Le candidat donné vainqueur de la présidentielle par la commission électorale en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, qui s’est fait investir jeudi président, a limogé vendredi le Premier ministre, issu du camp opposé, et l’a remplacé par un de ses partisans.
« Le Premier ministre, Aristides Gomes est relevé » de ses fonctions, indique le « décret présidentiel N° 1 » signé dans la soirée par le « Général Umaro Sissoco Embalo », au lendemain d’une investiture contestée par son adversaire au second tour de la présidentielle du 29 décembre, le chef du parti historique PAIGC, Domingos Simoes Pereira.
Dans un second décret, M. Embalo a nommé Nuno Gomes Nabiam, un des candidats malheureux du premier tour de la présidentielle, qui l’avait rallié lors du second.
M. Pereira ainsi qu’Aristides Gomes, reconnu par la communauté internationale, ont dénoncé l’investiture de M. Embalo jeudi dans un hôtel de la capitale comme une tentative de « coup d’Etat » de la part de M. Embalo, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui en est coutumier.
M. Embalo reproche à Aristides Gomes de ne pas reconnaître sa légitimité, rendant « impossible une cohabitation pacifique et un fonctionnement normal des institutions ».
Des militaires ont occupé vendredi soir les bureaux du chef du gouvernement, selon un correspondant de l’AFP. Sur sa page Facebook le Premier ministre démis a estimé qu’il s’agissait de la confirmation « du coup d’Etat ».
M. Embalo, ancien général, ex-Premier ministre et candidat de l’opposition au Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), a été donné vainqueur par la commission nationale électorale avec 53,55% des voix.
La commission crédite de 46,45% des voix Domingos Simoes Pereira, président du PAIGC, qui domine la politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.
M. Pereira et le PAIGC dénoncent des fraudes, réclament qu’on recompte les bulletins et s’en remettent à une décision finale de la Cour suprême.
M. Embalo, 47 ans, dit que la décision n’appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises et a choisi de passer outre à l’arrêt attendu.