février 2020 - Page 45 sur 49 - Journal du niger

Coronavirus: Fortes inquiétudes parmi les commerçants chinois de Namibie

Un avis imprimé sur une feuille blanche, en chinois et en anglais, collé sur un volet roulant en aluminium d’une boutique dans le quartier Chinatown de Windhoek est sans équivoque.

Si un commerçant revient de Chine en Namibie, il « doit observer une quarantaine pendant 14 jours et garder le magasin fermé pendant cette période ». Un avis, non officiel, apposé par des commerçants de Chinatown.

Bien qu’aucun cas confirmé de ce nouveau coronavirus n’ait été recensé en Namibie, les inquiétudes concernant le virus qui a tué près de 1.700 personnes et en a contaminé plus de 68.000 en Chine, sont nombreuses dans ce vaste pays d’Afrique australe peu peuplé.

Les signes de ces craintes sont les plus évidents dans Chinatown, un ensemble de près de 200 magasins de détail, de gros, d’alimentation et d’électronique, dans le quartier industriel du nord de la capitale.

Dans un bloc de 90 magasins, 20 boutiques n’ont pas rouvert depuis que leurs propriétaires sont partis en Chine pour le Nouvel an et ne sont pas revenus depuis.

La communauté chinoise, son ambassade et la chambre de commerce chinoise font de leur mieux pour « empêcher les gens de revenir de Chine en Namibie … en ce moment », explique Brian Lee, l’un des hommes d’affaires du quartier chinois.

– « Tout le monde panique » –

Pour ceux qui doivent à tout prix rentrer en Namibie, « nous avons déjà mis en place un lieu de quarantaine en dehors de Windhoek » où ils seront gardés jusqu’à ce qu’ils soient déclarés non porteurs du virus. Mais pour l’instant, personne n’est en quarantaine.

« Je pense que tout le monde panique ici, pas seulement les Namibiens, mais aussi la communauté chinoise », constate Lee.

Les mois de janvier et février sont généralement une période de basse saison des achats à Chinatown, mais la peur de la contamination a encore réduit le nombre de clients.

Miang Li, propriétaire d’un magasin, attribue le faible taux de fréquentation au blues financier du milieu du mois mais aussi à la peur de contracter le virus de la part des Chinois.

« Les gens qui viennent ici crient ‘coronavirus, coronavirus' », raconte-t-il à l’AFP, assis derrière le comptoir de son magasin de vêtements. Mais les personnes portant des masques de protection sont rares.

Seuls quelques vendeurs namibiens et quelques propriétaires de magasins portent des masques.

Selon Li, les commerçants n’ont pas réussi à reconstituer leurs stocks parce qu’ils ne veulent pas retourner en Chine pour se réapprovisionner. Aussi sont-ils en train de liquider leurs stocks de l’année dernière à des prix réduits.

« Beaucoup d’entre nous ne retournent qu’en février ou mars pour se réapprovisionner mais il est maintenant dangereux d’aller et de revenir », explique Li. « Si vous partez maintenant, vous ne savez pas si ce pays vous laissera revenir ».

Les commerçants de Chinatown vendent quotidiennement au détail, mais aussi en gros à des boutiques en ligne et à des magasins situés dans d’autres régions de Namibie.

« Les clients de Walvis Bay, Swakopmund et Oshakati ne viennent pas pour l’instant car nous n’avons que de vieux stocks », explique ce commerçant de 52 ans, en activité en Namibie depuis neuf ans.

– Stocks en chute libre –

Lee confirme que le niveau des stocks est en chute libre.

« Pour le moment, personne ne veut retourner en Chine, alors, oui, ça nous affecte », constate-il, assis dans son bureau.

Non seulement la rotation du personnel en souffre, mais certains employés locaux sont réticents à continuer à travailler pour les Chinois.

Matilda Ndinoshisho, une vendeuse de 28 ans, dit que sa collègue a récemment cessé de venir travailler.

