Des déclarations vantant certains aspects de la révolution cubaine et d’anciens voyages dans des pays communistes reviennent hanter la campagne de Bernie Sanders, l’actuel favori à l’investiture démocrate dans la course pour la Maison Blanche.
Le sénateur, « socialiste » autoproclamé, a déclenché depuis dimanche une cascade de condamnations dans son propre camp pour avoir salué le programme massif d’alphabétisation lancé par Fidel Castro après son arrivée au pouvoir en 1959.
Joe Biden, numéro deux de Barack Obama quand celui-ci a entamé un dégel avec le régime cubain en 2014, a fustigé une « admiration » pour des éléments de la dictature de Castro.
Le milliardaire Michael Bloomberg a rappelé de son côté le « sombre héritage » laissé par le dictateur cubain, et l’ex-maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg a condamné un candidat qui « encourage les gens à regarder le bon côté du régime castriste ».
Des élus démocrates de Floride, un Etat clé de l’élection présidentielle américaine accueillant une importante communauté de réfugiés cubains, ont eux mis en garde contre une victoire républicaine de Donald Trump en novembre si M. Sanders était investi par le parti pour lui faire face.
Pour les adversaires du sénateur du Vermont, cette polémique vient à point pour tenter de freiner sa dynamique victorieuse lors de la primaire en Caroline du Sud samedi.
Preuve que son investiture est devenue une vraie possibilité, Donald Trump l’attaque aussi désormais frontalement, le présentant comme un dangereux « communiste ».
– « La vérité » –
Engagé à gauche très jeune, Bernie Sanders a lutté pour les droits civiques comme étudiant à l’université de Chicago, puis contre la guerre du Vietnam avant d’entrer en politique comme « indépendant ».
En pleine Guerre froide, alors maire de la petite ville de Burlington, il avait fait plusieurs voyages en Union soviétique, à Cuba et au Nicaragua. Des déclarations et des photos datant des années 1980 ont resurgi ces derniers jours dans les médias et sur les réseaux sociaux.
En 1985, il salue sur la chaîne télévisée municipale le programme d’alphabétisation et le système gratuit de santé, même primitif, lancés par les Sandinistes au Nicaragua, où il vient de passer une semaine.
L’année suivante, lors d’un discours à l’université du Vermont, il rappelle son « enthousiasme » à l’annonce de la révolution cubaine, lors de laquelle « les pauvres se soulevaient contre les méchants riches ».
Et en 1988, de retour d’un voyage en Union soviétique avec une délégation municipale, il se dit « impressionné » par le système de transport public et les « très belles » gares de Moscou.
Pour le directeur de la Fondation pour les victimes du communisme, Marion Smith, qui a diffusé sur son compte Twitter les déclarations de 1988 de M. Sanders, ces commentaires sont « un outrage cruel aux millions de victimes du communisme dans le monde ».
Mais loin de s’excuser, l’élu du Vermont a renchéri lundi soir lors d’un débat avec le public sur la chaîne CNN.
« Je pense qu’apprendre aux gens à lire et à écrire est une bonne chose », a-t-il lancé à propos des débuts du régime castriste. Il a assuré critiquer depuis longtemps « les régimes autoritaires à travers le monde, y compris Cuba, le Nicaragua, l’Arabie saoudite, la Chine et la Russie ».
Bernie Sanders a par ailleurs loué les efforts de Pékin, autre « pays autoritaire » qui a « sorti de la pauvreté extrême plus de gens qu’ailleurs dans le monde ».
« C’est la vérité et ce sont les faits, fin de la discussion », a-t-il asséné.