Helene Sourou, Author at Journal du niger - Page 12 sur 133

L’Afrique à l’heure de la Journée mondiale de l’audition

Ce 3 mars, une vague de conscience déferle sur le globe à l’occasion de la Journée mondiale de l’audition, orchestrée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Sous la bannière du thème « Changer les mentalités : autonomisez-vous pour rendre les soins de l’oreille et de l’audition accessibles à tous », cet événement invite à une révolution essentielle : celle de briser les chaînes de la surdité et de faire résonner le droit à entendre pour chacun. En Afrique, où les sons de la vie tissent les fils de cultures ancestrales, cette journée dévoile un défi majeur : offrir à des millions de personnes un accès équitable aux soins auditifs. Entre urgence et espoir, plongeons dans cette quête où chaque décibel compte.

La Journée mondiale de l’audition : un continent bercé de sons, entravé par le silence

L’Afrique vibre d’une symphonie unique : le chant des griots, le grondement des marchés, le souffle des savanes. Pourtant, sous cette trame sonore, un mal discret prospère. Plus de 60 millions d’Africains vivent avec une perte auditive invalidante, selon l’OMS, un chiffre qui menace de s’amplifier avec l’essor démographique et les assauts du bruit moderne. Mais là où le besoin hurle, les solutions peinent à répondre. Les spécialistes de l’audition (audiologistes et médecins ORL) sont une denrée rare, souvent cantonnés aux grandes villes, laissant les campagnes dans une solitude acoustique. Les aides auditives sont un rêve hors de portée pour des familles aux budgets déjà étouffés.

Ce silence imposé n’est pas qu’une statistique : il est un écho de disparités criantes. Dans un continent où l’oralité est reine, ne pas entendre, c’est risquer de s’effacer du récit collectif.

Les bourreaux invisibles de l’ouïe

D’où vient cette ombre qui vole les sons ? Les coupables sont nombreux et familiers. Les infections de l’oreille, laissées à l’abandon faute de soins accessibles, creusent des sillons de surdité. Dans des régions où l’eau claire est un luxe, ces maux banals deviennent des voleurs d’avenir. Le vacarme des mégalopoles africaines, avec leurs concerts de klaxons et leurs machines rugissantes, joue aussi sa partition destructrice. Et puis, il y a les maladies (méningite, paludisme) qui, mal domptées, laissent derrière elles des cicatrices auditives.

Les conséquences se propagent comme une onde sourde. Un enfant privé d’ouïe voit l’école lui fermer ses portes, tandis qu’un adulte se heurte à des murs d’exclusion, dans le travail comme dans les liens sociaux. La perte auditive n’est pas un simple handicap : elle est une fissure dans le tissu même des communautés.

Faire vibrer l’espoir : des solutions à portée d’oreille

Mais l’Afrique refuse de baisser le volume. Des initiatives ingénieuses commencent à percer le mur du silence. Les technologies mobiles, par exemple, tendent une perche aux oubliés : grâce à des applications ou à la télémédecine, un diagnostic peut désormais voyager là où les routes s’arrêtent. Des prothèses auditives à bas coût, parfois façonnées sur place, esquissent un futur où l’audition ne serait plus un privilège.

Au-delà des outils, c’est une vague de savoir qu’il faut libérer. Sensibiliser les populations aux dangers du bruit, aux vertus des dépistages précoces, aux signaux d’alerte : voilà une mélodie à enseigner dès l’enfance. Former des cohortes de professionnels de l’audition, c’est aussi poser les fondations d’un système qui ne laisse personne sur le bord du chemin.

La Journée mondiale de l’audition  : un défi à chanter haut et fort

En ce 3 mars, la Journée mondiale de l’audition nous tend un micro. À nous de le saisir. Protégeons nos oreilles des agressions sonores, offrons-nous le soin d’un bilan auditif, soutenons les projets qui font tomber les barrières. Aux décideurs, un refrain clair : investir dans la santé auditive, c’est semer pour l’éducation, l’emploi, la dignité. La Journée Mondiale Audition ne doit pas être un slogan éphémère, mais un cri de ralliement.

Un horizon dans lequel chaque voix trouve son écho

Sur une terre sur laquelle les murmures des anciens portent la mémoire des peuples, le silence de la surdité est une note discordante qu’il nous faut corriger. Changer les mentalités, c’est oser regarder ce mal en face, lui ôter son voile de honte et tendre la main à ceux qu’il isole. En Afrique, chaque son sauvé est une victoire, chaque oreille rendue au monde une promesse d’unité. Que ce 3 mars soit le premier battement d’une nouvelle cadence : celle d’un continent qui, enfin, s’entend pour mieux s’élever.

 

Agadez : une embuscade meurtrière revendiquée par le JNIM fauche 11 soldats nigériens

Vendredi dernier, une patrouille du Bataillon Spécial d’Intervention (BSI) de la Zone de Défense 2, basée à Agadez, a été cruellement prise au piège dans une embuscade tendue par des assaillants armés. L’attaque, survenue à Ekadey Malane, un lieu reculé près de la position militaire d’Inanbagarett, non loin de la frontière algérienne, a laissé un bilan tragique : 11 soldats nigériens ont perdu la vie, tandis que deux autres ont été grièvement atteints. Le groupe jihadiste JNIM, affilié à Al-Qaïda, a promptement revendiqué cette offensive, affirmant avoir terrassé 15 soldats, capturé plusieurs otages et s’être emparé d’un arsenal impressionnant d’armes et de munitions.

Un assaut fulgurant dans un désert hostile

L’incident s’est déroulé dans l’immense étendue aride d’Ekadey Malane, une zone isolée à l’extrême nord-ouest du Niger, rarement théâtre d’opérations d’une telle ampleur. Des combattants déterminés ont subitement assailli les soldats engagés dans une mission de surveillance routinière. Malgré une résistance acharnée, la patrouille n’a pu repousser l’assaut, succombant sous le poids d’une violence implacable. Ce samedi, les corps des héros tombés ont été portés en terre au cimetière musulman d’Agadez, dans une cérémonie empreinte de douleur et de recueillement.

