avril 2020 - Page 14 sur 20 - Journal du niger

La pandémie galope en Afrique mais peut encore être contenue (OMS)

L’OMS s’est alarmée vendredi de la progression rapide de la pandémie de coronavirus en Afrique, tout en estimant qu’à ce stade elle pouvait encore être contenue.

« Au cours de la semaine écoulée, il y a eu une hausse de 51% du nombre de cas recensés sur mon propre continent, l’Afrique, et une hausse de 60% du nombre de décès recensés », a constaté le directeur général de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Compte tenu de la difficulté d’obtenir des kits de diagnostic, il est probable que les nombres réels soient plus élevés », a-t-il affirmé au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève.

Selon l’OMS, les pays d’Afrique ont besoin de soutien, de ressources, d’équipements, de transfert de technologies.

« Nous ne pensons pas aujourd’hui que la maladie a passé le stade de ne pouvoir être contenue. Nous pensons que beaucoup peut être fait pour limiter l’impact du virus. Et nous pensons que nous devons accélérer nos efforts alors que le nombre de cas augmente chaque jour », a estimé Michael Ryan, directeur des programmes d’urgence de l’OMS.

L’Afrique peut se prévaloir de « réelles capacités » pour y parvenir avec une « longue histoire de lutte contre les épidémies, un solide programme contre la polio », a-t-il souligné tout en reconnaissant des « contraintes », liées notamment à l’habitat, souvent dense et dans des conditions d’hygiène précaires ou d’accès l’eau limité.

« Nous ne voulons pas que vous perdiez espoir. Contenir (le virus] est possible. Ca va être un combat difficile. Le monde entier veut aider. Nous devons faire plus, nous devons permettre à plus de personnes de tester et d’identifier les cas, d’établir des centres de traitement, de nous assurer que nous puissions observer la distanciation physique, avoir des points d’eau pour se laver les mains là où il n’existe pas d’eau courante », a détaillé une autre responsable de la gestion de la pandémie à l’OMS, Maria Van Kerkhove.

Simultanément à Washington, la banque mondiale et le FMI ont indiqué qu’il manquait 44 milliards de dollars au continent pour lutter contre la pandémie.

Créanciers officiels et privés ont mobilisé ou pourraient mobiliser jusqu’à 70 milliards de dollars, mais l’Afrique a besoin de 114 milliards, selon ces institutions.

A Doha, des musiciens donnent des concerts depuis leurs balcons

Pour lutter contre le blues du nouveau coronavirus, des membres de l’Orchestre philharmonique du Qatar organisent des concerts depuis leurs balcons, faisant résonner l’opéra « Carmen » de Bizet jusque sur une île artificielle construite au large de Doha.

Habitués à jouer devant des salles pleines, les quatre musiciens ravissent depuis trois semaines chaque vendredi les oreilles d’un public plus clairsemé, des Qataris confinés chez eux qui se sont pressés aux fenêtres pour les applaudir.

Outre des airs d’opéra, ils interprètent aussi des chansons plus connues, comme « Can You Feel the Love Tonight » d’Elton John.

« Chacun joue un peu », raconte à l’AFP Nicole Pressler, flûtiste principale de l’Orchestre philharmonique du Qatar. Tout est « très spontané », précise-t-elle.

Une harpiste, une violoniste et un trompettiste — tous de proches voisins– alignent leurs notes avec elle pendant une trentaine de minutes.

Aussi loin que portent leurs instruments, les habitants de the Pearl (La Perle), une île artificielle aux résidences chics, applaudissent les musiciens.

Et parfois, les auditeurs se mettent à danser sur les balcons non loin.

« Cela nous rend heureux de jouer. Nous sommes des amis et des collègues séparés par la distance mais unis. Et l’orchestre me manque encore plus », confie Nicole Pressler.

Fondé en 2007, l’Orchestre philharmonique du Qatar a vu ses représentations annulées dans le cadre de la lutte contre le nouveau coronavirus. Les autorités qataries ont aussi fermé les bars, restaurants, cinémas et mosquées.

Mais rien ne peut empêcher la musique d’adoucir les moeurs, comme le prouve le concert des quatre musiciens.

« C’était bien, il n’y avait pas beaucoup d’écho et le public est de plus en plus nombreux », salue en fin connaisseur Kurt Meister, directeur de l’orchestre.

Le Qatar a dit avoir enregistré 4.663 cas de maladie Covid-19, dont sept décès.

Erigé en « héros », un Britannique de 99 ans collecte 20 millions de livres

Un Britannique de 99 ans est devenu un véritable « héros » dans son pays après avoir collecté plus de 20 millions de livres pour les soignants en parcourant 100 longueurs de son jardin à l’aide de son déambulateur.