« Son oncle et sa tante lui ont dit que les patrons chinois lui transmettront le virus qui tue tous les Chinois et qu’un salaire de 800 dollars namibiens (54 dollars US) ne vaut pas la peine de perdre sa vie ou de contaminer les autres personnes de la famille, alors elle a démissionné », raconte cette mère de deux enfants.

Pourtant, la Namibie n’a eu qu’un seul cas suspect, qui a été déclaré sain a semaine dernière.

Selon le ministre de la santé, Kalumbi Shangula, le gouvernement a mis en place un contrôle médical des visiteurs à tous les points d’entrée dans le pays. « Chaque passager qui entre en Namibie, qu’il vienne de Chine ou de tout autre pays, est soumis à un contrôle approfondi », a déclaré le ministre à l’AFP.

« Si quelqu’un présente des symptômes d’infection par le virus, cette personne est immédiatement isolée et placée sous surveillance ».

Vendredi, l’Égypte a signalé le premier cas confirmé du nouveau coronavirus en Afrique.

Il y a un an, une contestation inattendue submerge l’Algérie

Le vendredi 22 février 2019, soudain et inattendu dans une Algérie réputée résignée, surgissait le « Hirak », mouvement de contestation inédit, toujours vivant et désormais incontournable, mais confronté à de nombreux défis au moment de souffler sa 1ère bougie.

Moins de six semaines après, les manifestants, chaque vendredi plus nombreux, ont obtenu le départ du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans, et la chute de son clan. Mais un an après, le « système » politique rejeté par les protestataires est toujours là.

L’armée a repris la main et un ancien fidèle de M. Bouteflika lui a succédé à la présidence en décembre, après une élection boudée par la majorité des électeurs mais que la contestation n’a pas réussi à empêcher.

« Avec l’élection présidentielle, on est passé à l’Acte II, avec tout le spectre d’improbabilité, d’incertitude et d’instabilité » que cela comporte, explique à l’AFP l’historienne Karima Dirèche, spécialiste du Maghreb contemporain. « Ca rejoint ce que les Algériens disent depuis un an: +Tout bouge et rien ne change+ ».

Mais si un an de manifestations hebdomadaires n’ont pas eu raison du « système », le « Hirak » a profondément modifié la donne politique.

– « Prise de conscience » –

Départ de Bouteflika, incarcération d’apparatchiks et hommes d’affaires corrompus, « il y a eu quelques résultats tangibles même si la demande principale de changement du régime et du système est loin d’être accomplie », admet Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth.

Mais la plus grande réussite du « Hirak », argue-t-elle, « c’est vraiment la prise de conscience des Algériens et leur désir de renouer avec le politique sans (…) avoir peur du scénario de la guerre civile » entre l’armée et les maquis islamistes qui fit 200.000 morts dans les années 1990.

Un traumatisme exploité à l’envi sous la présidence Bouteflika pour décourager toute contestation et qui rendait hautement improbable le scénario du 22 février.

Quelques semaines auparavant, sûr de son fait, l’appareil politico-militaire se mettait en ordre de bataille pour une présidentielle prévue en avril et censée n’être qu’une formalité pour le chef de l’Etat sortant, pourtant paralysé, aphasique et quasi-invisible depuis un AVC en 2013.

Coupé des citoyens, le régime sent qu’une colère couve, mais la sous-estime.

Touchée par un chômage massif, la jeunesse (54% de la population a moins de 30 ans) ne supporte pourtant plus d’être représentée aux yeux du monde par un octogénaire immobile sur un fauteuil roulant, dont les rares apparitions suscitent la risée des réseaux sociaux.

Le sentiment d’humiliation a débordé quand, lors d’un meeting en l’absence du chef de l’Etat, les apparatchiks du parti présidentiel s’adressent par défaut à son portrait encadré.

Les appels à manifester le 22 février se multiplient sur les réseaux sociaux. Mais ils sont peu à croire que le mouvement va prendre, jusqu’à ce vendredi quand, notamment à Alger — où tout rassemblement est interdit depuis 2001 –, des policiers débordés laissent des manifestants pacifiques emplir les rues.

