Helene Sourou, Author at Journal du niger - Page 11 sur 134

Mali : Après les tragédies de l’orpaillage, une poigne ferme pour un renouveau espéré

Le sol malien, riche de promesses dorées, a récemment été le théâtre de drames qui ont ébranlé la nation. Le 29 janvier 2025, à Kokoyo, petit hameau niché dans le cercle de Kangaba, puis le 14 février à Bilalikoto, dans celui de Kéniéba, des accidents sur des sites d’orpaillage artisanal ont semé la désolation. Des vies fauchées, des espoirs ensevelis sous la poussière, et une urgence criante de redresser une activité aussi lucrative que périlleuse. Face à cette saignée humaine et écologique, le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, a choisi la voie de l’action résolue. Ce mercredi, lors d’un Conseil des ministres aux allures de tournant, des mesures incisives ont été dévoilées, témoignant d’une volonté farouche de conjurer le chaos.

Un couperet administratif sans trembler

Le premier écho de cette fermeté a retenti dans les couloirs de l’administration. Les responsables locaux, qu’ils soient préfets, sous-préfets ou gardiens des services des Eaux et Forêts, de l’assainissement, du contrôle des pollutions ou des mines, ont vu leurs nominations abrogées d’un trait sec. Une purge symbolique visant à extirper les racines d’une gestion jugée défaillante face aux tragédies récentes. Ces décisions, loin d’être de simples remous bureaucratiques, esquissent un message clair : la responsabilité n’est plus négociable lorsque la vie des Maliens et la santé de leur terre sont en jeu.

Orpaillage : une refonte pour dompter l’or et ses dérives

Mais l’ambition ne s’arrête pas à ce grand ménage. Le gouvernement s’est attelé à une révision des textes juridiques, un chantier aussi discret qu’essentiel. Objectif ? Interdire les transactions douteuses dans le domaine environnemental et permettre à l’État de reprendre la main sur les équipements d’orpaillage, désormais destinés à enrichir le patrimoine national plutôt que les poches d’opérateurs insouciants. Dans cette même veine, une mesure choc a été brandie : la suspension des permis d’exploitation artisanale accordés aux étrangers. Une barrière dressée pour protéger les filons maliens, trop souvent pillés au mépris des lois et de la sécurité.

Dabia, reflet d’un ordre à rétablir

Le Conseil municipal de Dabia, commune proche des zones sinistrées, n’a pas échappé à cette bourrasque réformatrice. Sa dissolution, annoncée comme une procédure en cours, résonne comme un avertissement lancé aux édiles locaux : la complaisance face à l’anarchie minière ne sera plus tolérée. Ce geste, à la fois symbolique et pragmatique, illustre une volonté de reprendre les rênes là où elles avaient glissé, dans des territoires où l’or, au lieu d’être une bénédiction, s’est mué en fléau.

Orpaillage : un élan pour l’avenir, entre rigueur et vigilance

Ces décisions, si elles frappent par leur audace, ne sont pas un point final, mais une charnière. Elles esquissent un Mali décidé à ne plus ployer sous le poids de ses richesses mal maîtrisées. Les tragédies de Kokoyo et Bilalikoto ont révélé des failles béantes – humaines, environnementales, administratives – que le Général Goïta semble résolu à combler. Pourtant, au-delà des décrets et des suspensions, c’est un défi titanesque qui se profile : celui de concilier l’exploitation d’un trésor enfoui avec la dignité d’un peuple et la sauvegarde d’une terre déjà éprouvée.

Et si, dans cette lutte âpre contre les dérives de l’orpaillage, le Mali trouvait plus qu’un remède à ses plaies ? Peut-être une lueur, ténue, mais réelle, celle d’une nation qui, en domptant ses démons dorés, apprend à se redresser, fière, sous le regard attentif d’un horizon enfin apaisé.

 

Abalak : l’OCRTIS porte un coup fatal au trafic de drogue

Dans un coup de filet méthodiquement orchestré, les agents de l’antenne départementale de l’Office central de répression et de trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) d’Abalak ont mis la main sur une cargaison illicite de stupéfiants, marquant ainsi une avancée significative dans la lutte contre le narcotrafic. En effet, les interventions, menées les 12 et 16 février 2025, ont permis de confisquer pas moins de 11,2 kilogrammes de cannabis et 13.100 comprimés d’amphétamines, parmi lesquels du tramadol, de l’Exol et du Diazépam.

L’OCRTIS : une lutte sans relâche contre les réseaux criminels

Par ailleurs, la saisie de ces substances psychotropes ne s’est pas limitée à une simple interception, mais a mis en lumière les circuits d’acheminement et les stratégies d’écoulement de la drogue dans la région. L’OCRTIS affirme qu’un trafiquant nigérian destinait une partie de la marchandise illicite aux zones aurifères de Cherifa, tandis qu’un autre lot visait les sites miniers de Haroubane, de l’autre côté de la frontière malienne. Cette configuration illustre l’interconnexion des réseaux criminels transnationaux et leur volonté d’inonder les zones d’activités économiques clandestines, où la consommation de stupéfiants alimente des activités délictueuses.

L’efficacité de l’opération a été renforcée par l’interpellation de tous les individus impliqués dans cette tentative de trafic. Une action décisive qui reflète l’engagement sans faille des forces de l’ordre face aux tentatives de déstabilisation sociale et économique induites par la drogue.

