Donald Trump ne s’en cache pas: il entend mener une campagne très agressive contre Joe Biden, en mettant en doute ses capacités intellectuelles et en l’accusant de corruption.
Figure du Sénat, ancien vice-président de Barack Obama, « Sleepy Joe » comme l’a surnommé le milliardaire républicain, fait désormais figure de favori dans la course à l’investiture démocrate.
Il martèle sur les estrades de campagne qu’il veut restaurer la calme et la « décence » dans la politique américaine.
Mais le duel entre le président de 73 ans et l’ancien vice-président de 77 ans, s’il a lieu, pourrait être d’une agressivité inouïe.
La réaction de Donald Trump à l’excellente soirée de Joe Biden lors du « Super Tuesday » a donné un avant-gout de la bagarre à venir.
S’il a félicité « Joe » pour son « incroyable come-back », le président a aussi laissé entendre, comme il le fait depuis des semaines, que s’il s’arrivait au pouvoir, il ne serait qu’une marionnette dirigée en coulisses par des représentants de « la gauche radicale ».
Donald Trump l’a dit sur tous les tons: il préférerait voir le sénateur du Vermont Bernie Sanders sortir vainqueur des primaires démocrates.
Un affrontement avec celui qui revendique fièrement le terme de « socialiste » — un terme très marqué à gauche aux Etats-Unis — qui s’est rendu en Union soviétique avec sa femme peu après son mariage et a fait l’éloge du régime cubain serait, estime-t-il, bien plus aisé.
« Je m’étais préparé à affronter Bernie, j’étais prêt », a-t-il expliqué jeudi soir, soulignant, amusé, qu’il aurait brandi le mot « communiste » à la moindre occasion.
« Et puis cette histoire folle a eu lieu », a-t-il ajouté, évoquant le retour de Joe Biden. « Je pense que cela va être difficile pour (Sanders) de revenir ».
– Hunter Biden, en boucle –
Preuve que le milliardaire républicain a toujours vu – à tort ou à raison – Joe Biden comme une plus grande menace, il avait tenté de le déstabiliser fin 2019 en demandant à l’Ukraine d’enquêter sur son fils, Hunter Biden. Ce dernier fut administrateur du groupe gazier Burisma du temps où son père était vice-président.
Mais un lanceur d’alerte s’en est mêlé et l’affaire a pris une tournure que le magnat de l’immobilier n’avait pas anticipé.
Accusé d’avoir « sollicité l’ingérence » de l’Ukraine dans la campagne pour sa réélection en 2020, Donald Trump a récolté d’une procédure en destitution. Mis en accusation par la Chambre des représentants, dominée par les démocrates, il a été acquitté par le Sénat, à majorité républicaine.
Reste que le nom de Hunter Biden va revenir en boucle.
« Ce sera un sujet central de la campagne. Je vais le soulever en permanence », a prévenu Donald Trump mercredi soir sur Fox News. « Je ne vois pas comment ils peuvent répondre à ces questions. C’était de la corruption pure ».
Le clan Biden le sait: il lui faudra trouver une riposte convaincante sur un dossier sur lequel l’ancien sénateur s’est jusqu’ici montré évasif, voire maladroit.
Début décembre, il s’était emporté contre un électeur qui l’accusait d’avoir « envoyé » son fils en Ukraine. « Tu es un satané menteur, mec, ce n’est pas vrai », avait-il rétorqué, dans une scène qui avait tourné en boucle dans le camp républicain.
Imitations et expressions moqueuse à l’appui, Donald Trump sait se montrer cruel, féroce. Et sa base électorale en redemande.
Mercredi soir sur Fox News, il a poussé loin les insinuations sur le déclin présumé de celui qui a travaillé pendant huit ans avec Barack Obama.
« Il a toujours fait des gaffes. Il s’est toujours mis dans des situations délicates à cause de cela », a-t-il déclaré.
« Mais jamais à ce point. Ce qui se passe aujourd’hui est fou ».