La sénatrice noire Kamala Harris pour l’un, le célèbre militant des droits civiques Jesse Jackson pour l’autre: Joe Biden et Bernie Sanders ont chacun reçu dimanche un soutien de poids à deux jours de leur premier « tête-à-tête » de la primaire démocrate.
Le duel qui s’est dessiné cette semaine après le « Super Tuesday » commence à prendre forme, et les deux septuagénaires voient leurs troupes grossir à l’approche d’un autre gros mardi électoral.
Alors que six nouveaux Etats (Dakota du Nord, Idaho, Michigan, Mississippi, Missouri et Washington) se prononceront dans la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle, Joe Biden, 77 ans, a reçu le ralliement d’une ancienne rivale, Kamala Harris.
La sénatrice de 55 ans, qui espérait devenir la première présidente noire des Etats-Unis, avait fait un début de campagne remarqué, prenant notamment à partie l’ancien vice-président sur la question raciale lors d’un débat télévisé en juin.
Mais le soufflé est vite retombé pour l’ancienne procureure de Californie, qui a jeté l’éponge en décembre faute de fonds suffisants pour financer sa campagne, et laisse désormais derrière elle ses différends avec Joe Biden.
« Je crois vraiment en Joe, que je connais depuis longtemps. Nous avons aujourd’hui besoin d’un dirigeant qui se préoccupe vraiment des gens et peut donc les rassembler. Et je pense que Joe peut y parvenir », affirme-t-elle dans une vidéo publiée dimanche sur son compte Twitter.
Sur le même réseau, l’intéressé l’a remercié au nom de sa famille pour avoir « consacré sa carrière à se battre pour les laissés-pour-compte », souvent aux côtés de son fils Beau Biden, lui-même ancien procureur du Delaware et décédé en 2015.
– « Truqué? » –
Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Beto O’Rourke, Mike Bloomberg… Au nom du « rassemblement » nécessaire pour éviter l’éparpillement des voix, les ralliements à Joe Biden se sont multipliés depuis ses succès en Caroline du Sud et lors du « Super Tuesday ».
Tous ont estimé qu’il était le mieux placé parmi les modérés pour faire barrage à Bernie Sanders, dont les idées très à gauche pour les Etats-Unis font peur au sein de l’establishment démocrate.
L’appareil du parti s’est mis en marche pour mettre hors course le sénateur du Vermont, a encore analysé samedi soir sur Twitter le président républicain Donald Trump.
« Les démocrates ne veulent pas entre parler de Bernie le dingue. Truqué? », a-t-il écrit, se demandant notamment pourquoi Elizabeth Warren ne s’était pas retirée avant le « Super Tuesday », ce qui a coûté des voix à Bernie Sanders.
La sénatrice progressiste, qui a quitté vendredi la course à la Maison Blanche après une série de revers cuisants, n’a encore officiellement apporté son soutien à aucun des deux grands candidats encore en lice.
– Vote noir –
Dans le duel qui l’oppose désormais à Joe Biden, Bernie Sanders, 78 ans, a lui aussi reçu dimanche un soutien significatif: celui de Jesse Jackson, l’une des figures du combat pour les droits civiques.
« Bernie Sanders représente la voie la plus progressiste » pour permettre aux Afro-Américains de rattraper leur retard d’un point de vue économique et social, a expliqué le pasteur, une « prise » de choix pour le socialiste autoproclamé, moins populaire que son rival auprès de l’électorat noir.
Figure très respectée au sein de la communauté afro-américaine, Jesse Jackson a contribué à « changer la politique américaine » et à « transformer le pays aux côtés de Martin Luther King », a salué Bernie Sanders, « très fier » de ce soutien.
Les deux hommes doivent s’afficher ensemble dimanche lors d’un meeting de campagne à Grand Rapids, dans le Michigan, un Etat également convoité par Joe Biden, soutenu localement par la gouverneure Gretchen Whitmer.
« Joe a été là pour le Michigan quand nous étions dos au mur », a confié cette dernière à l’AFP, en référence notamment à ses efforts pour sauver l’industrie automobile de la faillite après la crise financière de 2008, lorsqu’il était vice-président de Barack Obama.
« Je pense que l’élection sera serrée dans le Michigan », a prédit la gouverneure de cet Etat de la « Rust Belt », région industrielle du nord des Etats-Unis.