février 2020 - Page 47 sur 49 - Journal du niger

Afrique du Sud: vers la fin du quasi-monopole de l’électricité, les mines soufflent

L’Afrique du Sud, dont l’économie est handicapée par des délestages fréquents, a annoncé la fin du quasi-monopole de l’entreprise publique d’électricité Eskom, une mesure réclamée à cor et à cri depuis des années par l’industrie minière, clé pour le pays.

Depuis 2018, l’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, a renoué, après un répit de trois ans, avec les délestages réguliers, jusqu’à plusieurs heures par jour.

La compagnie publique d’électricité Eskom, qui fournit plus de 90% de l’électricité dans le pays, n’arrive pas à répondre à la demande.

Ses centrales à charbon, principale source d’électricité en Afrique du Sud, sont vieillissantes et mal entretenues. Et le groupe – qui croule sous une dette abyssale de 26 milliards d’euros, résultat d’une mauvaise gestion et de pillage pendant la présidence de Jacob Zuma (2009-2018) – peine à les réparer.

Les coupures ont un effet « paralysant » sur l’économie, a reconnu jeudi soir le président sud-africain Ramaphosa lors de son discours annuel à la nation.

Alors pour « augmenter rapidement et de façon significative la capacité de production » d’électricité hors Eskom, il a annoncé une révolution: une série de mesures facilitant la production par les industriels de leur propre électricité. Les demandes dans ce sens seront examinées dans un délai de 120 jours.

L’annonce du chef de l’Etat a été immédiatement « saluée » par l’industrie minière, qui fait campagne depuis des années pour produire son électricité, notamment à base d’énergies renouvelables.

L’Afrique du Sud, pays très ensoleillé, dispose des conditions idéales pour l’énergie solaire et éolienne.

– « Bonne direction » –

Il y a quelques années, le géant sud-africain Sibanye-Stillwater avait obtenu l’autorisation de produire 50 mégawatts, « mais nous en avions demandé 150 », s’est plaint récemment son PDG, Neal Froneman, accusant Eskom de « protéger son monopole ».

Si tout se passe bien, ces déceptions pourraient être prochainement de l’histoire ancienne.

« Les compagnies minières seront bientôt (…) moins dépendantes d’Eskom », s’est réjouie jeudi soir la chambre des mines.

L’industrie minière a déjà en boîte « une série de projets énergétiques de 1,5 gigawatt qui peuvent être opérationnels dans les neuf à trente-six mois », a-t-elle précisé.

L’annonce du président Ramaphosa est un soulagement pour les mines – l’un des secteurs les plus gourmands en électricité – et l’industrie en général, alors que la croissance de l’Afrique du Sud est désespérément molle (0,8% en 2018).

C’est « un pas dans la bonne direction », a estimé l’analyste Raymond Parsons. « Il est impératif de réduire le risque qu’Eskom continue à faire peser sur l’économie sud-africaine. »

Les délestages d’Eskom sont « considérés comme l’une des principales menaces pesant sur l’économie sud-africaine », selon la chambre des mines. Ils « ont un effet dévastateur sur le secteur minier », a affirmé récemment son président, Roger Baxter.

En 2019, le secteur des mines, qui contribue à 8% du produit intérieur brut (PIB) sud-africain, s’est contracté de 1,3%.

En décembre, au plus fort des délestages, des mines ont fonctionné au ralenti.

Le groupe Petra Diamonds a dû fermer momentanément ses mines de Cullinan, Finsch et Koffiefontein. Ses mineurs ont dû être remontés d’urgence à la surface pour ne pas se retrouver bloqués dans les entrailles de la terre.

Le plan gouvernemental annoncé jeudi pourrait être la clé « pour éroder le monopole » d’Eksom, souligne l’agence de notation financière Fitch Ratings, mettant cependant en garde contre l’opacité entourant la délivrance des permis de production d’électricité.

Autoriser des sociétés minières « à apporter leurs propres solutions énergétiques signifie qu’on peut faire partie de la solution. C’est vraiment positif », a salué le président d’Anglo American, Mark Cutifani.

« Ce qui me rend triste, ajoute son concurrent Neal Froneman, est qu’il ait fallu attendre deux ans et une crise pour en arriver là. »

Chine-Vatican: rencontre historique entre ministres des Affaires étrangères

Un moment historique: des ministres des Affaires étrangères de Chine et du Vatican se sont rencontrés, une première en sept décennies et un nouveau signe de rapprochement depuis l’accord de 2018 sur la nomination des évêques.

