février 2020 - Page 46 sur 49 - Journal du niger

Soudan du Sud : le président accepte une demande clé de l’opposition « dans l’intérêt de la paix »

Le président Salva Kiir a annoncé samedi sa décision de revenir à un système fédéral de dix Etats au Soudan du Sud, une demande clé de l’opposition, ouvrant la voie à la formation d’un gouvernement d’union nationale et à la fin d’une guerre civile meurtrière.

« Nous venons de faire un compromis dans l’intérêt de la paix (…) J’attends de l’opposition qu’elle fasse de même », a déclaré le président Kiir à l’issue d’une réunion de hauts responsables du gouvernement et de l’armée à Juba, la capitale.

Le Soudan du Sud va désormais être divisé en dix Etats, plus trois « zones administratives » -Ruweng, Pibor et Abyei-, a-t-il précisé.

Lorsqu’il a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud comptait dix Etats, conformément à sa Constitution. Le président Kiir avait porté ce chiffre à 28 en 2015 puis ultérieurement à 32, une mesure largement vue comme un moyen d’augmenter le nombre de ses alliés placés à des postes à responsabilités.

L’opposition a salué l’annonce surprise de M. Kiir mais critiqué la décision de faire de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, une « zone administrative ».

Le président Kiir et son ex vice-président, le chef rebelle Riek Machar, qui vit en exil, sont sous pression pour régler leurs différends d’ici à la date-butoir du 22 février fixée pour former un gouvernement d’union dans le cadre d’un accord de paix.

– Une décision « nécessaire –

Le nombre des États régionaux ainsi que le tracé de leurs frontières étaient la principale pierre d’achoppement des négociations en vue de la formation de ce gouvernement.

« Cette décision n’est peut-être pas le meilleur choix pour notre peuple mais pour la paix et l’unité du pays, la présidence la considère comme nécessaire », a déclaré le gouvernement dans un communiqué.

A deux reprises déjà, MM. Kiir et Machar ne sont pas parvenus à respecter la date-butoir fixée pour former un gouvernement d’union afin de mettre un terme à une guerre civile qui a fait depuis 2013 plus de 380.000 morts et créé une situation humanitaire catastrophique.

Leurs entretiens la semaine dernière en Ethiopie n’avaient pas permis d’enterrer leurs différends, mais l’annonce faite samedi par le chef de l’Etat répond à l’une des principales demandes de M. Machar.

« Nous saluons cette décision, nous n’avons qu’un motif de plainte : l’établissement de la zone administrative de Ruweng », a déclaré le porte-parole du parti d’opposition, Pouk Both Baluang. « La question des Etats n’a pas été complètement réglée ».

MM. Kiir et Machar devraient bientôt se rencontrer pour aplanir ces divergences, a-t-il ajouté.

Selon le président, la question des Etats sera définitivement réglée une fois le gouvernement formé.

Le pétrole fournit au Soudan du Sud l’essentiel de ses revenus et la zone de Ruweng est revendiquée à la fois par les Dinka, l’ethnie du président Kiir, et par les Nuer, celle de M. Machar. C’est l’une des régions où se sont déroulés les combats les plus rudes pendant la guerre civile.

M. Kiir avait à plusieurs reprises refusé de modifier sa position sur le nombre des Etats mais subissait une pression internationale croissante pour arriver à un compromis.

M. Machar avait averti qu’il ne pourrait pas redevenir vice-président si le nombre des Etats était maintenu.

Les deux hommes se sont combattus puis réconciliés à de multiples reprises.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013 lorsque M. Kiir a accusé M. Machar de fomenter un coup d’État.

La signature d’un accord de paix en septembre 2018 a permis de réduire les combats mais une commission des droits humains de l’ONU a regretté début février la multiplication des violences armées et des atteintes aux droits de l’homme à l’approche du 22 février.

Un nouveau report dans la formation d’un gouvernement d’union nationale n’est « ni désirable, ni faisable à ce stade du processus de paix », a estimé dimanche l’organisation est-africaine Igad, médiatrice dans le conflit sud-soudanais.

Le vice-président sud-soudanais Taban Deng Gai a appelé M. Machar à rentrer d’exil pour aider à former le gouvernement.

Paquebot au Japon: 67 nouveaux cas de coronavirus, évacuation prévue des Américains

Soixante-sept nouveaux cas de coronavirus ont été annoncés samedi sur le navire de croisière en quarantaine au large du Japon et les Etats-Unis prévoient d’évacuer leurs ressortissants qui se trouvent à bord.

Le résultat de 217 tests supplémentaires rendu public par le ministre japonais de la Santé porte à 285 le nombre de passagers et membres d’équipage sur lesquels la présence du virus a été constatée, sans compter un officier de quarantaine qui avait par ailleurs lui aussi été infecté.

Washington avait annoncé un peu plus tôt samedi, dans une lettre adressée aux passagers américains du paquebot Diamond Princess maintenu depuis début février en quarantaine au large de Yokohama (sud de Tokyo), son intention de les évacuer.

Le message évoque l’envoi d’un avion dimanche, ajoutant que les personnes rapatriées devront respecter une quarantaine supplémentaire de 14 jours à leur arrivée aux Etats-Unis.