Une reconnaissance institutionnelle et un appel à la vigilance collective

En plus, la présentation officielle de la saisie, qui s’est tenue hier dans l’enceinte du Commissariat de police d’Abalak, a été l’occasion pour les autorités locales de souligner l’ampleur de cet exploit sécuritaire. Le Préfet du département, Capitaine Amadou Almou, en présence du président du tribunal et de l’Administrateur délégué d’Abalak, a salué la détermination et la minutie des éléments de l’OCRTIS.

Les interventions de ces responsables ont mis en exergue l’importance du travail de fond réalisé par les forces de sécurité, qui s’illustrent par une vigilance accrue et une réactivité exemplaire. Ils ont également transmis les félicitations des plus hautes autorités nigériennes, notamment celles du Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du CNSP et Chef de l’État, en signe de reconnaissance pour les efforts soutenus déployés dans cette guerre contre le narcotrafic.

Un combat collectif pour enrayer la prolifération des stupéfiants

Au-delà des actions répressives, les autorités ont invité les populations à une collaboration étroite avec les Forces de Défense et de Sécurité (FDS). La lutte contre le trafic de drogue ne saurait reposer uniquement sur les épaules des forces de l’ordre : elle requiert une mobilisation citoyenne constante, une vigilance accrue et une dénonciation proactive des comportements suspects.

En somme, la saisie réalisée à Abalak s’inscrit dans une dynamique plus large visant à endiguer l’expansion des substances illicites, qui compromettent non seulement la santé publique, mais aussi la stabilité économique et sociale de la région. Alors que le narcotrafic tente d’exploiter les failles sécuritaires et les opportunités économiques, les forces de sécurité, appuyées par l’engagement des autorités et des citoyens, poursuivent leur lutte sans relâche. L’objectif est de faire reculer, de manière irréversible, cette menace insidieuse.

 

Niamey accueille la 2e session du comité de pilotage du projet EWASME

Niamey, 5 mars 2025 – La capitale nigérienne, Niamey, vibre au rythme d’un événement porteur d’ambition et de promesses depuis ce matin. La deuxième session du comité de pilotage du projet EWASME (Empowering West African Women Small and Medium Enterprises) s’est ouverte dans une atmosphère empreinte de détermination. Sous les regards attentifs des acteurs impliqués, ce rendez-vous marque une étape décisive dans une initiative visant à redessiner l’avenir économique des femmes dans les chaînes de valeur du riz au Niger.

Par ailleurs, doté d’une enveloppe conséquente de 3 221 550 dollars américains pour la composante nigérienne, ce projet audacieux, financé par la Banque Islamique de Développement (BID) et porté par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en étroite synergie avec le ministère de l’Agriculture du Niger, ambitionne d’insuffler une nouvelle vitalité à 310 entreprises féminines. L’objectif est de les propulser vers une autonomie économique durable, en leur offrant les outils nécessaires pour s’épanouir dans un secteur aussi stratégique que celui du riz, pilier de la sécurité alimentaire dans la région.

La 2e session du projet EWASME à Niamey, dotée de 3,2 millions de dollars, ambitionne d’autonomiser 310 entreprises féminines nigériennes EWASME : Un projet aux racines profondes

En outre, lancée dans quatre pays ouest-africains (Niger, Sénégal, Guinée et Sierra Leone), l’initiative EWASME s’inscrit dans une vision régionale plus large, celle de transformer les filières rizicoles en un levier de développement inclusif. Au Niger, où l’agriculture demeure le socle de subsistance pour une grande partie de la population, ce projet cible spécifiquement les phases post-récolte, un maillon essentiel souvent négligé. Formations pointues, subventions ciblées, accès facilité aux marchés et dialogues politiques pour lever les entraves structurelles : autant de leviers déployés pour faire éclore le potentiel entrepreneurial des femmes nigériennes.

Dès 2024, une première cohorte d’une centaine d’organisations féminines a été identifiée pour bénéficier de cet accompagnement. Aujourd’hui, alors que la deuxième session du comité de pilotage bat son plein, les regards se tournent vers les avancées concrètes et les ajustements à opérer pour garantir un impact tangible. Présidée par des figures clés du ministère de l’Agriculture, cette réunion n’est pas qu’une formalité administrative : elle incarne un engagement ferme envers une cause qui dépasse les frontières du Niger.

Les femmes, architectes d’un avenir résilient

Dans un pays où les défis climatiques, économiques et sociaux pèsent lourdement sur les épaules des communautés rurales, les femmes apparaissent comme des bâtisseuses discrètes, mais indispensables. Pourtant, trop souvent, leurs efforts restent entravés par un accès limité aux ressources et aux opportunités. EWASME vient bousculer cet ordre établi en plaçant ces entrepreneurs au cœur d’une dynamique de changement. Avec un budget global de 11,25 millions de dollars pour l’ensemble des pays concernés, dont plus de 3 millions alloués au Niger, le projet ne lésine pas sur les moyens pour faire germer une révolution silencieuse.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 310 entreprises féminines nigériennes, principalement dans les régions de Dosso, Niamey et Tillabéry, seront les ambassadrices de cette transformation. À travers elles, ce sont des familles, des villages, voire des régions entières qui pourraient voir leur horizon s’éclaircir. Réduire la dépendance aux importations de riz, renforcer la compétitivité locale et améliorer le statut économique des femmes : les ambitions d’EWASME résonnent comme un défi lancé aux pesanteurs du passé.

 EWASME : une collaboration au service du progrès

Le succès de cette entreprise repose sur une alchimie bien rodée entre les partenaires. La BID, avec son expertise en financement du développement, apporte les ressources financières. Le PNUD, fort de son expérience mondiale, assure la mise en œuvre sur le terrain. Quant au ministère de l’Agriculture nigérien, il ancre le projet dans les réalités locales, garantissant son alignement avec les priorités nationales, notamment le Programme de Résilience pour la Sauvegarde de la Patrie (PRSP). Cette triangulation, loin d’être un simple échafaudage institutionnel, se veut le moteur d’une action concertée et pérenne.

