La police sud-africaine a évacué dimanche plusieurs centaines de migrants au coeur d’un imbroglio juridique, qui campaient depuis quatre mois sur une place du centre de la très touristiques ville du Cap (sud-ouest).
Ces migrants venus d’autres pays africains sollicitent l’aide du Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) pour quitter l’Afrique du Sud, où ils ne sentent pas en sécurité depuis une vague de violences xénophobes qui a fait au moins 12 morts et d’importants dégâts en septembre dernier.
Après avoir été expulsés des locaux du HCR au Cap, ils occupent depuis octobre une église et une place sur laquelle ils avaient installé un campement de tentes.
Sollicitée par la municipalité, la justice a ordonné le mois dernier leur expulsion.
Dimanche, la police a donc investi la place, procédé à l’expulsion des réfugiés et au démantèlement de leurs installations de fortune, ont constaté des journalistes de l’AFP.
« Nous ne sommes pas des animaux ! Nous ne sommes pas des cafards », « Dieu va vous punir pendant des générations », « où est la Nation arc-en-ciel ? », ont crié des migrants en colère.
Mais la plupart ont obtempéré sans incident majeur et évacué les lieux, au moins provisoirement.
« Nous n’avons aucun endroit où aller », s’est plainte Falone Manok, une mère de quatre enfants âgée de 28 ans venue de République démocratique du Congo (RDC).
« Je leur ai dit (au HCR) que je n’étais pas en sécurité ici en Afrique du Sud, que je voulais aller ailleurs », a-t-elle ajouté, « mais depuis j’attends ».
« On ne peut pas laisser la situation perdurer car elle a un impact sur le commerce local », a justifié l’élu du Cap chargé de la sécurité, JP Smith. « Et on ne peut pas fournir de logement d’urgence (aux migrants) eu égard aux besoins non satisfaits des Sud-Africains en la matière », a-t-il ajouté.
L’Afrique du Sud accueille 268.000 réfugiés et demandeurs d’asile, selon le gouvernement. Ils viennent pour la plupart de Somalie, d’Ethiopie, du Zimbabwe, du Nigeria et de RDC.
Première puissance industrielle du continent, l’Afrique du Sud, qui accueille des millions de migrants, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage (29%), la pauvreté et des inégalités criantes.