« Le gouvernement américain recommande par mesure de prudence que les ressortissants américains débarquent et retournent aux Etats-Unis pour continuer d’y être suivis », explique la lettre affichée sur le site internet de l’ambassade des Etats-Unis au Japon.

La date de départ de cet avion pour les Etats-Unis n’est pas précisée mais la missive, affichée sur le site internet de l’ambassade des Etats-Unis au Japon, indique qu’il atterrira sur la base aérienne de Travis, en Californie.

– Quarantaine aux Etats-Unis –

La chaîne de télévision publique japonaise NHK a indiqué que quelque 400 Américains se trouvaient à bord et que l’avion spécial devrait quitter l’aéroport de Haneda à Tokyo dans les premières heures de lundi.

« Les passagers seront examinés pour détecter d’éventuels symptômes et nous travaillons avec nos partenaires japonais pour nous assurer que ceux présentant des symptômes recevront les soins nécessaires au Japon s’ils ne sont pas en état de prendre l’avion », peut-on lire.

« Si vous choisissez de ne pas monter à bord de cet appareil, il ne vous sera pas possible de retourner aux Etats-Unis pendant un certain temps », poursuit le message.

Si nombre de passagers américains réclamaient une évacuation, la quarantaine supplémentaire imposée aux Etats-Unis a immédiatement suscité des critiques de certains d’entre eux.

« Le gouvernement américain (…) veut nous faire sortir sans test, nous acheminer par avion aux Etats-Unis mélangés à un tas d’autres personnes non testées pour nous coller ensuite deux semaines supplémentaires de quarantaine? Où est la logique dans tout ça? », a lancé le croisiériste américain Matthew Smith dans un tweet.

Un peu plus de 3.700 personnes se trouvaient initialement à bord du navire lorsqu’il est arrivé au large de Yokohama près de Tokyo mais les plus de 200 personnes diagnostiquées porteuses du nouveau coronavirus ont été hospitalisées.

Les autorités japonaises ont aussi commencé vendredi à évacuer certains passagers âgés et de santé fragile, dont les tests au nouveau coronavirus se sont avérés négatifs.

La quarantaine devait durer jusqu’au 19 février, soit 14 jours après son début.

– Message du capitaine –

Mais un message diffusé samedi à bord par le capitaine a jeté le doute sur ce calendrier.

« Le gouvernement japonais nous a informés du fait qu’il pourrait commencer un nouveau processus d’analyses pour nos hôtes à partir du 18 février », pouvait-on entendre, le commandant ajoutant que cette opération prendrait plusieurs jours et que les résultats ne seraient pas obtenus avant environ trois jours.

« Ainsi les personnes testées le 18 février et présentant un résultat négatif pourraient être en mesure de quitter le navire le 21 février ».

Ceux qui ont été en contact avec toute personne aux résultats positifs devront recommencer leur quarantaine à compter de la date de ce contact, a-t-il ajouté.

Quant à l’équipage, il devra entamer une nouvelle quarantaine une fois les passagers sortis du bateau pour une durée pour l’instant indéterminée, selon le message.

En plus du navire de croisière et de l’officier de quarantaine infecté, les autorités japonaises ont dénombré au moins 40 cas.

L’épidémie de pneumonie virale a tué plus de 1.500 personnes et en a infecté au moins 66.000 en Chine. Elle s’est répandue dans une trentaine d’autres pays.

Soudan du Sud: le président Kiir accepte une demande clé de l’opposition dans l’intérêt de la paix

Le président Salva Kiir a annoncé samedi sa décision de revenir à un système fédéral de dix Etats au Soudan du Sud, une demande clé de l’opposition, ouvrant la voie à la formation d’un gouvernement d’union et à la fin d’une guerre civile meurtrière.

« Nous venons de faire un compromis dans l’intérêt de la paix (…) J’attends de l’opposition qu’elle fasse de même », a déclaré le président Kiir à l’issue d’une réunion à Juba de hauts responsables du gouvernement et de l’armée.

Le président Kiir et le chef rebelle Riek Machar sont sous pression pour résoudre leurs différends d’ici à la date-butoir du 22 février fixée pour former un gouvernement d’union dans le cadre d’un accord de paix.

Le nombre d’États régionaux ainsi que le tracé de leurs frontières étaient la principale pierre d’achoppement des négociations en vue de la formation de ce gouvernement.

A deux reprises déjà, MM. Riek et Machar ont échoué à respecter la date-butoir fixée pour former un gouvernement d’union afin de mettre un terme à une guerre civile qui a fait depuis 2013 plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Lorsqu’il a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud comptait dix Etats, conformément à sa Constitution. Le président Kiir avait porté leur nombre à 28 en 2015 puis ultérieurement à 32, une mesure largement vue comme un moyen d’augmenter le nombre de ses alliés placés à des postes à responsabilités.

Les entretiens de MM. Riek et Machar la semaine dernière en Ethiopie n’avaient pas permis de régler leurs différends, mais l’annonce faite samedi par le président Kiir répond à l’une des principales demandes de M. Machar.