Une graine d’espoir dans le sable du Sahel

Alors que les débats de cette deuxième session s’animent à Niamey, une certitude émerge : EWASME n’est pas qu’un projet parmi d’autres. C’est une promesse, celle d’un Niger où les femmes, jadis reléguées dans l’ombre, deviennent les artisanes d’une prospérité partagée. Dans les champs arides du Sahel, où chaque goutte d’eau et chaque grain de riz comptent, ces entrepreneures plantent bien plus que des cultures : elles sèment les graines d’un avenir dans lequel l’autonomie n’est plus un rêve, mais une réalité palpable. Et si, au détour de cette initiative, le Niger découvrait que sa véritable richesse ne réside pas seulement dans son sol, mais dans le courage indomptable de celles qui le cultivent ?

Niger : la HACP et la GIZ unissent leurs forces pour la paix

Ce matin, dans les bureaux feutrés de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) à Niamey, une poignée de mains a scellé un horizon prometteur. Le Général de Brigade Amadou DiDDili, figure tutélaire de cette institution dédiée à panser les plaies d’un Niger tourmenté, a accueilli avec une solennité empreinte de chaleur Mme Martina Wegner, Directrice Résidente de la GIZ, l’agence allemande de coopération internationale. Autour de la table, le Secrétaire Général, la Secrétaire Générale Adjointe et le Chef de la Division Suivi et Évaluation ont prêté une oreille attentive à ce qui s’annonçait comme une symphonie d’idées neuves pour un pays en quête de sérénité.

À Niamey, la HACP et la GIZ s’unissent pour renforcer la paix au Niger à travers des projets novateurs sur les ressources naturelles Dialogue et coopération : la feuille de route pour un Niger stable

Loin des tumultes qui agitent parfois les vastes étendues sahéliennes, cette rencontre a été un havre de dialogue, un creuset où les ambitions de paix et de développement ont pris forme. Les mots échangés n’étaient pas de simples murmures diplomatiques, mais des ponts jetés entre deux entités résolues à tisser un avenir plus stable. Au cœur des pourparlers, une volonté limpide : renforcer la coopération entre la HACP et la GIZ pour ériger des remparts contre l’instabilité qui ronge encore certaines contrées nigériennes. Les projets évoqués ne se contentent pas de rêver la paix ; ils la dessinent avec des contours précis, ancrés dans les réalités du terrain.

Ressources naturelles : désamorcer les tensions communautaires

L’accès aux ressources naturelles, ce nerf sensible des tensions communautaires, a occupé une place de choix dans les discussions. Dans un pays où la terre, l’eau et les pâturages sont autant de trésors disputés, les deux parties ont exploré des voies pour apaiser les rivalités. La vulgarisation des textes du Code rural, souvent méconnus ou mal compris, a été brandie comme une clé pour démêler les nœuds de conflits. À cela s’ajoute une idée aussi simple qu’essentielle : la création de comités de paix, ces espaces de parole où les communautés, assises côte à côte, pourraient dénouer leurs différends avant qu’ils ne s’enflamment. Ces initiatives, portées par une ambition pragmatique, visent à insuffler une cohésion sociale là où les fractures menacent de s’élargir.

À Niamey, la HACP et la GIZ s’unissent pour renforcer la paix au Niger à travers des projets novateurs sur les ressources naturelles La HACP et la GIZ : Une alliance pragmatique pour bâtir la cohésion sociale

Le Général DiDDili, avec son regard affûté par des années de service, a su poser les jalons d’une vision où la paix ne serait pas un vœu pieux, mais un édifice bâti pierre après pierre. Face à lui, Martina Wegner, forte de l’expertise de la GIZ, a apporté une palette de solutions éprouvées, puisées dans des expériences menées au-delà des frontières nigériennes. Ensemble, ils ont esquissé un tableau sur lequel la stabilité ne se mesure pas seulement à l’absence de violence, mais à la présence d’un dialogue vivant, d’une entente qui germe dans les villages les plus reculés.

Ce rendez-vous n’était pas une fin en soi, mais une aurore, un premier pas sur un sentier escarpé. Car, au Niger, la paix est une conquête de chaque instant, un défi qui exige patience et audace. Et tandis que les échos de cette rencontre s’évanouissent dans l’air sec de Niamey, une certitude demeure : dans le désert, même les vents les plus arides finissent par porter les graines d’un renouveau. Peut-être est-ce là, dans ces grains de sable déplacés par une main tendue, que se cache la promesse d’un Niger apaisé, prêt à offrir à ses enfants un demain plus doux qu’hier.

Nasir, théâtre d’une spirale guerrière au Soudan du Sud : l’accord de paix vacille

Hier, la petite ville de Nasir, nichée dans les confins nord-est du Soudan du Sud, s’est embrasée sous le fracas des armes. Une fois encore, l’armée sud-soudanaise a croisé le fer avec la White Army, cette milice communautaire aux allégeances troubles, étroitement liée à l’opposant historique Riek Machar. Ainsi, les échos de ces combats, qui persistent depuis la veille, résonnent comme un glas funeste sur une paix déjà chancelante, fruit de l’accord signé en 2018 entre les belligérants d’une guerre civile qui avait ensanglanté le jeune État.

