Le Président de la République Mohamed Bazoum a présidé, ce vendredi 30 avril 2021 au Centre International de Conférences Mahatma Gandhi de Niamey, la cérémonie de lancement de sa politique éducative devant l’ensemble des partenaires de l’école nigérienne.
Cette rencontre, organisée avec la participation des Membres du Gouvernement impliqués dans le secteur de l’éducation, des partenaires techniques et financiers, des parents d’élèves, ainsi que des membres de la société civile et des syndicats du secteur de l’éducation, le Chef de l’Etat l’a voulue pour dresser, de façon synthétique, ses ambitions pour le système éducatif.
Il a souhaité cette rencontre afin d’écouter l’ensemble des partenaires, de prendre leurs avis et leurs remarques, ainsi que les propositions qui seront prises en compte dans la mise en œuvre de son programme.
« Je conçois la mise en œuvre de ce programme comme quelque chose d’interactif qui doit se passer dans le cadre d’un dialogue permanent avec l’ensemble des partenaires de l’éducation », a-t-il annoncé, à l’entame de ses propos.
Il s’agit aussi de « partager avec vous la réflexion que nous nous proposons de démarrer dans le secteur de l’éducation au Niger », a-t-il dit, avant de rappeler que « lors de mon discours d’investiture le 2 avril dernier, j’avais particulièrement insisté sur la nécessité de faire en sorte que notre école sorte de la situation dans laquelle elle est aujourd’hui ».
« L’éducation fait partie des priorités que j’ai présentées aux Nigériens dans ma campagne électorale et qui m’a assuré mon élection. J’entends, comme je l’ai dit, veiller personnellement à ce que le secteur de l’éducation soit au centre de toutes les actions du gouvernement, qu’il soit le pivot de ce que je considère être la consolidation et le progrès de notre politique pendant ce quinquennat, et ce, avec l’appui technique et l’accompagnement de tous les partenaires de l’école, qu’ils soient nationaux ou extranationaux » poursuit-il.
Il a, par ailleurs, déclaré que pour réussir à mettre en œuvre les grandes lignes de la politique éducative du gouvernement, ainsi que les réformes que nous envisageons afin d’améliorer qualitativement le secteur éducatif nigérien, « des progrès doivent être véritablement accomplis, des efforts particuliers doivent être fournis pour surmonter les obstacles multiples et multiformes auxquels est confronté notre système ».
Selon le Chef de l’Etat, les différents rapports relèvent une faiblesse constante des taux brut de scolarisation et de maintien dans le système scolaire, la faible scolarisation de la jeune fille, le niveau de formation souvent inapproprié des enseignants, l’éloignement des écoles en zone rurale et nomade, les curricula inadaptés, l’insuffisance des infrastructures éducatives, les méthodes et outils pédagogiques inadaptés, tout cela aggravé malheureusement par le contexte sécuritaire qui a provoqué la fermeture de nombreuses écoles dans certaines régions du pays.
« Je voudrais vous inviter tous à prendre la mesure de ces défis, à vous mobiliser afin que le Niger puisse réaliser des avancées significatives dans le sens de l’objectif N°4 des ODD consistant à assurer l’accès de tous à une éducation de qualité sur un pied d’égalité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie », a appelé le Chef de l’Etat, tout en annonçant que des réflexions et des actions sont envisagées à cette fin.
Ces actions concernent, entre autres, « la réactualisation et la rationalisation de la carte scolaire, la poursuite de la construction et la réhabilitation des infrastructures scolaires pour lesquelles nous devons disposer de modèles de construction de classes qui allient faiblesse de coût et qualité de façon que nous en terminions avec les situations éprouvantes comme celles que nous sommes en train de vivre à travers ces incendies qui sont provoqués sur les classes paillotes et qui ont débouché sur le drame du quartier Pays-Bas ».
« La professionnalisation et le renforcement des capacités du corps enseignant reste également une question chargée de plus grands enjeux sur laquelle j’aimerai insister afin que nous y réfléchissions très sérieusement pour promouvoir une réforme qui nous permette d’améliorer notre système scolaire ». Le Président de la République en a appelé aux syndicats pour qu’ici, leurs contributions soient des plus pertinentes.
« L’amélioration et l’adaptation des curricula pédagogiques est une autre question à enjeux très forts sur laquelle certainement la réflexion, tout le long des discussions que nous aurons pendant tout le temps de réforme, nous occupera », note-t-il.
Une supervision plus rigoureuse de l’enseignement privé, l’implication des communautés dans la réalisation et la réhabilitation des infrastructures scolaires et éducatives, le renforcement des programmes d’alphabétisation des adultes, la mise en place d’un programme de récupération des enfants déscolarisés sont autant de sujets sur lesquels les réflexions porteront.
« Je saisis l’occasion pour appeler l’association des parents d’élèves et tous les autres partenaires à être plus présents dans l’éducation, à accompagner l’administration et les enseignants dans la prise en charge éducative des enfants ».
Ainsi donc des consultations et de réflexions seront engagées afin de rétablir l’enseignant dans son autorité et ses prérogatives. Dans le même sens, les enseignants, en retour, doivent faire preuve d’exemplarité et de déontologie afin que le système éducatif soit efficace dans ses objectifs et dans ses résultats.
« J’ai demandé au Premier ministre de veiller à ce que l’organisation des examens et concours passe l’objet d’attention et de soins très particuliers afin de renforcer la crédibilité des diplômes et la crédibilité de notre système d’enseignement tout simplement. Sur cette question, nous prendrons des mesures qui ne laisseront pas place à quelque aléa que ce soit ».
« Nous n’avons pas le droit à l’échec dans ce secteur parce que nous avons beaucoup de devoir vis-à-vis de notre pays et vis-à-vis de son peuple », a martelé le Chef de l’Etat.
Le Secrétaire général de l’ancien Ministère de l’enseignement secondaire, M. Mohamed Zeidane, a intervenu pour présenter le plan ainsi que les réformes réparties en quatre grands axes qui seront engagées dans ce secteur.
Le représentant de l’Unicef au Niger, M. Aboubacry Tall, a également intervenu pour assurer le Chef de l’Etat de la disponibilité des partenaires de l’école nigérienne à l’accompagner dans ses stratégies de réformes.
Le représentant de la société civile et des syndicats des enseignants du Niger, M. Issoufou Arzika a, quant à lui, fait des propositions et des recommandations.
En concluant ces assises, le Président de la République a proposé aux participants une rencontre, la semaine prochaine, pour passer à des questions très détaillées. « Je vous donne l’assurance que ce processus se fera avec vous dans le cadre d’une dynamique qui réservera une grande place à vos propositions », les a-t-il rassurés.