Des thermes romains conçus pour être le joyau de Pompéi mais détruits par l’éruption volcanique de l’an 79 ont été ouverts lundi au public, qui a aussi pu découvrir l’émouvante histoire d’un petit squelette…
Piliers et blocs de marbre se trouvent là où ils ont été laissés lorsque la cité antique fut submergée par les coulées pyroclastiques du Vésuve pendant la catastrophe.
Il en est de même du squelette d’un enfant qui y avait cherché refuge en vain et a été sorti de l’oubli par la dernière campagne de fouilles.
Les architectes de l’époque « s’étaient inspirés des thermes de l’empereur Néron à Rome, les salles devaient être plus grandes et plus légères, avec des bassins de marbre », a déclaré à l’AFP le directeur du site archéologique de Pompéi, Massimo Osanna.
« Ce furent des fouilles chargées d’émotion », a déclaré pour sa part Alberta Martellone, l’archéologue qui a dirigé un anthropologue, un géologue et un vulcanologue dans l’étude du squelette de l’enfant, mort entre huit et dix ans.
« Il ou elle cherchait un abri et au lieu de cela a trouvé la mort », raconte-t-elle.
– « Vie interrompue » –
Ces fouilles ont aussi été « émouvantes d’un point de vue architectural, parce qu’il est inhabituel de trouver un bâtiment aussi grand, avec des pièces aussi vastes, dans cette ville construite de manière si dense », explique l’archéologue.
Le chantier avec son petit squelette est « le symbole d’une vie interrompue ».
A l’origine, les bains publics de la ville étaient plus petits, sombres et souvent surpeuplés. Le nouveau complexe aurait fourni un cadre plus luxueux à ceux qui en avaient les moyens, à savoir la plupart des citoyens, mais pas les esclaves.
Des fouilles récentes à Pompéi ont abouti à plusieurs découvertes importantes, y compris une inscription découverte l’an passé qui prouve que la cité a été détruite après le 17 octobre 79 et non le 24 août comme on le pensait jusque-là.
Il y a quelques semaines, les archéologues ont découvert une fresque représentant un gladiateur en armure se tenant debout victorieux alors que du corps de son adversaire terrassé jaillissait le sang.
La fresque se trouve dans ce qui était, il y a 20 siècles, une taverne qui devait accueillir combattants et prostituées.
En plus des thermes, le public peut depuis lundi visiter une petite domus (demeure) avec une fresque représentant l’union du dieu Jupiter transformé en cygne et Léda, l’épouse de l’épouse de Tyndare roi de Sparte.
De l’autre côté de la rue du Vésuve, la surprenante Maison des cupidons d’or a rouvert ses portes après des travaux réalisés sur ses sols en mosaïque.
– Le défi du climat –
Alors que les chasseurs de trésors ont pillé Pompéi à travers les siècles à la recherche de bijoux ou d’objets précieux, des zones entières du site restent aujourd’hui encore inexplorées.
Chaque découverte aide les historiens à comprendre non seulement ce qu’était la vie dans l’antique cité, mais aussi ce qui s’est passé dans ses dernières heures tragiques, lorsque le ciel s’est chargé de feu et de cendres, a expliqué Massimo Osanna.
Le projet Grand Pompéi, financé en partie par l’UE, s’achèvera à la fin de l’année, mais le gouvernement italien a alloué 32 millions d’euros pour la poursuite des fouilles.
Les événements météorologiques violents causés par le changement climatique « sont notre plus grand défi », a ajouté M. Osanna, dont le nouveau livre « Pompéi, il tempo ritrovato » (Pompeï le temps retrouvé, Rizzoli) décrit la course pour préserver ce site vulnérable inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Nous avons 50 personnes – restaurateurs, archéologues, architectes, ingénieurs – sur place en permanence, qui effectuent des inspections et interviennent si nécessaire, et ce nombre passera à 70 l’année prochaine », a-t-il précisé.
La cité de ruines, près de Naples, est le deuxième site touristique le plus visité d’Italie, derrière le Colisée de Rome, avec un peu moins de quatre millions de visiteurs en 2019.