Coup de théâtre à Juba : l’arrestation du général Duop Lam

Loin de se cantonner à un simple échange de tirs, cet épisode a pris une tournure dramatique avec un coup de théâtre à Juba, la capitale. En effet, le lieutenant-général Gabriel Duop Lam, figure éminente et chef d’état-major des forces loyales à Machar, a été arrêté au cœur du quartier général militaire. Cette arrestation, aussi soudaine qu’un orage d’équinoxe, a jeté une ombre pesante sur un paysage politique déjà fissuré. Dans ce contexte, les autorités ont déployé des cordons de sécurité autour de la résidence de Riek Machar, premier vice-président et ancien chef rebelle, transformant son havre en une forteresse assiégée. Cependant, cette mesure trahit l’angoisse d’un pouvoir central aux abois, tout en restant muet face à ces bouleversements.

L’opposition s’indigne : une purge ou une simple stratégie ?

Par ailleurs, du côté de l’opposition, les langues se délient avec une amertume palpable. Ainsi, Puok Both Baluang, porte-voix de Machar, dénonce une rafle ciblée et affirme que les autorités ont également arrêté deux autres généraux, Koang Gatkuoth et Wesley Welebe. « Pour des raisons obscures », a-t-il martelé, laissant planer le spectre d’une purge déguisée. Malgré cela, Riek Machar, dans une posture de détachement presque olympien, rejette toute responsabilité dans les affrontements de Nasir, arguant que la White Army agit de son propre chef. En d’autres termes, cette défense peine à convaincre, tant les liens historiques entre cette milice et son camp sont ancrés dans les mémoires.

Nasir : les voix de la société civile alertent sur les risques pour la paix

En outre, les murmures de la société civile esquissent une tout autre fresque. Ter Manyang Gatwech, du Center for Peace Advocacy, pointe du doigt une accusation lancinante : l’armée sud-soudanaise soupçonnerait les forces de Machar de souffler sur les braises de Nasir en soutenant la White Army. De ce fait, cette hypothèse, si elle se vérifie, ferait de l’arrestation de Duop Lam un acte de représailles autant qu’un avertissement. Edmund Yakani, figure respectée de l’ONG CEPO, ne mâche pas ses mots : « Ces violences dans le Haut-Nil sont une lame qui menace de trancher le fil ténu de l’accord de paix. » C’est pourquoi, cette mise en garde trouve écho dans les appels pressants aux garants de cet accord – l’Union africaine, l’ONU et les pays voisins – pour qu’ils interviennent et jugulent cette fièvre belliqueuse.

Nasir : une paix fragile au bord du gouffre

Enfin, au cœur de cette tourmente, le silence de l’armée sud-soudanaise, dirigée par le président Salva Kiir, pèse comme un ciel chargé de nuages. En effet, aucun communiqué, aucune explication n’a filtré, laissant le champ libre aux spéculations et à une tension qui s’épaissit d’heure en heure. À Nasir, les soldats réguliers affrontent de jeunes armés aux visages noircis par la suite de la guerre, et ces combats ne constituent pas un feu de broussailles isolé. Au contraire, ils s’inscrivent dans une litanie de heurts qui, depuis le début de l’année, érodent les fondations d’une unité nationale promise par l’accord de 2018. Dès lors, cet arrangement, censé marier les forces de Kiir et de Machar dans une armée unifiée, ressemble aujourd’hui à un serment prononcé sous la contrainte, prêt à se briser au moindre souffle.

Tandis que les balles sifflent à Nasir, que les familles fuient leurs maisons pour un abri incertain, une question persiste : combien de fois encore le Soudan du Sud devra-t-il danser au bord du gouffre avant que la paix, cette étoile fugitive, ne daigne enfin s’attarder dans son ciel ? **Peut-être**, la réponse sommeille-t-elle dans les cendres de ces combats, attendant qu’un nouveau vent vienne la dévoiler.

 

Fonds de soutien : le Mali s’éveille sous une révolution fiscale

Bamako, 5 mars 2025 – Dans une aube encore frémissante, le Mali s’éveille ce mercredi sous le sceau d’une révolution fiscale discrète, mais pesante. Après deux faux départs, le gouvernement, tel un capitaine déterminé à tenir le cap malgré les bourrasques, met enfin en branle une nouvelle taxe sur les télécommunications et les transactions mobiles, prévue pour entrer en vigueur dès aujourd’hui.

Une troisième tentative qui, cette fois, semble promise à l’action, après que les opérateurs téléphoniques – Orange Mali et Moov Africa en tête – ont reçu, hier, un signal clair des autorités : l’heure n’est plus aux tergiversations.

Du ‘fonds de soutien’ à la ponction : la face cachée de la mesure

Ce n’est pas une simple taxe, nous dit-on. Dans un élan de rhétorique soigneusement ciselée, le gouvernement exhorte les opérateurs à draper cette ponction d’un voile plus noble : exit le terme « taxe », place à l’expression « fonds de soutien ».

Un choix sémantique qui, loin d’être anodin, veut murmurer à l’oreille des citoyens que chaque franc prélevé est une pierre posée sur l’édifice d’un avenir commun. Mais derrière cette poésie administrative, la réalité sonne en chiffres sonnants et trébuchants : sur chaque recharge de 1 000 F CFA, seuls 900 F CFA atterriront dans les poches numériques des abonnés, l’État s’arrogeant les 100 F CFA restants.

Quant aux transactions via Orange Money ou Moov Money, elles se parent désormais d’un coût doublé : 1 % pour l’opérateur, 1 % pour les caisses publiques. Ainsi, retirer 10 000 F CFA, qui coûtait hier 100 F CFA, exigera aujourd’hui 200 F CFA, la moitié s’envolant vers ce mystérieux « fonds de soutien ».

