Après vingt années de pouvoir, des stands de souvenirs russes aux librairies, des matriochkas aux chocolats, le visage de Vladimir Poutine est omniprésent.
Même si les ventes ne sont pas nécessairement colossales, son profil est devenu un élément incontournable du folklore russe proposés aux touristes russes et étrangers. Particulièrement à Saint-Pétersbourg sa ville natale.
En chef de guerre, caressant des animaux sauvages ou chevauchant un ours, Vladimir Poutine s’affiche sur à peu près tout support pouvant être vendu.
Artiste peintre et homme d’affaires, Alexeï Serguienko ne fait pas exception: dans chacun de ses 64 kiosques à souvenirs, situés autour de la cathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé, on retrouve alignées des poupées gigognes à l’effigie du président.
« Le volume des ventes des souvenirs avec Poutine ne représente que 3-4% (du total), mais c’est stable », souligne M. Serguienko, un fan de l’homme fort de la Russie qui lui a consacré une exposition en 2012, intitulée « Président. Un homme à l’âme bonne ».
On y voyait un Poutine « pop art », portant un enfant sur ses épaules sur fond de soleil flamboyant, ou arrêtant une météorite en costume de super-héros hollywoodien, des tableaux qui jouaient sur l’imagerie du « sauveur de la Nation » régulièrement mise en avant par les autorités.
-‘On s’y est habitués’ –
Aujourd’hui encore, des tablettes de chocolat emballées dans du papier représentant ces oeuvres d’Alexeï Serguienko sont vendues 150 roubles (deux euros) dans des boutiques de Saint-Pétersbourg.
Au Dom Knigi (Maison des livres), la plus grande librairie de Saint-Pétersbourg sur la prestigieuse perspective Nevski, les représentations de Poutine sont aussi inévitables.
Du simple aimant vendu une centaine de roubles au mug à 600 roubles (8,5 euros), « ça fait partie de la gamme des souvenirs, on s’y est habitués », constate Natalia, une vendeuse.
Directeur de la société « Che Guevara », spécialisée dans la vente en ligne de souvenirs à forte consonance politique, Alexeï Ivanov explique que Poutine est désormais identifié aux Russes.
« Le principal, c’est (sa) popularité, le fait qu’il soit très reconnaissable et la relation +spéciale+ (des Russes) avec cet homme », dit-il.
Car malgré une récente baisse de popularité due à la stagnation économique et une douloureuse réforme des retraites, pour la majorité des Russes, il reste, 20 ans après son arrivée au pouvoir, celui qui a sorti le pays du chaos post-soviétique, même si ce fut aux prix de libertés publiques et politiques.
Vladimir Poutine est aussi crédité pour avoir réimposé la puissance russe sur la scène internationale, avec notamment la populaire annexion de la Crimée ukrainienne en 2014.
C’est peu après ce tour de force, qu’Alexandre Savenkov, agent immobilier à Saint-Pétersbourg, a acheté son t-shirt noir à l’effigie du président.
« Je le mets de temps en temps, surtout lorsque je suis en vacances à l’étranger », s’amuse le quadragénaire.
« Poutine est un leader fort, je le respecte pour cela », poursuit-il.
-« Jusqu’à la fin de ma vie »-
Pour Andreï Stepanov, un ingénieur péterbourgois de 60 ans, tout ça c’est trop.
« J’ai déjà l’impression d’habiter en Corée du Nord, le Grand Poutine est partout: à la télé, aux journaux, ses portraits sont dans tous les établissements officiels et même sur les souvenirs, c’est trop », regrette-t-il.
Le Kremlin dit aussi trouver qu’il y a des excès. Son porte-parole, Dmitri Peskov a ainsi jugé « inappropriée » la récente mise en vente à l’aéroport de Saint-Pétersbourg d’imitations d’icônes orthodoxes représentant Vladimir Poutine.
« Nous ne l’approuvons pas. Le président lui-même ne l’approuve pas, on peut difficilement appeler ça des icônes », a-t-il déclaré en réponse à une question de l’AFP.
La présidence russe a néanmoins mis en ligne un site entier de photos et vidéos souvenirs retraçant les 20 années au pouvoir de M. Poutine: en compagnie d’homologues, à la pêche, avec un bébé tigre, l’arme à la main, au volant d’une voiture de course ou commandant des unités militaires.
Les bibelots estampillés Poutine risquent en tout cas de rester incontournables longtemps, regrette Sergueï, qui en vend dans le centre-ville de Saint-Pétersbourg.
« Je me demande si je continuerai à les vendre jusqu’à la fin de ma vie et j’ai peur que la réponse soit positive! », dit le jeune homme d’une trentaine d’années.