Les deux Etats n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1951, en raison notamment de différends d’ordre religieux, Pékin se méfiant de toute influence religieuse étrangère sur son territoire.

Mais le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et son homologue Mgr Paul Gallagher se sont entretenus vendredi à Munich (Allemagne), en marge de la Conférence sur la sécurité, a indiqué samedi le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir.

Des diplomates et représentants des deux Etats s’étaient déjà rencontrés. Mais une entrevue publique à ce niveau, lors d’un événement international, est inédite.

« C’est aujourd’hui la première rencontre entre des ministres des Affaires étrangères de Chine et du Vatican », s’est félicité Wang Yi, selon le compte-rendu publié par le Quotidien du peuple sur son site internet.

« Cela ouvrira davantage d’espace pour les futurs échanges entre nos deux parties », a-t-il déclaré devant Mgr Paul Gallagher, dont le titre officiel est secrétaire chargé des rapports avec les Etats.

– « Résultats positifs » –

Le PCC se méfie de toute organisation, notamment religieuse, pouvant menacer son autorité sur la Chine. Il s’est ainsi longtemps méfié de la potentielle influence politique du pape sur la stabilité sociale dans le pays.

La Chine compte de 10 à 12 millions de catholiques, sur une population totale de 1,4 milliard d’habitants.

Ces croyants sont partagés entre une Eglise officielle (dont le clergé est soumis aux autorités) et une Eglise clandestine, tirant sa légitimité de l’obéissance au pape et dont les membres sont parfois l’objet de persécutions et d’arrestations.

Dans la pratique, cette fracture entre catholiques s’est réduite depuis la signature en 2018 d’un accord historique Pékin-Vatican sur la nomination des évêques, lequel a permis de réchauffer les relations bilatérales.

Ce texte « provisoire » donne aux deux parties un droit de regard. Le pape François a reconnu des évêques chinois qui avaient été nommés par Pékin sans son aval; le gouvernement chinois a fait de même dans l’autre sens.

L’accord a permis « d’obtenir des résultats positifs », s’est félicité vendredi Wang Yi devant son homologue du Vatican, toujours selon le Quotidien du Peuple.

– Des blocages –

« La Chine est disposée à améliorer encore la compréhension et la confiance mutuelle avec le Vatican, afin que l’élan d’interaction positive entre les deux parties continue de progresser », a-t-il souligné.

Du côté du Saint-Siège, la secrétairerie d’Etat a salué dans un communiqué une rencontre tenue « dans un climat cordial ». Les deux hommes ont réitéré « la volonté de poursuivre le dialogue institutionnel au niveau bilatéral pour favoriser la vie de l’Eglise et le bien du peuple chinois ».

Le pape François ne cache pas son désir de renforcer la relation avec Pékin. Mais le rétablissement des liens officiels entre les deux Etats reste compliqué à concrétiser.

Notamment parce que le Vatican continue d’entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan. Une situation de blocage, car cette île peuplée de 23 millions d’habitants est considéré par Pékin comme une province chinoise en attente de réunification.

Le rapprochement Chine-Vatican divise également au sein de l’Eglise. Si certains y voient un dialogue utile pour améliorer la situation des croyants chinois, d’autres sont méfiants face à un PCC qui appelle régulièrement à « siniser » les religions.

Virus: en Chine, des billets de banque mis en quarantaine

La Chine nettoie et met en quarantaine les billets de banque usagés dans l’objectif affiché de limiter la propagation du coronavirus, a annoncé samedi la banque centrale, tout en réaffirmant son soutien aux entreprises mises en difficulté par l’épidémie.

Les banques font usage de rayons ultraviolets ou de hautes températures pour désinfecter les billets, avant de les placer sous scellés et de les isoler pendant sept ou quatorze jours, a expliqué Fan Yifei, vice-gouverneur de la Banque centrale chinoise (PBOC).

Après cette période de « quarantaine », dont la durée dépend de la sévérité de l’épidémie du coronavirus dans la région concernée, les billets de banque peuvent être remis en circulation, a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse.

« Nous devons préserver la sécurité et la santé des usagers d’argent liquide », a martelé M. Fan, précisant que les transferts de billets entre provinces avaient été suspendus.

