Droits de douane  : Trump ouvre le dialogue avec l’Inde, le Japon et la Corée du Sud - Journal du niger



 Droits de douane  : Trump ouvre le dialogue avec l’Inde, le Japon et la Corée du Sud

Dans un élan empreint d’urgence, le président américain Donald Trump a enjoint son administration, ce lundi 14 avril, à entamer…

Le président Trump a lancé des pourparlers tarifaires urgents avec l'Inde, le Japon et la Corée du Sud, visant à rééquilibrer le commerce

Dans un élan empreint d’urgence, le président américain Donald Trump a enjoint son administration, ce lundi 14 avril, à entamer sans délai des pourparlers tarifaires avec trois puissances asiatiques  : l’Inde, le Japon et la Corée du Sud. Cette directive, relayée par l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, émane d’une déclaration du président par intérim Han Duck-soo, qui s’exprimait lors d’une réunion réunissant hauts fonctionnaires et magnats de l’industrie à Séoul. Issue d’un échange téléphonique entre Trump et Han la semaine précédente, cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus vaste, visant à rééquilibrer les échanges commerciaux des États-Unis avec des partenaires stratégiques. À l’heure où les tensions économiques globales s’aiguisent, cette démarche ouvre un chapitre de négociations dont l’issue pourrait redessiner les contours du commerce international.

Trump : une directive aux allures de défi

L’annonce de ces tractations immédiates, qualifiée d’«  apparente  » par Han Duck-soo, traduit une volonté farouche de l’administration Trump de remodeler les relations commerciales avec trois nations au poids économique considérable. Lors de la réunion séoulite, le président par intérim a évoqué un échange récent avec Trump, au cours duquel ce dernier aurait insisté sur la nécessité de discussions rapides pour réduire les déséquilibres commerciaux. Si les détails de l’appel demeurent épars, l’intention est limpide  : Washington cherche à obtenir des concessions, notamment sur les secteurs clés comme l’automobile, l’acier et l’énergie, où les trois pays occupent une place prépondérante dans les exportations vers les États-Unis.

Cette injonction s’ancre dans une politique tarifaire audacieuse, amorcée dès le retour de Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025. Après avoir imposé des droits de douane de 10  % à l’ensemble des partenaires commerciaux, assortis de surtaxes spécifiques –24  % pour le Japon, 25  % pour la Corée du Sud et des pressions similaires sur l’Inde –, le président américain a temporisé, le 9 avril, en suspendant partiellement ces mesures pour 90 jours, à l’exception de la Chine. Cette pause, loin d’être une capitulation, vise à ouvrir une fenêtre de négociation, dont l’Inde, le Japon et la Corée du Sud sont les premiers invités. Selon des sources proches de la Maison-Blanche, ces trois nations, alliées stratégiques face à l’influence chinoise, sont prioritaires pour conclure des accords bilatéraux avantageux pour Washington.

Des enjeux aux multiples visages

Pour l’Inde, dirigée par Narendra Modi, les discussions s’annoncent complexes. Avec un déficit commercial américain de 46 milliards de dollars, New Delhi pourrait proposer des réductions tarifaires sur des produits comme les gemmes, les bijoux ou les pièces automobiles, tout en protégeant son secteur pharmaceutique, jusqu’ici épargné. Le Japon, sous la houlette de Shigeru Ishiba, envisage un «  paquet  » de concessions incluant des importations accrues de gaz naturel liquéfié américain et des engagements en matière de sécurité, tout en cherchant à préserver son industrie automobile, durement touchée par les surtaxes. La Corée du Sud, quant à elle, navigue dans une période de fragilité politique, marquée par l’intérim de Han Duck-soo après l’impeachment de Yoon Suk-yeol. Séoul, forte de ses exportations automobiles et sidérurgiques, mise sur des négociations «  article par article  », comme l’a indiqué le ministre du Commerce Cheong In-kyo, pour limiter l’impact économique.

Ces pourparlers ne se limitent pas aux échanges de biens. Trump, selon des déclarations rapportées par Reuters, envisage d’intégrer des questions militaires et énergétiques, comme le financement d’un projet gazier en Alaska ou les coûts d’entretien des bases américaines à l’étranger. Cette approche multidimensionnelle, si elle offre une marge de manœuvre, complexifie les discussions, chaque pays devant calibrer ses offres pour répondre aux attentes d’un président connu pour son exigence de résultats immédiats.

Une diplomatie sous haute pression avec Trump

La rapidité de l’initiative reflète la méthode Trump : une diplomatie brusque, où les tarifs servent de levier pour arracher des concessions. À Séoul, Han Duck-soo a souligné l’importance d’une «  coopération étroite  » avec Washington, tout en évitant une posture de confrontation, à l’inverse de Pékin, qui a riposté par des contre-mesures. Tokyo, de son côté, a dépêché une délégation de haut rang, tandis que New Delhi intensifie ses consultations internes pour formuler une proposition viable. Ces démarches, bien que marquées par une certaine fébrilité, témoignent d’une reconnaissance implicite  : ignorer l’appel de Trump pourrait coûter cher, tant économiquement que stratégiquement.

Une partie ouverte à tous les possibles

À l’aube de ces négociations, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud se tiennent à un carrefour. Les trois nations, conscientes des enjeux, devront naviguer entre concessions tactiques et défense de leurs intérêts vitaux. Trump, fidèle à sa rhétorique, brandit les tarifs comme une épée de Damoclès, mais la porte du dialogue reste entrouverte. Dans ce jeu d’équilibristes, où chaque mot pèse et chaque offre compte, l’avenir des relations transpacifiques se dessine en pointillés, prêt à s’écrire au gré des compromis ou des ruptures. Reste à savoir si ces tractations accoucheront d’un nouvel ordre commercial ou d’une simple trêve, suspendue aux humeurs d’un président imprévisible.

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