Portefeuilles en détresse : le cri d’alarme des citoyens et des associations

L’objectif affiché est d’alimenter des projets d’infrastructure et de développement social, des ambitions qui, sur le papier, caressent les espoirs d’un Mali plus solide et équitable. Pourtant, dans les ruelles poussiéreuses de Bamako comme dans les hameaux reculés, une sourde rumeur gronde.

Les consommateurs, déjà étreints par un quotidien dans lequel chaque franc compte, scrutent cette mesure avec une méfiance teintée de lassitude. « On nous parle de soutien, mais qui soutient qui ? », s’interroge un marchand du marché de Djelibougou, son téléphone en main comme un symbole de cette nouvelle ère.

Les associations de défense des usagers, elles, montent au créneau, réclamant une transparence cristalline sur l’emploi de ces fonds, craignant que ce « soutien » ne s’égare dans les méandres opaques de la gestion publique.

Obéissance ou inquiétude : Orange et Moov au pied du mur

Du côté des opérateurs, la consigne est limpide : appliquer sans broncher. Orange Mali, dans un communiqué sobre, a informé ses abonnés de cette mise en œuvre imminente, tandis que Moov Africa, plus discret, ajuste ses systèmes en coulisses. Mais cette docilité apparente cache une inquiétude : celle d’une possible désaffection des clients, dans un pays où le mobile money est devenu le nerf de la vie économique, surtout là où les banques restent des mirages lointains. « Si les frais grimpent trop, les gens trouveront d’autres chemins », prédit un analyste du secteur, évoquant une possible résurgence des échanges informels.

Fonds de soutien : espoir d’un avenir meilleur ou pari risqué ?

Et pourtant, au-delà des chiffres et des grognements, une question flotte dans l’air, aussi légère qu’un souffle et aussi lourde qu’un destin : ce « fonds de soutien » sera-t-il la clé d’un Mali renaissant ou un fardeau de plus sur les épaules d’un peuple résilient ? Alors que le soleil grimpe dans le ciel en cette journée, une certitude émerge : cette mesure n’est pas qu’une affaire de portefeuilles, mais un pari sur la confiance. Car, au bout du compte, ce n’est pas l’argent qui bâtira l’avenir du Mali, mais la foi en ceux qui le façonnent.  Un trésor bien plus rare et infiniment plus précieux que tous les francs du monde.

Le Ramadan à Maïné-Soroa : Le sucre de la solidarité nationale comme ciment social

Hier, sous le ciel ocre du Sahel, le préfet Boubacar Hama a posé un geste symbolique fort : lancer la vente subventionnée du sucre « Spécial Ramadan » à Maïné-Soroa, localité nichée dans l’extrême sud-est du Niger. En effet, cette initiative incarne une politique publique ciblée mêlant urgence sociale et symbolique religieuse, dans un contexte où l’inflation menace l’équilibre des ménages.

Un dispositif logistique pensé pour l’équité  

Par ailleurs, l’État nigérien, dans un souci d’inclusivité distributive, a opté pour un système de vente calibré autour de la tiya, unité de mesure traditionnelle équivalant à 3 kg. À 1 600 FCFA l’unité, soit près de 30 % moins cher que le prix du marché, le gouvernement désamorce la précarité alimentaire durant ce mois sacré. Il alloue un quota de 20 tonnes à Maïné-Soroa, le répartit entre ses trois communes et déploie des centres secondaires pour éviter les engorgements et garantir un accès pérenne aux populations rurales éloignées.

« Cette opération n’est pas qu’économique : c’est un acte de reconnaissance envers la ferveur spirituelle des Nigériens », a déclaré le préfet Hama, soulignant l’alignement entre politique sociale et valeurs religieuses. Une rhétorique qui résonne dans un pays où 98 % de la population pratique l’islam.

 Ramadan, miroir des priorités gouvernementales

Derrière les sacs de sucre s’entassant dans les entrepôts de l’Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN) se dessine une géopolitique du quotidien. Alors que la flambée des prix des denrées de base, aggravée par les tensions régionales et les aléas climatiques, pèse sur les ménages, l’État instrumentalise le Ramadan comme levier de cohésion nationale. Les bénéficiaires, présents en nombre lors de la cérémonie, ont salué une « bouffée d’oxygène » dans un pays où le SMIG avoisine les 30 000 FCFA mensuels.

« Ce sucre, c’est plus qu’un produit : c’est un message que nos dirigeants voient nos souffrances », confie Oumarou Moussa, père de famille. Une gratitude teintée d’attentes : les populations espèrent un élargissement de ce modèle subventionné à d’autres biens essentiels, comme l’huile ou le riz.

Subventionner l’essentiel : entre urgence et durabilité 

Si l’initiative est saluée, elle interroge aussi sur la pérennité des mécanismes d’aide. En 2024, le Niger a consacré 12 % de son budget à l’agriculture et à la sécurité alimentaire, selon la Banque mondiale. Or, les subventions ponctuelles, bien que vitales, peinent à endiguer des vulnérabilités structurelles : désertification, pression démographique et dépendance aux importations.

Le choix du sucre comme produit-phare n’est pas anodin. Symbole de convivialité lors des ruptures de jeûne (iftar), il devient ici un marqueur de dignité. Pourtant, des voix s’élèvent pour rappeler que 42 % des Nigériens vivent sous le seuil de pauvreté, un chiffre qui exige des solutions systémiques, au-delà des gestes saisonniers.

