Abidjan, 8 janvier 2025 – Une cargaison de nitrate d’ammonium, commandée auprès de la Russie par un opérateur minier local, est arrivée à Abidjan à bord du navire Zimrida. Selon Hien Yacouba Sié, directeur général du port d’Abidjan, cette livraison initialement prévue pour septembre a été retardée en raison d’une avarie, nécessitant son transfert avant d’atteindre le port ivoirien.
Cependant, cette annonce n’a pas suffi à calmer les esprits. Au contraire, elle a déclenché une vague d’indignation et de suspicion au sein de l’opinion publique, qui se rappelle encore avec effroi des événements tragiques liés à cette substance.
Une histoire qui se répète ?
Le nitrate d’ammonium est tristement célèbre pour son rôle dans des catastrophes passées, la plus marquante étant l’explosion du port de Beyrouth en 2020, qui a causé des centaines de morts et des milliers de blessés. L’idée que ce même produit, souvent utilisé comme engrais, mais aussi comme composant d’explosifs industriels, soit à nouveau en transit dans un pays de la sous-région suscite une légitime inquiétude. « Il ne faut pas attendre qu’un drame survienne pour réagir », martèle un analyste en sécurité.
Zones d’ombre et manque de transparence dans l’affaire de nitrate d’ammonium d’Ivoire.
Malgré les assurances du directeur général du port d’Abidjan sur la nature prétendument non dangereuse de la cargaison, les doutes persistent. Pourquoi ce retard ? Pourquoi cette cargaison particulière ? Des questions restent sans réponse, et les explications fournies par les autorités semblent bien minces face à l’ampleur du risque. « On joue avec le feu ! », s’exclame un expert en gestion des risques, dénonçant le manque de transparence des hautes autorités ivoiriennes.
Une escorte suffisante ?
La promesse d’une escorte pour le transport de cette cargaison vers les usines du client est-elle une véritable garantie de sécurité ou un simple pansement sur une plaie béante ? Les sceptiques rappellent que, même avec des mesures de sécurité renforcées, le simple fait de stocker ou de transporter du nitrate d’ammonium présente des dangers majeurs. « Il suffit d’une étincelle », avertissent les spécialistes, rappelant que cette substance est une composante clé des engins explosifs utilisés par les terroristes dans la région.
Un passé qui joue contre
Le gouvernement ivoirien traîne une réputation de demi-vérités et d’omissions, et cette affaire parait renforcer l’idée que les autorités préfèrent gérer les crises en aval plutôt qu’en amont. « On a encore une fois l’impression que tout se passe derrière des portes closes, loin des regards des citoyens », déplore un activiste. Le spectre de la catastrophe de Beyrouth plane au-dessus de cette situation, et la population, déjà éprouvée par des années de turbulences politiques et économiques, craint de devenir la prochaine victime d’une négligence fatale.
Un appel à la vigilance
Alors que la cargaison se dirige vers son destinataire sous escorte, les voix s’élèvent pour demander plus de transparence et des garanties solides sur la gestion de ce produit dangereux. « Nous devons être vigilants et exigeants », clame un député de l’opposition. Les Ivoiriens méritent des réponses claires et des mesures proactives pour éviter que leur pays ne soit le théâtre d’une nouvelle tragédie.
En somme, dans un contexte régional marqué par l’instabilité et les menaces terroristes, la gestion de substances aussi sensibles que le nitrate d’ammonium ne peut se permettre aucune légèreté. La Côte d’Ivoire est à un tournant : soit elle prend des mesures fermes pour sécuriser ses infrastructures et regagner la confiance de sa population, soit elle risque de voir les graines de la défiance et de l’insécurité éclore, avec des conséquences potentiellement dévastatrices.