La PBOC semble répondre à une réticence accrue des Chinois d’utiliser de l’argent liquide par peur de contamination. Et ce même si les paiements mobiles sont omniprésents depuis des années dans le pays, la plupart des consommateurs chinois recourant à leur smartphone pour régler leurs achats au quotidien.

La banque centrale a par ailleurs réalisé avant les congés du Nouvel an lunaire fin janvier « une émission d’urgence » de nouveaux billets de banque pour un montant de 4 milliards de yuans (530 millions d’euros) à l’intention du Hubei (centre), province à l’épicentre de l’épidémie.

Face à l’épidémie de pneumonie virale, qui a fait plus de 1.500 morts et contaminé plus de 66.000 personnes en Chine, les opérations de désinfection se sont multipliées dans les lieux publics et les habitants sont incités à limiter les contacts entre eux.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pneumonie Covid-19 se transmet essentiellement par voie respiratoire (par exemple dans les gouttelettes de salive) et par contact physique, mais également en touchant des surfaces contaminées.

Alors que certains analystes s’attendent à de possibles assouplissements monétaires pour relancer une économie paralysée par l’épidémie, Fan Yifei a simplement indiqué samedi que l’institution poursuivrait une politique monétaire « prudente ».

Sans exclure des marges de manoeuvre: le ratio des créances douteuses dans le bilan des banques « reste encore relativement bas », a ainsi insisté M. Fan.

Dans ce contexte, la CBRC, le gendarme chinois du secteur bancaire, appelle les banques commerciales à accroître leurs prêts aux entreprises tout en maintenant le coût du crédit « à un niveau raisonnable », a insisté son vice-président Liang Tao lors de la même conférence de presse.

Alain Souchon, voix des foules sentimentales

Toujours là, toujours à part: Alain Souchon est cet éternel adolescent de la chanson française, tout à la fois rêveur et pourfendeur de l' »ultra moderne solitude » contemporaine.

Son dernier –et superbe– disque « Ame fifties » a décroché le titre de meilleur album de l’année aux Victoires de la musique.

Comme à son habitude, derrière l’élégance des mélodies –troussées avec ses fils Pierre et Charles– se cache une certaine gravité, comme ces jeunes hommes envoyés hier en Algérie pour y faire la guerre ou l’ascenseur social en panne aujourd’hui.

Mais qu’est-ce qui le fait encore courir les scènes à 75 ans? « Quand je vois Mick Jagger, je me dis, s’il y a été, j’y vais aussi, même si ce n’est pas comparable bien sûr (rires) », racontait-il à l’AFP à l’automne 2019.

« J’entendrai constamment +Let’s Spend the Night Together+ (et de la chanter en interview), avec l’autre (Jagger) qui arrive comme un léopard! J’en suis fou de ça, ça m’exalte! », poursuivait-il enjoué.

Qu’est-ce qui résume mieux Souchon que sa chanson phare « Foule sentimentale », sacrée aux Victoires de la musique comme la plus marquante de la période 1985-2005? On y retrouve ce chanteur complexe, son éternelle « soif d’idéal » comme son incompréhension face à une société qui parfois « nous prend, faut pas déconner, dès qu’on est né, pour des cons ».

Un succès estampillé 100% Souchon: il en a signé paroles et musique, contrairement à bien d’autres de ses tubes mis en musique par son compagnon de route Laurent Voulzy, comme « J’ai dix ans », « Allô maman bobo », « Bidon », « La ballade de Jim », « C’est déjà ça »…

Avec sa chevelure indomptée, sa distanciation amusée face au star-system, Souchon cultive depuis toujours une image de Pierrot un peu lunaire, comme pour mieux oublier une enfance perturbée.

– « Patauger dans la semoule » –

Né le 27 mai 1944 à Casablanca (Maroc), il est élevé jusqu’à sept ans par un homme qui n’était pas son père mais dont il portait le nom, Kienast.

Le jeune Alain suit ensuite sa mère pour rejoindre son père biologique, Pierre Souchon, qui lui donne son nom. Mais ce père meurt quelques années plus tard dans un accident de voiture. En souvenir, Alain Souchon baptisera son premier fils Pierre et écrira à son père l’émouvante « Dix-huit ans que je t’ai à l’oeil » (1977).

