Le principal syndicat infirmier des Etats-Unis a dénoncé jeudi l’état d’impréparation de nombreux hôpitaux et cliniques face à l’épidémie de coronavirus Covid-19, s’inquiétant notamment du manque d’équipement et d’information pour les professionnels de santé.
« Actuellement, dans de nombreux hôpitaux et cliniques, les infirmiers n’ont pas l’équipement de protection personnel (PPE) nécessaire ni la formation requise » pour les utiliser correctement, a déploré Bonnie Castillo, directrice du syndicat NNU, qui revendique 150.000 adhérents, lors d’une conférence de presse.
Une enquête nationale a été lancée dès le 1er février par le NNU, à laquelle plus de 6.500 infirmiers ont répondu à ce jour. « Les résultats sont vraiment troublants, ils montrent qu’une grande partie des hôpitaux dans notre pays ne sont pas prêts à gérer le Covid-19 de manière sûre », a averti Jane Thomason, spécialiste de l’hygiène pour le syndicat.
Selon elle, « seuls 29% des répondants disent qu’un plan est en place pour isoler les patients présentant une possible infection au nouveau coronavirus. 23% disent qu’ils ne savent même pas si un plan est en place ou non ».
D’après l’enquête, toujours en cours actuellement, plus d’un tiers des soignants n’auraient pas accès à des masques de protection et plus de la moitié disent ne pas avoir reçu la moindre information sur le coronavirus de la part de leur employeur, poursuit l’experte.
« A ce jour, plus de 80 de nos membres ont été placés en quarantaine. Ce n’est pas une stratégie payante de laisser les infirmiers et autres personnels soignants sans protection », a insisté Mme Castillo.
Le syndicat a en outre critiqué la gestion de l’épidémie qui s’annonce sur le sol américain par les autorités fédérales, tardive et pas assez rigoureuse à ses yeux.
« Actuellement, nous réagissons à la situation alors que nous aurions pu prendre les devants il y a des mois », a affirmé Mme Thomason.
« Nous avons entendu ce matin que les CDC (Centres de détection et de prévention des maladies) abaissaient leurs critères, en recommandant le port de masques chirurgicaux plutôt que des respirateurs pour les infirmiers soignant des patients atteints du Covid-19. Le NNU est opposé à ces modifications, nous disposons de nombreuses preuves scientifiques montrant que c’est une mauvaise décision », a ajouté l’experte, citant le retour d’expérience du coronavirus SRAS.
« Ce n’est pas le moment d’assouplir les critères », a-t-elle conclu, indiquant que le syndicat avait écrit au gouvernement, aux parlementaires et aux CDC, pour leur demander de renforcer au contraire les mesures de protection contre le coronavirus.