– Et maintenant? –

Désormais, « la rue citoyenne apparaît comme force contestataire, ce qui n’existait pas avant » dans un pays sans véritable parti ou syndicat d’opposition, rappelle Karima Dirèche.

Selon Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris, « le Hirak a mené depuis un an un double processus de réappropriation à la fois de l’histoire nationale et de l’espace public. En prenant le contrôle de la rue sur la durée et dans le pacifisme, la contestation a redéfini les règles du jeu politique en Algérie, jusque là marqué par l’opacité et la violence ».

Le « Hirak » a aussi montré la profonde transformation de la société algérienne, portée par sa jeunesse — en particulier les femmes — diplômée et hyperconnectée, et désormais déterminée à se faire entendre.

Le nouveau président Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, « aura fort à faire avec ça. Dans sa gouvernance, il ne pourra pas faire comme les autres faisaient avant. Ca n’est pas possible », estime Karima Dirèche.

Un an après, les foules sont certes moins denses qu’au printemps 2019, mais la mobilisation reste forte. Le mouvement veut peser sur les changements promis par le nouveau président, mais peine à se structurer et à se mettre d’accord sur la marche à suivre.

« Le mouvement va fêter sa 1e année le 22 février et j’ai envie de dire « What’s next? » (« Et maintenant »?), souligne Dalia Ghanem, « qu’est-ce qu’on veut? qu’est-ce qu’on demande et comment on essaie d’avoir des résultats tangibles? ».

Les pays et territoires touchés par le nouveau coronavirus

Voici la liste des pays et territoires ayant annoncé des cas confirmés de maladie due au nouveau coronavirus qui a tué près de 1.700 personnes, dont quatre hors de Chine continentale, depuis sa propagation à partir de la ville chinoise de Wuhan où il est apparu en décembre.

En dehors de la Chine continentale où plus de 68.000 personnes sont contaminées, près de 600 cas de contamination par l’épidémie du coronavirus, appelée officiellement Covid-19, ont été confirmés dans une trentaine de pays avec un premier cas signalé vendredi en Afrique. Un premier décès hors d’Asie est survenu vendredi soir en France.

– CHINE –

Le bilan des décès enregistrés en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) depuis le début de l’épidémie était dimanche de 1.665, avec un chiffre de 68.500 personnes contaminées.

La plupart des décès sont intervenus dans la province du Hubei, foyer de la contagion, dont Wuhan est la capitale.

Ce chiffre dépasse celui des décès du Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère, une pneumonie atypique) qui a tué 774 personnes dans le monde en 2002-2003, dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong Kong.

– Une personne est morte dans le territoire chinois semi-autonome de Hong Kong où au moins 56 cas ont été enregistrés.

– Dix cas ont été signalés à Macao.

– ASIE-PACIFIQUE –

Asie de l’Est

Corée du Sud: 28

Japon: 53 cas, dont une octogénaire décédée. Et au moins 355 à bord du paquebot Diamond Princess en quarantaine à Yokohama, auxquels s’ajoute un officier de quarantaine infecté.

Taïwan: 18

Asie du Sud-Est

Cambodge: 1

Malaisie: 22

Philippines: trois cas dont un mort à Manille, un Chinois originaire de Wuhan, qui a été le premier décès hors de Chine.

Singapour: 72

Thaïlande: 34

Vietnam: 16

Asie du Sud

Inde: 3

Népal: 1

Sri Lanka: 1

Australie

15

– AMERIQUES –

Canada

8

Etats-Unis

15

– EUROPE –

Union européenne

Allemagne: 16

Belgique: un

Espagne: 2, autorisés vendredi à quitter l’hôpital

Finlande: un

France: 12, dont un décès annoncé samedi, le premier hors d’Asie

Italie: 3

Suède: un

Royaume-Uni

9

Russie

2, désormais sortis de l’hôpital

– MOYEN-ORIENT –

Emirats arabes unis

8

– AFRIQUE –

Egypte

Un premier cas annoncé le 14 février, le premier sur le continent africain

burx-sst/elm/roc

Coronavirus: des pays rapatrient leurs citoyens confinés sur le Diamond Princess

Inquiets de la croissance rapide du nombre de cas de nouveau coronavirus recensés sur le paquebot de croisière Diamond Princess en quarantaine près de Yokohama (banlieue de Tokyo), plusieurs pays ont décidé ce week-end d’évacuer rapidement leurs ressortissants.

