences en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale d’ici au 22 février, date-butoir convenue dans le cadre de leur accord de paix.

Le président Kiir avait annoncé samedi que le Soudan du Sud serait désormais divisé en dix Etats – une demande clé de l’opposition -, plus trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei).

Mais M. Machar a déclaré dimanche être opposé à la création de trois zones administratives. On « ne peut pas parler de retour à dix Etats (et) en tant que telle (la proposition) ne peux pas être acceptée », écrit-il dans un communiqué.

« Nous appelons en conséquence le président Kiir à reconsidérer cette idée de créer des zones administratives », ajoute-t-il.

M. Machar estime qu’avec ces trois zones le chef de l’Etat a ouvert « la boîte de Pandore » car elles risquent selon lui de créer des problèmes supplémentaires.

Lorsqu’il a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud comptait dix Etats, conformément à sa Constitution. Le président Kiir avait porté ce chiffre à 28 en 2015 puis ultérieurement à 32, une mesure largement vue comme un moyen d’augmenter le nombre de ses alliés placés à des postes à responsabilités.

L’opposition avait salué samedi l’annonce surprise de M. Kiir mais critiqué la décision de faire de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, une « zone administrative ».

Tard samedi soir, le président Kiir a relevé de leurs fonctions les gouverneurs des 32 Etats fédéraux.

Il avait indiqué samedi que la question des Etats serait définitivement réglée une fois le gouvernement formé.

Le nombre des États régionaux ainsi que le tracé de leurs frontières étaient la principale pierre d’achoppement des négociations en vue de la formation du gouvernement d’union.

Parmi les trois « zones administratives », celle qui fait l’objet du plus vif contentieux est la région pétrolifère de Ruweng, dans le nord du pays. Elle est revendiquée à la fois par les Dinka, l’ethnie du président Kiir, et par les Nuer, celle de M. Machar. C’est une des régions où se sont déroulés les combats les plus rudes pendant la guerre civile.

Le pétrole fournit au Soudan du Sud l’essentiel de ses revenus.

Corée du Nord: première apparition publique de Kim Jong Un en trois semaines

Le leader nord-coréen Kim Jong Un s’est recueilli dimanche au mausolée de son père pour l’anniversaire de sa naissance, à l’occasion de sa première sortie publique en trois semaines, alors que le coronavirus sème le chaos chez le voisin chinois.

M. Kim a « rendu hommage » à son père et prédecesseur Kim Jong Il au Palais du soleil Kumsusan à Pyongyang qui abrite la dépouille embaumée de ce dernier, ainsi que de son grand-père, le fondateur du régime Kim Il Sung, a rapporté le journal officiel Rodong Sinmun.

La Corée du Nord a vivement réagi à l’apparition en Chine de l’épidémie du nouveau coronavirus qui a tué plus de 1.600 personnes, au point de fermer sa frontière et de suspendre toutes les liaisons aériennes et ferroviaires avec son voisin, qui est aussi son plus proche allié.

Pyongyang n’a fait aucune communication quant à d’éventuels cas sur son sol. Mais ses autorités ont suspendu tous les voyages touristiques étrangers, et étendu la période de quarantaine à 30 jours pour les personnes soupçonnées d’être porteuses du virus, y compris les étrangers.

Les médias publics ont diffusé des photos de dirigeants portant des masques lors de réunions de crise ainsi que des clichés montrant des ouvriers en train de désinfecter des hôpitaux, des écoles, des gares et même des salons de coiffure.

Il s’agit de la première apparition dans les médias en 22 jours de Kim Jong Un, qui s’était pour la dernière fois montré lors des festivités du Nouvel An lunaire.

Le système de santé nord-coréen est peu développé, et le pays souffre de pénuries chroniques de médicaments.

Quand l’épidémie de coronavirus Mers (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) s’était déclarée en 2015 en Corée du Sud, le Nord avait annoncé des mesures « draconiennes » pour tenir l’épidémie à distance. Des médias avaient rapporté que Pyongyang avait pendant des mois interdit à ses diplomates et travailleurs expatriés de rentrer au pays.

En octobre 2014, elle avait fermé sa frontière aux touristes pour se protéger du virus Ebola, alors même qu’aucun cas n’avait été détecté en Asie.

Dimanche, sur la colline de Mansu, à Pyongyang, un flot continu de Nord-Coréens sont venus déposer des fleurs aux pieds des deux statues géantes de Kim Il Sung et Kim Jong Il.

