Les électeurs se rendent aux urnes lundi au Guyana pour les élections générales dans ce pays pauvre d’Amérique du sud, où la découverte de nouvelles réserves de pétrole pourrait rebattre les cartes du paysage politique marqué par des divisions communautaires.
L’élection s’annonce serrée entre la coalition au pouvoir formée par le Partenariat pour l’Unité nationale et l’Alliance pour le changement (ANPU-AFC), dirigée par le président sortant David Granger et l’opposition du Parti progressiste du peuple (PPP) d’Irfaan Ali.
Jusque-là, la coalition n’avait qu’un siège d’avance sur l’opposition à l’Assemblée nationale, où les 65 sièges doivent être renouvelés.
Le chef du parti qui aura remporté le plus de sièges devrait être désigné président de cette république indépendante depuis 1966.
La production de pétrole actuelle d’environ 52.000 barils par jour pourrait atteindre 750.000 barils/jours en 2025, après la mise en service de vastes champs pétroliers off-shore découverts en 2016 par le géant américain ExxonMobil.
Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit ainsi une croissance économique record de 85% pour 2020.
« C’est une élection très importante car une énorme richesse est sur le point d’arriver », estime Henry Jeffrey, un ancien professeur de relations internationales à l’Université du Guyana.
Mais l’ancienne colonie britannique, frontalière avec le Brésil, le Venezuela et le Suriname, n’est guère préparée à l’arrivée d’une telle manne : l’Etat manque cruellement d’experts pétroliers et aucun cadre législatif n’a été voté pour en assurer la bonne gestion.
Le vote devrait être conforme à la division politique de ce pays de 750.000 habitants – même si des observateurs estiment qu’au moins un tiers de la population a émigré aux Etats-Unis et dans les Caraïbes – calquée sur une ligne de partage communautaire.
La coalition est principalement soutenue par la communauté afro-guyanaise, descendante d’esclaves, et le PPP par la communauté indo-guyannaise, formée de descendants de migrants venus d’Inde.
« Le problème du Guyana est ethnique et aucun de ces partis ne propose quoi que ce soit de nouveau », selon Henry Jeffrey.
Après avoir perdu un vote de confiance fin 2018, dont il a contesté les résultats, le président Granger, 74 ans, a convoqué de nouvelles élections.
Le président sortant et son challenger de 39 ans ont tenté de séduire les électeurs en promettant l’éducation gratuite, des emplois, une augmentation des salaires et des retraites, grâce aux revenus pétroliers.
Mais selon l’ONG britannique Global Witness, le Guyana a d’ores et déjà perdu 55 milliards de dollars à cause d’un contrat d’exploration mal négocié avec ExxonMobil en 2016.
Les résultats du scrutin sont attendus après plusieurs jours. De nombreux bureaux de vote parmi les 2.000 dispersés dans tout le pays, sont situés dans des zones reculées de montagnes forestières.