Le chanteur confiait en 2015, dans un documentaire, avoir gardé de cette enfance perturbée une « envie de stabilité », que ce soit pour sa vie conjugale, son appartement ou ses voitures.

Il écrit ses premières chansons à l’adolescence, notamment à l’occasion d’un séjour en Angleterre, puis donne ses premiers concerts dans des cabarets parisiens comme ses références, Léo Ferré ou Guy Béart.

Il enregistre ses premières chansons au début des années 1970 mais il faut attendre la rencontre avec Laurent Voulzy, orchestrée par le directeur artistique Bob Socquet, pour que naisse son premier tube, « J’ai dix ans », en 1974.

« De deux chanteurs qui pataugeaient dans la semoule, on s’est retrouvés avec une chanson qui était au hit-parade! Alors on en a fait une autre, et puis une autre », confiait à l’AFP Souchon en 2014, année où les deux complices ont sorti leur premier album chanté en duo.

Cette collaboration fructueuse va constituer le fil rouge de la carrière de Souchon mais aussi de Voulzy, pour lequel le premier écrit de nombreuses paroles (« Rockollection », « Le soleil donne », « Belle-île-en-mer, Marie-Galante », « Le pouvoir des fleurs »).

Souchon, qui incarne à ses débuts la « nouvelle chanson française », va alors développer cette plume si singulière, oscillant entre poésie mélancolique et chronique sociale parfois grinçante.

Sa silhouette dégingandée s’est aussi promenée du côté du cinéma dans une poignée de films, avec un rôle resté célèbre dans « L’été meurtrier » aux côtés d’Isabelle Adjani.

Victoires de la musique: Clara Luciani, la grenade pop

C’est la belle histoire de la chanson française: loin du cliché du démarrage météorique, Clara Luciani a dû attendre près d’un an avant que ne détone « La grenade », son hit féministe.

Le nom de son album « Sainte-Victoire » semblait évidemment prédestiné pour les Victoires de la musique qui l’ont consacrée vendredi « artiste féminine ».

Mais que la reconnaissance fut longue. L’opus sort en avril 2018 et il faut attendre près de 12 mois pour que « La grenade » éclate sur les ondes. « Qu’est-ce que tu regardes?/T’as jamais vu une femme qui se bat/Suis-moi/Dans la ville blafarde/Et je te montrerai/Comme je mords, comme j’aboie ». Des paroles fortes, sur une trame électro, façon années 1980 revisitées, qui ont fait mouche.

Le titre a trouvé un bel écho dans le contexte #MeToo né de l’affaire Harvey Weinstein, mais s’est aussi inscrit dans le courant des nouvelles porte-voix du féminisme, comme Angèle avec « Balance ton quoi » ou Suzane avec « SLT ».

Le refrain « Prends garde/Sous mon sein la grenade/Sous mon sein là regarde » a aussi été récupéré pour des campagnes vantant le dépistage du cancer du sein. « Une politicienne a écrit des paroles en Belgique pour en faire un hymne écolo », confiait même Clara Luciani dans Le Parisien. « Heureusement, c’est assez proche de mes idées, mais j’aurais bien aimé que l’on me demande l’autorisation ».

– « Le tremblement essentiel » –

La chronologie de ce succès étonne encore aujourd’hui cette fille d’une aide-soignante et d’un employé de banque. « Ça a mis un temps fou! +La Grenade+ a commencé à être vraiment diffusée à la radio en janvier 2019 », souffle encore la chanteuse. Mais tout ira ensuite très vite pour celle qui s’est longtemps cherchée, en assurant des voix pour le groupe La Femme ou pour le chanteur Raphaël.

Elle sera ainsi sacrée « révélation scène » en février 2019. Et garde un souvenir fort des journées qui avaient précédé la cérémonie. « C’est l’exercice de chanter dans cette grande soirée qui me traumatisait. Je faisais des rêves où je manquais une marche, je tombais devant tout le monde ».

« En plus, j’ai une maladie qui s’appelle le tremblement essentiel », confiait-elle encore dans Le Parisien. « C’est neurologique, héréditaire, ma mère a ça aussi. Je tremble donc toujours un peu et c’est accentué par le stress, la fatigue… Et les Victoires, c’était la première télé où je n’ai pas trop tremblé, où on ne voyait pas à quel point j’étais effrayée ».