Au moment où le pays compte près de 15.000 morts du Covid-19, l’histoire de ce vétéran de la Seconde guerre mondiale, qui a servi en Inde puis en Birmanie, a mis du baume au coeur des Britanniques.

Tom Moore s’était fixé comme objectif de marcher 100 longueurs de 25 mètres de son jardin du Bedfordshire, dans le centre de l’Angleterre, avant de fêter son centième anniversaire le 30 avril. Il comptait lever 1.000 livres sterling pour des associations de soutien aux employés du service public de santé, le National Health Service (NHS), les volontaires venus les aider et les patients.

Mais la générosité du public a dépassé toutes ses attentes, grimpant en flèche et dépassant vendredi soir les 20 millions de livres, soit 23 millions d’euros.

Jeudi, « Capitaine Tom » a accompli les dernières mètres en veste bardée de médailles et cravate, appuyé sur son déambulateur, entre deux rangées de militaires au garde à vous.

« Je me sens bien et j’espère que vous allez tous bien », a déclaré cet ingénieur de formation au micro de la BBC. « C’est une incroyable somme d’argent ».

Sa fille Hannah, également sur la BBC, que l’ancien combattant comptait « continuer de marcher tant que les gens pensent que ca vaut le coup d’investir » dans cette cause.

C’est un effort « héroïque » qui a « touché le coeur de la Nation » et que Boris Johnson cherchera à saluer d’une manière ou d’une autre, a commenté jeudi le porte-parole du Premier ministre au moment où les appels à décerner une médaille au presque centenaire se multiplient.

Des membres du NHS, qui sont applaudis chaque jeudi soir par la population, ont rendu hommage au vieil homme. A l’hôpital universitaire Aintree de Liverpool (Nord), une employée en blouse bleue a ainsi brandi une pancarte « Captain Tom!!! » constellée de coeurs, essuyant ses larmes.

Bien que le défi de l’ancien soldat soit terminé, les dons continuent d’affluer. Près d’un million de personnes ont répondu à son appel, dont le prince William, a indiqué le palais de Kensington sans révéler le montant de son geste.

Tom Moore est devenu « une véritable légende », a déclaré le petit-fils d’Elisabeth II sur la BBC. « Tout le monde a été inspiré par son histoire et sa détermination ».

Son exploit a fait des émules: une nonagénaire compte grimper l’équivalent de la montagne Suilven en Ecosse (731 mètres) en montant 282 fois les marches de son escalier.

Margaret Payne, 90 ans, s’est lancée dimanche dans ce défi qui doit lui prendre deux mois. Vendredi soir, elle avait déjà collecté plus de 140.000 livres pour le NHS, soit cinq fois son objectif initial.

Trump a appelé à « redémarrer l’Amérique »: et maintenant ?

Donald Trump a donné jeudi le coup d’envoi au « redémarrage de l’Amérique » sans fixer de cadre clair. Que va-t-il se passer maintenant dans la première puissance économique mondiale, où le coronavirus poursuit ses ravages ?

– Etat par Etat –

Le président américain caressait le rêve d’une reprise en fanfare. « Ce serait bien de redémarrer avec un Big Bang », déclarait-il encore le 8 avril. Lundi encore, il assurait disposer d’un « pouvoir absolu » qui lui aurait permis d’imposer aux gouverneurs des mesures de déconfinement.

Mais le scénario retenu n’est pas celui-là.

S’appuyant sur des signes de ralentissement de la pandémie, Donald Trump a fixé jeudi le cap mais les gouverneurs restent à la barre. Selon l’évolution du virus dans leur Etat, ce sont eux qui décideront du calendrier et du rythme du redémarrage.

D’après le milliardaire républicain, 29 Etats relativement épargnés par le virus pourraient très rapidement – voire immédiatement – lever les premières mesures de confinement.

Les premiers devraient être les Etats les plus ruraux qui ont pris des mesures assez souples, voire aucune, comme les deux Dakota, le Wyoming ou le Nebraska.

Au Nord, dans la région des Grands Lacs, plus touchée, plusieurs Etats espèrent rouvrir partiellement leur économie d’ici deux semaines. « J’espère avoir des assouplissements le 1er mai », a ainsi déclaré vendredi avec prudence la gouverneure du Michigan.

En revanche, les Etats les plus sévèrement touchés attendront. Le confinement a été prolongé jusqu’au 15 mai dans l’Etat de New York, le plus touché avec 15.000 morts, près de la moitié du bilan total.

