Des hauts responsables des douanes nigériennes sont en déplacement au Bénin depuis le dimanche 03 mars 2024 pour discuter avec leurs homologues béninois des modalités pratiques du transit du pétrole brut nigérien vers le port de Cotonou. Cette mission intervient dans le cadre de la mise en service du pipeline export Niger-Bénin (PENB), un projet stratégique pour les deux pays.
Une installation permanente des agents des douanes nigériennes au Bénin
En effet, la délégation nigérienne, conduite par le colonel Abdoulaye Alidou Maïga, directeur de la Facilitation, du Partenariat, des régimes économiques et particuliers (DFP/REP) à la Direction générale des Douanes (DGD), comprend également le directeur de la Règlementation et de la Coopération douanière (DR/CD), le directeur d’Audit et du Contrôle interne (DA/CI), un vérificateur et un ingénieur-informaticien, ainsi que des représentants des sociétés chinoises
L’objectif de cette mission, qui se poursuivra jusqu’au 9 mars, est d’étudier les conditions matérielles et légales d’une installation permanente d’agents des Douanes du Niger au Bénin, afin de faciliter la coopération entre les deux administrations douanières.
Dès le lundi 4 mars, la délégation a rendu une visite de courtoisie à la chargée d’affaires de l’ambassade du Niger à Cotonou, avant d’entamer des séances de travail avec les responsables de la douane béninoise, puis avec les responsables de CNPC-Niger, WAPCO-Benin et WAPCO-Niger.
Une synergie d’actions pour le transit et l’exportation du pétrole brut
La mission de prospection vise à créer « une synergie d’actions afin de parvenir à des opérations de transit et d’exportation du pétrole brut dans les meilleures conditions, conformément aux instruments juridiques auxquels les deux pays ont adhéré », a déclaré Abdoulaye Alidou Maïga, inspecteur principal des douanes et directeur de la facilitation, du partenariat, des régimes économiques et particuliers au Niger à la DGD.
La mise en service du pipeline export Niger-Bénin (PENB), long de 1980 km, dont 675 km au Bénin, a eu lieu le 1er mars 2024, avec le démarrage de la production sur le bloc pétrolier d’Agadem au Niger. Il assurera le transport quotidien de près de 90 000 barils de pétrole jusqu’à la station terminale établie à Sèmè Kpodji au Bénin, où le premier navire sera chargé le 1er mai 2024.
« Dans quelques jours, le Niger amorcera l’exportation du pétrole brut », a confirmé le chef de mission nigérien, lors des premières réunions tenues à Cotonou. « Ce projet est l’aboutissement de beaucoup d’années de travail et de coopération », a souligné Aimé-Yvan Karegire, directeur général adjoint des Douanes béninoises.
Le pipeline, un projet stratégique pour le Niger et le Bénin
Le pipeline export Niger-Bénin (PENB) est le plus grand oléoduc d’Afrique et représente un enjeu stratégique pour les deux pays. Pour le Niger, il s’agit d’une opportunité de diversifier son économie, de renforcer sa souveraineté énergétique et de générer des revenus supplémentaires.
Pour le Bénin, il s’agit d’une occasion de consolider son rôle de plateforme logistique régionale, de percevoir des droits de transit et des recettes fiscales et de créer 2000 emplois. Les deux pays ont signé un accord de coopération en 2019 pour la réalisation du projet, qui a bénéficié du soutien financier et technique de la Chine, à travers les sociétés CNPC et WAPCO. Le pipeline est également conforme aux normes environnementales et sociales internationales, selon les promoteurs du projet.
Une situation paradoxale entre les deux pays
Il faut noter que cette visite ainsi que le début de l’exportation du pétrole brut nigérien par le Bénin intervient alors que les frontières terrestres entre les deux pays restent fermées malgré la levée des sanctions par les chefs d’État de la Cédéao et de l’UEMOA.
Par ailleurs, des pourparlers sont en cours entre les autorités des deux pays afin de permettre la reprise du trafic entre les deux pays, d’autant que le gouvernement béninois a déjà assuré qu’il a pris toutes les dispositions en ce sens, en attendant la décision des autorités nigériennes de transition.
Cette situation paradoxale illustre les défis auxquels sont confrontés les pays de la région pour renforcer leur intégration économique et sécuritaire, dans un contexte marqué par la menace terroriste et les tensions politiques.