Au Darfour, la remise de Béchir à la CPI réjouit les habitants

Dans l’immense camp de Kalma, au Darfour, les déplacés de cette région de l’ouest du Soudan ont appris avec joie la décision prise par Khartoum de remettre à la Cour pénale internationale (CPI) le président déchu, Omar el-Béchir.

Chassé du pouvoir en avril 2019 à la suite d’un soulèvement populaire, l’ex-autocrate est accusé depuis 2009 par la CPI de génocide, de crimes de guerre et contre l’humanité lors du conflit au Darfour.

Alors qu’il était toujours parvenu jusque là à se soustraire aux mandats d’arrêts, les nouvelles autorités de transition ont annoncé vouloir remettre l’ex-président au tribunal de La Haye, où il doit être jugé.

« Tout le monde s’est réjouit lorsqu’on a entendu que Béchir serait remis à la CPI », confie à l’AFP Adam Ali, qui vit depuis de nombreuses années dans le camp de Kalma, situé près de Nyala, la capitale du Sud-Darfour.

Comme lui, les habitants de cette région endeuillée par le conflit –plus de 300.000 morts et environ 2,5 millions de déplacés selon l’ONU– ont longtemps exigé que M. Béchir soit remis à la CPI.

Le conflit a éclaté en 2003, lorsque des insurgés de minorités ethniques se soulèvent contre le régime de Khartoum, aux mains de la majorité arabe, l’accusant de marginaliser le Darfour, vaste région recouvrant cinq Etats.

Pour écraser la rébellion, le gouvernement de M. Béchir déploie alors une milice appelée les Janjawid, qui sera accusée par de nombreuses ONG d’épuration ethnique et de viols collectifs.

Depuis, des milliers de ces ex-miliciens ont été intégrés dans les rangs des « Forces de soutien rapides » (RSF), une force paramilitaire dirigée par Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemedti », désormais membre du Conseil souverain, organe formé de civils et de militaires chargé d’assurer la transition post-Béchir.

– « Victoire » –

A l’issue de longs pourparlers avec les groupes rebelles –notamment ceux du Darfour–, le premier gouvernement post-Béchir, en place depuis le 8 septembre, a pris la décision de remettre l’ancien président à la CPI.

Pour Yakoub Mohamed, un responsable au Darfour, cette décision est une « victoire pour les victimes » et pourrait contribuer à « restaurer la confiance » entre la région et la capitale.

Dans le camp de Kalma, Hassan Issac, un déplacé de 72 ans, se dit lui aussi « soulagé », mais prévient: « si Béchir et ses bras droits ne sont pas remis à la CPI, la paix ne pourra jamais s’installer au Darfour. »

Trois proches de l’ex-autocrate –l’ancien secrétaire d’Etat à l’Intérieur, l’ancien ministre de la Défense et de l’Intérieur, et l’ex-chef des milices Janjawid– seront également remis à la Cour, mais aucun calendrier n’a été établi concernant leur remise et celle de l’ex-président.

Les conditions de « remise de M. Béchir (…) seront négociées avec la CPI et les groupes armés », a indiqué à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Fayçal Mohamed Saleh.

– Parvenir à la paix –

Les ONG, comme Amnesty International, plaident quant à elles pour un transfert rapide de M. Béchir.

Depuis sa destitution, M. Béchir est incarcéré à Khartoum, où il a été condamné en décembre à une peine de deux ans en institution pénitentiaire pour « corruption ».

Souhaitant rompre avec l’ancien régime, le nouveau gouvernement a entre autres promis de parvenir à la paix dans les zones de conflit au Soudan.

Début janvier, le Premier ministre Abdallah Hamdok s’est rendu dans un bastion rebelle, l’Etat du Kordofan-Sud, la première visite du genre d’un responsable gouvernemental en près d’une décennie.

Et l’annonce de la remise de M. Béchir marque une nouvelle étape dans le processus de paix, estiment les déplacés du camp de Kalma.

« Nous avons été soulagés lorsqu’il est tombé mais désormais, nous pouvons enfin commencer à nous remettre de la guerre », assure l’un d’entre eux, Jamel Mohamed.

Il y a un an, une contestation inattendue submerge l’Algérie

Le vendredi 22 février 2019, soudain et inattendu dans une Algérie réputée résignée, surgissait le « Hirak », mouvement de contestation inédit, toujours vivant et désormais incontournable, mais confronté à de nombreux défis au moment de souffler sa 1ère bougie.