« On n’est pas du tout prêt » pour un déconfinement, a renchéri vendredi le gouverneur du Maryland, Larry Hogan, qui prévoit un « pic » des contaminations la semaine prochaine dans la région de la capitale Washington.

– Secteur par secteur –

« On a un plan pour faire redémarrer l’Ohio, mais ce sera graduel, une chose après l’autre », a tweeté de son côté le gouverneur Mike DeWine.

La Floride rouvrira certaines plages pendant quelques heures dès vendredi et les parcs et restaurants pourraient suivre prochainement

Dans l’Etat de Washington (nord-ouest), le géant de l’aéronautique Boeing compte reprendre graduellement la production la semaine prochaine.

En Californie, les restaurants pourraient rouvrir, mais avec un nombre de couverts réduit de moitié et des serveurs gantés, voire masqués.

Dans la capitale fédérale, les écoles ne rouvriront pas avant les vacances d’été, a prévenu la maire.

– Une reprise sous surveillance –

Les experts répètent qu’il faut pouvoir surveiller la résurgence du virus et réagir vite le cas échéant, ce qui passe par des capacités massives de dépistage et un programme efficace de traçage de leurs contacts.

Les Etats-Unis ont connu de gros couacs au début de la pandémie avec des tests insuffisants, mais ont déployé de gros efforts depuis. Plus de 3,4 millions de personnes ont désormais été testées.

« Les capacités restent insuffisantes », a cependant déploré le gouverneur démocrate de l’Etat de New York Andrew Cuomo.

Quant à l’identification des personnes ayant croisé les malades, des applications sur téléphones portables sont à l’étude. Mais Tom Frieden, ancien directeur des Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) estime qu’il faudra recruter massivement pour avoir environ 300.000 « traceurs de contact ».

« Leur travail sera un retour aux bases de la santé publique: parler aux gens, traiter les patients comme s’ils étaient des VIP, gagner leur confiance, les aider à se souvenir », a-t-il expliqué à l’AFP.

– Les enjeux –

Dès le début, Donald Trump a affiché son impatience face à des mesures de confinement qui plombent l’économie et handicapent sa campagne de réélection.

En début de mois, il souhaitait les lever pour Pâques. Il s’est ensuite ravisé, mais ne cesse de déplorer le coût pour les entreprises et les salariés de cette mise à l’arrêt de pans entiers du pays.

De fait, plus de 22 millions de personnes se sont inscrites au chômage au cours des quatre dernières semaines, les ventes au détail ont chuté de 8,7%, la construction immobilière de 22,3%…

Partout dans le pays, des manifestants, proches des partisans les plus à droite du président, se sont rassemblés ces derniers jours pour réclamer la fin du confinement. « Nous voulons travailler » ou « Vivre libre ou mourir »: des centaines de personnes ont ainsi défilé dans le Michigan.

Soufflant sur les braises, Donald Trump a appelé dans des tweets vendredi à « LIBERER » le Michigan, le Minnesota et la Virgina, trois Etats gouvernés par des démocrates.

Mais selon un sondage Pew publié jeudi, deux tiers des Américains se disent inquiets d’une levée des restrictions trop rapide.

Afrique du Sud: l’inquiétant « cluster » de la prison d’East London

C’est l’un de ces fameux « foyers » de l’épidémie de coronavirus tant redoutés par les autorités sud-africaines. En quelques jours, pas moins de 55 détenus et 25 gardiens de la prison d’East London, dans le sud du pays, ont été déclarés positifs, à la grande inquiétude de leurs familles.

Ayanda Botha est même plus que préoccupée. Elle redoute le pire pour son neveu, incarcéré dans le centre pénitentiaire de cette ville.

« C’est une bombe à retardement », lâche-t-elle à l’AFP. « Aucune distanciation sociale n’est respectée dans cette prison, absolument aucune. Comment voulez-vous empêcher que la maladie se propage ? »

Souvent surpeuplées et insalubres, les prisons constituent l’un des nids favoris du Covid-19, qui a infecté plus de 2 millions de personnes et en a tuées au moins 145.000 dans le monde. Au point que de nombreux pays n’ont pas hésité à les vider en partie, à grands coups d’amnisties ou de remises de peine.

L’Afrique du Sud est le pays africain le plus touché par l’épidémie, avec plus de 2.600 cas dont 48 mortels.

Mais elle n’a pas libéré, pour cause de pandémie, un seul de ses 160.000 détenus incarcérés dans ses 242 établissements pénitentiaires.

Seules deux prisons ont pour l’heure rapporté des cas d’infection entre leurs quatre murs.

Le ministre de la Justice Ronald Lamola a préféré traiter la plupart des infections sur place.

