Anaïs Demoustier, qui a commencé le cinéma jeune, n’en finit pas de s’épanouir à l’écran. Récompensée par un César de la meilleure actrice pour « Alice et le maire », cette rayonnante comédienne de 32 ans y brille en conseillère d’un homme politique désabusé.
Dans ce film de Nicolas Pariser, elle incarne une jeune philosophe normalienne, intellectuelle travailleuse chargée de conseiller le maire de Lyon qui n’a plus d’idées, incarné par Fabrice Luchini.
« Anaïs Demoustier est une actrice extraordinairement douée », a dit d’elle le réalisateur. « Sa grande force est de parvenir à rendre naturel et à habiter n’importe quel texte ».
Avec ce rôle, cette trentenaire au visage parsemé de taches de rousseur complète une filmographie déjà brillante depuis qu’elle a commencé sa carrière au début des années 2000.
Ils lui ont valu plusieurs nominations aux César: deux dans la catégorie du meilleur espoir féminin, pour « Les Grandes personnes » en 2009 et « D’amour et d’eau fraîche » en 2011, et une pour le César du meilleur second rôle pour « La Villa » en 2018, sans qu’elle ait été récompensée jusqu’ici.
La comédienne aux airs sages et au regard rieur s’est imposée au fil de plus de 40 films, sous la direction de cinéastes comme Michael Haneke, Robert Guédiguian, Bertrand Tavernier, Christophe Honoré ou François Ozon.
– cinéma d’auteur –
Née le 29 septembre 1987 à Lille, fille d’un cadre commercial dans la grande distribution et d’une mère au foyer, Anaïs Demoustier a pris des cours de théâtre avant d’être repérée par un directeur de casting à l’adolescence.
Elle n’a pas encore 15 ans quand elle est choisie en 2002 pour jouer la fille d’Isabelle Huppert dans « Le Temps du Loup » de Michael Haneke. « J’ai vraiment eu l’occasion de voir ce que c’était de faire du cinéma. C’est suite à ça que j’ai voulu continuer », racontait-elle à l’AFP en 2015.
« Ça a été une espèce de choc », ajoutait l’actrice, estimant que ce film a aussi « dirigé inévitablement les propositions » qui lui ont été faites « vers un cinéma d’auteur ».
Elle passe son bac et s’inscrit en fac de Lettres avant d’enchaîner les petits rôles, puis de se faire remarquer en 2008 dans « La Belle Personne » de Christophe Honoré, aux côtés de Léa Seydoux et Louis Garrel.
Elle tourne ensuite avec Rébecca Zlotowski (« Belle Epine »), Robert Guédiguian (« Les Neiges du Kilimandjaro », puis « Au fil d’Ariane » et « La Villa », rejoignant sa « famille » de cinéma), Claude Miller (« Thérèse Desqueyroux ») ou Bertrand Tavernier (« Quai d’Orsay »), et remporte en 2011 le Prix Romy-Schneider.
– « dans l’action » –
En 2014, elle est à l’affiche de « Bird People » de Pascale Ferran, « Au Fil d’Ariane » de Robert Guédiguian ou « Une Nouvelle amie » de François Ozon.
L’année suivante, elle met sa fraîcheur au service d’un rôle d’amoureuse dans « A trois on y va » de Jérôme Bonnell – un réalisateur qui loue sa « vaillance », son « courage » et son « énergie » -.
Elle y joue le rôle de Mélodie, « une fille volontaire, qui est dans l’action », décrivait-elle. « C’est un personnage duquel je peux me sentir assez proche. Je suis dans l’action depuis assez longtemps. J’ai commencé à travailler très jeune ».
On la voit ensuite dans « Caprice » d’Emmanuel Mouret où elle incarne une jeune femme excessive éprise d’un instituteur, puis dans « Marguerite et Julien » de Valérie Donzelli, en compétition au Festival de Cannes en 2015, sur l’histoire d’un frère et d’une soeur, exécutés en 1603 pour adultère et inceste, et dans « Les Malheurs de Sophie » de Christophe Honoré.
Ces dernières années, Anaïs Demoustier a joué aussi bien chez le réalisateur de comédies absurdes et décalées Quentin Dupieux (« Au poste! ») que chez Frédéric Tellier (« Sauver ou périr » avec Pierre Niney), Félix Moati (« Deux fils ») ou Robert Guédiguian (« Gloria Mundi »).
Mère d’une petite fille qu’elle a eue avec l’acteur Jérémie Elkaïm, elle est actuellement à l’affiche du film de son frère Stéphane Demoustier « La Fille au bracelet », dans lequel elle incarne une avocate générale très offensive.