Filingué, Tillabéri 2 février 2025 – À l’issue d’un scrutin marqué par une compétition âpre, mais apaisée, Saley Boubacar Marafa, octogénaire au regard empreint d’une sagesse forgée par les années, a été porté à la tête du canton du Kourfeye, dans la région de Tillabéri. En effet, ce vétéran de la gendarmerie, né en 1948, a recueilli 111 voix sur les 247 exprimées, devançant neuf autres prétendants à ce titre honorifique, mais stratégique. Une élection qui scelle non seulement une transition dynastique, mais aussi la continuité d’un héritage familial endeuillé par la disparition de son frère, Rahidou Marafa, en janvier 2024.
L’urne, miroir d’une légitimité disputée
Dans l’arène électorale où dix candidats se sont mesurés, le suffrage a dessiné une mosaïque de voix dispersées, témoignant des équilibres fragiles de ce territoire sahélien. Avec près de 45 % des voix en sa faveur, Saley Boubacar Marafa a su convaincre un électorat en quête de stabilité, dans un contexte où le canton, entité politico-administrative clé, incarne à la fois la tradition et la médiation entre l’État et les communautés. Le taux de participation, bien que non précisé, laisse entrevoir une mobilisation mesurée, reflet peut-être des défis sécuritaires et socio-économiques qui grèvent la région.
Saley Boubacar Marafa, un parcours enraciné dans le service public
Ancien gendarme à la retraite, le nouveau chef de canton incarne une figure d’autorité respectée, mêlant rigueur disciplinaire et connaissance des réalités locales. Son âge avancé, 79 ans, pourrait sembler un paradoxe dans un monde en quête de renouveau, mais il symbolise ici la permanence d’une gouvernance ancrée dans l’expérience. « Un baobab ne se transplante pas, il s’enracine », murmure-t-on dans les ruelles de Filingué, où son nom évoque autant le souvenir de son frère défunt que l’espoir d’une sérénité retrouvée.
Succession et défis : entre deuil et renaissance
En succédant à Rahidou Marafa, Saley Boubacar hérite d’un mandat teinté de deuil, mais aussi d’attentes pressantes. Le Kourfeye, comme nombre de cantons du Tillabéri, est tiraillé entre les impératifs de développement, les tensions communautaires et l’insécurité persistante liée aux groupes armés. Son expérience militaire pourrait être un atout pour dialoguer avec les forces de défense, tandis que sa légitimité coutumière sera cruciale pour apaiser les fractures locales. Maintenant, la question est de savoir comment ce patriarche, à l’aube de sa neuvième décennie, parviendra à symboliser ce lien entre hier et demain.
L’heure des recompositions silencieuses
Si certains observateurs s’interrogent sur la longévité de son mandat, d’autres y voient une transition nécessaire, permettant à la jeune génération de se préparer en coulisses. Dans l’immédiat, les félicitations et les attentes affluent, tandis que Saley Boubacar Marafa, drapé dans la dignité de sa nouvelle charge, promet de « servir sans relâche, comme il l’a toujours fait ». Un serment simple, mais lourd de sens dans un Niger où chaque chef de canton reste le gardien invisible d’un équilibre ancestral.