Quelque 355 cas ont été comptabilisés dimanche matin sur ce navire. C’est 70 de plus que samedi, jour où 67 nouveaux cas avaient été confirmés.

Mais les 3.711 personnes à bord n’ont pas encore toutes subi les examens permettant d’établir leur éventuelle contamination.

« Jusqu’à présent, nous avons effectué des tests sur un total de 1.219 personnes », a déclaré le ministre japonais de la Santé Katsunobu Kato, sur la chaîne publique nippone NHK, précisant que 73 des 355 personnes contaminées ne présentaient pas de symptôme à ce stade.

– Rapatriement en urgence –

Le Diamond Princess effectuait une croisière avec plusieurs escales en Asie quand un passager ayant débarqué à Hong Kong a été contrôlé positif au coronavirus apparu en décembre dans la ville chinoise de Wuhan (centre). Ce qui a entraîné la mise en quarantaine du navire dans le port japonais de Yokohama.

Depuis, au fil des résultats d’analyses, le nombre de cas ne cesse de grimper bien que les passagers soient confinés le plus possible dans leurs cabines et que les cas confirmés soient transférés dans des hôpitaux japonais spécialement équipés.

Face à l’aggravation de la situation et des doutes sur l’efficacité des mesures prises, plusieurs gouvernements ont décidé d’évacuer leurs ressortissants paraissant sains pour les placer quatorze jours en quarantaine dans leurs pays respectifs.

« Comme nous vous l’avons indiqué hier (samedi), le gouvernement américain recommande aux citoyens américains de débarquer du Diamond Princess et de rentrer aux Etats-Unis », a écrit l’ambassade américaine à Tokyo dans une lettre publiée sur internet.

« C’est une situation qui évolue rapidement et nous prenons des mesures supplémentaires pour aider les citoyens américains », a-t-elle poursuivi, assurant que « la sécurité et le bien-être de nos ressortissants est la priorité absolue du gouvernement américain ».

Il restait samedi environ 350 Américains sur le bateau.

Le gouvernement de Hong Kong a lui aussi dit vouloir rapatrier les siens –330 ressortissants– « le plus tôt possible ».

Les autorités canadiennes ont pris une initiative similaire « en raison des circonstances extraordinaires rencontrées par les passagers du Diamond Princess et pour alléger le fardeau sur le système de santé japonais », ont-elles expliqué dans un communiqué. Environ 250 Canadiens avaient embarqué pour cette croisière.

Les premiers départs en avion devraient avoir lieu dans la nuit de dimanche à lundi.

– Près de 1.700 morts dans le monde –

En plus des cas sur le navire, les autorités nippones ont indiqué que 53 personnes étaient porteuses du coronavirus dans différentes régions du pays, avec une traçabilité difficile à établir pour un nombre croissant de patients.

Les experts estiment que « des malades touchés par le coronavirus peuvent désormais apparaître n’importe où au Japon » et que les habitants doivent prendre le plus de précautions possibles comme se laver les mains très fréquemment, porter des masques, désinfecter les objets, etc.

Mais les fabricants de masques sanitaires ont du mal à répondre à la demande et les stocks dans les supérettes et les parapharmacies sont faibles, voire nuls. Une hausse de la production est prévue avec des subventions des pouvoirs publics.

Selon le dernier bilan diffusé dimanche par les autorités chinoises, la pneumonie virale Covid-19 a provoqué la mort de 1.665 personnes en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), sur un total de 68.500 cas de contamination recensés sur le territoire. La plupart des décès ont été constatés dans la province du Hubei (centre), foyer de l’épidémie apparue en décembre dans son chef-lieu Wuhan.