Ce dernier n’a pas réagi dans l’immédiat.

– Une décision « nécessaire » –

« Cette décision n’est peut-être pas le meilleur choix pour notre peuple mais pour la paix et l’unité du pays, la présidence la considère comme nécessaire », a déclaré le gouvernement dans un communiqué.

Le président Kiir a « décidé de revenir aux dix Etats du pays et à leurs comtés », a indiqué la présidence dans un communiqué.

M. Kiir avait à plusieurs reprises dans le passé refusé de modifier sa position sur le nombre d’Etats fédéraux mais subissait une pression internationale croissante pour parvenir à un compromis.

M. Machar avait averti qu’il ne pourrait pas redevenir vice-président si le nombre d’Etats était maintenu.

La question des Etats sera finalisée une fois le gouvernement formé, selon le communiqué de la présidence.

Outre dix Etats, existeront trois « zones administratives »: Ruweng, Pibor et Abyei, une région frontalière revendiquée par le Soudan voisin.

MM. Kiir et Machar sont des rivaux de longue date qui se sont combattus puis réconciliés à de multiples reprises.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

La signature d’un accord de paix en septembre 2018 a permis de réduire les combats au Soudan du Sud mais une commission des droits humains de l’ONU a regretté début février une multiplication des violences armées et des atteintes aux droits de l’Homme à l’approche du 22 février.

Un nouveau report dans la formation d’un gouvernement d’union nationale n’est « ni désirable, ni faisable à ce stade du processus de paix », a estimé dimanche l’organisation est-africaine Igad, médiatrice dans le conflit sud-soudanais.

Irak: un manifestant assassiné sur le campement des antipouvoir à Bagdad

Un manifestant antipouvoir a été assassiné par des assaillants non identifiés près de la place Tahrir, épicentre de la contestation à Bagdad, indiquent samedi des sources médicales et policières, rapportant également l’enlèvement de trois protestataires dans la capitale.

Depuis le début, le 1er octobre, d’une révolte inédite réclamant la fin d’un système politique jugé corrompu et le renouvellement complet de la classe dirigeante, près de 550 Irakiens, quasiment tous des manifestants, ont été tués et 30.000 blessés, selon un bilan officiel.

Dans la nuit de vendredi à samedi, des assaillants non identifiés, armés de pistolets munis de silencieux ont pénétré dans une tente et ont tué un manifestant qui s’y trouvait, a indiqué une source médicale à l’AFP.

En outre, vendredi et samedi, trois protestataires ont été enlevés dans différents quartiers de Bagdad où chacun résidait, a rapporté à l’AFP une source policière.

L’ONU a déjà à plusieurs reprises accusé des « milices » d’être derrière la vaste campagne d’assassinats, d’enlèvements et de menaces contre des militants antipouvoir depuis le début du mouvement de contestation sans précédent qui agite l’Irak, seizième pays le plus corrompu au monde.

Une vingtaine de militants ont ainsi été assassinés et, selon la Commission gouvernementale des droits humains, des dizaines d’autres sont portés disparus, probablement toujours aux mains de leurs ravisseurs.

En outre, après plus de 2.700 arrestations, environ 300 Irakiens demeurent en détention, selon la même source.

Les plaies toujours ouvertes de la mine d’or de la forêt hondurienne

Plus de soixante ans après l’exploitation de ses riches gisements d’or et d’argent, la forêt de La Tigra, à une quinzaine de kilomètres de la capitale du Honduras, exhibe encore ses plaies.

Déclarée réserve forestière en 1980, La Tigra a été livrée de 1880 à 1954 au groupe minier américain The New York and Rosario Mining Company. Les 24.000 hectares de la réserve sont habités par des félins, des cervidés, des singes, des reptiles et une multitude d’oiseaux, dont le très rare et farouche quetzal.

Mais aujourd’hui encore, malgré leur reconquête par la végétation, les effondrements de galeries et de tunnels entre les roches ouvertes à la dynamite témoignent de la violence infligée à la terre.

La forêt « a regagné la zone centrale (de l’exploitation) ainsi que celle du campement (des travailleurs). Les vestiges de galeries se sont adaptés à l’environnement naturel, et sont même devenus des attractions touristiques, mais les eaux restent contaminées » par des métaux lourds, prévient Carlos Espinal, spécialiste de la protection de l’environnement.

« Il faudra entre 200 et 300 ans pour que les substances nocives soient éliminées de l’eau. En certains endroits, rien ne pousse, même pas les mauvaises herbes », déplore-t-il.

La restauration de l’environnement naturel est un processus « lent et de long terme », souligne la biologiste Marlenia Acosta. Les mesures prises par les spécialistes sont certes utiles, mais la régénération de la forêt « est plus du fait de la nature que de l’action humaine », reconnaît-elle.

– Un consulat américain –

C’est vers 1880 que les frères Washington et Louis Valentine, des Américains, fondèrent –avec le président hondurien de l’époque, Marco Aurelio Soto, et le général Enrique Gutierrez– leur société pour exploiter les richesses du sous-sol de La Tigra, explique à l’AFP Carlos Espinal.

