Kakaria (Région de Diffa), 7 février 2025 — Sous un soleil implacable, le Général de Brigade Mahamadou Ibrahim Bagadoma, Gouverneur de Diffa, a foulé ce vendredi les terres ocre de Kololla, épicentre d’une métamorphose hydrique et agricole. En effet, ce site, jadis aride, se mue aujourd’hui en un laboratoire à ciel ouvert où s’expérimente la promesse nigérienne d’autosuffisance alimentaire.
Kololla : un éden de 80 hectares en gestation
Initié par l’Office National des Aménagements Hydro-Agricoles (ONAHA) dans le cadre d’un contrat-plan étatique, l’aménagement de Kololla incarne l’ambition d’une irrigation méthodique. Lancé en janvier 2025 pour une durée de six mois, ce projet vise à dompter les caprices climatiques par une maîtrise calculée des eaux. « Ici, chaque goutte devient semence », a déclaré Bagadoma, décrivant une logique dans laquelle canaux et sillons se conjuguent pour fertiliser l’espoir.
De la réhabilitation à l’expansion : une stratégie en éventail
Par ailleurs, loin de se limiter à Kololla, le gouvernement déploie une mosaïque de projets. Les aménagements historiques de Lada et du CDA, en cours de réhabilitation, s’associent à la création de 2 000 hectares de nouvelles terres irriguées d’ici à 2030. « Chaque commune de Diffa aura son propre périmètre vert », a annoncé le Gouverneur, insistant sur une décentralisation agraire. Les villages, consultés, ont désigné leurs sites, transformant ainsi la carte régionale en un damier de potentiels cultivables.
Synergies public-privé : l’art de la conjonction
En plus, conscient des défis logistiques et financiers, Bagadoma a évoqué une coalition des volontés, associant partenaires privés et organisations de développement. « Leurs compétences viendront féconder nos ambitions », a-t-il affirmé, évoquant un modèle où expertise technique et savoir-faire local s’épousent. Cette approche, hybride, cherche à éviter les écueils des projets monolithiques, souvent vulnérables aux aléas bureaucratiques.
Des bras et des rizières : une algèbre sociale
« Notre terre est généreuse, nos bras laborieux, et l’eau, enfin canalisée, deviendra complice », a-t-il poursuivi. Le discours du Gouverneur, teinté de pragmatisme poétique, souligne une équation simple : l’union des ressources naturelles et du capital humain comme clé de la résilience. Les populations, invitées à se réapproprier leur destin agraire, sont placées au cœur d’un cercle vertueux où récoltes riment avec autonomie.
Perspectives : entre urgence et pérennité
Si l’euphorie est palpable, les observateurs rappellent que l’irrigation ne suffit pas à conjurer les menaces structurelles : érosion des sols, variabilité pluviométrique, pression démographique. Pourtant, Bagadoma reste catégorique : « D’ici à quelques mois, les premiers épis témoigneront de cette révolution silencieuse. » Une prophétie que les paysans de Kakaria, le regard tourné vers leurs champs en devenir, semblent prêts à incarner.
En somme, à Kololla, les bulldozers tracent des lignes qui ressemblent à des strophes. Chacune raconte une histoire d’eau domestiquée, de graines enfouies, de greniers qui se rempliront. Dans cette région meurtrie par l’insécurité, l’aménagement hydro-agricole n’est pas qu’un chantier : c’est un acte de foi en la terre, une liturgie du développement où chaque sillon creusé est un verset d’espérance.