Les autorités de Téhéran ont promis lundi la transparence sur l’épidémie de nouveau coronavirus en Iran, démentant catégoriquement que l’épidémie ait pu faire un cinquantaine de morts comme l’affirme un député accusant le gouvernement de « mentir au peuple ».
« Je nie catégoriquement cette information », a déclaré le vice-ministre de la Santé, Iraj Harirtchi, interrogé sur le chiffre avancé par Ahmad Amirabadi Farahani.
Cet élu ultraconservateur de la ville de Qom –où ont été annoncés, le 19 février, les premiers cas et décès liés au nouveau coronavirus– a assuré que le nombre de morts s’élevait dimanche soir à « environ 50 personnes » pour cette ville sainte chiite située à 150 km au sud de Téhéran et dont la province est la plus touchée par l’épidémie.
« Je demande à notre frère qui déclare ce chiffre de 50 morts de nous fournir la liste de leurs noms dans une lettre. Si le nombre de décès à Qom atteint la moitié ou le quart de ce chiffre, je démissionnerai », a rétorqué le vice-ministre de la Santé.
« Nous nous engageons à être transparents sur la publication des chiffres », a renchéri le porte-parole du gouvernement Ali Rabii. « Nous annoncerons tout chiffre concernant le nombre de morts sur l’ensemble du pays », a-t-il promis.
L’agence de presse Ilna, proche des réformateurs, a été la première à publier les accusations formulées par M. Amirabadi Farahani devant des médias iraniens, à l’issue d’une session à huis clos consacrée au coronavirus avec le ministre de la Santé, Saïd Namaki.
Le député a également accusé le gouvernement de « ne pas dire la vérité » sur l’ampleur de l’épidémie en Iran, selon l’agence semi-officielle Isna.
« Le reste des médias n’a pas publié ce chiffre, mais nous préférons ne pas censurer ce qui concerne le coronavirus car la vie du peuple est en danger », a déclaré à l’AFP Fatemeh Mahdiani, rédactrice en chef de l’agence Ilna.
– Annonce tardive –
L’agence Fars, proche des ultraconservateurs, a ensuite nuancé, rapportant que l’élu de Qom avait parlé d’un bilan « inférieur à 50 » morts dans sa ville, en réponse à une question lui demandant si le total était de 60 morts.
« Malheureusement, le coronavirus est arrivé à Qom depuis trois semaines et cela a été annoncé (trop) tard », a ajouté l’agence en citant le député.
Les autorités ont annoncé lundi la mort de quatre nouvelles personnes infectées par le virus Covid-19.
Ces décès portent à 12 le nombre de personnes tuées en Iran par l’épidémie de pneumonie virale, sur un total de 61 personnes contaminées dans le pays, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé.
Ce bilan place l’Iran au premier rang des pays touchés par la maladie en dehors de Chine, d’où est partie le virus et où l’on recense presque 2.600 morts.
Après la province de Qom, où 34 cas de contamination ont été recensés, suivent celles de Téhéran avec 13 cas, Gilan (nord, 6 cas), Markazi (centre, 4 cas), Ispahan (centre, 2 cas), et les provinces de Hamédan (ouest) et Mazandaran (nord), avec un cas chacune, selon le ministère.
Hormis pour les deux premiers décès à Qom, les autorités ne précisent plus le lieu des nouveaux cas mortels.
– Commerçant ou clandestins? –
La confiance de la population iranienne dans les autorités est mise à rude épreuve depuis l’affaire de l’avion de ligne ukrainien dans lequel 176 personnes, majoritairement iraniennes et canadiennes, ont péri.
Les forces armées avaient reconnu leur responsabilité dans le drame trois jours après les faits et après le démenti par les autorités civiles de la thèse d’un tir de missiles avancée par le Canada dès le soir de la catastrophe.
Lundi, le Koweït et Bahreïn ont annoncé avoir détecté leurs premiers cas de personnes infectées par le nouveau coronavirus, ajoutant qu’elles revenaient d’Iran, pays riverain situé sur la rive opposée du Golfe.
Le ministère de la Santé de Koweït a précisé que trois personnes revenant de Machhad, la deuxième ville d’Iran, avaient été testées positives au virus.
Les autorités iraniennes n’ont encore annoncé aucun cas de contamination dans cette ville sainte et très important centre de pèlerinage chiite, dans le nord-est du pays.
De son côté, l’Irak a annoncé son premier cas de contamination, un étudiant en religion iranien dans la ville sainte chiite de Najaf.
A l’issue de la session à huis clos des députés avec le ministre de la Santé, le porte-parole du bureau du Parlement iranien, Assadollah Abbassi, a déclaré que celui-ci avait pointé, comme « cause de l’infection au coronavirus en Iran », « des personnes entrées illégalement dans le pays depuis le Pakistan, l’Afghanistan et la Chine », selon Isna.
La veille, le ministre avait pourtant déclaré que l’une des personnes tuées par la maladie à Qom était « un commerçant (local) qui avait effectué plusieurs voyages en Chine ».