Les détenus de la prison d’East London les plus malades ont bien été hospitalisés, mais les autres ont été isolés dans des cellules individuelles. Les gardiens malades ont, eux, été placés en quarantaine hors du site.

« Nous avons une confiance totale en l’efficacité de nos mesures », a assuré cette semaine le ministre Lamola, « elles permettront de libérer nos prisons du virus ».

– ‘La peur dans le regard’ –

La prison d’East London, qui accueille plus de 300 détenus et emploie quelque 80 salariés, a été entièrement désinfectée. Et comme dans tous les autres établissements du pays, les autorités y ont suspendu les visites aux détenus et renforcé leur campagne de dépistage.

Pas de quoi toutefois rassurer Ayanda Botha. « Même en faisant plus de tests, je ne suis pas convaincue qu’ils réussiront à contrôler tous les prisonniers », déplore-t-elle.

A East London, c’est un gardien qui a introduit dans la prison le Covid-19, contracté lors de funérailles dans la ville voisine de Port-Elizabeth.

Le ministère a assuré étudier des mesures pour prévenir ce type de contaminations à l’avenir.

Deux autres cas d’infection pénitentiaire ont été officiellement recensés dans la même province du Cap-Oriental, dans le centre de détention de Saint-Albans.

Leur confirmation a causé un vent de panique dans les cellules. « Les détenus ne l’ont pas pris à la légère, ils ont vraiment peur », a confié sous couvert d’anonymat à l’AFP une animatrice sociale qui intervient dans l’établissement. « J’ai vu la peur dans les yeux de certains d’entre eux. »

« Vu la surpopulation, ça peut se propager très rapidement. Le personnel pénitentiaire a adopté des mesures d’urgence pour l’empêcher », a-t-elle ajouté en mentionnant la distribution de masques et de gants aux détenus.

« Le dépistage a été intensifié aussi bien à East London qu’à Saint-Albans », insiste l’animatrice. « Le personnel comme les détenus sont testés dans des pièces séparées et toutes les règles d’hygiène sont appliquées. »

Incarcéré à Saint-Albans, le frère de Mavuyi Themba a été testé positif au nouveau coronavirus. Il est inquiet mais fait confiance au personnel pour protéger les détenus.

« Je vois le travail qu’ils font pour lutter contre la maladie et je suis plutôt optimiste », assure M. Themba à l’AFP. « Il y a beaucoup de monde là-dedans, mais les gardiens font de leur mieux pour isoler les malades et appliquer les règles d’hygiène. »

Covid-19: quel est ce labo chinois pointé du doigt?

Au sommet d’une colline à Wuhan, un laboratoire de virologie conçu avec l’aide de la France nourrit les soupçons américains sur l’origine du Covid-19, apparu dans cette métropole du centre de la Chine.

Selon la plupart des scientifiques, le nouveau coronavirus a probablement été transmis à l’homme depuis un animal. Un marché de la ville a été incriminé car il aurait vendu des animaux sauvages vivants.

Mais l’existence à quelques kilomètres de là d’un Institut de virologie alimente depuis des mois les hypothèses d’une fuite du SARS-CoV-2 depuis ces installations sensibles.

A la suite d’articles de presse, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a évoqué cette semaine une « enquête » pour creuser cette théorie, qui ne s’appuie pour l’instant sur rien de très tangible.

Voici les principales questions sur l’Institut de virologie de Wuhan:

Quel est ce site ?

Selon le quotidien Washington Post, l’ambassade des Etats-Unis à Pékin, après plusieurs visites à l’institut, a alerté en 2018 les autorités américaines sur des mesures de sécurité apparemment insuffisantes dans un laboratoire qui étudiait les coronavirus issus de chauves-souris.

La chaîne américaine Fox News, citant « plusieurs sources » anonymes, a incriminé le laboratoire P4 (pour pathogène de classe 4) du site. Il s’agit d’une installation de très haute sécurité, qui héberge les souches les plus dangereuses des virus connus — comme Ebola.

Ce lieu ultrasensible a été réalisé avec la collaboration de la France. Il permet de mener des recherches de pointe. Ambition: réagir plus rapidement à l’apparition de maladies infectieuses.

D’un coût d’environ 40 millions d’euros, le laboratoire a été financé par la Chine. Les chercheurs y travaillent en confinement absolu. Il existe moins d’une trentaine de P4 dans le monde, dont la moitié aux Etats-Unis.

L’Institut de virologie de Wuhan possède par ailleurs la plus grande collection de souches de virus en Asie, avec 1.500 spécimens différents, selon son site internet.