Le Ramadan, laboratoire de la solidarité post-crise

À Maïné-Soroa, le sucre subventionné cristallise une double réalité : celle d’un État qui, malgré des ressources limitées, tente d’incarner un rempart contre la détresse, et celle d’une population en quête de signes tangibles d’empathie gouvernante. Cette opération, si elle ne résout pas le défi alimentaire chronique, pose les jalons d’une réflexion plus large : comment transformer l’urgence en durabilité ?

En filigrane, le Ramadan 2025 pourrait marquer un tournant : celui où les politiques sociales nigériennes, inspirées par la ferveur collective, passent d’une logique de survie assistée à un modèle de résilience construite. Pour cela, il faudra que les sacs de sucre d’aujourd’hui sèment les germes des réformes agricoles et économiques de demain, un défi aussi sacré que complexe.

Le Carême 2025 : un souffle de cendres pour raviver l’âme

JDN, 4 mars 2025 – À l’aube de ce mercredi 5 mars, une brise solennelle traversera les cœurs des chrétiens catholiques du monde entier. Les cloches sonneront l’entrée dans le Carême, cette saison sacrée qui, dès le jour des Cendres, invite les fidèles à un périple spirituel de quarante jours. Mais pourquoi ce temps de renoncement, de jeûne et de prière revêt-il une telle gravité ? Pourquoi, sous le signe de la cendre et loin des douceurs des caramels, les catholiques s’engagent-ils dans cette quête austère ? Plongeons dans les entrailles de cette tradition millénaire, où l’âme se dépouille pour mieux s’élever.

Le Carême  : une marque de poussière, un appel à l’éternel

Demain, dans les églises vibrantes de murmures, les fronts se pareront d’une croix de cendres, fruit des palmes bénies de l’an passé, consumées pour rappeler une vérité brute : « Tu es poussière, et à la poussière, tu retourneras. » Ce geste, loin d’être un simple rituel, est une clameur silencieuse adressée à l’âme. Il rappelle la fragilité de la chair, mais aussi la grandeur d’un destin qui dépasse les contingences terrestres. Le Carême, qui s’ouvre avec ce jour des Cendres, n’est pas une punition, mais une invitation ardente à se détourner des futilités pour scruter l’essentiel : la présence divine qui palpite en chaque être.

Ces quarante jours, écho des quarante jours de Jésus dans le désert, sont un pèlerinage intérieur. Là où le Christ a affronté la faim et les tentations, le fidèle est appelé à marcher dans ses pas, non pas pour se flageller, mais pour se libérer. Renoncer aux caramels, au superflu, à l’éphémère, c’est faire place à une faim plus noble : celle de la justice, de la charité et de la communion avec Dieu.

Un jeûne qui nourrit l’esprit

Pourquoi jeûner, direz-vous, dans un monde gorgé d’abondance ? Le Carême ne se contente pas de priver le corps ; il l’élève en le disciplinant. En s’abstenant de viande chaque vendredi, en limitant les plaisirs sucrés ou les distractions mondaines, les catholiques ne cherchent pas la souffrance pour eux-mêmes. Ils creusent un espace, un silence où la voix de l’Esprit peut résonner. « Le jeûne n’est pas une fin, mais un commencement », pourrait-on entendre dans les sacristies. Il s’agit de briser les chaînes des habitudes pour tendre les mains vers autrui, par l’aumône, et vers le ciel, par la prière.

Ce chemin de dépouillement, qui s’étend jusqu’au Jeudi Saint, le 17 avril 2025, est aussi un miroir tendu à la société. À une époque où le bruit étourdit et où l’instant prime sur l’éternité, le Carême défie les fidèles de ralentir, de méditer, de donner sans compter. Les cendres de demain ne sont pas une marque de deuil, mais un sceau de renaissance, un défi lancé à l’âme pour qu’elle se hisse au-dessus de la poussière dont elle est faite.

Le Carême : une Église en marche vers Pâques

Le Carême incarne le battement de cœur d’une Église en mouvement, et non une parenthèse isolée. Depuis des siècles, cette période prépare les baptisés à renouveler leur alliance avec le Christ, tandis que les catéchumènes, futurs membres de la communauté, s’apprêtent à plonger dans les eaux du baptême. Cette année, le 5 mars 2025 donnera le coup d’envoi d’un voyage collectif, où chaque pas, chaque privation, chaque acte de bonté convergera vers la lumière de Pâques, le 20 avril. Car c’est bien là l’horizon : la Résurrection, victoire éclatante sur la mort, promesse d’un salut qui transcende les cendres.

Et si certains s’interrogent encore sur l’importance de ce temps, qu’ils prêtent l’oreille aux Évangiles. Jésus lui-même, avant d’embrasser sa mission, s’est retiré dans le désert, affrontant le vide pour y puiser la force. Le Carême, c’est cet élan christique offert à tous : une chance de se délester du futile pour saisir le divin, de troquer les caramels contre une douceur plus profonde, celle de l’amour rédempteur.

Une chute vers les étoiles

Alors, demain, lorsque la cendre effleurera les fronts, que nul ne voie dans ce geste une ombre pesante. C’est une semence jetée en terre, un appel à germer dans la foi. Le Carême n’est pas une descente dans l’austérité, mais une ascension vers la lumière, un cri d’espérance lancé depuis la poussière. Car, au bout de ces quarante jours, quand les cloches de Pâques déchireront le silence, chaque renoncement d’aujourd’hui deviendra un hymne à la vie éternelle. Et là, dans ce jaillissement de joie, les cendres d’hier révéleront leur secret : elles ont seulement préparé le chemin vers un ciel retrouvé.

