Les talibans ont annoncé lundi mettre un terme à la trêve partielle instaurée le 22 février et reprendre leur offensive contre les forces de sécurité afghanes, deux jours seulement après la signature d’un accord historique avec les Etats-Unis.
Un attentat, non revendiqué, a été rapporté au même moment. L’explosion d’une moto piégée durant un match de football a tué au moins trois civils et en a blessé onze autres, a déclaré à l’AFP Sayed Ahmad Babazai, le chef de la police de la province de Khost (Est).
Les trois tués sont trois frères, a indiqué Abdul Fatah Wakman, le président de la fédération de football de Khost.
A Washington, le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a déclaré : « Nous ne savons pas exactement qui est responsable pour l’instant.
« Je mets en garde les gens qui pensent qu’il y aura une cessation absolue des violences en Afghanistan », a-t-il ajouté.
L’attentat intervient après neuf jours de trêve partielle, durant lesquels le nombre d’attaques s’était effondré en Afghanistan, à la grande satisfaction de la population, qui avait enfin pu respirer après quatre décennies de conflit.
La période de réduction des violences « a pris fin et nos opérations vont revenir à la normale », a déclaré lundi à l’AFP Zabihullah Mujahid, le porte-parole des insurgés.
« Conformément à l’accord (américano-taliban), nos moudjahidines n’attaqueront pas les forces étrangères, mais nos opérations continueront contre les forces du gouvernement de Kaboul », a-t-il poursuivi.
La commission militaire du mouvement a diffusé un document, transmis à l’AFP par une source talibane, demandant à ses combattant de relancer leurs opérations contres les forces afghanes.
Dans la province de Badghis (Nord-Ouest), « les talibans ont commencé à attaquer les positions de l’armée (…) vers 15H00 (10H30 GMT). Un soldat a été tué et un autre blessé », a rapporté un haut gradé.
« Nous attendons des talibans qu’ils soient sérieux en ce qui concerne leurs obligations », a réagi le Général américain Austin Scott Miller, soulignant que « Les Etats-Unis ont été très clairs sur leurs attentes. Le niveau de violence doit demeurer bas ».
– ‘Levier’ –
Michael Kugelman, analyste au Wilson Center, un centre de recherche américain indépendant, s’est dit « pas surpris » par la reprise des attaques. « La violence est un levier pour les talibans (…) qu’ils exploitent pour renforcer leur capacité à négocier en vue des discussions inter-afghanes », souligne-t-il.
Dimanche, le président afghan Ashraf Ghani avait annoncé la prolongation de la trêve partielle au moins jusqu’au début des discussions inter-afghanes, prévu pour le 10 mars, et « ce pour but d’atteindre un cessez-le-feu complet ».
Mais il avait également rejeté l’un des principaux points de l’accord signé samedi à Doha par Washington et les insurgés, de la négociation duquel son gouvernement a toujours été tenu à l’écart, à savoir la libération de 5.000 prisonniers talibans en échange de celle de 1.000 membres des forces afghanes détenus par les rebelles.
Cette mesure est « un prérequis pour les discussions inter-afghanes », a toutefois rappelé Zabihullah Mujahid, illustrant les difficultés à venir pour que Kaboul et les insurgés parviennent à un compromis.
« La position de Ghani montre que les Américains n’ont pas fait les préparations nécessaires avant de signer l’accord », a réagi une autre source talibane, basée au Pakistan.
D’après l’accord de Doha, un éventuel cessez-le-feu n’est par contre qu’un « élément » des discussions à venir et non une obligation pour que celles-ci se déroulent, comme le souhaite Ashraf Ghani.
Depuis la signature de l’accord, les talibans ont été vus se réjouir en public de leur « victoire » contre les Etats-Unis.
Dans le Laghman, une province frontalière de Kaboul, 3.000 habitants et combattants talibans se sont réunis lundi pour célébrer un « accord de fin de l’occupation » ou encore la « défaite » de Washington.
Les militants se sont aussi engagés à continuer leur offensive contre le gouvernement de Kaboul jusqu’à la remise en place d’un « gouvernement islamique ».
En vertu de l’accord de Doha, les Américains et leurs alliés s’engagent à retirer toutes leurs troupes d’Afghanistan sous 14 mois si les insurgés respectent les termes de l’accord, dont l’ouverture de discussions entre les insurgés et Kaboul visant à mettre en place une paix durable.