Gaza au bord de l’abîme : le blocus israélien, une strangulation humanitaire - Journal du niger



Gaza au bord de l’abîme : le blocus israélien, une strangulation humanitaire

Ce lundi, un silence assourdissant enveloppe Gaza, non pas celui de la paix, mais celui d’une détresse qui s’amplifie sous…

Le blocus israélien imposé à Gaza, condamné par l'UNRWA, a plongé la population dans une crise humanitaire sans précédent.

Ce lundi, un silence assourdissant enveloppe Gaza, non pas celui de la paix, mais celui d’une détresse qui s’amplifie sous le joug d’un blocus impitoyable imposé par Israël. Philippe Lazzarini, figure tutélaire de l’UNRWA, l’agence des Nations unies dédiée aux réfugiés palestiniens, a tiré la sonnette d’alarme hier avec une gravité qui ne souffre aucune équivoque : « Cela fait trois semaines que les autorités israéliennes ont interdit l’entrée de toute fourniture à Gaza. » « Ni nourriture, ni médicaments, ni eau, ni carburant. » Ces mots, distillés sur les réseaux sociaux, résonnent comme un cri dans un désert d’indifférence, révélant une crise alimentaire qui menace de précipiter l’enclave dans un gouffre sans fond.

Ce siège, plus draconien encore que celui de la première phase de la guerre déclenchée en octobre 2023, s’apparente à une étreinte mortifère. Gaza, ce lambeau de terre où s’entassent deux millions d’âmes, dépend presque exclusivement des importations transitant par Israël pour assurer sa survie. Or, cette lifeline est aujourd’hui tranchée net, plongeant la population dans une précarité qui défie l’entendement. « Chaque jour qui s’écoule sans secours voit croître le nombre d’enfants s’endormant l’estomac creux, les maladies proliférer et les privations s’enraciner », déplore Lazzarini avec une lucidité qui glace le sang.

Une genèse tragique et un conflit en spirale

Pour saisir l’ampleur de ce drame, il faut remonter à l’étincelle qui a embrasé la région : le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas, mouvement palestinien armé, a lancé une offensive fulgurante contre Israël, fauchant 1 195 vies et emportant plus de 250 otages dans les ténèbres de Gaza. La riposte israélienne, d’une intensité implacable, a transformé l’enclave en un champ de ruines, coûtant la vie à au moins 50 000 Palestiniens, selon les estimations. Un cessez-le-feu éphémère avait offert un répit, permettant la libération de certains otages contre des prisonniers palestiniens. Mais cette trêve, fragile comme un château de sable, s’est effondrée, laissant place à une reprise des hostilités dans lesquelles les civils paient un tribut exorbitant. Parmi les victimes, « la grande majorité sont des enfants, des femmes et des hommes ordinaires », martèle Lazzarini, dénonçant une punition collective qui bafoue les lois de l’humanité.

Sam Rose, directeur par intérim des affaires de l’UNRWA à Gaza, a joint sa voix à ce constat funeste vendredi dernier, esquissant un tableau apocalyptique : « Sans rétablissement du cessez-le-feu, nous courons vers des pertes humaines massives, des infrastructures ravagées, une flambée de maladies infectieuses et un traumatisme indélébile pour un million d’enfants et deux millions de civils. » Ces paroles, loin d’être une hyperbole, traduisent une réalité dans laquelle chaque heure aggrave l’hécatombe silencieuse qui se joue loin des projecteurs.

Une population à l’agonie

Par ailleurs, le blocus actuel n’est pas une simple mesure stratégique ; c’est une lame qui s’enfonce dans le flanc d’une population déjà exsangue. Privés de denrées essentielles, les Gazaouis voient leurs corps s’étioler et leurs espoirs s’effilocher. Les hôpitaux, réduits à des coquilles vides, ne peuvent plus juguler l’afflux de blessés ni contrer la montée des épidémies. L’eau, cette source de vie, est devenue un mirage, tandis que le carburant, nerf de toute activité, manque cruellement pour alimenter les générateurs ou les ambulances. Dans ce huis clos oppressant, les familles s’entassent dans des abris de fortune, guettant un secours qui tarde à poindre à l’horizon.

Lazzarini n’y va pas par quatre chemins : cette interdiction d’aide est une « punition collective » infligée à une population dont le seul tort est de vivre là où les bombes pleuvent et où les frontières se muent en murailles. Cette accusation, lourde de sens, renvoie à une question préoccupante : comment justifier que des enfants, des mères, des vieillards soient les otages d’un conflit qui les dépasse ?

Un appel à l’éveil des consciences pour Gaza

Face à cette descente aux enfers, le chef de l’UNRWA lance un plaidoyer vibrant : lever le siège, libérer les otages encore retenus et ouvrir grand les vannes de l’aide humanitaire et des approvisionnements commerciaux. « De manière ininterrompue et à grande échelle », insiste-t-il, comme pour conjurer l’inertie qui paralyse trop souvent la communauté internationale. Car chaque jour perdu est une condamnation supplémentaire pour ceux qui, à Gaza, luttent pour ne pas sombrer dans l’oubli.

Mais au-delà des chiffres et des cris, une interrogation flotte, insidieuse : jusqu’où ce blocus mènera-t-il Gaza ? Vers une résilience héroïque née des cendres ou vers un effondrement qui hantera les mémoires comme un échec collectif ? Le destin de l’enclave, suspendu à un fil, oscille entre l’ombre d’une tragédie irréversible et la lueur ténue d’un sursaut salvateur. À nous, témoins de ce drame, de décider quel écho nous donnerons à ce silence qui hurle.

 

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