A 27 ans, la native de Martigues profite pleinement des concerts. Et parfois en famille, puisque sa sœur aînée, Léa – Ehla de son nom de scène – est également chanteuse. C’est elle qui avait assuré la première partie de Clara à l’Olympia en avril dernier.

Sur « Sainte-Victoire » on peut ainsi entendre « Ma soeur » que Clara dédie à Léa: « Personne ne croit en toi comme j’y crois/Personne, personne/Je serai là même s’il ne devait rester/Personne, personne ».

Philippe Katerine, l’homme à la tête de Chouan

Tellement décalé qu’il finit par être à sa place partout: Philippe Katerine, césarisé au cinéma, est désormais une valeur sûre de la chanson, plus libre que jamais après avoir passé le cap de la cinquantaine.

« Confessions », album-péplum complètement fou, a valu vendredi soir la Victoire de la musique de l’artiste masculin à ce Vendéen fier de l’être – il avait soutenu en chanson le petit club des Herbiers en Coupe de France.

Une nouvelle consécration pour ce faux-naïf qui a été reconnu sur le tard.

Le Vendéen débute sa carrière en 1991 sous l’unique nom de Katerine, avec le disque « Les mariages chinois ». Mais le succès n’arrive qu’une quinzaine d’années plus tard. En 2005, l’ancien étudiant en arts plastiques à Rennes fait un carton avec son huitième opus, « Robots après tout », clin d’oeil à l’album « Human After All » des Daft Punk. Son tube « Louxor, j’adore » lui permet d’accéder à une large audience.

L’homme aux pantalons à pattes d’éléphant vintage et pulls cintrés n’a pas fait que passer le mur du son. Il a aussi crevé l’écran. En 2019, il est récompensé par un César du meilleur second rôle pour son personnage de Thierry, employé de piscine timide au parler lent dans « Le Grand Bain ».

Depuis, l’hurluberlu dégarni enchaîne les piges au cinéma. On l’a ainsi vu dans des seconds rôles d’impresario aux tenues improbables dans « Yves » de Benoît Forgeard – pour qui il avait été aussi président de la République dans « Gaz de France » -, ou dernièrement d’adjoint au maire dans « Notre Dame » de Valérie Donzelli et de préfet dans « Merveilles à Montfermeil » de Jeanne Balibar.

– « Je suis timide » –

« C’est vrai que je suis timide », reconnaissait-il récemment auprès de l’AFP, affirmant que le cinéma est aussi pour lui un moyen de sortir de chez lui, où il resterait volontiers toute la journée à dessiner. Et bien sûr à créer une musique qui n’a plus de limites, comme « Confessions », qui brasse thèmes sociétaux et intimes. Du Katerine tout craché. Entre langue très crue ou enfantine.

Gérard Depardieu, beau-père de ce touche-à-tout qui vit avec Julie Depardieu, mère de deux de ses enfants, vient même y poser sa voix. Dans ce titre, « Blond », Katerine parle habilement du sort réservé au fil des âges à ceux qui n’ont pas cette couleur de cheveux, de l’esclavage aux contrôles au faciès.

On y entend le monument du cinéma reprocher à Katerine sa blondeur. « Je lui ai écrit sa partie, en lui disant +là, tu vois, tu me juges, tu m’engueules+ et ça, il sait très bien faire ça, pas de problème (rires) », confie-t-il à l’AFP.

Ce fan de hip-hop – l’album « Ye » de Kanye West est « un repère très fort » pour lui – s’offre aussi des duos avec Oxmo Puccino (« La Clef ») et Lomepal (« 88% », chanson qui dénonce l’homophobie).

Ainsi qu’une belle sucrerie avec Léa Seydoux dans « Rêve heureux ». « Elle avait un peu le désir de chanter, on s’est rencontrés et j’ai tout de suite accroché avec elle, je la trouve sensible, un peu sauvage, on s’est reconnus comme des cousins éloignés ». Elle lui dit « aimer » ses chansons depuis « qu’elle est jeune ». « Alors je lui ai écrit une chanson un peu à ma gloire, histoire de me faire du bien (rires), mais que des gens pourront chanter à d’autres: c’est une chanson de service à la personne ».