Le JNIM affiche sa puissance.

Dans un communiqué audacieux, le JNIM a proclamé sa victoire, avançant un bilan de 15 soldats éliminés et la prise de plusieurs otages. Des images diffusées par le groupe montrent un butin de guerre conséquent, composé d’armes et de munitions arrachées aux forces nigériennes. Si les autorités officielles confirment la mort de 11 militaires, les allégations du JNIM, notamment sur le nombre de victimes et les otages, restent à confirmer dans un contexte où la vérité se perd souvent dans les sables mouvants de la guerre.

Une région sous la menace constante 

Le Sahel, et le Niger en particulier, ploie sous le joug d’une insurrection islamiste qui sévit depuis plus d’une décennie. Le JNIM, aux côtés d’autres factions comme l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), prospère dans ces espaces vastes et mal contrôlés, transformant le désert en terrain de prédilection pour des attaques éclair. Longtemps fer de lance des efforts antiterroristes régionaux, le Niger a bénéficié du soutien de partenaires internationaux, mais le récent retrait des forces occidentales, notamment françaises et américaines, semble fragiliser cet édifice sécuritaire.

Une embuscade meurtrière près de la frontière algérienne fait 11 morts parmi les soldats nigériens, dans un assaut revendiqué par le JNIM, JNIM : Un coup porté à la stabilité régionale

Cette embuscade, par son audace et ses conséquences, révèle la persistance d’une menace jihadiste qui ne faiblit pas. La saisie d’armements par le JNIM pourrait galvaniser ses combattants et amplifier leurs capacités destructrices. En parallèle, le Niger, uni à ses voisins Mali et Burkina Faso dans une alliance militaire conjointe, fait face à un défi colossal alors que le départ des alliés étrangers risque de laisser des brèches béantes, exploitables par ces groupes insaisissables.

Une chute dans l’ombre du courage

L’attaque d’Ekadey Malane résonne comme un cri strident dans le silence du désert, un rappel brutal que la paix demeure un mirage dans cette région tourmentée. Tandis que les familles pleurent leurs fils fauchés et que la nation honore ses défenseurs, une question lancinante flotte dans l’air brûlant : combien de tombes faudra-t-il encore creuser avant que l’aube ne dissipe les ténèbres de l’extrémisme ? Face à ce fléau, le Niger appelle à une réponse unie, un sursaut qui transcende les frontières et les stratégies usées, pour que le sacrifice de ces 11 soldats ne soit pas un écho perdu dans l’immensité du Sahel, mais le ferment d’un renouveau salvateur.

 

 

Après 28 ans d’attente, le Burkina décroche son 3ᵉ Étalon de Yennenga

Ouagadougou, 1 mars 2025 Lors d’une soirée qui restera gravée dans l’histoire du cinéma africain, le film Katanga, la danse des scorpions de Dani Kouyaté a conquis l’Étalon d’Or de Yennenga, la plus haute distinction du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). En effet, ce succès, qui marque la troisième victoire de l’Hexagone cinématographique après 28 longues années d’attente, réaffirme la place prépondérante du Burkina Faso sur la scène du septième art africain.

Étalon d’Or de Yennenga : un triomphe historique pour le cinéma burkinabè

Par ailleÉtalon d’Or de Yennengaurs, ce sacre exceptionnel, obtenu lors de la 29ᵉ édition du FESPACO, vient souligner la vitalité et l’excellence du cinéma national. Depuis des décennies, le festival est le rendez-vous incontournable où se mêlent traditions, modernité et engagement culturel. Avec Katanga, la danse des scorpions, le Burkina Faso inscrit une nouvelle page glorieuse dans l’histoire du cinéma panafricain, rappelant que le talent et l’innovation ne connaissent pas de frontières.

Une adaptation magistrale de Macbeth

Dans un univers où le pouvoir et la violence se livrent une lutte implacable, Dani Kouyaté puise son inspiration dans la tragédie shakespearienne Macbeth. Son long métrage, réalisé en noir et blanc et dialogué en mooré, offre une fable poétique et sombre, où un homme, initialement loyal, se laisse corrompre par l’ambition. En plus, L’œuvre interroge la fragilité des régimes autoritaires et la manière dont la soif de pouvoir peut transformer un héros en tyran. Ainsi, Katanga, la danse des scorpions ne se contente pas de raconter une histoire ; il pose un regard critique sur les dérives politiques, tout en célébrant la richesse culturelle africaine.

Une cérémonie mémorable à Ouagadougou

La remise du trophée a eu lieu dans la salle de conférence de l’hôtel Azalaï, en pleine effervescence, alors que les lampions du festival s’éteignaient doucement, symbolisant la fin d’une édition riche en émotions. Le trophée, remis par le chef de la junte en place, le capitaine Ibrahim Traoré, a été accueilli par des acclamations nourries et une vive émotion. Ce moment de consécration a été salué non seulement par les professionnels du cinéma, mais aussi par un public passionné, venu célébrer l’aboutissement d’un travail d’exception.

Dani Kouyaté, l’héritier du griot cinématographique

Issu d’une illustre lignée de conteurs et de cinéastes, Dani Kouyaté, qui a su s’imposer sur la scène internationale, renouvelle avec cette œuvre son engagement à mettre en lumière les mythes et les contradictions de nos sociétés contemporaines. Fort de son parcours marqué par des formations à Ouagadougou et à Paris, le réalisateur ne cesse de marier l’héritage traditionnel à une esthétique moderne, offrant ainsi une vision à la fois authentique et universelle. Ce sacre, qui résonne comme un hommage à son travail et à sa vision, réaffirme son statut de figure emblématique du cinéma africain.