Bien que la presse américaine évoque à chaque fois le P4, les germes moins pathogènes comme les coronavirus sont en théorie plutôt étudiés dans les P3, un type de laboratoire dont dispose également l’institut.

Interrogé, l’institut a refusé de répondre aux questions de l’AFP. Le chercheur français qui y travaille n’a pas voulu non plus s’exprimer, invoquant son « devoir de réserve ».

L’AFP n’est donc pas en mesure de confirmer formellement que des coronavirus ont bien été étudiés avant l’épidémie dans ces laboratoires.

Est-ce la source du coronavirus?

Rien ne permet de le dire.

Le Washington Post et Fox News citent des sources anonymes. Ces dernières font part de leur inquiétude quant à une potentielle fuite accidentelle du virus.

Selon la chaîne de télévision, le « patient zéro » à l’origine de l’épidémie pourrait être un employé de l’institut, contaminé, qui aurait ensuite diffusé sans le vouloir l’agent pathogène ailleurs à Wuhan.

Interrogé sur cette hypothèse, le président américain Donald Trump a déclaré entendre « de plus en plus cette histoire ». D’après lui, elle fait actuellement l’objet d’un « examen très approfondi » de Washington.

Plusieurs théories incriminant l’Institut de virologie de Wuhan, plus ou moins exubérantes, ont fleuri ces derniers mois sur internet.

L’institut avait publié en février un communiqué démentant les premières rumeurs.

Il avait également déclaré avoir reçu dès le 30 décembre des échantillons du virus alors inconnu qui circulait à Wuhan (identifié ensuite comme le SARS-CoV-2), avoir séquencé son génome le 2 janvier puis avoir transmis ces informations à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 11 janvier.

L’OMS avait effectivement indiqué avoir reçu la séquence du génome le 11 janvier de la Chine.

Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a rejeté vendredi les accusations américaines visant l’institut.

« Toute personne sensée comprend vite que l’objectif de ces allégations est de créer la confusion, de détourner l’attention et de fuir ses responsabilités », a-t-il déclaré.

Que disent les scientifiques ?

De l’avis de nombreux chercheurs, le nouveau coronavirus est sans doute né chez la chauve-souris. Ils pensent toutefois qu’il est passé par une autre espèce avant de se transmettre à l’homme.

Des scientifiques chinois ont affirmé que cet animal intermédiaire pourrait être le pangolin, petit mammifère menacé d’extinction car exploité en raison de ses écailles.

Seulement voilà: des études publiées par d’autres chercheurs chinois dans des revues scientifiques réputées affirment que le premier patient connu n’a pas fréquenté le marché de Wuhan incriminé.

« L’origine de l’épidémie est toujours une question en suspens », déclare à l’AFP Filippa Lentzos, chercheuse en biosécurité au King’s College de Londres.

Rien ne vient accréditer l’hypothèse d’une fuite de virus depuis un laboratoire et il n’existe « aucune vraie preuve » que le nouveau coronavirus provienne bien du marché de Wuhan, souligne-t-elle.

Coronavirus: l’armée marocaine en renfort, prête à un afflux de patients

L’armée marocaine a mobilisé tous ses moyens médicaux pour aider les hôpitaux publics à gérer la pandémie de Covid-19 et faire face à un éventuel afflux massif de patients, comme l’a dit l’état-major médical lors d’une visite pour la presse étrangère.

« La crise nous a incités à envoyer en renfort des équipes médicales pour qu’il y ait une prise en charge correcte, pour faire un état des lieux, améliorer les équipements » et renforcer les effectifs de la santé publique, explique le colonel major Zbir El Mehdi, médecin chef de l’hôpital militaire de Rabat.

Les hôpitaux militaires ont été réorganisés pour accueillir le maximum de patients.

Deux structures de campagne ont été déployées dans la région de Casablanca, des équipes médicales comprenant médecins et infirmières ont été envoyés dans 45 structures à travers le pays pour « assurer une prise en charge correcte » des patients, selon la même source.

« On domine encore la situation », souligne le colonel Zbir El Mehdi. Ainsi, l’hôpital militaire de Rabat accueille actuellement 30 patients hospitalisés pour 144 lits disponibles et 30 en isolement.

Cet hôpital modèle est considéré comme la structure médicale la plus moderne du pays. Plusieurs chefs d’Etat africains y sont venus se faire soigner par le passé.

Plus de 70% de ses capacités sont désormais dédiées au nouveau coronavirus, avec une réorganisation complète de ses circuits d’accueil.

Son centre de virologie et des maladies infectieuses se consacre entièrement au dépistage de la maladie Covid-19, avec plus de 6.000 tests menés depuis la mobilisation décrétée par le roi, selon les chiffres communiqués à la presse.