Logements sociaux au Niger : suivi rigoureux et engagement ministériel

Niamey, 4 mars 2025 – En cette journée, la cité Diaspora, nichée au cœur d’un vaste chantier, bourdonne d’une énergie palpable. Le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Sahirou Salissou Adamou, a foulé le sol encore poussiéreux de ce site où s’élèvent 155 logements sociaux, un projet porté par un financement audacieux de 1,5 milliard de francs CFA, injecté par la Banque de l’Habitat du Niger et mis en œuvre par l’entreprise Global GATE. Cette visite ministérielle s’inscrit dans un dispositif de suivi strict des projets immobiliers afin de garantir des habitats dignes aux travailleurs nigériens, une aspiration érigée en priorité par le Général de Brigade Abdourahamane Tiani et le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine.

Visite du ministre Sahirou Salissou Adamou le 4 mars 2025 au chantier de 155 logements sociaux à la Cité Diaspora, un projet nigérienLogements sociaux : un suivi millimétré pour une promesse ambitieuse

Le ministre n’a pas lésiné sur les détails pour dévoiler les rouages de cette entreprise titanesque. « Nous avons déployé une armada de techniciens en faction permanente sur le terrain, flanqués d’un comité technique et d’une cellule de supervision », a-t-il martelé, insistant sur la rigueur d’un dispositif pensé pour éviter tout dérapage. Ce comité, véritable sentinelle des travaux, se réunit chaque semaine, consignant ses observations dans des procès-verbaux qui servent de boussole pour dénouer les écueils. Quant à la cellule, elle joue les vigies, sillonnant le chantier toutes les deux semaines pour évaluer les progrès et compiler des rapports mensuels, remis comme des bulletins de santé du projet.

Sahirou Salissou Adamou ne se contente pas de déléguer : il s’invite lui-même, à l’improviste, pour palper de ses propres mains l’avancement des travaux. « Depuis la pose de la première pierre le 12 septembre 2024, nous avons vu ce site évoluer sous nos yeux », a-t-il rappelé avec une pointe de fierté. Cinq mois plus tard, sur les douze prévus, la majorité des logements frôle la phase de finition, un rythme qui témoigne d’une mobilisation sans faille des acteurs impliqués.

Logements sociaux : des défis surmontés, mais des ombres persistent

Rewind sur le lancement : « Nous avions littéralement les pieds dans l’eau », a confessé le ministre, esquissant un sourire teinté d’ironie. Pour juguler cette adversité, l’État a puisé dans ses propres deniers pour doter le site d’une chaussée drainante en pavés, une prouesse logistique qui a métamorphosé le terrain en un espace viable. Cette réactivité illustre une détermination à ne pas laisser les éléments freiner l’élan.

Pourtant, tout n’est pas rose dans cette aventure. Le ministre a laissé percer une note d’amertume en évoquant la Banque de l’Habitat, partenaire clé de cette opération. Si les relations avec cette institution restent cordiales, un atout précieux pour concrétiser la politique nationale de l’habitat, un grain de sable grippe la machine : le ministère de l’Urbanisme, bien qu’architecte originel de cette banque aux côtés du ministère des Finances, se retrouve curieusement exclu de son conseil d’administration. « Cela nous prive d’une voix dans les décisions stratégiques », a déploré Sahirou Salissou Adamou, promettant de rectifier cette anomalie avec diligence.

Visite du ministre Sahirou Salissou Adamou le 4 mars 2025 au chantier de 155 logements sociaux à la Cité Diaspora, un projet nigérienUn partenariat à double tranchant

La Banque de l’Habitat, bras armé financier de cette politique, incarne un levier essentiel pour transformer les rêves de logements décents en réalité tangible. « C’est un outil que nous avons forgé ensemble », a souligné le ministre, louant cette synergie. Mais cette absence au conseil d’administration trahit une fracture paradoxale : comment piloter pleinement un projet quand une main reste entravée ? Cette question, le ministre se l’est posée à voix haute, et sa résolution pourrait bien redéfinir les contours de cette collaboration.

Un chantier à l’image d’un pays en marche

En somme, le chantier de la Cité Diaspora, avec ses 155 logements en gestation, n’est pas qu’une affaire de briques et de mortier. Il cristallise une ambition nationale : offrir aux Nigériens un cadre de vie à la hauteur de leurs labeurs. Sous le regard scrutateur de Sahirou Salissou Adamou, ce projet avance à pas de géant, porté par une mécanique huilée et une volonté d’acier. Pourtant, l’ombre d’une gouvernance bancale avec la Banque de l’Habitat rappelle que même les plus nobles desseins requièrent une harmonie sans failles entre les acteurs. Si cette dissonance trouve une issue rapide, ce chantier pourrait devenir un étendard, preuve qu’au Niger, les promesses ne restent pas lettre morte, mais s’érigent, pierre après pierre, en un avenir solide.

 

 L’escalade tarifaire transcontinentale : des taxes douanières américaines bouleversent le commerce mondial

Minuit sonne à Washington DC, et avec lui débute un virage radical dans la politique commerciale américaine : des droits de douane de 25 % frappent les importations en provenance du Canada et du Mexique, tandis qu’une taxe de 10 % s’abat sur les produits chinois. Loin d’être un simple ajustement fiscal, cette salve tarifaire marque une montée en puissance des tensions économiques, où chaque protagoniste affûte ses propres contre-mesures.

