En Indonésie, le "mariage sans contact" est tendance chez les jeunes - Journal du niger

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En Indonésie, le « mariage sans contact » est tendance chez les jeunes

Après plusieurs ruptures, Dwita Astari Pujiartati a renoncé aux relations amoureuses sans lendemain et décidé de passer directement de la…

Après plusieurs ruptures, Dwita Astari Pujiartati a renoncé aux relations amoureuses sans lendemain et décidé de passer directement de la case rencontre à distance au mariage. Une tendance en hausse chez les célibataires d’Indonésie attirés par un islam plus conservateur.

L’enseignante de 27 ans a échangé des CV avec plusieurs prétendants, aidée par un imam servant d’entremetteur, jusqu’au jour où elle a été contactée par un ami perdu de vue.

Pas de rendez-vous romantique ou de baisers. Pendant près d’un an, le couple a gardé ses distances, ne se parlant que par téléphone.

« Après avoir ressenti le déclic, (celui qui est mon mari à présent) s’est adressé à mes parents pour pouvoir me demander en mariage », a expliqué la jeune femme.

Cette pratique, connue en Indonésie sous le nom arabe de « taaruf », ou « présentation », peut sembler surannée et mieux adaptée aux pays conservateurs du Golfe qu’à une société plus libérale comme l’Indonésie.

Mais pour Dwita Astari Pujiartati, c’était un moyen pour abandonner les relations de courte durée et se comporter en musulmane pieuse, en évitant caresses et sexe avant le mariage.

« Pourquoi choisir quelque chose qui me fait perdre mon temps et déplaît à Dieu? », demande-t-elle.

Si le « taaruf » est encore marginal en Indonésie, la jeune femme est loin d’être la seule à avoir choisi cette voie.

Le mouvement « Indonesia Tanpa Pacaran » (L’Indonésie sans flirt) se développe dans ce pays d’Asie du Sud-Est où les jeunes nés dans les années 1990 forment plus d’un quart de la population de 260 millions d’habitants.

– Rupture par téléphone –

Encourageant les jeunes à ne pas tarder à se marier, il recommande que toute rencontre avant une union se fasse avec un chaperon, et considère les relations amoureuses pré-maritales comme une perversion occidentale.

Dwita Astari Pujiartati a pris du temps pour mieux connaître son mari à distance, mais beaucoup de jeunes dans cette mouvance se marient au bout de quelques mois.

Le mouvement a été lancé vers 2015 par La Ode Munafar. Ce leader de 29 ans a organisé récemment des sessions de « ruptures collectives » pour des couples qui se fréquentaient sans être mariés dans la ville de Kendari, sur l’île de Célèbes.

Sur scène, un jeune homme a rompu par téléphone avec sa petite amie, sous les applaudissements et les encouragements de plusieurs dizaines de personnes.

« J’ai étudié les relations hors mariage d’un point de vue scientifique et psychologique. Et c’est néfaste à tous points de vue », a-t-il expliqué après l’évènement.

– Bonheur conjugal sur Instagram –

Des histoires de mariages heureux après une relation à distance pullulent sur les réseaux sociaux.

Celui de Muhammad Alvin Faiz, le fils d’un religieux pro-polygamie, avec sa jeune femme de 19 ans, Larissa Chou, une catholique convertie à l’islam, est cité en exemple.

Le jeune homme tient en haleine 1,4 million d’abonnés sur Instagram avec des clichés de son bonheur conjugal.

Dans ce pays qui compte la plus importante population musulmane au monde, l’islam conservateur est en progression depuis la chute du dictateur Suharto en 1998 qui était plus répressif envers la religion.

« Cette ère de démocratie a ouvert un espace pour l’expression religieuse », note Sidiq Harim, sociologue de l’université Gadjah Mada. La piété devient publique et « le taaruf est l’une de ses formes ».

De nombreuses stars indonésiennes ont annoncé leur conversion à un mode de vie plus pieux.

– Piété publique –

Les promoteurs du taaruf avancent que cette pratique donne plus de liberté aux femmes pour choisir leur partenaire et que cela leur permet de se passer de la bénédiction familiale, à l’inverse des mariages arrangés.

Mais pour les détracteurs, ces mariages sont risqués, surtout pour les femmes.

« J’ai entendu beaucoup d’histoires d’abus par des conjoints », avertit Kalis Mardiasih, une activiste féministe musulmane.

« Ca peut arriver aussi dans d’autres types de relations. Mais il est essentiel de pouvoir évaluer l’attitude de quelqu’un aussi tôt que possible pour voir à quel genre de personne on a affaire ».

Et si cette pratique est devenue tendance, tous les Indonésiens ne sont pas convaincus.

« Je ne suis pas d’accord avec cette histoire de mariage rapide », remarque Azara Mahdaniar, une femme de 25 ans. « Il ne faut pas s’engager et se rendre compte plus tard que son partenaire est violent ».

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