Les effectifs militaires dédiés à la pandémie ne sont pas connus. L’armée marocaine compte plus de 170.000 actifs, selon des estimations.

Le Maroc décomptait vendredi 2528 cas de contamination, avec 133 décès et 273 guérisons. Environ 12.000 tests ont été menés dans ce pays de 35 millions d’habitants.

Pour limiter la contagion, le royaume a imposé des mesures de confinement, sous contrôle étroit des forces de l’ordre, après avoir suspendu les liaisons aériennes et fermé ses frontières.

Et même si le nombre de patients hospitalisés semblait marquer le pas cette semaine, selon le ministère de la Santé, les autorités n’excluent pas de prolonger l’état d’urgence sanitaire au-delà du 20 avril. Le ramadan, grande période de sociabilisation au Maroc, doit commencer le 24 avril.

Confinement: bien en sortir pour éviter d’y retomber

Le verrou du confinement va s’entrouvrir dans plusieurs pays ces prochaines semaines, mais il faut le faire avec prudence et méthode : le risque d’une sortie ratée, c’est une deuxième vague épidémique et l’obligation de revenir à cette mesure extrêmement lourde économiquement et socialement.

« Au moment où la décision (du confinement) a été prise, c’était notre seule arme pour espérer amorcer le contrôle de l’épidémie » de Covid-19, « en diminuant le nombre d’hospitalisations et de passages en réanimation », dit à l’AFP l’épidémiologiste française Dominique Costagliola.

Mais cette mesure prise « dans l’urgence » n’est « pas supportable au long cours, ni pour les personnes ni pour le pays », ajoute-elle.

« Le confinement est une invention chinoise », déclare de son côté à l’AFP Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève.

« La version chinoise appliquée avec rigueur et violence à Wuhan (d’où est partie l’épidémie, ndlr) ayant semblé avoir eu des effets, les pays les moins préparés, c’est-à-dire la plupart des pays occidentaux, n’ont pas eu d’autre choix que d’appliquer une version adaptée lorsqu’ils se sont retrouvés en face de la vague pandémique », poursuit-il.

Mais « les effets sociaux, économiques et sanitaires du confinement s’accumulent, et il arrivera un point de bascule où ses coûts dépasseront ses bénéfices », prévoit la Pr Linda Bauld, spécialiste de santé publique à l’Université d’Edimbourg (Ecosse).

La plupart des experts s’accordent à dire que le confinement a sauvé des milliers de vie.

Le revers de la médaille est une récession économique mondiale, d’un niveau historique. Elle a poussé l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI) à nommer cette crise « Grand confinement », sur le modèle de la « Grande dépression » de 1929.

S’y ajoutent des risques sociaux redoutés par les spécialistes : accroissement des inégalités, violences domestiques, montée de l’anxiété et de la consommation d’alcool, aggravation des problèmes de santé autres que le Covid-19…

Encouragés par des signes de ralentissement de l’épidémie (tassement des hospitalisations et des morts), plusieurs pays envisagent un allègement de leurs mesures de confinement, en rouvrant progressivement les écoles et en renvoyant les confinés au travail.

– Un parcours de funambule –

En Europe, l’Allemagne, la France, la Belgique, la Suisse, le Danemark, l’Italie ou l’Espagne, parmi d’autres, sauteront le pas d’ici la mi-mai ou y réfléchissent. Donald Trump, lui, a jugé qu’il était temps de « faire redémarrer l’Amérique ».

Quel que soit le pays, la sortie ressemblera davantage au parcours d’un funambule qu’à une autoroute vers la liberté. Le balancier dont dépendra l’équilibre? Le nombre de personnes contaminées en moyenne par chaque malade (ou « taux de reproduction »).

Avant le confinement, « il était à 3,4 ou 3,5 », selon le président du comité scientifique qui conseille les autorités françaises, Jean-François Delfraissy.

La France comme l’Allemagne assurent que le confinement a fait descendre ce chiffre sous 1, barre qui correspond au contrôle de l’épidémie. Mais l’allègement le fera mécaniquement remonter, puisque le confinement empêche le virus de circuler. La marge de manoeuvre est donc très étroite.

« A 1,1, nous pourrions atteindre les limites de notre système de santé en termes de lits en réanimation d’ici octobre », a prévenu cette semaine la chancelière allemande Angela Merkel. « A 1,2, nous atteindrons les limites de notre système de santé en juillet. Avec un taux à 1,3 nous y arriverons déjà en juin ».

