Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a supervisé un « tir d’artillerie de longue portée », ont annoncé mardi des médias d’Etat nord-coréens, après que Pyongyang a menacé de faire la démonstration d’une nouvelle arme.
La veille, la Corée du Sud avait indiqué avoir détecté le tir par Pyongyang de deux « missiles balistiques ».
Kim Jong Un « a supervisé » l’exercice lundi, et « lorsqu’il a donné l’ordre aux unités sous-marines de tirer, les hommes chargés des pièces d’artillerie de longue portée ont tiré tous ensemble », a rapporté l’agence d’Etat nord-coréenne KCNA.
De son côté, le journal officiel Rodong Sinmun publiait des clichés de batteries de lance-roquettes multiples, ainsi que plusieurs photographies d’une roquette de large calibre tirée dans une forêt. On y voit également Kim, vêtu d’un manteau de cuir noir, jumelles à la main.
Selon KCNA, le dirigeant a exprimé sa « grande satisfaction » et appelé ses troupes à conserver « une volonté d’acier et un patriotisme ardent ».
L’armée sud-coréenne avait affirmé lundi que Pyongyang avait tiré deux projectiles, quelques semaines après avoir mis fin à son moratoire sur les essais de missiles longue portée et menacé de tester une « nouvelle arme stratégique ».
– Mobiliser l’opinion –
Il s’agissait « vraisemblablement de missiles balistiques de courte portée », selon un responsable l’état-major interarmes sud-coréen (JCS), ce qui serait une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
Les deux engins identifiés par Séoul ont été tirés en direction de l’est, au-dessus de la mer du Japon, depuis la région de Wonsan, sur la côte orientale, avait précisé le JCS dans un communiqué. Les projectiles ont parcouru 240 km à une altitude maximale de 35 km.
Toujours selon le JCS, la Corée du Nord aurait également conduit des exercices de tir vendredi.
Ces lancements surviennent alors que les négociations entre Washington et Pyongyang sur les programmes nucléaire et balistique nord-coréens sont dans l’impasse, un an après l’échec du sommet de Hanoï entre les deux puissances. La Corée du Nord avait donné aux Etats-Unis jusqu’à fin 2019 pour faire de nouvelles propositions.
Pyongyang cherche à « normaliser » les tests de nouveaux armements en les mêlant à ses systèmes de tir existants, afin de « les faire passer pour une simple extension de ses exercices de tirs de roquettes », estime Joseph Dempsey, expert de l’Institut international d’études stratégiques à Londres.
Ces tirs interviennent par ailleurs alors que la Corée du Sud et les Etats-Unis ont décidé de reporter leurs exercices militaires conjoints en raison de l’ampleur de l’épidémie du nouveau coronavirus dans la région.
Cette suspension d’exercices qui hérissent Pyongyang n’a cependant provoqué en réaction « aucun geste de bonne volonté » de la part du régime nord-coréen, observe Leif-Eric Easley, professeur de l’Université Ewha à Séoul.
Le Nord « signifie clairement qu’il continuera à renforcer ses capacités militaires et à afficher des exigences exorbitantes (sur la scène internationale), en dépit des préoccupations politiques et de santé publique émises par Pékin, Séoul et Washington », a-t-il souligné.
Ces tirs d’artillerie pourraient être surtout destinés à « mobiliser l’opinion publique nord-corénne à des fins politiques », indique pour sa part à l’AFP Ahn Chan-il, transfuge nord-coréen devenu chercheur à Séoul, en particulier après le récent limogeage de deux hauts responsables du Parti des Travailleurs au pouvoir.