Étalon d’Or de Yennenga : Perspectives pour l’avenir du cinéma africain

Au-delà de la consécration individuelle, cette victoire est porteuse d’espoir pour tout un continent. Le FESPACO, en mettant en lumière des œuvres qui abordent des thématiques politiques, culturelles et sociales avec une acuité rare, démontre qu’un cinéma authentiquement africain est capable de rivaliser avec les productions mondiales. Alors que le Burkina Faso et d’autres nations du continent investissent dans la formation, la production et la diffusion de leurs œuvres, le succès de Katanga ouvre la voie à une nouvelle ère de créativité et de reconnaissance internationale.

En définitive, ce triomphe historique marque un tournant décisif dans la valorisation du cinéma ouest-africain. Alors que les projecteurs se braquent sur Ouagadougou, le message est clair : la puissance narrative du cinéma africain, portée par des talents tels que Dani Kouyaté, continue d’inspirer et de questionner le monde entier.

 

 

 

Tempête à Washington : Zelensky s’écharpe, la diplomatie vacille

 Dans un éclat retentissant, Volodymyr Zelensky a claqué la porte de la Maison-Blanche ce vendredi, laissant derrière lui une conférence de presse annulée et une alliance américano-ukrainienne au bord du gouffre. Ce qui devait être une rencontre stratégique entre le président ukrainien et Donald Trump a viré au pugilat verbal, exposant au grand jour des fractures béantes et des ambitions inconciliables.

Zelensky et Trump : un face-à-face qui tourne au vinaigre

L’atmosphère était déjà lourde avant même que les deux hommes ne franchissent le seuil de la pièce. Censée sceller un accord sur les minerais rares ukrainiens, la réunion a dégénéré en un échange d’amabilités cinglantes. Trump, fidèle à son style abrasif, a sermonné Zelensky, lui reprochant un manque de reconnaissance pour l’aide américaine. « Tu joues avec la Troisième Guerre mondiale et tu oses me parler comme ça ? » aurait-il lancé, selon des témoins. Son vice-président, JD Vance, aurait enfoncé le clou, dénonçant une attitude « irrespectueuse ».

Zelensky, loin de plier, a riposté avec une verve tranchante. « Je ne négocie pas avec un tueur », a-t-il asséné, visant implicitement Vladimir Poutine, tout en exigeant un « rempart incontournable » pour garantir la paix. Le ton est monté, les invectives ont fusé, et l’entrevue s’est achevée sur un constat d’échec : pas de signature, pas de conférence, juste un Zelensky furibond quittant les lieux.

 Les minerais, nerf de la discorde

Au cœur de cette joute explosive, un enjeu stratégique : les précieuses terres rares ukrainiennes, essentielles pour les technologies de pointe. Trump y voit une aubaine pour « rentabiliser » l’aide colossale versée à Kyiv, une sorte de troc géopolitique où l’Amérique récupérerait son dû en ressources. Zelensky, lui, refuse de brader son sous-sol, fustigeant une première mouture de l’accord qu’il a qualifiée de « pillage à l’ancienne ».

Ce bras de fer n’est pas qu’économique : il cristallise deux visions du monde. D’un côté, Trump mise sur une realpolitik brutale ; de l’autre, Zelensky défend une souveraineté ukrainienne chèrement acquise. L’annulation de la conférence sonne comme un aveu : aucun terrain d’entente n’a été trouvé, et l’accord reste lettre morte.

Un Parti républicain désaccordé

L’onde de choc ne s’arrête pas aux murs de la Maison-Blanche. Dans les rangs républicains, la ligne Trump vacille. Des voix dissidentes, comme celles des sénateurs John Curtis et John Cornyn, ont pris leurs distances. Curtis a salué la « ténacité admirable » de Zelensky face à l’agression russe, tandis que Cornyn a balayé d’un revers de main l’étiquette de « dictateur » collée par Trump au leader ukrainien. Une fissure rare, qui trahit un parti tiraillé entre isolationnisme trumpiste et héritage conservateur méfiant envers Moscou.

Le monde retient son souffle, X s’enflamme.

La nouvelle a vite enflammé les réseaux sociaux, où les utilisateurs de X ont rivalisé de superlatifs pour décrire cet accrochage hors normes. « Trump a littéralement réduit Zelensky en miettes devant tout le monde », s’étonne un internaute. « C’est une déflagration diplomatique en direct », renchérit un autre. Le spectacle, aussi captivant qu’inquiétant, a braqué les projecteurs sur une relation bilatérale en pleine déliquescence.

Zelensky et Trump : une brouille aux racines profondes

Ce n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel clair. Depuis des semaines, Trump multiplie les attaques, accusant Zelensky d’avoir « déclenché » la guerre et le dépeignant en autocrate. Zelensky, en retour, a taxé son homologue de victime d’un « brouillard désinformatif russe ». Ces piques, exacerbées par des négociations de paix où l’Ukraine se sent écartée, ont pavé la voie à cette confrontation.

Aujourd’hui, alors que Zelensky regagne Kyiv les mains vides, l’avenir des liens entre Washington et l’Ukraine semble plus incertain que jamais. La diplomatie, déjà malmenée, tangue sous les coups de boutoir d’un duo que tout oppose.

Et après ?

Dans ce chaos, une image persiste : celle d’un Zelensky tournant le dos à la Maison-Blanche, silhouette solitaire face à un horizon brouillé. La rencontre, qui promettait une avancée, n’a fait qu’éventer les rancœurs et ajourner les espoirs. Entre les minerais convoités, les invectives échangées et les fissures républicaines, une question flotte, lancinante : la paix peut-elle encore s’écrire sur les cendres de cette débâcle ? Peut-être, mais à cet instant, elle semble s’éloigner, emportée par le vent âpre d’un automne washingtonien décidément glacial.

Niger : Dosso sous les cendres, un cri dans la nuit pour conjurer l’abîme

Dosso, 28 février 2025 – Quand la nuit étend son voile sur les plaines de Dosso, elle devrait murmurer des promesses de repos aux villages de Tourmouzawa et Makani. Mais dans les ténèbres des 22-23 et 24-25 février 2025, ce n’est pas le calme qui s’est invité, mais un cortège de fureur et de deuil. En effet, des hommes armés, tels des spectres jaillis d’un cauchemar, ont déferlé sur ces hameaux paisibles, arrachant au moins seize vies à la terre qui les a vus naître.