« Le fond du problème avec la décision du confinement, c’est que la sortie nous ramène automatiquement au point de départ : la situation d’avant le confinement », assure à l’AFP l’épidémiologiste français Laurent Toubiana.

Voix discordante dans la communauté scientifique, il juge que les conséquences négatives du confinement sont « sans commune mesure » avec celles de l’épidémie elle-même.

A cause de cette marge de manoeuvre étroite, l’allègement sera très progressif. « On ne va pas passer du noir au blanc, mais du noir au gris foncé », a insisté le Pr Delfraissy.

– Singapour: « l’avertissement » –

Surtout, il doit s’accompagner d’une stratégie qui a porté ses fruits en Corée du Sud, pays fréquemment cité en exemple : tester massivement, mettre en quarantaine les cas positifs, et tracer les personnes avec lesquelles ils ont été en contact, pour les tester à leur tour.

Or, cette stratégie est impossible à mettre en oeuvre « sans que les moyens nécessaires soient en place », souligne Dominique Costagliola.

Ces moyens, ce sont un nombre de tests suffisant et une logistique permettant d’assurer le traçage des malades potentiels, avec des applications numériques, mais pas seulement.

La Corée du Sud avait « une brigade de 20.000 personnes » pour réaliser ces procédures appelées contact tracing, a rappelé le Pr Delfraissy, qui met en garde contre le « fantasme » du tout-numérique.

En outre, même quand elles fonctionnent, les stratégies plus légères que le confinement ne sont pas une garantie sur le long terme.

Après avoir d’abord contrôlé l’épidémie grâce à une politique similaire à celle de la Corée du Sud, Singapour combat aujourd’hui une deuxième vague d’infections, et a dû cette fois se résoudre à des mesures sévères, dont la fermeture de la majorité des lieux de travail.

« Singapour devrait être un avertissement pour nous tous », a commenté sur Twitter le Pr Vincent Rajkumar, du réseau hospitalier américain Mayo Clinic.

« Il est possible qu’aucune des options seules ne soient suffisantes pour contrer les vagues pandémiques ultérieures (…) et qu’il soit nécessaire de les combiner pour parvenir aux meilleurs résultats sanitaires, tout en préservant au mieux la vie sociale et économique de nos pays », prédit le Pr Flahault.

C’est ce que dit aussi une étude américaine parue cette semaine dans la revue Science : selon elle, il faudra sans doute alterner entre périodes de confinement et d’ouverture jusqu’en 2022, le temps de découvrir des traitements efficaces ou un vaccin.

Chine: avec retard, le bilan du virus bondit de 40%

Un nombre de morts qui s’alourdit brutalement de près de 40%: le bilan chinois du coronavirus compte depuis vendredi près de 1.300 décès supplémentaires, alors même que les critiques s’accumulent à Paris, Londres et Washington envers la gestion de l’épidémie par Pékin.

La ville de Wuhan (centre de la Chine), où le virus est apparu fin 2019, a révisé à la hausse sa totalisation du nombre des victimes du Covid-19, annonçant 1.290 décès supplémentaires.

Ce nouveau décompte porte à 4.632 le bilan des décès enregistrés dans le pays le plus peuplé du monde, trois mois après l’annonce d’un premier mort du coronavirus le 11 janvier.

Dans un communiqué, la ville mise en quarantaine de fin janvier à début avril a expliqué qu’au plus fort de l’épidémie, certains patients étaient décédés chez eux faute de pouvoir être pris en charge par les hôpitaux.

Ils n’avaient donc pas été comptabilisés jusqu’à présent dans les statistiques officielles, qui ne prennent en compte que les personnes décédées à l’hôpital.

Commentant ces chiffres et les doutes venus de l’étranger quant à la maîtrise de l’épidémie sur le sol chinois, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a reconnu « des retards, des omissions et des imprécisions » dans l’enregistrement des décès. Mais il a démenti toute « dissimulation » de la part de Pékin.

– « Questions difficiles » –

Le pouvoir chinois affirme avoir largement endigué l’épidémie mais, à l’étranger, de nombreuses voix mettent en doute le bilan des autorités.

Le président français Emmanuel Macron a ainsi estimé jeudi qu’il existait des zones d’ombre dans la gestion de l’épidémie par la Chine, déclarant au quotidien Financial Times qu’il y avait « manifestement des choses qui se sont passées qu’on ne sait pas ».

Le Royaume-Uni, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, a averti Pékin qu’il devrait répondre à des « questions difficiles sur l’apparition du virus, et pourquoi il n’a pas été stoppé plus tôt ».

L’administration américaine accuse de son côté depuis des semaines le régime communiste d’avoir « dissimulé » la gravité de l’épidémie.

