Alors que l’enquête suit son cours dans l’affaire de détournements de fonds au Ministère de la défense du Niger, les avocats des fournisseurs d’armes ont anticipé la défense de leurs clients.
En effet, quatre avocats des principaux fournisseurs mis en cause dans le rapport d’audit ont pris les devants, bien que leurs clients n’aient pas encore été convoqués devant ls juges.
Selon le bâtonnier Marc le Bihan: « Le constat que l’on fait depuis le déclenchement de cette affaire est que nos clients, qui ont pourtant livré la quasi-intégralité du matériel qui leur a été commandé, sont vilipendés, stigmatisés… ».
Il en ressort de plus, que la surfacturation n’est pas illégale au Niger. En effet, alors que RFI renseigne que l’audit a passé au crible 177 contrats d’achat de matériel militaire signés, pour la majorité, entre 2017 et 2019. Révélant ainsi un manque à gagner de plus de 76 milliards de francs CFA pour l’Etat, via des surfacturations, contrats fictifs, mises en concurrence déloyale ou encore du matériel non livré.
Mais en dépit de ce rapport, il n’est pas possible au Niger de rechercher, poursuivre et inculper un individu pour des faits de surfacturation, comme l’a expliqué Maître Ismaril Tambo : « En l’état actuel de notre droit national, la surfacturation n’est pas un délit ».
Toujours d’après RFI, les fournisseurs se seraient en revanche eux-même endettés auprès des banques afin d’honorer leurs contrats. « Aucun d’entre eux n’a reçu 30 % de la vente au démarrage qui est prévue pourtant par le contrat. Et que c’est ça qu’il faut dire au peuple, que l’Etat doit de l’argent aujourd’hui à nos clients » renchérissent-ils.
Selon le bâtonnier Marc Le Bihan, l’État doit plusieurs dizaines de milliards au plus grand fournisseur d’armes au Niger, son client l’homme d’affaires Aboubacar Hima, alias « Petit Boubé » : « Moi, par exemple M. Boubé, l’État reconnait lui devoir aujourd’hui 16 milliards de francs CFA ». Un jugement très attendu par l’ensemble des Nigériens.