Crise RDC-Rwanda : ce que l'on sait de l'escalade du conflit - Journal du niger



Crise RDC-Rwanda : ce que l’on sait de l’escalade du conflit

 RDC, le 27 janvier 2025 – La situation dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) a connu un…

Crise RDC-Rwanda : escalade des tensions autour de Goma avec l'offensive du M23, accusations mutuelles, et efforts diplomatiques régionaux pour éviter un conflit majeur.

 RDC, le 27 janvier 2025 – La situation dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) a connu un nouveau tournant dramatique avec l’intensification des combats autour de Goma, une ville stratégique située à la frontière avec le Rwanda. La cheffe de la mission onusienne en RDC, Bintou Keita a confirmé que le groupe armé M23, en étroite collaboration avec les forces rwandaises, avait pénétré dans le quartier de Munigi, en périphérie de Goma. Cette avancée militaire a provoqué une réaction immédiate au niveau international, avec la convocation urgente d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.

Les accusations et la rupture des relations diplomatiques entre RDC-Rwanda

Lors de cette réunion, le gouvernement de Kinshasa n’a pas hésité à accuser le Rwanda d’avoir « déclaré la guerre » à la RDC en envoyant des renforts pour soutenir le M23, un groupe rebelle qui assiège actuellement Goma. L’offensive du M23, renforcée par les troupes rwandaises, exacerbe une crise déjà longue et complexe, marquée par des accusations réciproques entre les deux pays. En réponse à cette escalade, la RDC a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Rwanda dès le 24 janvier, un acte symbolique, mais lourd de conséquences pour la stabilité de la région.

La réaction de la communauté internationale et de l’ONU

Le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé une vive préoccupation face à la situation et a exigé le retrait « des forces extérieures » présentes en RDC. Cette demande vise clairement à mettre un terme à l’ingérence militaire étrangère qui alimente le conflit et à préserver la souveraineté du pays. Si la pression diplomatique internationale s’intensifie, le Conseil a également appelé à des mesures concrètes pour parvenir à une désescalade, sans toutefois avancer de solutions immédiates.

L’intervention de l’EAC et la réaction de la Russie

Face à la gravité de la situation, la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) a annoncé la tenue d’un sommet d’urgence dans les prochaines 48 heures, une initiative soutenue par le gouvernement kényan. Ce sommet réunira les dirigeants de la RDC et du Rwanda, qui ont confirmé leur présence, avec l’objectif de trouver une issue pacifique à la crise. Les discussions se concentreront probablement sur des mesures diplomatiques visant à apaiser les tensions, tout en cherchant à renforcer la coopération régionale pour la sécurité et la stabilité.

Dans le même temps, la Russie a exprimé son inquiétude concernant l’escalade du conflit en RDC. Le Kremlin a condamné l’usage d’armement sophistiqué et d’artillerie lourde, déployés à proximité d’infrastructures civiles essentielles, ce qui constitue un grave danger pour les populations locales et exacerbe une crise humanitaire déjà dévastatrice. La Russie a souligné qu’une telle escalade risquait de mener à une catastrophe régionale et a exhorté les parties impliquées à privilégier la négociation.

La réaction de l’Union africaine et les tensions diplomatiques entre RDC-Rwanda

Alors que les Nations Unies appellent à la désescalade, l’Union Africaine (UA) a récemment qualifié le M23 de « mouvement politico-militaire » dans un communiqué qui a provoqué une vive réaction du gouvernement congolais. Kinshasa s’est dit indigné par cette qualification, estimant qu’elle minimisait la gravité des actions menées par ce groupe rebelle, qui a déjà été responsable de milliers de morts et de déplacés dans la région. La RDC considère le M23 non seulement comme un acteur militaire, mais aussi comme un instrument de déstabilisation géopolitique utilisé par des puissances extérieures, notamment le Rwanda. Cette déclaration de l’UA a ainsi alimenté les tensions diplomatiques et est perçue à Kinshasa comme une forme de légitimation indirecte du groupe rebelle.

Une situation humanitaire alarmante 

Au-delà des considérations politiques et militaires, la situation humanitaire à Goma et dans ses environs est désormais catastrophique. Les combats violents, associés à la fermeture de l’espace aérien à Goma, compliquent l’acheminement de l’aide internationale, essentielle pour les milliers de civils qui fuient les zones de combats. Les infrastructures de santé et les systèmes d’approvisionnement en eau sont gravement perturbés, ce qui aggrave les souffrances de la population.

Vers une éventuelle solution diplomatique ?

À l’heure actuelle, la communauté internationale, tout comme les dirigeants régionaux, s’efforcent de limiter les dégâts de cette guerre par procuration qui ravage la RDC. Le sommet de l’EAC pourrait bien être la dernière chance pour éviter une guerre à grande échelle entre la RDC et le Rwanda, tout en préservant les acquis démocratiques et la stabilité de la région des Grands Lacs. Toutefois, les tensions sont telles qu’un accord durable semble difficile à atteindre, tant que les intérêts géopolitiques et les allégations de soutien extérieur à des groupes rebelles demeurent des points de friction majeurs.

La situation reste donc extrêmement volatile, et les jours à venir seront décisifs pour l’avenir de la région.

 

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