Seuls quatre décès ont été enregistrés ailleurs dans le monde: un sur le territoire chinois semi-autonome de Hong Kong et les trois autres respectivement au Japon, aux Philippines et en France.

Plusieurs roquettes s’abattent près de l’ambassade américaine à Bagdad

Plusieurs roquettes se sont abattues tôt dimanche près de l’ambassade américaine à Bagdad, a indiqué à l’AFP une source militaire américaine, la 19e attaque contre des intérêts américains en Irak en près de quatre mois.

Des journalistes de l’AFP ont entendu de fortes explosions dans le centre de Bagdad où se trouve l’ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad, siège des institutions irakiennes et de plusieurs ambassades.

Ces explosions survenues vers 00H30 GMT ont déclenché les sirènes d’alarme de l’ambassade américaine, selon une source diplomatique. Elles ont été suivies d’un survol aérien de la zone, a constaté un journaliste de l’AFP.

Aucun dégât matériel ni victime n’avait été signalé aux premières heures du jour dimanche.

Les attaques à la roquettes contre des soldats, des diplomates ou des installations des Etats-Unis en Irak se sont multipliées depuis la fin octobre. Elles ont tué un sous-traitant américain et un soldat irakien.

Aucune des 19 attaques recensées depuis le 28 octobre n’a été revendiquée mais Washington accuse les factions armées pro-Iran d’être derrière ces hostilités.

Les tensions entre Washington et Téhéran, tous deux alliés de Bagdad, ont dégénéré fin 2019 sur le sol irakien, menant à l’assassinat à Bagdad du général iranien Qassem Soleimani sur ordre du président américain Donald Trump.

Les Iraniens ont riposté avec une pluie de missiles sur une base irakienne où sont postés des soldats américains, en blessant une centaine.

Les factions armées irakiennes pro-Iran, qui ont perdu leur leader de facto dans le raid contre Soleimani, Abou Mehdi al-Mouhandis, promettent elles aussi depuis une « vengeance » contre les Etats-Unis.

Le Parlement irakien –où elles tiennent le deuxième bloc de députés– a déjà réclamé l’expulsion des 5.200 soldats américains du pays.

Et régulièrement des factions menacent ces troupes. Samedi, l’une des factions pro-Iran les plus radicales d’Irak, Noujaba, a affirmé sur Twitter avoir « décidé de commencer le compte à rebours pour la souveraineté (de l’Irak) et la réponse aux forces d’occupation américaines ».

« Nous sommes plus près que vous ne l’imaginez », a encore menacé le groupe, au-dessus de la photo d’un blindé américain.

Chili: manifestations pro et contre une nouvelle Constitution

Deux manifestations ont été organisées samedi à Santiago l’une favorable à l’adoption d’une nouvelle Constitution et l’autre réclamant le maintien de celle en vigueur au Chili, confronté à une grave crise sociale.

Sur la Plaza Italia, épicentre des manifestations à Santiago depuis le début de la crise le 18 octobre, des milliers de protestataires ont de nouveau réclamé des réformes sociales y compris l’adoption d’une nouvelle Constitution, lors d’une manifestation émaillée d’affrontements avec les forces de l’ordre.

Quelques kilomètres plus loin, ils étaient plus d’un millier à se rassembler devant l’Ecole militaire pour défendre le maintien de l’actuelle Constitution qui remonte à la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).

Les participants ont manifesté pacifiquement en portant des banderoles frappés du mot « rejet », en brandissant des drapeaux chiliens et en scandant des slogans hostiles à la gauche.

Ce genre de manifestations se sont multipliés ces trois dernières semaines dans la capitale chilienne.

Le président chilien, Sebastian Piñera, a promulgué en décembre une loi permettant l’organisation d’un référendum le 26 avril 2020 sur un changement de la Constitution.

Un changement de l’actuelle Constitution, approuvée le 11 septembre 1980 lors d’un référendum controversé pendant la dictature militaire, est une des principales revendications exprimées lors des manifestations sociales qui secouent le pays depuis plus de deux mois.