Leurs mains, impitoyables, ont aussi livré aux flammes maisons, boutiques et greniers, transformant en un brasier funeste le labeur de familles entières. Face à cette plaie béante, le gouverneur de la région, le général Ibrahima Mamane Ibrahima, a foulé le sol encore tiède des ruines pour appeler à une retenue salvatrice et conjurer une escalade qui, tel un torrent déchaîné, menace de tout emporter.

Les violentes attaques de Tourmouzawa et Makani, dans la région de Dosso, mettent à rude épreuve la résistance de la population locale.Une furie dans le silence de Dosso

L’horreur a frappé avec une précision froide. À Tourmouzawa, puis à Makani, les assaillants, juchés sur des motos vrombissantes selon des récits locaux, ont surgi sous le couvert de la nuit, leurs armes crachant la mort sans distinction. 16 âmes, hommes, femmes, enfants, ont été fauchées, leurs corps abandonnés parmi les décombres fumants. Les flammes, complices de cette barbarie, ont dévoré ce qui restait : des foyers réduits à des carcasses noircies, des échoppes vidées de leurs maigres richesses, des greniers où s’entassaient les promesses d’une saison à venir. Un tableau de désolation qui, dans cette région du sud-ouest nigérien, résonne comme une alarme stridente dans un calme trompeur.

Jusqu’il y a peu, Dosso vivait à l’écart des tourments qui déchirent le nord du pays, où les groupes jihadistes comme JNIM ou l’État islamique au Sahel sèment la terreur. Mais ces attaques, dans une zone frontalière avec le Nigeria, laissent craindre une contagion. Les bandits armés, parfois alliés à des factions extrémistes, profitent de la porosité des frontières et de l’absence de forces de sécurité permanentes pour frapper là où la vigilance s’émousse. Des sources locales évoquent des motos, des raids éclairs, une tactique devenue signature de ces prédateurs nomades qui pillent et tuent avant de fondre dans l’obscurité.

Un appel au sursaut à Dosso

Le général Ibrahima, dépêché sur place, n’a pas cherché à draper la vérité d’un voile d’illusions. Debout parmi les cendres, il a exhorté les villageois, encore hébétés par le chagrin, à « faire preuve de maturité » pour éviter que la soif de vengeance ne creuse un gouffre plus profond. « Une escalade est en train de se tramer », a-t-il averti, son ton grave porté par le vent sec qui charriait l’odeur âcre de la destruction. « Si nous ne prenons pas garde, cela risque de nous entraîner bien loin. » Ses mots, plus qu’un conseil, sont un plaidoyer : ne pas laisser la colère allumer une guerre intestine qui achèverait ce que les assaillants ont commencé.

Cette mise en garde n’est pas anodine. Dans un pays où les tensions communautaires et les rivalités pour les ressources (terres, bétail) couvent sous la surface, chaque attaque est une étincelle sur un lit de braises. Dosso, jusqu’alors épargnée, pourrait-elle basculer à son tour ? Le gouverneur sait que la réponse ne tient qu’à un fil, fragile comme une promesse dans le désert.

Les violentes attaques de Tourmouzawa et Makani, dans la région de Dosso, mettent à rude épreuve la résistance de la population locale.Une lueur dans la brume

Mais au-delà des chiffres – seize morts, des dizaines de foyers détruits –, c’est l’âme de Dosso qui vacille. Ces villages, tissés de solidarités anciennes, sont plus que des points sur une carte : ils sont des refuges, des mémoires, des vies qui s’entrelacent. Les flammes ont beau avoir consumé le bois et la paille, elles n’ont pas éteint cette ténacité qui, depuis des générations, fait plier le malheur sans le laisser triompher.

Alors que le soleil se lève sur Tourmouzawa et Makani, un silence lourd succède aux cris. Les survivants, les yeux rougis, ramassent les débris, cherchant dans les cendres un peu de ce qui fut. Le gouverneur est reparti, sa voix encore suspendue dans l’air, et avec elle, une vérité douce-amère : si la paix est une flamme fragile, c’est dans les cœurs meurtris qu’elle trouve son plus ardent foyer. Car à Dosso, même sous un ciel de suie, la vie, têtue, refuse de s’éteindre et c’est là, dans ce murmure obstiné, que dort l’espoir d’un matin sans feu ni larmes.

Diffa : le PASPR, un souffle de vie pour les villages retrouvés

Diffa, 28 février 2025 – Un murmure d’optimisme a traversé les plaines arides de la région de Diffa, porté par une réunion d’envergure orchestrée sous l’égide du Secrétaire Général de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP). Dans une salle empreinte de détermination, ce dernier a donné le coup d’envoi du comité de pilotage du Projet d’Appui à la Stabilisation de la Situation des Populations Retournées dans leurs Villages d’Origine (PASPR). L’objectif est de passer au crible les avancées, les écueils et les perspectives d’un chantier aussi ambitieux qu’essentiel pour les âmes revenues sur leurs terres ancestrales après des années d’exil forcé.

Le décor était sobre, mais l’enjeu immense. Face à une assistance composée d’élus locaux, de responsables sécuritaires et de partenaires techniques, le Secrétaire Général a planté le décor avec une clarté saisissante : ce projet n’est pas une simple ligne sur un rapport, mais une ancre jetée dans le tumulte pour arrimer des vies déracinées par l’insécurité. Depuis son lancement, le PASPR s’évertue à tisser un filet de résilience autour des populations de Diffa, une région longtemps ballotée par les vents contraires du terrorisme, du banditisme et des conflits intercommunautaires.

PASPR : Une lueur dans l’ombre des défis

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, bien qu’ils ne racontent qu’une partie de l’histoire. Selon les données récentes, plus de 342 000 personnes se trouvent encore en situation de déplacement forcé dans cette région au 30 avril 2024, un chiffre en hausse de 8 % par rapport à l’année précédente. Pourtant, au milieu de cette tempête, des bourgeons de renouveau pointent timidement. Près de 20 492 individus, répartis dans 2 990 ménages, ont spontanément repris le chemin de leurs villages d’origine, notamment dans la commune de Gueskérou, depuis 2022. Un retour porté par une aspiration viscérale à retrouver un semblant de normalité, mais aussi par les efforts du PASPR pour rendre ces terres à nouveau habitables.