Chine-Vatican: rencontre historique entre ministres des Affaires étrangères

Pour la première fois, des ministres des Affaires étrangères de la Chine et du Vatican, deux Etats sans relations diplomatiques depuis des décennies en raison de différends d’ordre religieux, se sont rencontrés, a indiqué samedi un média officiel.

Le Chinois Wang Yi et son homologue Mgr Paul Gallagher se sont vus vendredi à Munich, a indiqué le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois (PCC). La ville allemande accueille en ce moment la Conférence sur la sécurité.

Une rencontre à ce niveau diplomatique est une première depuis au moins six décennies, le Vatican et la République populaire de Chine n’ayant plus de relations diplomatiques depuis les années 1950.

Elle intervient dans un contexte de réchauffement des relations bilatérales depuis la signature d’un accord historique en 2018 sur la nomination des évêques en Chine.

« C’est aujourd’hui la première rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de la Chine et du Vatican », a déclaré Wang Yi.

« Cela ouvrira davantage d’espace pour les futurs échanges entre nos deux parties », s’est-il félicité selon le compte-rendu publié par le Quotidien du peuple sur son site internet.

Le PCC au pouvoir se méfie de toute organisation, notamment religieuse, pouvant menacer son autorité. Il s’est longtemps méfié du Vatican en raison de son influence potentiellement politique sur les catholiques chinois.

Les quelque 10 millions de catholiques de Chine sont censés ne fréquenter que les églises homologuées par l’Etat et dont le clergé est validé par le PCC. Mais beaucoup se rendent également dans des lieux de culte dirigés par des religieux fidèles au pape.

Aux termes de l’accord « préliminaire » signé en 2018, le pape François a reconnu des évêques chinois qui avaient été nommés par Pékin sans son aval. Le texte donne toutefois aux deux parties un droit de regard sur les nominations.

Malgré le rapprochement en cours, le rétablissement des liens officiels entre les deux Etats reste compliqué à concrétiser.

Sous pression, la Grèce prend le dossier migratoire à bras le corps

Mur flottant pour bloquer les canots de migrants, centres de rétention, reconductions à la frontière: sept mois après sa prise de fonctions, le gouvernement conservateur grec durcit sa politique en matière d’asile, sous la pression des îles égéennes exaspérées et au bord de l’asphyxie.

« La décongestion de nos îles est notre priorité numéro 1 », a déclaré à l’AFP le ministre des Migrations Notis Mitarachi, dans un geste d’apaisement vers les insulaires qui multiplient les actions de protestation parfois émaillées d’incidents.

Cinq ans après la grande crise migratoire de 2015, la Grèce, à nouveau première porte d’entrée des migrants en Europe, peine à gérer les procédures de demande d’asile dont près de 90.000 sont à ce jour en souffrance, dans un pays qui compte 112.000 exilés, selon les derniers chiffres officiels.

Premières impactées, les cinq îles égéennes, où les migrants continuent d’affluer quotidiennement en provenance de la Turquie voisine.

Plus de 38.000 personnes vivent dans des camps surpeuplés et insalubres prévus pour 6.200 places. Tentes et abris de fortune aux allures de bidonville y poussent comme des champignons aux abords de ces sites, suscitant exaspération et réactions de rejet aux relents xénophobes.

« Il est essentiel de transférer dans les prochaines semaines autant de demandeurs d’asile que possible sur le continent où ils pourront poursuivre leur procédure de demande d’asile », a déclaré à l’AFP le représentant du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) en Grèce, Philippe Leclerc, qui réclame « des conditions supplémentaires de réception » en Grèce continentale.

Après avoir transféré 9.000 demandeurs d’asile sur le continent (au lieu des 20.000 prévus) sur fond de grogne des habitants, le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis élu en juillet se focalise désormais sur les reconductions à la frontière des déboutés du droit d’asile.

« Le processus de retour sera accéléré » vers la Turquie et vers les pays d’origine, a précisé Notis Mitarachi.

– Accélération des procédures –

Condition sine qua non: les services grecs de l’asile devront rendre plus rapidement leurs verdicts. La nouvelle législation, entrée en vigueur en janvier et vivement critiquée par les ONG, le leur permet.

« Je pense qu’il serait raisonnable de traiter les cas en trois mois », a estimé Notis Mitarachi. Priorité sera donnée aux nouveaux arrivants: 25 jours maximum pour gérer la première demande et jusqu’à 60 jours en cas d’appel, avant une reconduction sine die à la frontière pour les déboutés.