La consultation comportera deux questions: l’une sur le remplacement ou non de la Constitution et l’autre, le cas échéant, sur la méthode pour la rédiger.

Cette seconde question devra déterminer quel organe rédigera la future Constitution, soit un « Congrès mixte » — idée soutenue par la coalition gouvernementale — composé à parts égales de citoyens élus à cette fin et de parlementaires en exercice, soit une Assemblée constituante intégralement composée de citoyens spécifiquement élus à cette fin — proposition soutenue par l’opposition et réclamée par de nombreux manifestants.

Si le principe d’une nouvelle Constitution est approuvé le 26 avril, l’élection du Congrès mixte ou de l’Assemblée constituante aura lieu en octobre 2020. L’organe chargé de la rédaction aura neuf mois pour élaborer un nouveau texte, une période qui pourra être prolongée de trois mois.

Tunisie: un gouvernement annoncé mais son sort incertain

Le Premier ministre tunisien désigné Elyes Fakhfakh a annoncé samedi soir la composition de son futur gouvernement, mais le retrait de l’un de ses principaux partenaires, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, rend son sort incertain.

M. Fakhfakh, ancien ministre des Finances, a été désigné après l’échec d’un premier cabinet formé sous la houlette d’Ennahdha après les législatives du 6 octobre, et largement rejeté par le Parlement.

Parmi la liste de ministres annoncée samedi soir, plusieurs sont issus d’Ennahdha, bien que ce parti ait annoncé un peu plus tôt dans la journée qu’il se retirait du gouvernement.

« La décision d’Ennahdha nous met dans une situation difficile qui nous oblige à étudier les possibilités juridiques et constitutionnelles », a déclaré le Premier ministre désigné.

« Nous avons décidé avec le président de la République de profiter de ce qui reste de durée constitutionnelle » pour continuer à chercher une issue, a-t-il ajouté, laissant entendre que la liste pourrait notamment être modifiée.

M. Fakhfakh a été nommé le 20 janvier par le président Kais Saied pour former dans un délai d’un mois un cabinet susceptible de convaincre la majorité des députés.

Ennahdha réclame la formation d’un gouvernement d’unité nationale incluant le deuxième parti au Parlement, Qalb Tounès, formation libérale dirigée par le magnat des médias Nabil Karoui, poursuivi pour fraude fiscale, mais celui-ci avait été écarté des négociations.

« Ennahdha a décidé de ne pas participer ni voter la confiance à un gouvernement qui aurait été trop faible » (sans la participation de Qalb Tounès, ndlr), a indiqué à l’AFP Abdelkarim Harouni, le président du conseil de la choura d’Ennahdha, organe consultatif du parti.

« M. Fakfakh peut encore négocier, mais il ne lui reste plus beaucoup de jours », a souligné M. Harouni, envisageant la possibilité, si M. Fakhfakh renonce à présenter un cabinet, que le président Saied désigne un nouveau chef de gouvernement.

A défaut de gouvernement d’ici le 15 mars, M. Saied aura la possibilité de dissoudre le Parlement et déclencher des élections anticipées.

La Tunisie est le seul de pays touchés par les soulèvements dans le monde arabe en 2011, à poursuivre sur la voie de la démocratisation.

Un programme de quatre ans du Fonds monétaire international s’achève en avril sans que l’Etat tunisien ne soit parvenu à mener les réformes nécessaires pour relancer l’économie.

Yémen: crash d’un avion de combat saoudien, la rébellion dit l’avoir abattu

La coalition militaire sous commandement saoudien, engagée dans la guerre au Yémen, a fait état samedi du crash d’un de ses avions dans le nord de ce pays, les rebelles Houthis affirmant avoir abattu l’appareil.

Un tel crash d’un avion de la coalition est rare depuis le début en 2014 du conflit au Yémen, déclenché après une offensive des rebelles Houthis qui se sont emparés de vastes pans du territoire dont la capitale Sanaa.

Un appareil de type Tornado, appartenant aux forces saoudiennes, est tombé à 23H45 locales vendredi (20H45 GMT) dans la province de Jawf, a dit le porte-parole de la coalition, le Saoudien Turki al-Maliki, cité par l’agence saoudienne SPA.