Le Secrétaire Général n’a pas esquivé les ombres au tableau. « Stabiliser, c’est bien plus que reconstruire des murs ou creuser des puits », a-t-il martelé, la voix teintée d’une gravité réfléchie. « C’est redonner aux gens la foi en demain, dans un contexte où la peur rôde encore. » Car les défis restent colossaux : insécurité persistante aux frontières nigéro-nigérianes, besoins criants en vivres, abris et services de base comme l’eau ou la santé. Autant de nœuds gordiens que le projet s’attelle à dénouer, pas à pas.

Un vent d’espoir souffle sur Diffa : le comité de pilotage du projet PASPR se penche sur la stabilisation des populations retournéesUne mosaïque d’efforts concertés

L’atelier d’hier n’était pas une simple formalité administrative. Il a offert une tribune pour égrener les avancées du PASPR, fruit d’une synergie entre la HACP, l’Union Européenne, et des ONG locales comme Garkua. Depuis son amorce en mai 2022, sous l’impulsion du Général Mahamadou Abou Tarka, alors président de la HACP, le projet a semé des graines de stabilité. Des infrastructures sociales (écoles, centres de santé) ont vu le jour, des conseils départementaux de sécurité ont été renforcés et des initiatives de cohésion sociale ont fleuri pour apaiser les tensions entre communautés.

Un milliard de francs CFA, géré directement par la HACP, a été injecté pour soutenir ces dynamiques, tandis que l’ONG Garkua, forte de son ancrage local, a pris les rênes d’une enveloppe financée par l’Union Européenne. « Ces efforts ne sont pas un luxe, mais une nécessité vitale », a souligné un représentant régional, rappelant que chaque village repris à l’abandon est une victoire sur le chaos.

Vers un horizon durable ?

Si le bilan dressé témoigne d’un élan réel, il invite aussi à l’humilité. Les populations retournées, bien que courageuses, restent fragiles. Les besoins en eau potable, en assainissement et en opportunités économiques demeurent des priorités criantes. Le comité de pilotage a donc esquissé des pistes pour l’avenir : accélérer les retours volontaires (41 793 personnes sont encore attendues dans leurs foyers) et consolider les acquis via des projets économiques locaux, comme la culture du poivron ou la pêche, qui ont déjà permis à certains de renouer avec une dignité perdue.

À l’issue de cette journée, les participants se sont séparés avec une conviction nimbée d’espérance : le PASPR ne relève pas du songe, mais d’un défi téméraire misant sur la force de l’esprit humain. Dans les étendues de Diffa, où le sable garde les cicatrices des tourments passés, ce projet trace une lueur fragile, pourtant saisissable : celle d’un horizon où les hameaux cesseraient d’être des ombres nostalgiques pour redevenir des refuges vivants. Il incombe désormais de faire de ce croquis une vérité durable, un engagement que les acteurs présents ont solennellement promis de mener à son terme.

 

Mali : Une embuscade fauche des vies sur l’axe Kati-Soribougou

Kati /Mali, 28 février 2025 – Hier, jeudi, une aube encore engourdie de sommeil a été brutalement secouée par une salve de violence sur la route reliant Kati à Soribougou. Le convoi du ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, serpentant à travers les premières lueurs du jour, est tombé dans les griffes d’une attaque aussi soudaine que meurtrière. Le bilan, aussi lourd qu’un ciel d’orage, fait état d’au moins deux âmes fauchées, dix autres marquées par les stigmates de la douleur, et de deux véhicules réduits à l’état de carcasses fumantes. Dans ce coin du Mali où la paix semble un mirage vacillant, cet assaut ravive les braises d’une insécurité qui refuse de s’éteindre.

Kati-Soribougou : un piège tendu dans l’ombre

L’attaque, survenue aux heures où le soleil peine encore à percer l’horizon, a pris pour cible un cortège qui, en apparence, ne faisait que son devoir. La ministre Doumbia Mariam Tangara roulait entouré de son escorte dans une région pourtant jugée moins hostile que les étendues désertiques du nord ou les bourbiers du centre. Mais les assaillants, tapis dans l’obscurité comme des prédateurs guettant leur proie, ont surgi avec une précision glaçante. Des tirs nourris, des explosions sourdes : en quelques instants, la quiétude matinale a cédé la place à un chaos où chaque seconde pesait une éternité.

Les premiers témoignages, glanés auprès de sources proches de l’événement, dessinent une scène d’épouvante. « Les balles sifflaient comme un essaim en furie », confie un rescapé, le regard encore hanté par la violence. Deux vies se sont éteintes sur le bitume, tandis que dix autres, blessées, portent désormais les cicatrices d’une agression dont le mobile reste, pour l’heure, enveloppé de mystère. Deux véhicules, symboles d’une mission brutalement interrompue, gisent éventrés, témoins muets d’une rage qui ne faiblit pas.

Une menace sans frontières

Cet assaut n’est pas un cri isolé dans le désert malien. Il s’inscrit dans une litanie macabre qui, ces dernières semaines, a vu la peur s’étendre comme une marée inexorable. À peine deux semaines plus tôt, le 13 février, le convoi du ministre de l’Enseignement supérieur, Bouréma Kansaye, avait essuyé une attaque près de Niéna, dans la région de Sikasso, laissant quatre gendarmes blessés. Désormais, c’est au tour de l’axe Kati-Soribougou, si proche de Bamako, de devenir le théâtre d’une guerre larvée qui défie les cartes et les pronostics.

Longtemps cantonnés aux confins arides du Nord et aux plaines centrales, les groupes armés, qu’ils soient liés à Al-Qaïda ou à d’autres nébuleuses, semblent tendre leurs filets plus près du cœur battant du pays. Cette nouvelle audace, qui frappe aux portes de la capitale, sonne comme un défi lancé aux autorités maliennes.

