Bernie Sanders a 78 ans. Comme Michael Bloomberg. Joe Biden en a 77. Ces septuagénaires surfent au sommet des intentions de vote pour l’investiture démocrate à la présidentielle de 2020. Chacun vante son expérience forgée par des décennies de vie publique, mais celle-ci compte aussi des facettes peu reluisantes.
L’un des membres du trio pourrait bien affronter le 3 novembre Donald Trump, un autre septuagénaire bien placé pour savoir que des paroles exhumées d’un lointain passé peuvent se révéler fort embarrassantes.
Mercredi soir à Las Vegas, le premier débat rassemblant MM. Sanders, Bloomberg et Biden a ainsi donné lieu à un grand déballage collectif accompagné de quelques plongées dans des éléments relevant de la sphère privée.
Ainsi, il fut fait mention de la crise cardiaque qu’a subie en octobre Bernie Sanders et des extenseurs vasculaires qu’on lui a posés en urgence. Des prothèses artérielles que porte également Michael Bloomberg, s’est empressé de dire le sénateur du Vermont, promoteur de l’accès à la santé pour tous et du « socialisme démocratique ».
Les deux hommes ont échangé d’autres piques. « Bernie », ainsi que l’appellent ses militants, s’est retrouvé accusé par le milliardaire Bloomberg de vouloir « rejeter le capitalisme » et de le remplacer par le « communisme ».
Cette ligne d’attaque a été récemment empruntée par Donald Trump. « Quand je pense à Bernie, je pense au communisme », a dit M. Trump dans une interview à Fox News diffusée au moment du dernier Super Bowl.
Ceci dans le sillage d’une vidéo qui a refait son apparition, montrant en 1988 M. Sanders dans un voyage de « lune de miel » en Union soviétique, avec sa femme, alors qu’il n’était que maire d’une ville du Vermont.
M. Sanders a immédiatement reproché à son rival d’avoir cédé à la facilité d’un « coup bas ».
Mais ce n’était que le début d’une exhumation de cadavres des placards.
Le passé de M. Bloomberg a été scruté à la loupe, notamment sa défense au long cours de la pratique controversée des interpellations et fouilles arbitraires (« stop-and-frisk ») à New York, la métropole qu’il a dirigée de 2002 à 2013.
– « Je me suis excusé » –
Cette pratique controversée s’est traduite par un ciblage disproportionné des Noirs et des Latinos.
« Si je regarde en arrière vers l’époque où j’étais aux commandes (à New York), ce qui me contrarie le plus est ce que le stop-and-frisk est devenu », a confié le milliardaire. « Je me suis excusé, j’ai demandé qu’on me pardonne », a-t-il ajouté à son pupitre du débat mercredi.
L’homme qui ces dernières semaines a littéralement inondé l’Amérique de ses publicités électorales s’est aussi retrouvé en difficulté à l’évocation des propos sexistes et déplacés qu’il aurait adressés à des femmes sur leur lieu de travail.
Des paroles censées restées secrètes selon des accords de confidentialité probablement grassement négociés et que M. Bloomberg a refusé de remettre en cause, comme le lui demandait pourtant sa rivale démocrate Elizabeth Warren.
« On n’arrivera pas à battre Donald Trump avec un homme qui a je ne sais combien d’accords de confidentialité et une litanie d’histoires de femmes révélant qu’elles ont été victimes de harcèlement et de discrimination », a asséné la sénatrice du Massachusetts.
Quant à M. Biden, il a été relativement épargné lors de ce débat, mais lui aussi s’est retrouvé critiqué pour des positions anciennes: Mme Warren lui a reproché d’avoir été trop accommodant avec les républicains et notamment d’avoir une fois soutenu la réélection de Mitch McConnell, devenu le leader intransigeant de la majorité républicaine du Sénat.
« Mitch a été réélu », a rappelé Mme Warren, puis il a « bloqué pratiquement tout ce que Barack Obama tentait de faire adopter ».
Selon le site RealClearPolitics.com, M. Sanders est en tête des intentions de vote au niveau national avec 27,8%, suivi par M. Biden avec 17,8% et M. Bloomberg avec 16,1%.