La diaspora nigérienne interpelle le ministre  : pour un HCNE inclusif et légitime - Journal du niger

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La diaspora nigérienne interpelle le ministre  : pour un HCNE inclusif et légitime

Une mise en garde contre une application précipitée des instructions sur le Haut Conseil des Nigériens à l’Extérieur La diaspora…

La diaspora nigérienne s'inquiète du renouvellement du HCNE et appelle à une solution inclusive pour éviter les divisions.

Une mise en garde contre une application précipitée des instructions sur le Haut Conseil des Nigériens à l’Extérieur

La diaspora nigérienne est en émoi. Dans une lettre ouverte adressée au Ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur, Oumar Touré, représentant du Conseil des Nigériens aux USA (CONUSA), exprime les inquiétudes croissantes de ses compatriotes vivant à l’étranger. Au cœur des préoccupations  : le processus de renouvellement ou de mise en place des bureaux du Haut Conseil des Nigériens à l’Extérieur (HCNE), un organe censé représenter les intérêts des Nigériens à travers le monde. Mais ce qui devrait être une démarche unificatrice semble, selon la diaspora, semer la discorde et la marginalisation.

La diaspora  : une interprétation controversée des instructions ministérielles

Le ton de la lettre est clair dès les premières lignes  : les instructions du ministre divisent la diaspora. « La compréhension et l’interprétation de vos instructions sur le renouvellement ou la mise en place des bureaux du HCNE divisent la diaspora nigérienne », écrit Touré. Ce désaccord, loin d’être anodin, reflète un sentiment d’exclusion ressenti par de nombreux Nigériens établis à l’étranger, notamment face à la manière dont les ambassades appliquent ces directives.

Touré déplore une précipitation dans la mise en œuvre, orchestrée par les ambassades, qui ne tient pas compte des réalités spécifiques des pays d’accueil. En plus,  dans les nations géographiquement vastes ou dotées de systèmes fédéraux, comme les États-Unis, un modèle unique imposé sans nuance crée des obstacles à l’inclusion et à la participation. « Cette manière de faire favorise une seule chose  : elle laisse la place à des petits groupes d’individus à s’emparer des bureaux pour avancer des agendas politiques et personnels aux dépens des intérêts de la Diaspora et de notre pays  », alerte l’auteur.

Des HCNE concurrents  : un risque de confusion

L’un des points les plus troublants soulevés dans la lettre concerne l’émergence de nouveaux HCNE dans des pays où ces conseils existent déjà depuis plus de quinze ans. Cette situation découle, selon Touré, de la rigidité des textes existants, qui entravent la rapidité exigée par les ambassades dans l’application des instructions ministérielles. « Les conséquences sont simples  : la coexistence de deux HCNE dans le même pays pour la même Diaspora », souligne-t-il. Une telle duplication menace non seulement la légitimité de ces conseils, mais risque également d’alimenter des conflits au sein des communautés nigériennes à l’étranger.

Le rôle contesté des ambassades

La lettre met également en lumière une dérive dans le rôle des ambassades. Lors d’une récente intervention sur Télé Sahel, le ministre avait rappelé que le renouvellement des bureaux du HCNE devait se faire en stricte conformité avec les textes en vigueur, les ambassades jouant un rôle d’accompagnement. Pourtant, sur le terrain, certaines d’entre elles semblent aller bien au-delà. « Elles organisent et financent ces élections, rappelant à la Diaspora les pratiques du passé contre lesquelles votre gouvernement et le peuple nigérien se révoltent aujourd’hui », accuse Touré. Cette ingérence perçue renforce le sentiment de marginalisation parmi les Nigériens de l’étranger, qui estiment que leurs structures et leur composition ne sont pas prises en compte dans le processus.

La diaspora : un appel à une solution concertée

Face à ces défis, la diaspora ne se contente pas de critiquer  : elle propose une voie à suivre. Touré exhorte le ministre à «  trouver une solution qui prend en compte les acquis d’organisation, de structuration et de composition  » des communautés nigériennes à l’étranger. L’enjeu est de taille  : éviter des divisions inutiles et des contestations qui pourraient fragiliser davantage la représentation des Nigériens hors des frontières. « Une solution imposée à la Diaspora sans la participation de la Diaspora ne saurait être pour le bien-être de la diaspora », conclut-il avec fermeté.

Un cri du cœur pour l’inclusion

Signée par le CONUSA, cette lettre ouverte reflète un appel urgent à la concertation et à la reconnaissance des réalités vécues par la diaspora. Alors que le HCNE est censé être un pont entre les Nigériens de l’étranger et leur pays d’origine, son renouvellement risque, dans sa forme actuelle, de creuser un fossé. Pour l’heure, aucune réponse officielle du ministre n’a été rendue publique, laissant la diaspora dans l’attente d’une réaction qui pourrait apaiser les tensions et restaurer la confiance.

En somme, cet épisode met en lumière une problématique universelle  : comment garantir une représentation équitable et légitime des citoyens vivant à l’étranger  ? Pour les Nigériens de la diaspora, la réponse passe par une chose essentielle  : être entendus.

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