Un peuple au bord du précipice

Au-delà des chiffres et des actions conjointes, ce sont des vies humaines qui s’effilochent dans cette spirale. Les deux victimes, anonymes pour l’instant, rejoignent une liste trop longue de Maliens emportés par un conflit qui n’épargne ni les civils ni les représentants de l’État. Les dix blessés, eux, luttent pour panser leurs plaies, physiques comme invisibles, dans un pays où les hôpitaux peinent souvent à répondre à l’urgence. Quant aux véhicules détruits, ils incarnent une fragilité plus large : celle d’un État qui, malgré sa détermination, voit ses fondations ébranlées.

Les autorités, dans un silence encore prudent, poursuivent leurs investigations pour identifier les auteurs de cette embuscade. Les soupçons, comme souvent dans cette région du Sahel, se tournent vers des groupes terroristes dont les noms JNIM, État islamique au Grand Sahara résonnent comme des spectres familiers. Mais au-delà des coupables, une question flotte dans l’air poussiéreux de Kati : jusqu’où cette violence ira-t-elle avant qu’un semblant de paix ne puisse émerger ?

Un appel à l’endurance

Hier, sur l’axe Kati-Soribougou, le Mali a une fois encore été confronté à sa propre vulnérabilité. Mais dans les regards des survivants, dans la ténacité des forces qui ont riposté, persiste une lueur d’opiniâtreté. Cet attentat, aussi cruel soit-il, ne saurait réduire un peuple à la résignation. Alors que les enquêtes se déploient et que les blessés reprennent souffle, une certitude demeure : chaque jour qui passe est un combat pour que demain ne soit pas un simple écho d’hier. À Kati, comme ailleurs au Mali, la route reste longue, mais elle n’est pas insurmontable.

Niamey lance la 70ᵉ session CBLT : un sursaut pour le lac Tchad

La capitale nigérienne, Niamey, s’est parée d’une aura particulière, accueillant la cérémonie d’ouverture de la 70ᵉ session ordinaire du Conseil des Ministres de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT). Dans une salle où les drapeaux des nations membres dansaient au gré d’une brise symbolique, le ministre des Mines du Niger, le Commissaire Colonel Abarchi Ousmane, a marqué de sa présence cet événement, point d’orgue d’une volonté collective de préserver un trésor vital : le lac Tchad. Face aux défis climatiques et sécuritaires qui étreignent la région, cette rencontre s’annonce comme une charnière pour l’avenir de millions d’âmes liées à ce bassin.

Un rendez-vous au cœur des enjeux vitaux

La CBLT, née en 1964 sous l’impulsion du Niger, du Tchad, du Cameroun et du Nigeria, rejoints plus tard par la République centrafricaine et la Libye comme observateurs, porte depuis six décennies la mission de veiller sur les ressources du lac Tchad, une étendue d’eau qui irrigue la vie de près de 40 millions de personnes. Ce jeudi, les ministres des pays membres, flanqués de leurs délégations, se sont rassemblés sous les plafonds du Palais des Congrès de Niamey pour débattre des stratégies capables de juguler la récession du lac, les tensions transfrontalières et les pressions démographiques qui pèsent sur cet écosystème fragile.

Par ailleurs, le Colonel Abarchi Ousmane, figure emblématique de la gouvernance nigérienne, n’a pas manqué de souligner l’importance de cette session. « Le lac Tchad n’est pas qu’une étendue d’eau : c’est le sang qui coule dans les veines de nos peuples », a-t-il déclaré lors de son discours d’ouverture, sa voix résonnant comme un appel à l’unité. Sa participation, au-delà d’un rôle protocolaire, reflète l’engagement du Niger à peser dans les décisions qui façonneront la gestion durable de cette ressource partagée.

Niamey résonne d’un élan régional : la 70ᵉ session du Conseil des Ministres de la CBLT s’ouvre sous l’égide du Colonel Abarchi OusmaneUne mosaïque de défis à démêler la 70ᵉ session du CBLT

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis les années 1960, le lac a perdu près de 90 % de sa superficie, passant de 25 000 km² à moins de 2 500 km² aujourd’hui, victime d’une pluviométrie capricieuse et d’une exploitation humaine galopante. À cela s’ajoutent les secousses sécuritaires, avec des groupes armés comme Boko Haram qui prospèrent dans les zones lacustres, rendant l’accès à l’eau et aux terres encore plus périlleux. La 70ᵉ session, qui s’étend sur deux jours, ambitionne de poser des jalons concrets : renforcer la coopération régionale, financer des projets de résilience climatique et harmoniser les politiques nationales pour une gestion équitable des ressources.

Les débats, qui ont débuté sous le regard attentif des experts de la CBLT, portent notamment sur le projet de transfert d’eau depuis le bassin du fleuve Congo-Oubangui, une idée audacieuse, mais coûteuse, évaluée à plusieurs milliards de dollars. Si elle voyait le jour, cette initiative pourrait redonner vie au lac, mais les ministres devront trancher entre utopie et pragmatisme, dans un contexte dans lequel les bailleurs internationaux, comme la Banque mondiale ou l’Union africaine, scrutent chaque pas.

Le Niger, une voix qui monte

Pour le Colonel Abarchi Ousmane, cette session est aussi une tribune. Ministre des Mines depuis la transition militaire, il s’est illustré ces derniers mois par une politique audacieuse, notamment dans la gestion des ressources uranifères du pays, pivotant vers des partenariats avec la Russie et d’autres acteurs non traditionnels. Sa présence à cette cérémonie dépasse son portefeuille minier : elle incarne la volonté du Niger de s’affirmer comme un acteur régional, un pont entre les nations du Sahel et du bassin tchadien. « Nous ne pouvons prospérer seuls quand nos voisins suffoquent », a-t-il glissé, esquissant un sourire qui trahissait une détermination froide.