– Transparence totale –

La révision annoncée vendredi reste très en-deçà de certaines estimations qui circulent en Occident, relève le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’Université baptiste de Hong Kong.

Elle ne suffira pas « à juguler les doutes dans le reste du monde à l’égard des chiffres chinois », ajoute-t-il, notant que le bilan affiché par Pékin est largement inférieur à celui des pays européens, pourtant beaucoup moins peuplés.

Si Wuhan et sa province, le Hubei, ont été placées en quarantaine à partir du 23 janvier, des milliers de personnes potentiellement contaminées ont pu se répandre dans le reste du pays avant cette date, souligne le sinologue.

Quant à l’armée, largement mobilisée à Wuhan pour combattre le virus, elle ne compte officiellement aucun cas de contamination dans ses rangs, s’étonne-t-il.

En relevant le bilan, le régime cherche « à projeter une image de transparence totale », relève le sinologue Willy Lam, de l’Université chinoise de Hong Kong. Mais la totalisation pourrait s’envoler si toutes les provinces révisent à leur tour leurs bilans, prévoit-il.

– Dents de scie –

Avec un système politique qui pousse à cacher les mauvaises nouvelles, les autorités locales ont dans un premier temps tenté d’étouffer l’information.

Des médecins qui avaient alerté leur entourage ont été convoqués par la police. L’un d’entre eux, le docteur Li Wenliang, décédé du Covid-19 début février, fait désormais figure de héros national.

La comptabilisation des cas de contamination a depuis évolué en dents de scie. Mi-février, elle a brusquement augmenté de 15.000, lorsque les autorités du Hubei ont décidé d’inclure les malades dépistés « cliniquement », par exemple via une radio des poumons.

Mais ces patients ont finalement été retirés des statistiques à la fin du même mois.

Plus récemment, le ministère de la Santé a commencé à dénombrer les porteurs asymptomatiques du virus, à savoir ceux qui sont contaminés sans être malades.

Sur les réseaux sociaux, la plupart des commentateurs saluaient la révision des statistiques, avec parfois une pointe d’insolence en direction du pouvoir: « on dirait que vous ressentez la pression de l’étranger, non? Pas facile d’embrouiller tout le monde avec cette épidémie… Il vaudrait mieux être honnête ».

En Afrique du Sud, des médecins mettent au point une boîte pour isoler les malades du Covid-19

Des médecins sud-africains ont conçu un outil inédit pour isoler les patients atteints du Covid-19 et protéger au mieux le personnel soignant: une boîte en plexiglas, à trois côtés et plusieurs trous qui couvre le visage et le torse des malades.

« On a regardé ce qui existait déjà sur le marché et on a trouvé une boîte toute simple avec deux trous. On l’a essayée mais on ne l’a pas jugée assez efficace » notamment pour les intubations, a expliqué à l’AFP la Dr Feroza Motara, à la tête des urgences de l’hôpital public Charlotte Maxeke à Johannesburg.

Son équipe a donc planché et conçu une boîte plus adaptée que le modèle taïwanais déjà disponible.

Derrière son masque chirurgical doublé d’un masque en plexiglas, Jana Du Plessis, médecin sud-africaine, en fait la démonstration en intubant un mannequin. « Cette boîte va créer un espace hermétique » autour du malade, explique la jeune femme de 32 ans.

Pour certains actes médicaux, « il faut débrancher le patient de son respirateur, et s’il tousse ça peut être très dangereux pour le personnel », détaille-t-elle.

« En faisant en sorte que tout cela se fasse à l’intérieur de la boîte, on isole le patient, et donc le virus ne peut pas contaminer d’autres patients ou l’équipe soignante », ajoute la Dr Du Plessis.

Deux sociétés sud-africaines ont financé une première série de 500 boîtes de ce type, baptisées « intuboxes », aussitôt distribuées à des établissements hospitaliers publics et privés en Afrique du Sud.

Des discussions sont en cours pour en fabriquer un millier d’autres.

Le brevet de cette « intubox », facturée 200 dollars (183 euros) l’unité, va être mis gracieusement à la disposition d’autres fabricants intéressés.

La Dr Motara explique avoir déjà reçu des appels intéressés du monde entier, « de l’Amérique, à Dubaï et en passant par le reste de l’Afrique ».

Elle a cependant rappelé que l' »intubox » ne remplaçait en rien les équipements de protection. « La boîte ne signifie pas qu’on oublie tout le reste », a-t-elle souligné.

L’Afrique du Sud est le pays d’Afrique subsaharienne le plus touché par la pandémie de Covid-19 avec 2.506 cas confirmés, dont 34 décès.