Jusqu’à 15.000 hommes travaillèrent dans le labyrinthe de tunnels horizontaux et verticaux creusés pour parvenir aux filons. Mineurs et minerais étaient transportés par deux trains électriques tandis que trois petites centrales électriques alimentaient les installations. Celles-ci comptaient des ateliers, des kilomètres de tuyauteries, une usine de traitement du minerai au cyanure…

C’est aussi toute une petite ville qui fut érigée, avec son quartier pour les cadres, une école, des courts de tennis, une piscine, un hôpital… et même un consulat américain.

Une fois coulé en lingots de 54 kg, le minerai était acheminé à dos de mules jusqu’à Tegucigalpa avant d’être exporté vers les Etats-Unis. En 74 années d’exploitation, ce sont 6,5 millions de tonnes de minerai, pour une valeur de 100 millions de dollars de l’époque, qui ont été arrachés ici à la terre, selon les archives conservées sur place.

De toute cette effervescence ne reste aujourd’hui que San Juancito, devenu un quartier de la grande banlieue de Tegucigalpa d’à peine 1.500 habitants. « C’est un village fantôme. Ici il n’y a pas de travail, il n’y a rien », se lamente Marco Seaman, qui, à l’âge de 60 ans, hante les étroites rues pavées de San Juancito.

Washington rejette les critiques sur son repli national

Les Etats-Unis ont rejeté samedi les critiques sur leur repli national, n’hésitant pas à s’en prendre directement au président allemand, et ont affirmé que l’Occident était “en train de gagner” face à la Chine et la Russie.

La Conférence sur la sécurité de Munich, grand-messe annuelle internationale sur les questions de défense, a été le théâtre d’un mini-éclat diplomatique avec l’intervention du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.

Sans prendre de gants, il a répliqué à des propos la veille du chef de l’Etat allemand Frank-Walter Steinmeier, lors de ce même forum, qui avait critiqué le repli national et l’égoïsme propagés à ses yeux par l’administration de Donald Trump.

Ces critiques, et d’autres du même type entendues ces dernières années, « ne reflètent pas du tout la réalité », a déclaré M. Pompeo.

« J’ai le plaisir de vous annoncer que l’idée selon laquelle l’alliance transatlantique serait morte est grandement exagérée », a-t-il ironisé.

– ‘Great again’ –

Le chef de l’Etat allemand, qui ne dispose pas de pouvoir exécutif mais dont la voix porte en Allemagne, avait regretté que « notre principal allié, les Etats-Unis, refusent sous l’administration actuelle l’idée même d’une communauté internationale ».

« Les pays sont invités à placer leurs propres intérêts au-dessus de ceux de tous les autres, +Great again+ même aux dépens des voisins et des partenaires », avait-il raillé à propos du slogan électoral du président américain Donald Trump « Make America Great Again » (Rendre sa grandeur à l’Amérique).

Le ministre américain des Affaires étrangères lui a répondu du tac au tac.

Il a fait valoir que son pays avait contribué au renforcement de l’Otan sur son flanc oriental, près de la frontière avec la Russie, ou encore avait conduit l’effort pour mettre fin au « califat » auto-proclamé de l’organisation Etat islamique en Syrie.

« Est-ce que c’est ça les Etats-Unis qui +rejettent la communauté internationale+ ? », a-t-il demandé.

« L’Occident est en train de l’emporter », a-t-il clamé en réponse à ceux qui doutent de la cohésion du lien transatlantique.

« Nous devrions avoir confiance dans l’alliance transatlantique, nous sommes en train de gagner et nous le faisons ensemble », a ajouté M. Pompeo.

Une ligne soutenue par le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.

« Nous ne devrions pas être en compétition entre nous et mettre en avant nos différences, tout en minimisant nos forces », a-t-il dit à Munich.

« L’Europe et les Etats-Unis sont des partenaires indispensables, les deux côtés de la même pièce », a-t-il ajouté.

Mike Pompeo a lui jugé que « l’Occident a un meilleur avenir que les alternatives illibérales », dénonçant l’évolution de la Russie et de la Chine.

– Nord-Stream –

Il a annoncé que les Etats-Unis allaient financer des projets énergétiques à hauteur d’un milliard de dollars dans des pays d’Europe centrale et de l’Est pour renforcer leur indépendance énergétique face à Moscou.

Il s’agit d’un « signe de soutien à la souveraineté, la prospérité et l’indépendance énergétique de nos amis européens » qui profitera « aux pays d’Europe centrale et de l’Est membres de l’Initiative des Trois Mers », qui réunit douze Etats membres de l’Union européenne.

« Nous voulons galvaniser l’investissement du secteur privé dans leurs secteurs énergétiques afin de protéger la liberté et la démocratie dans le monde », a-t-il ajouté.

L’initiative des Trois Mers réunit douze pays de l’Union européenne bordés par les mers Baltique, Adriatique et Noire. Cet espace s’étend de l’Estonie et de la Pologne au nord à la Croatie au sud et la Roumanie et la Bulgarie à l’est.