Le choix de Niamey comme hôte n’est pas anodin. Le Niger, qui abrite le siège de la CBLT depuis sa création, reste un pilier historique de l’organisation. Cette 70ᵉ session intervient dans un climat de renouveau pour le pays, qui, après des mois de turbulences politiques, cherche à rallumer la flamme de sa crédibilité internationale. L’accueil de cet événement, marqué par une organisation minutieuse des drapeaux impeccablement alignés aux mesures de sécurité discrètes, mais efficaces, traduit cette ambition.

Niamey résonne d’un élan régional : la 70ᵉ session du Conseil des Ministres de la CBLT s’ouvre sous l’égide du Colonel Abarchi Ousmane

La 70ᵉ session du CBLT: Vers un souffle commun ?

Alors que le soleil disparaissait derrière les dunes de Niamey, les premiers échanges révélaient une détermination à passer rapidement à l’action. Les ministres, ayant déjà participé à des sessions précédentes, étaient conscients de l’importance du temps. Les communautés du lac (pêcheurs, éleveurs, agriculteurs) attendent des actes, pas des promesses soufflées dans le vent.

La 70ᵉ session du Conseil des Ministres de la CBLT, sous l’impulsion du Colonel Abarchi Ousmane et de ses pairs, pourrait bien marquer un tournant. Pas de déclarations grandiloquentes pour l’instant, mais une tension palpable : celle d’un continent qui, autour d’un lac en sursis, cherche à réinventer son destin. À Niamey, l’histoire ne s’est pas encore écrite, mais elle a pris un élan qui, demain, pourrait changer la donne.

Niamey s’arme contre les flammes : la 86ᵉ Compagnie d’incendie et de secours voit le jour

Niamey, la capitale brûlante du Niger, a vécu un moment d’éclat pas comme les autres jeudi. Sous un ciel voilé de poussière, le Ministre d’État et Ministre de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba, a coupé le ruban inaugural de la 86ᵉ Compagnie d’Incendie et de Secours, nichée dans l’enceinte vibrante de la Grande Mosquée de la ville. En effet, loin d’être une simple pierre ajoutée à l’édifice administratif, cette nouvelle unité s’érige comme un rempart vivant contre les aléas qui menacent la sécurité des Nigériens, dans une métropole où la modernité côtoie les défis du quotidien.

Niamey a inauguré la 86ème Compagnie d’Incendie et de Secours, renforçant la sécurité de la capitale avec de nouveaux équipements remis

86e Compagnie d’Incendie et de Secours: Un bouclier forgé pour la capitale

La cérémonie, empreinte de gravité et d’espoir, s’est déroulée sous les regards d’une foule compacte : officiels, sapeurs-pompiers au garde-à-vous et citoyens curieux venus saluer cette avancée. Le général Toumba, figure imposante de la sécurité nationale, n’a pas mâché ses mots. « Cette compagnie est une sentinelle de plus pour veiller sur Niamey, un gage de sérénité pour nos foyers », a-t-il déclaré, tandis que le ronronnement des nouveaux engins d’intervention ponctuait son discours. Car ce lancement ne s’est pas contenté de symboles : il s’est accompagné de la remise d’équipements flambant neufs (camions-citernes, ambulances et outils spécialisés), prêts à défier les flammes et les urgences.

Installée stratégiquement près de la Grande Mosquée, cette 86ᵉ compagnie complète un maillage déjà dense dans la capitale, où dix casernes veillent sur les artères animées de Niamey. Elle s’inscrit dans un élan plus large, porté par le projet KARIYA, financé en partie par Expertise France et l’État nigérien. Depuis 2023, ce programme ambitionne de muscler la protection civile dans les régions clés de Niamey, Maradi et Zinder, avec la construction de sept compagnies et quatre centres de secours. À Niamey, où la population frôle les 1,5 million d’âmes, cette nouvelle unité promet de raccourcir les délais d’intervention, un enjeu crucial dans une ville où les embouteillages et les ruelles étroites défient souvent les secours.

Des héros du quotidien renforcés

Les sapeurs-pompiers nigériens, ces soldats du feu qui oscillent entre courage et anonymat, trouvent dans cette inauguration une reconnaissance tacite. Avec une moyenne de 1 000 interventions mensuelles à l’échelle nationale, un chiffre qui grimpe lors des grands événements comme la Tabaski, leur rôle est aussi  vital. En 2024, le 5ᵉ Groupement Régional d’Incendie et de Secours de Diffa a recensé 3 137 opérations, des incendies aux accidents de la route. À Niamey, la 86ᵉ compagnie s’ajoute à cette chaîne de vigilance, prête à affronter les sinistres qui, trop souvent, naissent des chaumes fragiles ou des courts-circuits imprévus.

Le capitaine Ousseini Amirou, commandant de la 81ᵉ Compagnie, avait déjà, en 2022, souligné les défis : des automobilistes récalcitrants bloquant les ambulances, des ressources tendues face à l’urgence. Aujourd’hui, les nouveaux équipements – dont certains financés par des partenaires internationaux – viennent alléger cette pression. Pompes à haute pression, tenues ignifugées dernier cri : chaque outil est une promesse de rapidité et d’efficacité, dans un pays où le slogan « Sauver ou périr » résonne comme un serment.

Niamey a inauguré la 86ème Compagnie d’Incendie et de Secours, renforçant la sécurité de la capitale avec de nouveaux équipements remis Une capitale qui respire la résilience

Niamey, carrefour stratégique et cœur battant du Niger, ne cesse de se métamorphoser. Depuis le programme Niamey Nyala lancé en 2017, la ville s’est parée d’infrastructures modernes, des ronds-points monumentaux aux hôtels de standing. Mais cette croissance rapide s’accompagne de risques : des habitats précaires jouxtent des immeubles flambant neufs et les sécheresses accentuent la vulnérabilité aux incendies. L’inauguration de cette compagnie, dans ce contexte, n’est pas un luxe, mais une nécessité criante.

