Abidjan, 21 février 2025 – Dans une ambiance empreinte de solennité et de renouveau, le camp militaire du 43ᵉ Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMA) de Port-Bouët a été officiellement rétrocédé hier par l’armée française aux Forces Armées de Côte d’Ivoire. En effet, cette rétrocession historique, scellé lors d’une cérémonie d’une rare intensité symbolique, marque la fin d’une ère de plus de cinquante années de présence française sur le sol ivoirien et l’aube d’un partenariat repensé pour l’avenir.
Rétrocession : un acte de transmission au cœur de Port-Bouët
Au sein même de la caserne résonnait le fracas des pas de soldats et le murmure attentif d’une foule rassemblée pour assister à ce moment décisif. La cérémonie, orchestrée avec une précision quasi chorégraphique, fut ponctuée de gestes forts : le lever du drapeau ivoirien, succédant au dernier battement du drapeau tricolore, ainsi que le dévoilement d’une arche majestueuse inscrite du nom « Camp Militaire GCA Ouattara Paul Thomas d’Aquin ». Ce nom, choisi en hommage au premier Chef d’État-Major des Forces Armées ivoiriennes, incarne l’héritage et le prestige d’un militaire dont la carrière exemplaire a contribué à forger l’identité de l’armée nationale.
Des discours qui tracent la voie du renouveau
En plus, lors de cet événement solennel, Téné Birahima Ouattara, Ministre d’État et de la Défense, souligna avec force la volonté de pérenniser une coopération stratégique fondée sur le respect mutuel et l’innovation. « La rétrocession de ce camp est bien plus qu’un simple transfert de propriété ; elle symbolise notre désir partagé de bâtir une sécurité collective adaptée aux réalités contemporaines », déclara-t-il avec une assurance mesurée. À ses côtés, le Ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, rappela que « la France transforme sa présence et ne disparaît pas » : un détachement interarmées de 80 soldats continuera d’appuyer les forces ivoiriennes dans des missions de formation et de soutien opérationnel, garantissant ainsi une transition harmonieuse vers un dispositif de défense modernisé.
Un contexte historique et stratégique
Érigée en 1978, la base militaire de Port-Bouët fut longtemps le théâtre d’opérations d’envergure et un point d’ancrage dans la politique de présence française en Afrique. Dans le sillage de récentes réorientations géostratégiques en faveur d’une présence militaire plus flexible et moins intrusive, la rétrocession de cette installation s’inscrit dans une dynamique de redéfinition des relations bilatérales. Pour la Côte d’Ivoire, cette transition représente un atout majeur pour renforcer son autonomie en matière de défense, tout en consolidant des liens historiques et amicaux avec la métropole.
Le choix de nommer le camp en l’honneur du Général Ouattara Thomas d’Aquin n’est pas anodin. Véritable pionnier, ce militaire a su, dès l’indépendance, poser les jalons d’une armée ivoirienne moderne et structurée. Son parcours exemplaire et son attachement indéfectible à la patrie font de ce geste un hommage durable, invitant les nouvelles générations à puiser dans l’histoire pour forger l’avenir.
Rétrocession : Perspectives et implications pour la sécurité régionale
Au-delà de son aspect symbolique, la rétrocession du camp de Port-Bouët traduit une volonté partagée de réorienter la coopération militaire vers une approche plus partenariale et opérationnelle. Les discussions qui ont mené à cet accord, entamées il y a plusieurs années, témoignent d’une longue concertation entre les responsables des deux nations. Dans un contexte régional marqué par des défis sécuritaires croissants, cette démarche offre aux Forces Armées de Côte d’Ivoire une plateforme stratégique d’entraînement et de déploiement, susceptible de contribuer significativement à la stabilité de l’ensemble de la sous-région.
En somme, ce transfert, empreint d’histoire et de modernité, incarne une rupture constructive avec un passé colonial pour inaugurer une ère de coopération renouvelée. En réaffirmant son engagement à accompagner la Côte d’Ivoire dans sa quête d’autonomie sécuritaire, la France ouvre ainsi la voie à des échanges renforcés et à une alliance durable, fondée sur le respect mutuel et l’ambition partagée de relever les défis du XXIe siècle.
Ce moment charnière résonnera sans doute longtemps dans les mémoires, invitant à une réflexion approfondie sur les modalités d’une défense collective adaptée aux enjeux contemporains, tout en célébrant l’héritage d’un grand homme et la résilience d’une nation.