Plus de 600 Tunisiens, bloqués depuis des semaines en Libye du fait de la pandémie du Covid-19, ont pu rentrer lundi dans leur pays en se présentant en masse à la frontière, où la police tunisienne a dû les laisser entrer, selon des sources concordantes.
Le ministère de l’Intérieur, démentant une entrée illégale, a confirmé que 652 personnes avaient été autorisées à passer la frontière lundi. « Pour éviter d’avoir des victimes parmi ces voyageurs, il leur a été permis d’entrer du côté tunisien », a déclaré Lotfi Sghaïer, directeur général de la police des postes frontières, à la TV nationale Wataniya 1.
La police a renoncé à utiliser la force, mais les a rapidement canalisés pour faire un tri sanitaire et sécuritaire, a-t-il ajouté. « Il n’y a pas eu de vide sécuritaire », a-t-il également assuré, en écho aux craintes sur l’éventuelle arrivée parmi les travailleurs de membres d’organisations jihadistes.
Depuis la fermeture des frontières fin mars dans le cadre des mesures prises contre la propagation du nouveau coronavirus, environ 1.300 Tunisiens s’étaient regroupés non loin du poste de Ras Jédir, réclamant de pouvoir rentrer chez eux, selon le président de l’Observatoire tunisien des droits de l’Homme, Mostapha Abdelkebir.
Lundi, « près de 700 (Tunisiens) sont arrivés d’un coup, assez nerveux, en faisant du bruit, pour obliger la police à les laisser passer », a-t-il affirmé mardi.
Selon le dirigeant local du Croissant-Rouge, Abdelkarim Regaï, les autorités libyennes ont laissé passer les Tunisiens qui ont indiqué attendre du côté libyen du poste-frontière depuis plusieurs jours voire plusieurs semaines.
« Ce sont surtout de simples ouvriers, des travailleurs journaliers qui sont dans une situation humanitaire terrible », a-t-il souligné, appelant à ouvrir les frontières aux Tunisiens toujours bloqués en Libye, où les combats entre pouvoirs rivaux se sont en outre intensifiés dernièrement.
Mardi matin, des bus escortés par la police ont quitté les lieux pour les ramener vers leurs régions d’origine, a constaté un correspondant de l’AFP. Ils seront envoyés vers des centres de quarantaine, a précisé le ministère de l’Intérieur.
A l’approche du mois de jeûne musulman du ramadan, d’autres passages devraient être autorisés dans les jours à venir, a indiqué une source diplomatique tunisienne, estimant à 20.000 le nombre total des Tunisiens encore présents en Libye.
La Tunisie, qui a prolongé jusqu’au 3 mai un confinement très strict en place depuis le 22 mars, a recensé 38 morts parmi 884 cas de malades du Covid-19. Des milliers de Tunisiens sont bloqués à l’étranger, et leur sort était au menu d’une réunion gouvernementale mardi.