Le Président de la République Mohamed Bazoum a rencontré, le Lundi 7 Juin 2021, les représentants des organisations de la société civile nigérienne afin de mieux connaitre leurs préoccupations et leur demander leur contribution dans la protection des acquis de la démocratie et la promotion de la bonne gouvernance.
La rédaction de journal du Niger vous propose l’intégralité du discours du président :
« Je suis très heureux d’avoir cette opportunité d’échanges avec le segment des forces vives de notre pays.
Je pensais qu’il était bon que nous nous retrouvions dans un format large comme c’est le cas. Je veux qu’à l’occasion de cette rencontre d’aujourd’hui, nous ayons un bon échange sur ce que doivent être les rapports entre le Gouvernement et la Société Civile. Je vais écouter ce que vous me direz sous forme des attentes qui sont les vôtres. Je vais vous dire aussi ce que sont nos attentes, à nous, vis-à-vis de la Société Civile.
Je conçois la Société Civile comme un acteur qui a un rôle très important pour la vitalité de notre démocratie, de par sa fonction qui consiste à alerter les pouvoirs publics et à les dénoncer, aussi, le cas échéant.
L’alerte est un moment important dans la le rôle de la Société Civile. La dénonciation est un autre moment important qui est aussi une forme, pour ainsi dire, de dialogue avec le Gouvernement.
La Société Civile doit alerter sur la gouvernance et doit dénoncer quand il y a un dérapage ou quelque chose qu’elle considère comme tel. Nous avons besoin d’acteurs qui jouent ce rôle de sentinelle parce qu’en effet, la tendance spontanée des humains, malgré toutes les mesures qu’ils peuvent prendre pour l’autocontrôle, c’est d’en faire fi et de passer des lignes que la Société Civile devrait être là pour les indiquer en disant attention, vous êtes en train de passer une ligne. Vous n’en avez pas le droit.
De même que le pouvoir est conçu devant être exercé dans le cadre d’un régime qui prévoit une opposition politique, de même la démocratie est inséparable du principe de l’existence d’acteurs dont la fonction est justement de rappeler à l’ordre. C’est une nécessité absolue qui est consubstantielle à l’exercice du pouvoir démocratique.
Nous ne concevrons jamais et nous n’avons jamais conçu la façon pour nous de gouverner comme n’étant pas compatible avec l’existence d’acteurs tels que vous êtes, tels que vous prétendez être. Bien au contraire, nous concevons, et ça depuis que nous sommes engagés dans le combat pour promouvoir la démocratie.
Nous concevons qu’il y a une place pour des acteurs comme vous, qui ne sont pas des acteurs politiques, qui n’ont pas vocation à conquérir le pouvoir et à l’exercer, mais qui ont une vocation très précise de sentinelle, pour critiquer et pour dire ce qui se fait , ce qui se fait en bien et ce qui se fait en mal.
Vous êtes aussi un acteur dans le combat pour la promotion de la liberté d’expression. Vous êtes aussi un acteur dans le combat pour la promotion de la bonne gouvernance, le respect de la justice, pour le respect des règles instituées par la constitution et l’état de droit.
Je voudrais avoir un bel échange avec vous. Nous sommes tout à fait ouverts. Notre régime, en particulier sous l’égide du président Issoufou, avait pris un engagement important. Nous nous sommes efforcés de le respecter et nous le respecterons encore plus à mesure que nous apprenons, à mesure que nous exerçons le pouvoir. Cet engagement, vous vous souvenez, c’était celui de la dépénalisation du délit par voie de presse. Le Président Issoufou avait signé la Déclaration de la Table de la Montagne. Notre pays a fait des progrès dans le domaine de la liberté de la presse. Il a pu y avoir par moments des à-coups, mais je voudrais vous dire notre volonté de faire en sorte que ce genre d’engagement soit respecté et ferme-il était ferme déjà – et le sera davantage à l’avenir.
Je voudrais vous dire que tout ce que nous ferons, nous le ferons avec beaucoup de conviction.
Nous avons besoin de vous dans le combat contre la corruption, la concussion. Vous devez nous aider et votre aide doit pouvoir trouver le moyen de s’articuler de façon qu’elle soit efficace. Vraiment, je voudrais vous dire que j’ai besoin que vous me donniez la main.
Vous avez écouté mon discours d’investiture. Je sais qu’il y a un certain nombre de pratiques qui ne sont pas bien pour notre société. Nous les avons combattues comme nous avons pu, mais nous ne sommes pas satisfaits des résultats que nous avons atteints. Et nous voulons que vous nous aidiez à améliorer davantage notre gouvernance. Nous voulons que nous soyons cités parmi les pays d’Afrique qui promeuvent le plus la bonne gouvernance, qui sont efficaces dans leur lutte contre la corruption.
Ce combat n’est pas facile. Je puis vous le dire. Ça n’a jamais été notre volonté mais qui a pu être défaillante. Ce sont les moyens peut-être, qui n’ont pas été à la hauteur des exigences de ce combat-là. Mais je voudrais, avec vous, désormais entretenir une relation sans que j’aie quelque préoccupation de type vraiment populiste juste pour vous faire plaisir ou pour abuser de l’opinion. Non. J’ai besoin d’acteurs qui nous aident pour que nous puissions extirper de notre administration tous les mauvais comportements. Si la Société Civile peut être utile dans ce combat, vraiment, je souhaiterais qu’elle nous aide également.
Nous allons au fur et à mesure définir les mécanismes à même de nous permettre d’atteindre de bons résultats.
Et si à l’occasion, vous, vous pouvez aussi être d’une certaine utilité, dans le cadre d’un certain rôle, volontiers, nous accepterons ce que vous pouvez nous suggérer, ce que vous pouvez nous aider à faire.
Voilà donc, en guise d’introduction, ce que j’ai voulu vous dire, tout en vous remerciant une fois de plus, d’avoir accepté de venir à cette invitation que nous vous avons faite.
Merci beaucoup. »