Le général Toumba n’a pas manqué de le rappeler : « Dans un monde où les crises s’entrelacent, notre devoir est d’anticiper, de protéger. » Derrière lui, les regards des pompiers brillaient d’une fierté contenue, tandis que la foule murmurait son approbation. Cet événement s’inscrit aussi dans une dynamique régionale : le Niger, membre actif de l’Alliance des États du Sahel (AES), cherche à renforcer sa souveraineté, jusque dans ses capacités de réponse aux urgences.

86e Compagnie d’Incendie et de Secours :une flamme d’espoir dans le sable

En somme, comme des lucioles dans l’obscurité, les gyrophares des nouveaux engins éclairaient timidement la cour de la Grande Mosquée, signe discret, mais puissant de l’arrivée d’une nouvelle force de sécurité, un réconfort pour la population. Pas de déclarations tonitruantes, pas de promesses creuses : juste une unité de plus, prête à bondir au premier appel. Pour les habitants, c’est un souffle de réconfort ; pour les autorités, un pas vers une capitale plus sûre.

La 86ᵉ Compagnie d’incendie et de Secours n’est pas qu’un bâtiment ou un numéro. Elle est une balise dans l’immensité aride, un gage que Niamey, malgré les vents contraires, refuse de plier face aux flammes ou au chaos. Et dans ce silence qui a suivi les discours, une vérité simple s’est imposée : au Niger, la résilience n’est pas un vain mot, mais une flamme qui ne s’éteint pas.

Niamey : Zeine tend une main au Fonds de Solidarité Africain(FSA)

Niamey, 27 février 2025 –  Aujourd’hui, alors que le soleil déclinait sur les toits ocre de Niamey, une rencontre discrète mais lourde de promesses s’est tenue au cœur de la capitale nigérienne. Le Premier Ministre, également ministre de l’Économie et des Finances, Mahaman Ali Lamine Zeine, a ouvert les portes de son cabinet à une délégation de haut vol du Fonds de Solidarité Africain (FSA), emmenée par son directeur général, Diallo Abdourahamane. Dans une salle où les murmures des ventilateurs se mêlaient à l’écho des enjeux continentaux, cette entrevue a réuni des esprits décidés à faire germer des avancées économiques pour le Niger et au-delà.

Une constellation de pionniers financiers

La délégation n’avait rien d’ordinaire. Aux côtés de Diallo Abdourahamane figuraient des sommités du financement africain : les directeurs généraux de la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA), d’Afreximbank, de Sheltex Afrik, ainsi que des représentants de la Commission Économique pour l’Afrique (CEA) et de l’Alliance pour les Technologies Agricoles Innovantes (ATAI). Ce cortège d’acteurs, chacun porteur d’une pièce du puzzle économique africain, semblait dessiner une fresque d’ambitions partagées. En toile de fond, le ministre délégué aux Finances, fidèle vigie, assistait à cet échange, dont les contours restaient, pour l’heure, enveloppés de silence.

Aucune parole n’a filtré à l’issue de cette audience. Pas un mot, pas une esquisse d’intention dévoilée. Pourtant, ce mutisme, loin d’être une brume opaque, laisse entrevoir une toile en cours de tissage, où chaque fil compte. Le FSA, créé en 1976 à Niamey même, incarne depuis près d’un demi-siècle une volonté panafricaine de soutenir les projets d’investissement et de chasser les ombres de la pauvreté. Sa présence aujourd’hui, au côté de ces géants financiers, suggère une boussole pointée vers des horizons concrets pour le Niger.

FSA : une terre en quête de souffle économique

Le Niger, vaste étendue de dunes et de rêves, ne manque ni de défis ni de potentiel. Avec une économie encore fragile, une croissance prévue à 7,9 % en 2025 selon le FMI, mais un accès à l’électricité qui échappe à 80 % de sa population, le pays cherche à puiser dans ses ressources minières, pétrolières et agricoles pour se hisser vers la lumière. L’entrée en production du champ pétrolier d’Agadem en novembre 2023 a marqué un tournant, mais les besoins d’infrastructures et de diversification restent des montagnes à gravir. Dans ce décor, le Premier ministre Zeine, économiste chevronné et figure de la résilience nigérienne, apparaît comme un timonier décidé à capter les vents favorables.

La visite du FSA et de ses alliés ne tombe pas du ciel. Elle s’inscrit dans une danse diplomatique et économique intense, orchestrée par un gouvernement de transition qui, depuis2023, multiplie les passerelles avec des partenaires hors des sentiers battus. Après des échanges fructueux avec le FMI à Washington en octobre 2024 et une quête de souveraineté énergétique affirmée au sommet Mission 300 Africa Energy à Dar es Salaam, Niamey semble tendre une main ferme aux institutions africaines prêtes à semer avec elle.

Un silence qui murmure des possibles

Que s’est-il tramé derrière ces portes closes ? Les spéculations fusent, mais les faits restent des braises encore chaudes sous la cendre. Le FSA, fort de son rôle de garant pour les projets d’investissement, pourrait bien jouer les entremetteurs pour des financements dans l’énergie, l’agriculture ou les infrastructures des secteurs où Afreximbank et la BADEA ont déjà fait leurs preuves. Sheltex Afrik, discret mais influent dans le textile et l’industrialisation, pourrait apporter une touche inattendue à la palette nigérienne. Quant à la CEA et l’ATAI, leurs expertises en politique économique et en innovations agricoles laissent présager des discussions sur des chaînes de valeur durables.

Niamey, une étoile montante ?

Niamey n’a pas seulement accueilli une délégation : elle a planté un jalon. Dans un monde où les alliances se redéfinissent, le Niger de Mahaman Ali Lamine Zeine semble décidé à ne plus être un simple spectateur. Avec le FSA et ses partenaires, le pays pourrait bien rallumer une flamme panafricaine née sur son propre sol il y a près de cinquante ans. Si les mots manquent encore, les regards, eux, sont tournés vers les fruits que cet échange pourrait faire éclore. Pour l’heure, le rideau reste tiré, mais la scène, elle, s’anime déjà dans l’ombre.