Un moment historique: des ministres des Affaires étrangères de Chine et du Vatican se sont rencontrés, une première en sept décennies et un nouveau signe de rapprochement depuis l’accord de 2018 sur la nomination des évêques.
Les deux Etats n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1951, en raison notamment de différends d’ordre religieux, Pékin se méfiant de toute influence religieuse étrangère sur son territoire.
Mais le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et son homologue Mgr Paul Gallagher se sont entretenus vendredi à Munich (Allemagne), en marge de la Conférence sur la sécurité, a indiqué samedi le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir.
Des diplomates et représentants des deux Etats s’étaient déjà rencontrés. Mais une entrevue publique à ce niveau, lors d’un événement international, est inédite.
« C’est aujourd’hui la première rencontre entre des ministres des Affaires étrangères de Chine et du Vatican », s’est félicité Wang Yi, selon le compte-rendu publié par le Quotidien du peuple sur son site internet.
« Cela ouvrira davantage d’espace pour les futurs échanges entre nos deux parties », a-t-il déclaré devant Mgr Paul Gallagher, dont le titre officiel est secrétaire chargé des rapports avec les Etats.
– « Résultats positifs » –
Le PCC se méfie de toute organisation, notamment religieuse, pouvant menacer son autorité sur la Chine. Il s’est ainsi longtemps méfié de la potentielle influence politique du pape sur la stabilité sociale dans le pays.
La Chine compte de 10 à 12 millions de catholiques, sur une population totale de 1,4 milliard d’habitants.
Ces croyants sont partagés entre une Eglise officielle (dont le clergé est soumis aux autorités) et une Eglise clandestine, tirant sa légitimité de l’obéissance au pape et dont les membres sont parfois l’objet de persécutions et d’arrestations.
Dans la pratique, cette fracture entre catholiques s’est réduite depuis la signature en 2018 d’un accord historique Pékin-Vatican sur la nomination des évêques, lequel a permis de réchauffer les relations bilatérales.
Ce texte « provisoire » donne aux deux parties un droit de regard. Le pape François a reconnu des évêques chinois qui avaient été nommés par Pékin sans son aval; le gouvernement chinois a fait de même dans l’autre sens.
L’accord a permis « d’obtenir des résultats positifs », s’est félicité vendredi Wang Yi devant son homologue du Vatican, toujours selon le Quotidien du Peuple.
– Des blocages –
« La Chine est disposée à améliorer encore la compréhension et la confiance mutuelle avec le Vatican, afin que l’élan d’interaction positive entre les deux parties continue de progresser », a-t-il souligné.
Du côté du Saint-Siège, la secrétairerie d’Etat a salué dans un communiqué une rencontre tenue « dans un climat cordial ». Les deux hommes ont réitéré « la volonté de poursuivre le dialogue institutionnel au niveau bilatéral pour favoriser la vie de l’Eglise et le bien du peuple chinois ».
Le pape François ne cache pas son désir de renforcer la relation avec Pékin. Mais le rétablissement des liens officiels entre les deux Etats reste compliqué à concrétiser.
Notamment parce que le Vatican continue d’entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan. Une situation de blocage, car cette île peuplée de 23 millions d’habitants est considéré par Pékin comme une province chinoise en attente de réunification.
Le rapprochement Chine-Vatican divise également au sein de l’Eglise. Si certains y voient un dialogue utile pour améliorer la situation des croyants chinois, d’autres sont méfiants face à un PCC qui appelle régulièrement à « siniser » les religions.