Il n’a pas précisé les raisons du crash ni le sort de l’équipage.

L’avion menait, selon lui, une mission de soutien aérien aux forces gouvernementales yéménites.

– « Aide de l’Iran » –

La coalition, dont les piliers sont l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, intervient depuis 2015 au Yémen pour soutenir le pouvoir face aux rebelles qui contrôlent toujours de vastes régions du nord et de l’ouest du pays, outre Sanaa.

Selon la chaîne de télévision al-Massirah, organe des rebelles, ces derniers ont « abattu un avion de type Tornado à l’aide d’un missile sol-air perfectionné ».

« Le ciel du Yémen n’est pas un espace pour se promener, l’ennemi doit beaucoup réfléchir » avant de s’y aventurer, a prévenu sur cette chaîne Yehya Saree, un porte-parole des Houthis.

Après le crash, Al-Massirah a fait état de frappes de la coalition samedi dans la région de Masloub, dans la province de Jawf, où des habitants se sont « rassemblés autour des débris de l’avion abattu ».

Selon elle, il y a eu « des dizaines de morts et blessés ». Mais ce bilan n’a pu être vérifié dans l’immédiat par les travailleurs humanitaires locaux.

Sur son compte Twitter, le porte-parole des Houthis, Mohamed Abdelsalam, a affirmé que « la destruction de l’avion Tornado est un coup dur pour l’ennemi, et témoigne de l’importante amélioration des capacités de défense » des rebelles.

Si la revendication des Houthis se confirme, cela signalerait le renforcement de l’arsenal des rebelles accusés de recevoir des armes de l’Iran chiite qui affirme les soutenir politiquement et non militairement.

« Au début du conflit, les Houthis était une milice hétéroclite qui se procurait les armes » dans le pays, a affirmé à l’AFP Fatima Abo Alasrar, une experte au Middle East Institute.

« Aujourd’hui, ils ont massivement développé leur arsenal avec l’aide de l’Iran et du Hezbollah », un puissant mouvement armé libanais pro-iranien, a-t-elle dit.

– Crise humanitaire –

Selon un rapport d’experts de l’ONU chargés de contrôler l’embargo imposé en 2015 au Yémen et obtenu le 1er février par l’AFP, les Houthis disposent depuis 2019 de nouvelles armes dont certaines ont des caractéristiques similaires à de l’armement produit en Iran.

Ils n’ont néanmoins pas pu confirmer que l’armement avait été livré par Téhéran.

En avril 2017, un hélicoptère saoudien de type Black Hawk s’est écrasé dans la province de Marib, dans le centre du Yémen, tuant 12 militaires saoudiens. Un haut responsable militaire yéménite avait à l’époque évoqué l’hypothèse de « tirs amis ».

Selon diverses organisations humanitaires, la guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils.

Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance, selon l’ONU.

La coalition et les autres parties impliquées dans le conflit ont été accusées d’avoir commis des bavures ayant coûté la vie à des civils.

La coalition a annoncé cette semaine le début de poursuites judiciaires contre ses militaires soupçonnés de bavures lors d’attaques au Yémen, où l’ONU a déploré des crimes de guerre.

Issus de l’importante minorité zaïdite concentrée dans le nord du Yémen, les Houthis sont proches de l’Iran chiite, rival régional de l’Arabie saoudite sunnite.

Afghanistan: au moins huit civils tués dans une frappe aérienne

Au moins huit civils, dont un enfant, ont été tués vendredi par une frappe aérienne dans l’Est de l’Afghanistan alors qu’ils se trouvaient dans un pick-up, ont annoncé samedi des responsables et des proches des victimes.

« Une frappe aérienne a eu lieu dans le district de Sorkhrod dans le Nangarhar », a déclaré Ataullah Khogyani, porte-parole du gouverneur de cette province, ajoutant que « l’attaque ciblait des militants talibans qui voulaient établir des checkpoints sur la route, mais malheureusement des civils ont été atteints ».