Il a pour objectif de renforcer la coopération entre ses membres dans les domaines de l’énergie, des infrastructures et de la sécurité, notamment vis-à-vis de la Russie que nombre de ses membres considèrent comme une menace directe.

Ils contestent notamment, comme les Etats-Unis, le projet de gazoduc Nord Stream 2, fortement soutenu par l’Allemagne, qui vise à doubler les livraisons directes de gaz naturel russe vers l’Europe occidentale, en contournant l’Ukraine.

Coronavirus: le tourisme sous haute-tension en Asie du Sud-Est

Hôtels vides, plages désertées, annulations en série: l’Asie du Sud-Est, particulièrement dépendante du tourisme, paye au prix fort l’épidémie de coronavirus avec des pertes évaluées à plusieurs milliards d’euros.

L’ambiance est morose dans la station balnéaire de Pattaya, l’une des destinations favorites des Chinois en Thaïlande: le front de mer, d’habitude si animé, s’est dépeuplé, les bateaux de touristes restent à quai et les échoppes du marché flottant font grise mine.

Dans le camp d’éléphants Chang Siam Park, attraction-phare de la ville, Ma Mya, vendeuse de souvenirs, a vu ses recettes baisser de moitié. « Si cela continue, je vais devoir repartir chez moi », soupire la jeune femme de la tribue Kayan, un long collier doré à spirale autour du cou.

Le parc accueillait 1.500 à 2.000 visiteurs par jour. « Ils ne sont pas plus de 200 aujourd’hui, et j’ai déjà perdu deux millions de bahts » (près de 60.000 euros), raconte à l’AFP Nantakorn Phatnamrob, propriétaire du camp.

Au Cambodge, même les célèbres temples d’Angkor ne font plus recette: la vente de billets a chuté de 30 à 40%, d’après le ministère du Tourisme.

Le constat est le même au Vietnam: 13.000 chambres d’hôtel ont déjà été annulées à Hanoï et la fréquentation du joyau du pays, la Baie de Halong, a baissé de plus de 60%.

Pour montrer qu’elles ont tiré les leçons de l’épidémie de SRAS de 2002/2003, les autorités chinoises ont pris des mesures draconiennes contre le nouveau coronavirus qui a tué pour le moment plus de 1.500 personnes et en a contaminé des dizaines de milliers.

Pékin a placé depuis fin janvier 56 millions d’habitants en quarantaine et interdit à l’ensemble de la population les voyages organisés à l’étranger.

Résultat: la Thaïlande, qui a accueilli 11 millions de Chinois l’année dernière (27% de l’ensemble de ses touristes étrangers), a enregistré début février une chute de visiteurs de l’empire du Milieu de « plus de 86% », d’après le ministre du Tourisme, Phiphat Ratchakitprakarn.

Au Vietnam, les touristes chinois ont quasi disparu avec un effondrement de « 90 à 100% » selon les zones.

La contagion se propage aux Européens, Américains ou Australiens qui renoncent à leur voyage par crainte du coronavirus, même si ce dernier sévit pour l’instant essentiellement en Chine continentale et que peu de personnes ont été contaminées en Asie du Sud-Est.

– Des milliards d’euros de pertes –

Cette situation inédite pourrait s’avérer catastrophique pour les économies de la région, très tributaires du tourisme.

En Thaïlande, le secteur représente 20% du PIB et les pertes liées à l’épidémie devraient atteindre cette année près de 7,4 milliards d’euros (1,5% du PIB), selon Don Nakornthab, haut responsable à la Banque centrale thaïlandaise.

Le Vietnam estime de son côté qu’il va perdre entre 5,4 et 7,1 milliards d’euros dès les trois prochains mois.

Mais que va-t-il se passer si, comme le craignent certains spécialistes de l’industrie du tourisme, les effets se propagent « à long terme jusqu’en 2021 »?

Conscients du risque, la Thaïlande et le Cambodge ne refusent pas les touristes chinois, se contentant de renforcer les contrôles dans les aéroports et aux postes frontaliers.

Les autorités thaïlandaises vont même leur proposer des visas gratuits.

Et le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, joue les VRP. Dénonçant « la maladie de la peur », il fait tout pour s’attirer les bonnes grâces de Pékin, son proche allié, et faire revenir les Chinois dans le royaume.

Les autorités vietnamiennes se veulent, elles, beaucoup plus protectionnistes: elles ont interdit les vols à destination et en provenance de Chine continentale, et les trains de voyageurs ont été stoppés.

Quant au Laos, il a fermé sa frontière terrestre avec la Chine et plusieurs vols quotidiens ont été annulés.

« Depuis, nous ne voyons plus de Chinois et la situation risque d’empirer », dit à l’AFP Ong Tau, vendeuse de jus de fruits dans l’ancienne ville coloniale de Luang Prabang.

Nombre d’agences de voyages et d’hôteliers de la région cassent les prix et ont étendu leurs politiques permettant à leurs clients de reporter sans frais leur séjour, afin d’atténuer les annulations.

Coronavirus: 1.500 morts, premier décès en Europe

Le bilan de l’épidémie du nouveau coronavirus a dépassé samedi les 1.500 morts en Chine, et le premier décès en Europe a été signalé en France.

