Alger, 26 février 2025 — Dans la chaleur d’un mardi algérois, le Palais El Mouradia, cœur battant du pouvoir en Algérie, a accueilli une figure clé de la diplomatie nigérienne : Bakary Yaou Sangaré, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’extérieur. En effet, reçu en audience par le président Abdelmadjid Tebboune, cet échange marque un jalon dans les relations entre Alger et Niamey, deux nations unies par une frontière de près de 1 000 kilomètres et une ambition commune de stabilité régionale. Loin d’être une simple formalité, cette visite s’inscrit dans un contexte où la coopération bilatérale prend un nouvel élan, porté par des projets concrets et une volonté de surmonter les défis du Sahel.
Un accueil chargé de symboles
Par ailleurs, l’audience s’est déroulée sous les ors du palais présidentiel, en présence de figures de premier plan : Boualem Boualem, directeur de cabinet de la présidence, et Ahmed Attaf, ministre d’État algérien des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines. Cette délégation de haut rang traduit l’importance accordée à cette rencontre, qui dépasse le cadre protocolaire pour s’ancrer dans une dynamique de partenariat stratégique. Sangaré, porteur des salutations de son président nigérien, a saisi l’occasion pour saluer l’engagement constant de l’Algérie auprès du Niger, notamment dans les périodes de turbulence.
En outre, le tête-à-tête avec Tebboune n’était pas une première étape isolée. Avant de fouler le tapis rouge d’El Mouradia, le ministre nigérien s’est entretenu avec son homologue Ahmed Attaf. Ces discussions, tenues au siège du ministère des Affaires étrangères, ont permis de passer en revue les nombreux chantiers qui lient les deux pays. De la route transsaharienne, cette artère vitale pour le désenclavement du Sahel, aux projets énergétiques ambitieux, les échanges ont révélé une feuille de route dense, teintée d’optimisme.
Algérie-Niger : Une coopération aux multiples visages
Au cœur des pourparlers, la volonté de donner corps à des initiatives longtemps évoquées. Parmi elles, la construction de raffineries pétrolières et l’implantation de turbines électriques de 50 mégawatts pour doper la production énergétique nigérienne. L’Algérie, forte de son expertise dans le secteur des hydrocarbures, se positionne comme un allié de poids pour accompagner Niamey dans cette quête d’autonomie. Mais l’ambition ne s’arrête pas là : des projets miniers, un gazoduc transsaharien et une fibre optique reliant les deux nations faisaient également partie des échanges, esquissant les contours d’une intégration régionale renforcée.
Sangaré, dans une déclaration à la presse, n’a pas caché son enthousiasme. « Cette rencontre est une pierre angulaire dans l’édifice de notre coopération », a-t-il lancé, soulignant les « perspectives lumineuses » qui s’ouvrent pour les deux pays. Il a loué l’assurance donnée par Tebboune que ces initiatives seraient mises en œuvre avec diligence, une promesse qui résonne comme un gage de confiance mutuelle.
Le Sahel en toile de fond
Au-delà des annonces économiques, cette visite survient dans un contexte régional complexe. Le Niger, secoué par des crises politiques et sécuritaires ces dernières années, trouve en l’Algérie un partenaire historique. Alger, fidèle à sa doctrine de non-ingérence et de médiation, a souvent joué les bons offices pour apaiser les tensions au sud de ses frontières. La crise nigérienne actuelle, marquée par des tractations avec la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), a d’ailleurs été abordée. Sangaré a tenu à rendre hommage au rôle de l’Algérie, « toujours présente dans les tempêtes », et a exprimé son espoir d’une sortie rapide de l’impasse grâce à une médiation en cours.
Les deux dirigeants ont également partagé leurs vues sur les défis communs : la lutte contre le terrorisme, la sécurisation des frontières et la gestion des flux migratoires. Dans un Sahel où l’instabilité menace de déborder, cette convergence d’intérêts pourrait poser les jalons d’une alliance plus robuste, capable de peser sur l’échiquier régional.
Un accord aux accents pratiques entre l’Algérie et le Niger
En plus, le point d’orgue de la visite fut la signature d’un accord inédit entre Sangaré et Attaf. Ce texte, paraphé sous les auspices de l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, prévoit des facilités administratives et douanières pour concrétiser des projets nigériens financés par l’Algérie. Un pas pragmatique qui illustre la volonté de dépasser les discours pour s’attaquer aux réalités du terrain.
Vers un avenir commun ?
En somme, cette journée au Palais El Mouradia ne fut pas qu’une parenthèse diplomatique : elle incarne une ambition partagée. Pour l’Algérie, il s’agit de consolider son rôle de pivot africain, un statut qu’elle revendique avec force sous la présidence de Tebboune. Pour le Niger, c’est une opportunité de s’appuyer sur un voisin fiable pour bâtir une économie plus résiliente. Alors que les délégations se séparaient, une certitude flottait dans l’air algérois : les ponts entre Alger et Niamey, déjà solides, sont en train de s’élever encore plus haut, portés par une vision qui transcende les sables du désert.