L’islam, dans sa rigueur doctrinale, réprouve avec véhémence toute acquisition frauduleuse. La sourate Al-Baqarah (2:188) trace une frontière indélébile : « Ne dévorez pas vos biens mutuels par des moyens illicites, et ne vous en servez pas pour corrompre les juges afin de vous approprier injustement une partie des biens d’autrui. » Ce verset, tranchant comme une lame, ne laisse aucune ambiguïté : l’argent mal acquis ne saurait se parer des atours de la légitimité, même au service d’œuvres censées élever l’âme.
Le Prophète Mohammed (paix et salut sur lui), dans un hadith consigné par Al-Bukhari et Muslim, précise : « Lorsqu’Allah accorde une faveur à Son serviteur, Il attend de lui qu’il en use avec droiture. » Ici, la droiture n’est pas un idéal abstrait, mais un impératif catégorique : chaque dirham doit jaillir d’une source licite (halal), sous peine de vicier les actes d’adoration les plus nobles.
Mosquées et pèlerinages : les leurres d’une piété contrefaite
Certains, aveuglés par l’ostentation, érigent des mosquées monumentales ou financent des caravanes de pèlerins avec des fonds souillés. Ces gestes, en apparence charitables, ressemblent à un verger luxuriant irrigué par une eau empoisonnée : les fruits, bien que séduisants, portent en eux la toxicité de leur origine. L’Islam, dans sa sagesse, rappelle que la valeur d’une action réside autant dans sa finalité que dans la probité de ses moyens.
La corruption : un péché sans absolution par les rites
Croire que le Hajj, acte d’effacement des péchés, pourrait blanchirdes biens mal acquis relève d’une dangereuse supercherie. Le Coran, sourate An-Nisa (4 :29), avertit : « Ô croyants ! « Ne consommez pas vos biens injustement entre vous. » Utiliser l’argent du peuple, extorqué via des détournements ou des pots-de-vin, pour se draper dans les oripeaux de la piété, c’est ajouter l’hypocrisie à la spoliation.
L’islam : le jugement d’Allah, au-delà des apparences
À ceux qui pensent échapper au regard divin en parant leurs forfaits de gestes sacrés, l’Islam oppose une vérité implacable : « Vous pouvez tromper les créatures, mais jamais le Créateur », souligne un adage coranique. Le jour du Jugement, chaque dinar détourné, chaque projet financé par la corruption sera exposé sans fard. Les millions de Nigériens ou de tout autre peuple lésés par ces malversations deviendront témoins d’une comptabilité spirituelle où nul artifice ne prévaudra.
En définitive, l’argent corrompu ne se transmute pas en grâce. Il reste, aux yeux de la loi islamique, un fardeau aggravant les péchés, jamais un passeport pour le salut. Car, comme le rappelle un autre hadith prophétique : « Allah est Bon et n’accepte que ce qui est bon. » Ainsi, le véritable acte de foi commence par la purification des gains, bien avant celle de l’âme.