L’incident est survenu au lendemain de l’annonce par le chef du Pentagone, Mark Esper, d’une trêve partielle d’une semaine en Afghanistan, dans le cadre des négociations menées avec les talibans en vue d’un retrait des forces américaines du pays. M. Esper n’a cependant pas précisé quand cette période de « réduction de la violence » débuterait.

L’identité de l’auteur de cette attaque n’est pas encore connue, mais les forces américaines et afghanes sont les seules capables de procéder à des frappes aériennes dans le pays.

« Nous sommes au courant de l’accusation et nous renseignons sur l’incident », a dit à l’AFP un porte-parole des forces américaines. Le ministère afghan de la Défense a lancé une enquête selon l’un de ses porte-parole.

Selon Talib Khan, un proche des victimes, celles-ci rentraient chez elles après un pique-nique lorsque leur pick-up a été frappé, tuant tous ceux à bord.

« Mes trois fils ont été tués », a dit Shah Mir, 70 ans, à l’AFP. « J’ai une douzaine de petits-enfants, je ne sais pas comment les élever. »

Les civils afghans sont régulièrement victimes d’opérations armées terrestres ou aériennes entre forces gouvernementales et insurgés.

Fin décembre, la mission de l’ONU en Afghanistan (Manua) a estimé que le conflit afghan avait fait plus de 100.000 victimes civiles – tués et blessés – en 10 ans.

Au premier semestre 2019, les frappes aériennes ont, pour la première fois, tué davantage de civils que les attaques des insurgés, selon la mission onusienne.

Vol d’antiquités en Egypte: le frère d’un ex-ministre condamné à 30 ans de prison

Le frère d’un ex-ministre des Finances égyptien a été condamné samedi à 30 ans de prison ferme par un tribunal du Caire pour avoir tenté de faire sortir clandestinement d’Egypte des milliers de pièces d’antiquité, a indiqué une source judiciaire.

Raouf Ghali, frère de Youssef Ghali, ministre des Finances sous le régime de Hosni Moubarak, a été condamné à 30 ans de prison et à une amende de 6 millions de livres égyptiennes (350.800 euros), pour avoir tenté de faire sortir clandestinement des milliers d’objets anciens vers l’Italie.

M. Ghali avait trois complices, dont l’ancien consul honoraire italien Ladislav Otakar Skakal, déjà condamné à 15 ans de prison par contumace en janvier dans le même dossier, ainsi que deux Egyptiens.

Samedi, le tribunal du Caire les a tous les trois condamnés à 15 ans de prison ferme et à une amende d’un million de livres égyptiennes (58.100 euros), selon la source judiciaire.

M. Skakal risque désormais 30 ans de prison s’il est arrêté par les autorités égyptiennes.

Selon le procureur général, plus de 21.000 pièces d’or, 151 figurines miniatures, cinq masques de momies, onze poteries, trois céramiques datant de la période islamique et un sarcophage en bois faisaient partie des objets volés.

La police italienne avait trouvé le butin à bord d’un conteneur sur un bateau parti du port égyptien d’Alexandrie en direction de Salerne, dans le sud de l’Italie, en 2017.

D’après la source judiciaire, les autorités égyptiennes ont aussi découvert des objets de valeur cachés dans la demeure caïrote de M. Skakal, et dans le coffre-fort d’un compte bancaire de l’ex-consul.

L’Egypte a rapatrié en 2018 les objets volés avec la coopération des autorités italiennes et a demandé à Interpol d’émettre une notice rouge à l’encontre de M. Skakal.

MM. Ghali et Skakal peuvent faire appel de leurs condamnations.

Les tentatives de faire sortir clandestinement des antiquités se sont multipliées après la chute de Moubarak, lors de la révolte de 2011.

En octobre 2019, le sarcophage doré d’un prêtre pharaonique, volé en Egypte en 2011, avait été dévoilé au Caire.

Depuis plusieurs années, l’Egypte cherche à promouvoir son héritage archéologique afin de relancer un secteur touristique vital pour son économie.