Il s’agit d’un touriste chinois de 80 ans hospitalisé en France depuis fin janvier, a annoncé la ministre française de la Santé Agnès Buzyn. Ce décès est le « premier hors d’Asie, le premier en Europe », q-t-elle précis&.

Plus de 66.000 cas de contamination ont désormais été enregistrés en Chine, principalement dans la province du Hubei (centre), foyer de l’épidémie de pneumonie virale Covid-19.

Alors que le Hubei reste coupé du monde depuis trois semaines et que plusieurs villes de l’Est du pays ont adopté des mesures de confinement drastiques, Pékin a à son tour musclé vendredi ses restrictions pour endiguer la propagation du virus.

La capitale oblige désormais toutes les personnes arrivant de l’extérieur à s’auto-imposer une quarantaine de 14 jours à leur domicile ou leur hôtel, sous peine de sanctions, a rapporté le Beijing Daily, un quotidien officiel.

L’activité dans la ville reste largement paralysée et que de nombreuses entreprises imposent le télétravail à leurs employés.

A l’issue des vacances du Nouvel an lunaire, prolongées de quelques jours, beaucoup de Chinois retournés dans leur région d’origine pour les fêtes font désormais route pour rejoindre les villes où ils résident.

Quelque 283 millions de trajets ont ainsi été accomplis dans le pays entre le 25 janvier et le 14 février, selon le vice-ministre des Transports Liu Xiaoming.

La banque centrale a aussi annoncé samedi que les billets usagés étaient désormais désinfectés et… placés en quarantaine jusqu’à 14 jours, avant d’être remis en circulation.

– Premier cas en Afrique –

La Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) a pour l’heure enregistré 1.523 morts dus au coronavirus, selon des chiffres diffusés samedi. Au moins six membres du personnel soignant sont décédés, et plus de 1.700 médecins et infirmiers ont été contaminés.

Outre un mort également recensé sur le territoire chinois semi-autonome de Hong Kong, le Japon, les Philippines et la France sont les seuls autres pays ayant fait état de décès (un chacun) sur leur territoire.

Pour autant, l’épidémie de Covid-19 maintient le monde en alerte, avec près de 600 cas confirmés de contamination dans plus d’une vingtaine de pays.

L’Egypte a annoncé vendredi avoir enregistré le premier cas sur le continent africain.

Mais le principal foyer d’infection hors de Chine reste le paquebot de croisière Diamond Princess, en quarantaine au Japon: 285 cas de contamination y ont été confirmés, dont 67 nouveaux cas annoncés samedi.

Quelque 3.700 passagers et membres d’équipage restent confinés dans leurs cabines. Les Etats-Unis prévoient désormais d’évacuer des Américains se trouvant à bord, a annoncé samedi l’ambassade américaine à Tokyo.

– ‘Grand test’ –

La lutte contre le virus constitue « un grand test pour le système et les capacités de gouvernance du pays », a reconnu vendredi le président chinois Xi Jinping, admettant des « lacunes » et appelant à améliorer le système de santé national.

Après avoir initialement félicité Pékin pour son « travail très professionnel », les Etats-Unis avaient déploré jeudi un « manque de transparence de la part des Chinois », regrettant que le pays n’ait pas donné suite à la proposition d’envoi d’experts américains.

Les autorités sanitaires du Hubei avaient annoncé jeudi à la surprise générale un élargissement de leur définition des personnes atteintes de la pneumonie virale Covid-19.

– L’OMS à Pékin –

Jusqu’à présent, un test de dépistage était indispensable pour déclarer un cas « confirmé ». Dorénavant, les patients « diagnostiqués cliniquement », notamment avec une simple radio pulmonaire, seront aussi comptabilisés.

La nouvelle définition a automatiquement gonflé le nombre de personnes officiellement infectées, avec l’annonce d’une envolée de plus de 15.000 nouveaux cas de contamination jeudi.

Le nombre des nouveaux cas en Chine est cependant tombé samedi à 2.641, pour l’immense majorité au Hubei, le nombre de nouveaux cas en-dehors de la province (221) continuant de chuter.

Zhong Nanshan, un expert médical chinois vétéran de la lutte contre le Sras (2002-2003), a déclaré s’attendre à un pic de l’épidémie « d’ici la mi- ou fin-février ». Plus prudente, l’OMS juge elle qu’il est « beaucoup trop tôt » pour faire des prévisions.

A la suite d’une délégation arrivée plus tôt cette semaine, une équipe internationale d’experts de l’OMS devait arriver à Pékin ce week-end pour une mission conjointe avec leurs homologues chinois.

Ils réaliseront des inspections sur le terrain, passeront en revue les mesures de prévention, visiteront des centres de recherche et formuleront des recommandations pour contenir l’épidémie, a indiqué Mi Feng, porte-parole de la Commission nationale de la santé.

Au Kazakhstan, lumière inattendue sur les Dounganes après des violences

Khousseï Daourov était presque inconscient quand il a senti l’acier froid d’un pistolet sur sa tempe, après avoir été pris dans les violences inter-ethniques le week-end dernier dans le sud du Kazakhstan.

