Ce mardi 28 janvier 2025, l’Afrique a encore vibré au rythme d’une réunion ministérielle de l’Union africaine (AUPSC). Le sujet est la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où le groupe armé M23 continue de semer la terreur, malgré des années de discussions, de résolutions et de promesses. Objectifs affichés : cessation des hostilités, dialogue, protection des civils, des soldats de la paix et garantie de l’accès humanitaire. Des mots si beaux qu’on en oublierait presque qu’ils sont répétés depuis des décennies sans résultats tangibles.
La réunion, présidée par S.E. Kacou Houadja Léon Adom, Ministre des Affaires étrangères de la Côte d’Ivoire et Président du Conseil de paix et de sécurité (PSC) pour le mois de janvier, a débuté par une minute de silence. Une tradition bien rodée pour honorer les morts, ces innombrables victimes civiles et militaires tombées dans l’indifférence générale. Les soldats de la paix du SAMIDRC et de la MONUSCO, dont le sacrifice semble être devenu un rite sacrificiel inévitable, ont également été commémorés. Mais une question se pose : combien de minutes de silence faudra-t-il encore observer avant que l’AUPSC ne passe enfin à l’action ?
AUPSC : Des discours, toujours des discours.
Dans son allocution d’ouverture, S.E. Kacou Houadja Léon Adom a rappelé l’urgence de la situation. « La paix est notre priorité », a-t-il déclaré, sans doute avec une sincérité qui ne suffira pas à calmer les armes. Car, soyons honnêtes, l’AUPSC excelle dans l’art de convoquer des réunions, de produire des déclarations solennelles et de multiplier les résolutions. Mais quand il s’agit de transformer ces belles paroles en actions concrètes, l’organisation semble atteinte d’une paralysie chronique.
Pendant ce temps, dans l’est de la RDC, les civils fuient leurs villages sous les balles, les humanitaires luttent pour accéder aux zones de crise et les soldats de la paix, souvent mal équipés et sous-payés, tentent de maintenir un semblant d’ordre dans un chaos orchestré. Le M23, quant à lui, continue son offensive, indifférent aux déclarations de l’AUPSC. Et pourquoi s’en préoccuperait-il ? L’histoire récente lui a appris que les réunions ne font pas reculer les milices.
L’éternel recommencement
Ce qui est frappant, c’est la répétition cyclique des mêmes scénarios. Une crise éclate, l’AUPSC se réunit, des discours sont prononcés, des résolutions sont adoptées, et… rien ne change. Ou si peu. Les causes profondes des conflits – rivalités ethniques, convoitises économiques, ingérences étrangères – sont rarement abordées avec la fermeté nécessaire. À la place, on se contente de traitements superficiels, comme si l’on soignait une fracture ouverte avec un pansement.
Et pendant que les diplomates palabrent, les armes parlent. Les civils meurent. Les humanitaires s’épuisent. Les soldats de la paix tombent. Et l’AUPSC ? Elle prépare sa prochaine réunion.
AUPSC : Une crédibilité en berne
Il est temps de se demander si l’AUPSC n’est pas devenue une coquille vide, un théâtre dans lequel l’on joue la comédie de la résolution des conflits sans jamais en écrire le dénouement. À force d’inaction, l’organisation perd sa crédibilité, non seulement aux yeux des populations africaines, mais aussi sur la scène internationale. Les partenaires étrangers, qui financent une partie des opérations de paix, commencent à s’impatienter. Et qui pourrait les blâmer ?
La réunion de ce mardi 28 janvier 2025 ne fera probablement pas exception. On y parlera de cessation des hostilités, de dialogue, de protection des civils et d’accès humanitaire. On adoptera peut-être une nouvelle résolution. Mais sur le terrain, rien ne changera. Le M23 continuera son avancée, les civils continueront de souffrir et les soldats de la paix continueront de mourir.
Et maintenant ?
Il est grand temps que l’AUPSC passe des mots aux actes. Cela implique de prendre des décisions courageuses, de s’attaquer aux racines des conflits et de mettre en place des mécanismes de suivi efficaces. Cela implique aussi de tenir les États membres responsables de leurs engagements. Car, sans action concrète, les réunions ne sont que des exercices de style, et les minutes de silence, des aveux d’impuissance.
En attendant, l’est de la RDC continue de brûler. Et l’AUPSC continue de discuter. La paix, elle, attend toujours.