Moins de six semaines après, les manifestants, chaque vendredi plus nombreux, ont obtenu le départ du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans, et la chute de son clan. Mais un an après, le « système » politique rejeté par les protestataires est toujours là.

L’armée a repris la main et un ancien fidèle de M. Bouteflika lui a succédé à la présidence en décembre, après une élection boudée par la majorité des électeurs mais que la contestation n’a pas réussi à empêcher.

« Avec l’élection présidentielle, on est passé à l’Acte II, avec tout le spectre d’improbabilité, d’incertitude et d’instabilité » que cela comporte, explique à l’AFP l’historienne Karima Dirèche, spécialiste du Maghreb contemporain. « Ca rejoint ce que les Algériens disent depuis un an: +Tout bouge et rien ne change+ ».

Mais si un an de manifestations hebdomadaires n’ont pas eu raison du « système », le « Hirak » a profondément modifié la donne politique.

– « Prise de conscience » –

Départ de Bouteflika, incarcération d’apparatchiks et hommes d’affaires corrompus, « il y a eu quelques résultats tangibles même si la demande principale de changement du régime et du système est loin d’être accomplie », admet Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth.

Mais la plus grande réussite du « Hirak », argue-t-elle, « c’est vraiment la prise de conscience des Algériens et leur désir de renouer avec le politique sans (…) avoir peur du scénario de la guerre civile » entre l’armée et les maquis islamistes qui fit 200.000 morts dans les années 1990.

Un traumatisme exploité à l’envi sous la présidence Bouteflika pour décourager toute contestation et qui rendait hautement improbable le scénario du 22 février.

Quelques semaines auparavant, sûr de son fait, l’appareil politico-militaire se mettait en ordre de bataille pour une présidentielle prévue en avril et censée n’être qu’une formalité pour le chef de l’Etat sortant, pourtant paralysé, aphasique et quasi-invisible depuis un AVC en 2013.

Coupé des citoyens, le régime sent qu’une colère couve, mais la sous-estime.

Touchée par un chômage massif, la jeunesse (54% de la population a moins de 30 ans) ne supporte pourtant plus d’être représentée aux yeux du monde par un octogénaire immobile sur un fauteuil roulant, dont les rares apparitions suscitent la risée des réseaux sociaux.

Le sentiment d’humiliation a débordé quand, lors d’un meeting en l’absence du chef de l’Etat, les apparatchiks du parti présidentiel s’adressent par défaut à son portrait encadré.

Les appels à manifester le 22 février se multiplient sur les réseaux sociaux. Mais ils sont peu à croire que le mouvement va prendre, jusqu’à ce vendredi quand, notamment à Alger — où tout rassemblement est interdit depuis 2001 –, des policiers débordés laissent des manifestants pacifiques emplir les rues.

– Et maintenant? –

Désormais, « la rue citoyenne apparaît comme force contestataire, ce qui n’existait pas avant » dans un pays sans véritable parti ou syndicat d’opposition, rappelle Karima Dirèche.

Selon Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris, « le Hirak a mené depuis un an un double processus de réappropriation à la fois de l’histoire nationale et de l’espace public. En prenant le contrôle de la rue sur la durée et dans le pacifisme, la contestation a redéfini les règles du jeu politique en Algérie, jusque là marqué par l’opacité et la violence ».

Le « Hirak » a aussi montré la profonde transformation de la société algérienne, portée par sa jeunesse — en particulier les femmes — diplômée et hyperconnectée, et désormais déterminée à se faire entendre.

Le nouveau président Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, « aura fort à faire avec ça. Dans sa gouvernance, il ne pourra pas faire comme les autres faisaient avant. Ca n’est pas possible », estime Karima Dirèche.

Un an après, les foules sont certes moins denses qu’au printemps 2019, mais la mobilisation reste forte. Le mouvement veut peser sur les changements promis par le nouveau président, mais peine à se structurer et à se mettre d’accord sur la marche à suivre.

« Le mouvement va fêter sa 1e année le 22 février et j’ai envie de dire « What’s next? » (« Et maintenant »?), souligne Dalia Ghanem, « qu’est-ce qu’on veut? qu’est-ce qu’on demande et comment on essaie d’avoir des résultats tangibles? ».