Ces affrontements entre la majorité kazakhe et une minorité musulmane d’origine chinoise, les Dounganes, ont fait onze morts, des dizaines de blessés et provoqué la fuite de plusieurs milliers de personnes au Kirghizstan voisin. En majorité, il s’agissait de Dounganes, qui sont 150.000 à travers l’Asie centrale.

Leader communautaire local, M. Daourov essayait d’apaiser les tensions quand un Kazakh lui a braqué un pistolet sur le visage. C’est un autre Kazakh qui est intervenu, convaincant le premier de le laisser partir.

Les yeux mouillés de larmes, une écharpe soutenant son bras cassé dans les heurts, l’homme d’une soixantaine d’années est réticent à blâmer ses « frères » kazakhs pour ce déchaînement de violence. « Ce ne sont pas les Kazakhs qui ont fait cela à notre peuple », assure-t-il. « C’étaient des bandits, des tueurs à gages ».

Il ne s’attendait pas à ce que, dans la nuit du 7 février, des centaines de Kazakhs prennent d’assaut le village à majorité doungane de Massantchi, environ 130 kilomètres à l’ouest d’Almaty, capitale économique du pays. Ces affrontements sanglants mettent en lumière les tensions latentes de cette région multi-ethnique.

Pour les Dounganes, la vie en Asie centrale s’avère pourtant calme par rapport aux répressions qui les ont fait fuir la Chine impériale au 19ème siècle. Installé à cheval sur les frontières kirghize et kazakhe, ce peuple revendique un héritage à la fois chinois et arabe et travaille principalement dans l’agriculture ou le petit commerce.

Leur dialecte, mélange de chinois et de farsi, les singularise dans une région dominée par les langues turciques, sans pour autant empêcher leur intégration.

– Conflit « impensable » –

Pour Batyrbek Toreïev, un fonctionnaire vivant dans le village de Karakemer, le raid soudain sur Massantchi était même « impensable »: « Nos familles sont amies avec leurs familles. On s’arrête les uns chez les autres », s’étonne-t-il, ajoutant que « ce qui est arrivée est arrivé, il faut continuer à vivre désormais ».

En Chine, les Dounganes sont connus sous le nom de Hui. Comme d’autres, ce groupe ethnique de dix millions de personnes est victime de la répression visant les musulmans dans l’ouest de la Chine.

Mais au Kirghizstan et au Kazakhstan aussi, certains ne cachent pas leur ressentiment, accusant les Dounganes de profiter de leur héritage culturel et linguistique commun pour commercer avantageusement avec la Chine.

En 2013, des dizaines de camionneurs dounganes auraient été passés à tabac par des chauffeurs kirghiz à un poste-frontière avec la Chine, où ils se disputaient des marchandises à ramener en Asie centrale. Et au début des années 2000, des maisons dounganes avaient été brûlées après un conflit avec des villageois kirghiz.

A l’époque, les Dounganes avaient trouvé refuge au Kazakhstan. Cette fois-ci, ce sont tous les groupes ethniques du Kirghizstan qui méritent un « énorme merci » pour avoir fourni nourriture, aide et logement aux Dounganes en fuite, affirme Khousseï Daourov.

Les traces d’affrontements n’ont pas complètement disparues à Massantchi mais l’Etat kazakh, qui a toujours vanté l’harmonie d’un pays où, selon le ministère des Affaires étrangères, « plus de 100 groupes ethniques vivent en paix », tente de rétablir un semblant de normalité.

Dans une mosquée, de vieux Dounganes partagent du riz avec des policiers d’ethnie kazakhe. Dans cette petite ville, la présence accrue des forces de l’ordre depuis les affrontements a été bien accueillie, assure-t-on.

– Colère palpable –

Ailleurs, des employés de l’administration régionale enlèvent les débris noircis de ce qu’il reste du plus grand supermarché de Massantchi. Parmi ces travailleurs, le ressentiment est palpable.

« Ils ont tabassé un de nos anciens », dit l’un d’eux, Ermek Saparov. Cet incident, deux jours avant les affrontements, aurait contribué à alimenter les appels à la violence, notamment sur les réseaux sociaux et les services de messagerie.

Son collègue Oulan Achirbek admet avoir été tenté de répondre aux appels à la vengeance mais avait du travail vendredi soir. Sa colère n’est pas retombée: « Vous voyez, c’était un magasin doungane mais ce sont les Kazakhs qui font tout le nettoyage ».

Un autre sujet alimentant le ressentiment envers les Doungane, et que l’AFP a vu circuler largement à travers les services de messagerie, est d’ordre linguistique: selon ces messages, les Dounganes privilégieraient les langues russe ou doungane à la langue kazakhe dans leur vie quotidienne.

Malik Iassyrov, un Doungane de 24 ans tué par balle, était pourtant professeur de kazakh dans un collège du village proche de Sortobe. « C’était un patriote. Il est allé à Massantchi défendre ses concitoyens », dénonce Aïche Gadir, sa mère, lors d’une cérémonie organisée à leur domicile pour les proches du jeune homme.

