Agadez : l'enlèvement de Claudia ébranle la communauté - Journal du niger

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Agadez : l’enlèvement de Claudia ébranle la communauté

Dans la nuit du 13 avril 2025, entre huit heures et dix heures du soir, la quiétude du quartier Dagmanett…

Dans la nuit du 13 avril 2025, l'enlèvement de Claudia, une citoyenne suisse dévouée à l'artisanat local à Agadez, soulève des questions

Dans la nuit du 13 avril 2025, entre huit heures et dix heures du soir, la quiétude du quartier Dagmanett 2 à Agadez, ville ocre du nord du Niger, s’est brisée sous le poids d’un acte audacieux et troublant. En effet, Mme Claudia, citoyenne suisse établie dans cette cité saharienne, a été arrachée à son domicile par des assaillants dont les motifs demeurent, pour l’heure, enveloppés de mystère. Ce drame, survenu dans une région où la sérénité apparente masque parfois des tensions latentes, ravive l’inquiétude, trois mois seulement après l’enlèvement de l’Autrichienne Eva Gretzmacher dans la même ville.

 

 Claudia : Une vie dédiée à l’artisanat et à l’entraide

Née au Liban, Claudia a tracé un parcours singulier avant de poser ses valises à Agadez. Après un séjour en Algérie, où elle s’est immergée dans le tourisme, elle a choisi le Niger comme terre d’adoption, séduite par la richesse culturelle du Sahel. Mariée à un Nigérien, elle s’est enracinée dans la communauté, tissant des liens profonds avec ses habitants. Son engagement s’est cristallisé dans la création d’une association vouée à soutenir les artisans locaux, un projet où elle a insufflé son énergie pour valoriser les savoir-faire traditionnels et offrir des perspectives économiques aux créateurs d’Agadez.

Cette femme, décrite comme une figure discrète, mais influente, incarnait un pont entre cultures, unissant son héritage méditerranéen à l’âme nigérienne. Son domicile, niché dans le quartier Dagmanett 2, était un havre dans lequel se mêlaient hospitalité et créativité. Pourtant, c’est dans ce sanctuaire que des intrus ont fait irruption, bouleversant une existence dévouée à l’altruisme.

 

Enlèvement de Claudia, un écho douloureux

L’enlèvement de Claudia n’est pas un fait isolé. Le 11 janvier 2025, Eva Gretzmacher, une Autrichienne de 73 ans installée à Agadez depuis près de trois décennies, avait été kidnappée dans des circonstances similaires. Cette travailleuse humanitaire, connue pour son centre de formation dédié à l’éducation et à l’autonomisation des femmes, avait suscité une mobilisation sans précédent dans la ville. Malgré les efforts des forces de sécurité nigériennes, appuyées par des groupes locaux comme l’Union des Nigériens pour la Vigilance et le Patriotisme, son sort reste incertain et aucun groupe n’a revendiqué l’acte.

La répétition de tels incidents dans une ville historiquement perçue comme un carrefour culturel plutôt qu’un foyer d’insécurité interpelle. Agadez, porte du désert, a longtemps été un lieu de passage pour commerçants, nomades et voyageurs. Mais la région, marquée par des tensions liées à l’instabilité régionale et à la présence de groupes armés, voit son image ternie par ces actes qui ciblent des résidents étrangers investis dans le développement local.

Une communauté en quête de réponses

L’annonce de l’enlèvement de Claudia a jeté un voile d’effroi sur Dagmanett 2. Les voisins, encore sous le choc, décrivent une nuit où des bruits inhabituels ont rompu le silence, suivis d’une absence qui pèse lourd. Les autorités locales, promptes à réagir, ont déployé des mesures de sécurité renforcées, tandis que le gouverneur de la région, Sadou Soloké, a convoqué des réunions d’urgence pour coordonner les recherches, comme il l’avait fait en janvier pour Gretzmacher. Pourtant, l’absence de déclarations officielles sur les circonstances précises ou les suspects alimente les spéculations.

La communauté d’Agadez, où Claudia était estimée pour son soutien aux artisans, oscille entre tristesse et détermination. Les membres de son association, dont beaucoup dépendaient de son accompagnement pour commercialiser leurs œuvres, se mobilisent pour appeler à sa libération, espérant que sa notoriété locale pèsera dans la balance.

Une région sous tension

Cet enlèvement s’inscrit dans un contexte régional complexe. Depuis le coup d’État de juillet 2023, le Niger navigue dans des eaux troubles, confronté à une insécurité croissante dans certaines zones. Si Agadez n’a pas été le théâtre de violences majeures ces dernières années, sa position stratégique, à la croisée des routes migratoires et commerciales, en fait une cible potentielle pour des groupes cherchant à marquer les esprits. La mémoire collective garde en tête l’enlèvement de cinq Français en 2010 dans la région, revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique, un précédent qui hante encore les esprits.

La Suisse, pays d’origine de Claudia, collabore avec les responsables nigériens pour éclaircir les circonstances et localiser la victime. Mais dans une région où les réseaux d’information sont parfois opaques, chaque heure qui passe rend l’attente plus pesante.

En somme, l’enlèvement de Claudia, comme celui d’Eva Gretzmacher, pose une question lancinante  : qui, et pourquoi, s’en prend à des figures dévouées au bien commun  ? Agadez, carrefour de cultures, se retrouve à un tournant, partagée entre son héritage d’ouverture et les ombres d’une insécurité grandissante. La communauté, unie dans l’espoir de revoir Claudia, attend des réponses, un signe, une lueur.

 

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