En outre, l’octroi de l’asile en Grèce sera réversible tous les trois ans, selon la situation dans le pays d’origine, a tranché le gouvernement, contraint de rétablir un ministère des Migrations supprimé à son arrivée au pouvoir.

Et pour décourager encore les exilés de traverser la mer Egée, le gouvernement prévoit d’installer un mur flottant de 2,7 kilomètres de long et d’1,10 mètre de haut.

Un projet controversé qui attire les foudres des organisations non gouvernementales. Human Rights Watch le considère comme « insensé et potentiellement dangereux » pour les frêles canots de migrants qui viendraient s’y accrocher la nuit.

Amnesty International s’est alarmé d’un plan « qui suscite de graves inquiétudes sur les capacités des sauveteurs à continuer à venir au secours de personnes tentant la périlleuse traversée maritime vers Lesbos ».

Aux termes de sa nouvelle loi, la majorité de la droite Nouvelle Démocratie s’attaque aussi aux passeurs et aux éventuelles complicités, en prévoyant un registre des organisations humanitaires autorisées à intervenir auprès des migrants.

– « Camps prisons » –

Le gouvernement espérait au moins apaiser la colère des insulaires avec la fermeture des camps sordides de Moria (Lesbos), Vathy (Samos) et Vial (Chios), remplacés, à l’été, par de nouveaux centres « fermés ».

Mais élus et habitants exigent « le désengorgement immédiat et massif des îles », d’où leur rejet sans équivoque d’un projet voué, selon eux, à héberger toujours plus de migrants dans des « camps prisons ».

« Si nous acceptons un nouveau camp pour 7.000 personnes, il pourra accueillir officieusement 20 à 25.000 personnes », a déclaré le maire de Samos, Georgios Stantzos. La capacité de cinq camps sera théoriquement prévue pour 20.000 personnes.

Le projet suscite aussi les critiques d’ONG qui y voient une « violation du droit international sur l’asile ».

« Demander l’asile n’est pas un crime même si on a franchi irrégulièrement une frontière. Nous demandons (…) que la détention soit l’exception absolue », a déclaré Philippe Leclerc du HCR.

« Toute violation du règlement intérieur (des futurs camps) affectera négativement la demande d’asile et accélérera le processus de retour du délinquant », a pourtant prévenu le ministre des Migrations.

Mobilisation en ex-RDA contre les « pactes » électoraux avec l’extrême droite

L’élection du président de Thuringe grâce à l’extrême droite a provoqué un séisme en Allemagne: des milliers de personnes manifesteront samedi à Erfurt, capitale de cette région d’ex-RDA paralysée par la recomposition politique en cours.

Quelque 10.000 personnes sont attendues samedi après-midi à cette mobilisation sous le mot d’ordre « Pas avec nous, pas de pacte avec les fascistes: jamais et nulle part! »

La manifestation est organisée par des ONG, artistes, syndicalistes et responsables politiques, unis dans l’alliance #Unteilbar (« indivisible » en français) et soutenus par de nombreux mouvements tels que Fridays for Future ou Bund.

L’élection surprise le 5 février du libéral Thomas Kemmerich, grâce aux voix coalisées de la droite conservatrice et de l’extrême droite avait déjà provoqué nombre de rassemblements spontanés dans toute l’Allemagne.

– « Fin d’un tabou » –

Face au tollé, ce candidat du petit parti libéral FDP a jeté l’éponge 24 heures après son élection à une très courte majorité. Mais pour les organisateurs de la manifestation, le mal est fait.

« Cette élection marque la fin d’un tabou », s’est ému dans la presse allemande Maximilian Becker, porte-parole de l’alliance. « Nous voulons montrer que ce qui se passe en Thuringe ne restera pas sans réponse ».

Signe de la tension dans tout le pays, plusieurs locaux du FDP sont devenus depuis plusieurs jours la cible d’attaques dans toute l’Allemagne, rapporte le Spiegel.

D’autant que l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti d’extrême droite créé en 2013, compte bien continuer à dynamiter le jeu politique allemand. En Thuringe, les institutions restent ainsi paralysées depuis plus d’une semaine.