Toute la nuit, Malik Iassyrov était resté en contact avec sa mère. Il décrivait les scènes de meurtre et de pillage, suppliant sa mère d’emmener ses deux enfants au Kirghizstan. Vers une heure du matin, son téléphone s’est éteint. Ce n’est que le lendemain matin que Mme Gadir a appris la mort de son fils.

« Cela fait 150 ans que nous sommes ici. Pourquoi Allah nous punit ainsi? », demande-t-elle: « Comment pouvons-nous passer à autre chose? »

Législatives cruciales en Iran, la coalition gouvernementale en sursis

Les Iraniens sont appelés aux urnes le 21 février pour des élections législatives cruciales qui devraient signer le retour des conservateurs et accroître la pression sur le président Hassan Rohani déjà en difficulté.

Le scrutin intervient alors que la République islamique d’Iran est sous le coup de sanctions américaines asphyxiant son économie, et a été ces derniers mois au bord d’un affrontement militaire avec les Etats-Unis, son ennemi juré.

Le pays a aussi été secoué par des manifestations contre le gouvernement, notamment en raison d’une hausse subite du prix de l’essence.

Pas moins de 7.296 candidats aux 290 sièges du Parlement ont été disqualifiés contre 7.148 qualifiés par le Conseil des Gardiens, organe chargé de la validation des candidatures et dominé par les ultraconservateurs.

Fin janvier, M. Rohani, un conservateur modéré, a mis en garde contre les menaces pesant selon lui sur « la démocratie », après la disqualification de ces milliers de candidats, la plupart issus de la coalition gouvernementale formée par les modérés et les réformateurs.

– « Promesses » non tenues –

Ces disqualifications sont « sans précédent », estime le journaliste indépendant Farshad Ghorbanpour qui souligne la désillusion chez les électeurs.

« La principale différence avec les précédentes élections est qu’avant, la population croyait que leurs votes permettraient des réformes. Cet espoir a disparu pour une majorité d’Iraniens », dit-il.

« Le Parlement actuel est composé en majorité des réformateurs, et les gens estiment qu’ils n’ont rien accompli de sérieux. Le peuple a en conclu que son choix n’a aucune incidence », ajoute-t-il.

Selon des observateurs, les électeurs ayant soutenu M. Rohani pourraient bien rester chez eux le vendredi 21 février.

Mostafa Hamidi, 37 ans, vendeur au bazar de Téhéran, affirme à l’AFP qu’il n’ira pas voter, se disant déçu des « promesses non tenues » des politiciens et de la dégradation de la situation économique. « Notre vote ne sert à rien. »

Beaucoup d’habitants interrogés par l’AFP critiquent la mauvaise gouvernance selon eux des autorités.

« A chaque fois qu’on a voté, les choses ne se sont pas améliorées, elles ont empiré », estime Morteza Jaberi, qui a une échoppe de pièces détachées dans le quartier pauvre de Molavi (sud).

Elu en 2013 puis réélu en 2017, le président Rohani avait promis plus de libertés sociales et individuelles et assuré que les Iraniens allaient pouvoir bénéficier des fruits du rapprochement avec l’Occident.

Il a été l’instigateur, pour Téhéran, de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015. Ce pacte avait permis à l’Iran, pays pétrolier, de sortir de son isolement avec un allègement des sanctions internationales, en échange de garanties destinées à prouver que le programme nucléaire iranien n’avait aucune visée militaire.

Mais cet accord est menacé de voler en éclats depuis le retrait unilatéral américain en 2018 et le rétablissement par Washington des sanctions qui ont plongé l’économie iranienne dans une récession.

– Parlement « sur la touche » –

Par ailleurs, mi-novembre, l’Iran a connu une vague de contestation déclenchée par une hausse surprise du prix de l’essence, qui a été réprimée. Selon Amnesty International, la répression a fait au moins 304 morts.

Début janvier, les Etats-Unis ont tué dans une attaque de drone à Bagdad le puissant général iranien Qassem Soleimani, et des millions d’Iraniens lui ont rendu hommage dans un élan d’unité nationale.

Mais cette unité s’est ensuite fissurée. Après trois jours de déni, les forces armées ont reconnu avoir abattu par « erreur » un avion de ligne ukrainien (176 morts) après son décollage de Téhéran, ce qui a provoqué l’indignation de la population.

En l’absence de véritables concurrents, une grande coalition de conservateurs pourrait remporter largement les législatives, dont la campagne a débuté jeudi dans la discrétion.

Le Parlement, principal organe législatif de l’Iran, rédige les lois, ratifie les traités internationaux et approuve le budget.

Même si cette assemblée a été « de plus en plus mise sur la touche dans le processus de prise de décision », l’arrivée d’ultraconservateurs pourrait compliquer la tâche pour M. Rohani, relève Ellie Geranmayeh, analyste au Conseil européen des relations internationales.

Selon Henry Rome, analyste sur l’Iran à Eurasia group, la coalition gouvernementale de M. Rohani a même peu de chance de survie.

« Un Parlement ultraconservateur va tourmenter Rohani lors de la dernière année de son mandat, questionner ses ministres et compliquer la capacité du gouvernement à répondre aux pressions liées aux sanctions. »

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