L’ancien président angolais José Eduardo Dos Santos a défendu par écrit son fils José Filomeno ainsi que l’ex-gouverneur de la Banque centrale d’Angola, jugés à Luanda pour corruption.
Dans une réponse écrite à des questions des juges datant du 6 février et présentée mardi au tribunal, l’ex-président – qui vit en Espagne – affirme que son fils et l’ex-gouverneur de la Banque centrale, Valter Filipe da Silva, ont agi « pour améliorer la vie du peuple » angolais.
Le fils de l’ex-chef de l’Etat, 42 ans, a dirigé sous le règne de son père le fonds souverain angolais, chargé d’investir une partie des revenus du deuxième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne.
La justice l’accuse d’avoir détourné 500 millions de dollars de fonds publics avec la complicité du gouverneur de la Banque centrale de l’époque, transférés en Suisse.
« J’ai autorisé le transfert des 500 millions de dollars qui étaient uniquement destinés à garantir des investissements » de 30 milliards de dollars, écrit l’ex-président angolais. Cela « a été fait pour la situation économique du pays (…) non pour l’intérêt personnel de ceux qui ont exécuté » ce transfert, ajoute-t-il.
Il a affirmé qu’il avait ordonné à M. da Silva de garder ces opérations « top secret », mais qu’il en avait informé Joao Lourenço qui lui a succédé en 2017.
Selon Sergio Raimundo, avocat de l’ex-gouverneur de la Banque centrale, la réponse de José Eduardo dos Santos « confirme que ces opérations faisaient partie du mandat donné par l’ancien président » et que son client n’avait pas cherché « à voler de l’argent ».
Placé en détention provisoire en septembre 2018, Jose Filomeno dos Santos a été libéré six mois plus tard dans l’attente de son procès, qui s’est ouvert en décembre 2019 à Luanda. Le verdict doit être prononcé le 3 mars et le fils dos Santos risque jusqu’à douze ans de prison.
L’ancien chef de l’Etat est accusé par ses détracteurs d’avoir mis le pays et son économie en coupe réglée au profit d’une poignée de membres de sa famille et de proches.
Mais, à la surprise générale, le vent a commencé à tourner dès qu’il a cédé la tête de l’Etat à son ministre de la Défense Joao Lourenço à l’issue des élections de 2017, épilogue de 38 ans de règne.
Son successeur a depuis écarté la garde rapprochée de son prédécesseur des instances dirigeantes du parti au pouvoir, des institutions et des entreprises publiques, au nom de la lutte contre la corruption.
Isabel dos Santos, fille de l’ex-président a été débarquée de la présidence de la compagnie pétrolière publique Sonangol en 2018.
La justice a ordonné le gel spectaculaire de ses comptes bancaires et de ses avoirs dans toute une ribambelle de sociétés qu’elle contrôle, dont les banques BIC et BFA et l’opérateur de téléphonie mobile Unitel.
Elle soupçonne la milliardaire et son mari, l’homme d’affaires congolais Sindika Dokolo, d’avoir détourné un milliard de dollars d’argent public.