Un conflit tarifaire à l’échelle planétaire

Le Canada, partenaire commercial historiquement lié aux États-Unis, ne se laisse pas surprendre. En représailles immédiates, Ottawa met en œuvre des droits de douane de 25 % sur 30 milliards de dollars de biens américains, avec une extension prévue à 125 milliards supplémentaires en moins d’un mois. De son côté, le Mexique temporise, mais l’annonce de sa riposte ne saurait tarder. Quant à la Chine, Pékin promet de mener bataille « jusqu’au bout » et applique une surtaxe allant jusqu’à 15 % sur un éventail de produits agricoles américains, intensifiant ainsi l’antagonisme économique sino-américain.

Taxes douanières américaines  : un effet domino sur l’économie mondiale

Les sanctions commerciales américaines interviennent à un moment particulièrement délicat pour la Chine, dont l’économie vacille sous le poids d’une crise immobilière persistante, d’une consommation intérieure atone et d’un chômage des jeunes inquiétant. Si les exportations ont jusqu’ici constitué une bouée de sauvetage, elles risquent désormais d’être lourdement impactées. Les experts prédisent une contraction des exportations chinoises vers les États-Unis pouvant atteindre un tiers, précipitant ainsi un ralentissement économique plus sévère.

Les effets néfastes de cette politique protectionniste ne se limitent pas aux frontières chinoises. Aux États-Unis, les consommateurs américains subiront des hausses de prix sur des biens allant du whisky au sirop d’érable, tandis que l’industrie automobile, pilier régional, pourrait voir ses coûts de production exploser.  Un mécanisme inéluctable, car les entreprises importatrices répercuteront ces coûts supplémentaires sur les clients finaux.

Les grandes multinationales américaines ne sont pas épargnées non plus. La Chine, en guise de représailles, inscrit plusieurs entreprises stratégiques sur sa liste des « entités non fiables », leur interdisant tout commerce et investissement sur son sol. Parmi elles figurent des piliers de la défense et de la technologie comme Huntington Ingalls Industries et Shield AI, spécialisés respectivement dans la construction navale militaire et l’intelligence artificielle appliquée aux drones. Bien que l’impact économique exact reste à quantifier, l’exclusion de ces firmes du marché chinois n’est pas anodine.

Des alliances commerciales américaines mises à mal 

Le maillage économique entre les États-Unis, le Canada et le Mexique est d’une complexité extrême. Chaque jour, pas moins de 2 milliards de dollars de marchandises traversent les frontières de ces trois nations. Or, l’introduction des nouveaux tarifs douaniers risque de compromettre cette dynamique.

L’énergie, pilier des échanges nord-américains, pourrait bien devenir une arme politique. Doug Ford, premier ministre de l’Ontario, n’a pas hésité à menacer de restreindre l’approvisionnement en électricité vers les États-Unis en guise de rétorsion. Un geste lourd de conséquences, sachant que le Canada exporte annuellement pour 3,2 milliards de dollars d’électricité vers son voisin du sud, générant un excédent commercial de 2 milliards. Si ce levier venait à être actionné, il mettrait en péril l’alimentation de millions de foyers américains.

Par ailleurs, les taxes américaines frappent des produits canadiens stratégiques comme le bois d’œuvre et le carburant, des matériaux essentiels pour l’industrie et le secteur de la construction aux États-Unis. Le Canada, en retour, cible des produits à forte valeur symbolique et commerciale : cosmétiques, électroménager, boissons alcoolisées, et même les véhicules de tourisme. Une guerre des nerfs qui promet de s’intensifier.

Les leçons de l’histoire : entre protectionnisme et réalité économique

Les tarifs douaniers sont souvent présentés comme une stratégie de protection économique nationale. Pourtant, l’expérience passée démontre qu’ils peuvent s’avérer contre-productifs. L’exemple des droits de douane sur les machines à laver imposés en 2018 est éloquent : bien que la mesure ait conduit à la création de 2 000 emplois manufacturiers aux États-Unis, elle a simultanément engendré une augmentation des prix de plus de 30 % pour les consommateurs. En d’autres termes, chaque poste créé a coûté en moyenne 800 000 dollars à l’économie américaine.

De même, les tarifs sur les produits agricoles américains risquent d’affaiblir l’un des principaux secteurs d’exportation des États-Unis. La Chine, qui représente à elle seule 33,7 milliards de dollars d’achats de denrées américaines, impose désormais des restrictions sur le blé, le maïs, le soja et le bœuf. Une décision qui menace directement les agriculteurs américains et fragilise un marché déjà volatil.

Un avenir incertain : vers une guerre commerciale permanente ?

Les perspectives d’avenir sont troublantes. L’administration Trump ne compte pas s’arrêter là : dès le 12 mars, des taxes de 25 % sur l’aluminium et l’acier entreront en vigueur à l’échelle mondiale. Le 2 avril, le gouvernement taxera lourdement les importations agricoles et les véhicules étrangers. Pire encore, des enquêtes sont en cours pour envisager des droits de douane sur le cuivre et le bois d’œuvre, des secteurs vitaux pour le commerce international.

À mesure que les tensions se cristallisent, un constat s’impose : loin de renforcer l’économie américaine, cette politique protectionniste pourrait bien se retourner contre ses propres instigateurs. L’effet domino de ces mesures entraîne un renchérissement généralisé des prix, une volatilité accrue des marchés et une incertitude pesant sur les investissements.

Le commerce mondial, autrefois fondé sur des alliances et des accords mutuellement bénéfiques, semble désormais plongé dans une ère de confrontation. Une chose est certaine : dans ce bras de fer économique, les gagnants ne seront pas nécessairement ceux qui ont initié le conflit.