L’extrême droite, accusée par Angela Merkel de vouloir « détruire la démocratie », menace désormais de porter ses suffrages, en cas de nouvelle élection à la tête de cette région enclavée, sur Bodo Ramelow. Cette personnalité de la gauche radicale était à la tête de la région jusqu’en 2019 et refuse catégoriquement tout apport de voix de l’autre extrémité de l’échiquier politique.

Les partis hors AfD doivent se réunir lundi à Erfurt pour trouver une porte de sortie à cette crise. Nouvelles élections? Coalition minoritaire? Plusieurs options sont sur la table pour gouverner cette région, concentré des incertitudes qui traversent le paysage électoral allemand.

L’onde de choc de cette crise politique continue d’ailleurs de se propager au delà des frontières du Land, dans une Allemagne confrontée à la fin, au plus tard en 2021, de l’ère Angela Merkel, au pouvoir depuis 14 ans.

– « Marche funèbre » –

Elle a ainsi provoqué la chute de la dauphine d’Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, qui a renoncé à la course à la chancellerie, faute d’être obéie par des cadres de son parti.

Certains membres du parti conservateur CDU, en particulier dans les régions d’ex-Allemagne de l’Est, sont en effet tentés par un rapprochement avec l’extrême droite, particulièrement puissante dans ces régions.

La rhétorique de l’AfD passe bien dans l’ex-RDA communiste, économiquement plus pauvre. En Thuringe, le revenu moyen annuel s’élevait ainsi en 2018 à 35.701 euros, contre 42.962 euros en moyenne en Allemagne, selon l’Office des statistiques.

Si le chômage y est à peine supérieur au taux fédéral (5,3% contre 5%), la Thuringe souffre d’être délaissée par les jeunes générations et d’un grave déficit de natalité. Plus d’un habitant sur 4 (25,7%) y est âgé de plus de 65 ans (21,5% en Allemagne).

Cette mobilisation contre l’extrême droite intervient aussi en pleines commémorations de la libération des camps nazis et du bombardement de la ville de Dresde il y a 75 ans.

Près de 1.500 militants néonazis, et de nombreux contre-manifestants, sont ainsi attendus samedi, sous étroite surveillance policière, dans cette ville de Saxe samedi. Ils défileront en une « marche funèbre » cultivant le mythe d’une « ville martyre », injustement sacrifiée par les Alliés.

Tunisie: le nouveau gouvernement sera annoncé samedi (présidence)

Le chef du gouvernement tunisien désigné Elyes Fakhfakh a reporté d’un jour l’annonce de la composition de son gouvernement attendue initialement vendredi, afin de « poursuivre les consultations », selon la présidence tunisienne.

M. Fakhfakh, ancien ministre tunisien des Finances, a été désigné le 20 janvier par le président Kais Saied pour former un gouvernement après le rejet le 10 janvier par le Parlement d’un premier cabinet formé sous la houlette du parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

Il disposait d’un mois pour constituer une équipe susceptible de convaincre un Parlement morcelé.

« Pour mener à bien le processus de formation du gouvernement dans les meilleures conditions, il a été décidé de reporter l’annonce de sa composition à samedi 17H00 GMT afin de poursuivre les consultations et l’examen de certaines questions liées au futur gouvernement », a dit la présidence dans un communiqué, sans préciser lesquelles.

Le communiqué a été publié à l’issue d’une rencontre vendredi soir entre MM. Fakhfakh et Saied, auquel le Premier ministre devait initialement remettre la liste de son cabinet avant de l’annoncer à la presse.

Vendredi, Ennahdha (54 des 217 sièges au Parlement) a critiqué lors d’une conférence de presse les noms évoqués par M. Fakhfakh, affirmant qu’il « n’a aucune chance de succès et de continuité ».

Il l’a appelé à former un gouvernement d’unité nationale comprenant tous les partis représentés au Parlement.

En cas d’échec, M. Fakhfakh –dont le gouvernement a besoin d’une majorité de 109 voix– M. Saied pourra dissoudre l’Assemblée et convoquer des élections législatives anticipées.

Le gouvernement sortant gère actuellement les affaires courantes.

Elyes Fakhfakh, 47 ans, a été nommé ministre du Tourisme fin 2011 avant d’être ministre des Finances de décembre 2012 jusqu’à janvier 2014. Il a été candidat à la présidentielle en 2019, mais n’a convaincu que 0,34% des électeurs au premier tour.