Dans un communiqué publié le 12 avril 2024, l’agence de notation américaine Fitch Ratings a annoncé avoir maintenu la note « B » de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC). Cette note, assortie d’une perspective stable, place l’institution dans la catégorie « hautement spéculatif », située six crans au-dessus du défaut de paiement.
Les efforts d’assainissement du bilan de la BIDC
Malgré des efforts d’assainissement de son bilan, le bras financier de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) reste dans cette catégorie. Selon Fitch, le ratio fonds propres/total bilan de la BIDC, qui permet d’évaluer la solidité financière d’une institution, est tombé à 29 % à la fin de 2023, contre 40 % en 2021.
Certains actionnaires ont soutenu la situation en libérant leurs parts dans le capital. Parmi eux, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont contribué un total de 29,6 millions USD, ce qui équivaut à environ 60 milliards FCFA, à la Banque. Cette action a marqué un engagement significatif de la part de ces pays dans le soutien de l’institution financière.
La qualité du portefeuille de la banque
La note de l’agence reflète également une amélioration de la qualité du portefeuille de la banque grâce à une meilleure gestion du risque. « Environ la moitié des prêts sont accordés à des États souverains, qui étaient tous performants à la fin de 2023 », indique Fitch.
Les conséquences potentielles du retrait de certains pays de la CEDEAO sur la BIDC
Cependant, cette lecture optimiste est contrebalancée par l’hypothèse d’un retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO. Ces trois pays représentent 23% du total des prêts de la banque, dont 124 millions USD (7,6 milliards FCFA) dus par les trois gouvernements. Fitch estime que ce scénario pourrait affecter la performance de la banque, entraînant une augmentation des prêts improductifs.
Le 28 janvier dernier, ces trois pays ont surpris la communauté internationale en annonçant leur retrait de la CEDEAO, optant pour l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce choix, motivé principalement par des considérations politiques, découle des sanctions imposées par la CEDEAO à la suite des récents coups d’État dans ces pays. Le 24 février dernier, la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO a décidé de lever ces sanctions et a invité ces pays à « reconsidérer leur décision ».
Les conséquences financières d’un éventuel retrait
En cas de retrait, la BIDC pourrait retenir le capital versé par ces trois pays (33 millions USD). Cependant, ce montant serait insuffisant pour couvrir le montant dû par ces derniers. Fitch n’exclut donc pas de rabaisser la note de crédit de la banque si jamais cette mesure se concrétise.
Ces développements soulignent l’incertitude qui plane sur l’avenir de la CEDEAO et de la BIDC. Seul le temps dira comment ces institutions navigueront dans ces eaux troubles.