Volés dans les hôpitaux, réclamés par les médecins, réquisitionnés par Emmanuel Macron: les masques de protection sont au centre de toutes les attentions au moment où l’épidémie provoquée par le nouveau coronavirus s’intensifie en France.
Au moins 8.300 masques ont été volés dans des établissements de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). A Marseille, on en a dérobé 2.000 à l’hôpital de la Conception.
Au niveau mondial, l’OMS a alerté sur le « rapide épuisement » des équipements de protection.
Pour éviter une pénurie en France, l’Etat réquisitionnera « tous les stocks et la production de masques de protection » pour les distribuer aux soignants et aux personnes atteintes du coronavirus, a annoncé mardi le président Emmanuel Macron.
Ces deux catégories sont concernées par le port du masque, et pas le grand public, martèlent les autorités depuis le début de la crise.
Pourtant, aux yeux du grand public, l’objet symbolise plus que tout autre cette crise sanitaire, à travers les images de presse ou les photos rigolardes sur internet, avec par exemple des soutiens-gorges utilisés comme masques.
Il existe deux types de masques. Les premiers, les masques chirurgicaux, sont ceux qu’un malade doit porter pour éviter de contaminer d’autres personnes.
Les autres, dits FFP2 (en forme de bec de canard), sont plus perfectionnés. Ils ont un système de filtrage et sont étanches quand on les place sur le visage, pour offrir un plus haut niveau de protection.
Devant les inquiétudes des médecins de ville (hors hôpital), le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé mardi qu’à ce stade 15 millions de masques chirurgicaux avaient été prélevés sur le stock de l’Etat à leur intention, ainsi que pour les Ehpad. Ils pourront les retirer dans les pharmacies. Quinze à vingt millions d’autres devraient suivre, également issus des quelque 145 millions en stock.
Mais ces derniers jours, des syndicats de médecins libéraux ont réclamé que des masques FFP2 soient fournis d’urgence à ces soignants. Ils font valoir que les masques chirurgicaux ne suffisent pas à protéger les médecins.
– La question des stocks –
Dans un décret publié mercredi au Journal officiel, l’Elysée précise que seront réquisitionnés jusqu’au 31 mai, les masques FFP2 détenus par « toute personne morale de droit public ou de droit privé » et les masques anti-projections en possession des entreprises qui les fabriquent ou les distribuent.
Devant l’Assemblée nationale mardi, M. Véran a souligné que la France disposait « de quatre grandes entreprises (…) qui fabriquent ces masques, auxquelles nous avons passé les commandes publiques les plus massives qui soient » et à qui il a été demandé de « fonctionner jour et nuit, H24, 7 jours sur 7, de manière à fournir le maximum de masques possible », a-t-il dit.
Précision importante: il a indiqué que l’Etat ne disposait pas de stocks de masques FFP2.
Une situation qui remonte selon lui à 2011: après l’épidémie de grippe A/H1N1 de 2009-2010, pour laquelle la réponse de l’Etat s’était révélée surdimensionnée, il avait été décidé que « la France n’avait pas à faire de stocks d’Etat de ces fameux masques FFP2 ».
« Ce qui n’a peut-être pas été anticipé en 2011, et c’est sans aucune polémique, c’est que parfois des crises sanitaires peuvent entraîner des crises industrielles », a avancé M. Véran.
En 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le ministre en charge de la Santé était Xavier Bertrand.
Quant à l’efficacité des différents masques, le N.2 du ministère, Jérôme Salomon, a voulu « rassurer les professionnels de santé ».
« Il y a une équivalence stricte des masques chirurgicaux avec les masques FFP2 pour les virus transmis par voie gouttelettes » (c’est-à-dire par les postillons des malades comme c’est le cas du nouveau coronavirus), a-t-il assuré mardi soir, en conférence de presse.
Il s’est appuyé pour cela sur une étude publiée en septembre dans la revue médicale américaine Jama, qui comparait les protections offertes par les deux types de masques contre la grippe.
Le « masque chirurgical, surtout s’il est associé au port du masque par le malade, protège efficacement » les professionnels de santé, a-t-il ajouté.
Selon M. Salomon, les masques FFP2 sont avant tout préconisés pour « les personnels soignants qui pratiquent des soins très particuliers », c’est-à-dire ceux qui prennent les malades en charge de façon rapprochée à l’hôpital.