Agadez : une générosité territoriale au service de l’inclusion - Journal du niger

Société




Agadez : une générosité territoriale au service de l’inclusion

Dans l’immensité saharienne où la terre est aussi précieuse que l’eau, un geste d’une rare portée sociale vient d’être posé.…

À Agadez, le Sultan de l'Aïr octroie un terrain pour l'agriculture irriguée aux réfugiés et demandeurs d’asile, marquant un geste

Dans l’immensité saharienne où la terre est aussi précieuse que l’eau, un geste d’une rare portée sociale vient d’être posé. À Agadez, le Sultan de l’Aïr, El Hadj Oumarou, a consenti à l’octroi d’un terrain destiné à l’agriculture irriguée au bénéfice des réfugiés et des demandeurs d’asile. Ce legs territorial, loin d’être un simple don foncier, s’inscrit dans une dynamique d’autonomie et d’intégration des populations déplacées.

Un acte de souveraineté inclusive

En effet, la gouvernance traditionnelle, bien qu’ancrée dans des codes séculaires, sait parfois se réinventer pour répondre aux défis contemporains. L’initiative du Sultan de l’Aïr s’inscrit dans cette veine, où la coutume épouse les nécessités humanitaires. En offrant à des exilés un espace cultivable, il ne se contente pas de leur accorder un lieu de subsistance : il leur confère une dignité par le travail et une reconnaissance tacite dans le tissu local.

La pertinence d’une telle décision ne s’arrête pas à sa symbolique. L’accès à la terre pour les réfugiés est un levier puissant d’autonomisation, rompant avec la logique d’assistanat souvent associée aux déplacements forcés. Ici, le droit de cultiver se mue en un droit d’exister pleinement au sein de la communauté d’accueil.

Un appui institutionnel et international

En plus, la remise officielle du terrain a été l’occasion d’un échange entre plusieurs figures influentes de la gestion migratoire. M. Emmanuel Gignac, représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), et M. Mohamed Abdou, Directeur Général de l’État Civil, des Migrations et des Réfugiés, ont souligné la portée de cette initiative. Tous deux ont salué l’hospitalité des autorités locales, qui font preuve d’une ouverture exemplaire en intégrant les réfugiés dans les dynamiques économiques régionales.

Cette approche trouve également un écho auprès des instances gouvernementales. Le Général Ibra Boulama Issa, Gouverneur de la région, a réaffirmé son soutien à ce projet, insistant sur l’impérieuse nécessité de conjuguer solidarité et développement. À ses yeux, inclure les réfugiés dans les circuits de production locaux n’est pas un acte de simple bienveillance, mais une stratégie visant à consolider la cohésion sociale et à prévenir des tensions liées à la compétition pour les ressources.

À Agadez, le Sultan de l'Aïr octroie un terrain pour l'agriculture irriguée aux réfugiés et demandeurs d’asile, marquant un geste Vers une nouvelle cartographie de l’accueil à Agadez

Le cas d’Agadez illustre une mutation progressive des politiques d’hospitalité. Loin des schémas conventionnels de camps et d’assistance temporaire, la région explore une intégration active, où les populations déplacées deviennent des acteurs économiques à part entière. Ce modèle, bien que localisé, pourrait inspirer d’autres territoires confrontés aux mêmes enjeux.

Toutefois, pour que cette initiative porte ses fruits, elle devra s’accompagner d’un suivi rigoureux : accès sécurisé à l’eau, encadrement agricole et commercialisation des récoltes. La générosité foncière, bien que précieuse, ne saurait suffire à elle seule sans un écosystème de soutien durable.

À Agadez, une nouvelle page de l’histoire migratoire s’écrit, où l’accueil dépasse la simple tolérance pour se transformer en un pacte d’intégration. Reste à espérer que cette graine de solidarité germe et fructifie bien au-delà du sable saharien.

 

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